Décidément il ne changera jamais, mais qui sait, changera-t-il le cours de l’Histoire ?

Je dois avouer que je suis un peu lasse de cette politicaillerie pour employer le terme de quelques politiciens, candidats chevronnés à la plus haute fonction de notre Etat durant cette campagne haute en couleur et qui m’apparaît être plus celle de ces derniers, pour quelques-uns, que celle des électeurs que nous sommes dans notre grande majorité. Bien des sujets furent abordés dans les programmes de ceux visant à devenir le ou la Présidente de la République pour ces cinq années à venir mais il me semble qu’aucun d’entre eux et encore aujourd’hui, ne s’est vraiment préoccupé du sort des LGBTI, citoyens de ce pays !

Aucun sauf un qui n’est pas candidat, lui, mais qui n’a pu s’empêcher de mettre son grain de sel s’agissant de l’hommage rendu au malheureux policier tué dernièrement lors de l’attaque sur les Champs Elysées… je veux parler de Xavier Jugelé.

Le personnage que je décris ici étant le père de la candidate Marine Le Pen, le co-fondateur du FN que préside celle-ci, après avoir mis hors-circuit de ce parti ce même Jean-Marie Le Pen … une question demeure, monsieur Le Pen est-il vraiment hors-circuit ?

Soit le sieur Le Pen souhaite la dégringolade de sa fille, cette dernière faisant tout pour dé-diaboliser son parti, et ce ne sera que mieux si il y parvient, soit le personnage Le Pen que l’on connaît pour ses incartades et parce qu’il demeure le papa de sa fille, pense que le FN, une fois au pouvoir, si elle y parvient, aura tout loisir de mettre à mal tout ce que le gouvernement de Monsieur Hollande et particulièrement Madame Taubira durant son ministère auront construit en faisant du mariage homosexuel qu’il soit légalisé !

Avec cette déclaration faite par le sieur Le Pen aujourd’hui sur le malheureux policier assassiné et dont le compagnon a rendu un émouvant hommage lors de la cérémonie officielle … voilà que resurgissent dans mon esprit des propos nauséabonds de celui dont l’humour caustique s’avère hostile envers les gens de couleur, les homosexuels, les femmes, l’immigration, les personnes atteintes du sida et j’en passe …

J’imagine que Marine doit l’avoir mauvaise d’avoir un tel paternel qui pourtant demeure son père, un père fidèle … ce dernier souhaiterait-il mettre des bâtons dans les roues de sa fille qu’il ne s’y prendrait pas autrement … mais revenons à ce qui m’amène et qui est le sujet de mon écrit … les dernières déclarations faites via you tube sur son journal de bord par l’odieux personnage qui s’est dit choqué jugeant : «qu’on rendait plutôt hommage à l’homosexuel qu’au policier», ou encore : «Car la participation de son conjoint, le long discours qu’il a prononcé, a en quelque sorte institutionnalisé le mariage homosexuel et l’exaltait en quelque sorte d’une façon publique. Et cela, ça m’a un peu choqué» et plus encore : «Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l’écart de ce genre de cérémonie, qui gagnerait d’ailleurs à plus de discrétion. Je crois. C’est mon sentiment» …

Aussi, et parce que nous avons un devoir de mémoire tous autant que nous sommes … je me tiens raviver cette dernière justement afin que personne n’oublie ce qui fut dit par Jean-Marie Le Pen … et il n’y a pas si longtemps que cela … des déclarations sordides à celles perfides monsieur Le Pen excelle dans l’art de la diction et dans celle de la petite phrase assassine empestant de fétides exhalaisons …. Il suffit de revenir sur quelques-unes de ses citations pour s’apercevoir que le sieur n’a guère changé … même si son discours est plus posé aujourd’hui et même si ce monsieur n’a rien à voir avec la candidature de Marine, il demeure un Le Pen … le Le Pen !

Samie Louve

Citations de Monsieur Le Pen.

1. « Je vais vous faire un pronostic : vous avez quelques soucis, paraît-il, avec quelques centaines de Roms qui ont dans la ville une présence urticante et disons… odorante. […] 4 Juillet 2013 Nice

2. Le sidaïque […] est contagieux par sa transpiration, ses larmes, sa salive, son contact. C’est une espèce de lépreux. » (1987)

3. « Monsieur Durafour-crématoire, merci de cet aveu. » (2 septembre 1988)
« La première usine qu’il faut faire en France, c’est une usine à couilles ! » (2012)

4. « Mon personnel de maison est noir, mon cuisinier est noir […] que faut-il que je fasse ? Que je me marie avec un noir, homosexuel et sidaïque ? » (21 avril 2002)

5. « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé. Je n’ai pas pu moi-même en voir. Je n’ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c’est un point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. » (13 septembre 1987)

6. « Hiroshima est un détail de l’histoire aérienne de la guerre » (18 septembre 1987)

7. « Je vais te faire courir moi tu vas voir, rouquin…PD! » (1997)

8. « La Déclaration des droits de l’Homme marque le début de la décadence de la France » (26 août 1989)

9. « Oui, je crois en l’inégalité des races. Aux Jeux olympiques, il y a une évidente inégalité entre la race noire et la race blanche, c’est un fait. Je constate que les races sont inégales. » (9 septembre 1996)

10. « Le bobo est plutôt de gauche et il est plutôt poilu de la gueule. C’est la mode musulmane ça, d’être poilu de la gueule. Comme ça, ça vous fait prendre pour un FLN. »(17 avril 2012)

11. « Un homme qui ne boit pas de vin n’est pas tout à fait respectable, selon moi. » (29 juillet 2011)

12. « Il faut qu’il y ait une autorité, et nous pensons que l’autorité la plus qualifiée dans un ménage est celle de l’homme » (1979)

13. « Le général De Gaulle était-il plus courageux que ne l’était le Maréchal en zone occupée ? Ce n’est pas sûr. » (1996)

14. « L’homosexualité n’est pas un délit, mais elle constitue une anomalie biologique et sociale. » (13 février 1984)

15. L’immigration ? « Monseigneur Ebola peut régler ça en trois mois. » (20 mai 2014)

16. « Je comprends tout à fait qu’on mette en cause la démocratie, qu’on la combatte. » (8 avril 2015)

17. « Je n’ai jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître. » (8 avril 2015)

18. Il y a peut-être des homosexuels, mais il n’y a pas de folles au FN ! Les folles on les envoie se faire voir ailleurs ! »
A l’AFP le 2 septembre 1995 après la mort de Jean-Claude Poulet-Dachary

Février 2007 « Dans le Marais de Paris, on peut chasser le chapon sans date d’ouverture ou de fermeture, mais dans le marais de Picardie, on ne peut chasser le canard en février »

 

Réaction

 imagesLa présence à la télévision de Marine Le Pen ne passe généralement pas inaperçue. Dimanche soir sur BFM, ceux qui  en attendaient la confirmation n’ont donc pas été déçus. Acte d’accusation dressé par Apolline de Malherbe. Réquisitoire, odieux,  de Jean-Marie le Guen (qui, apparemment,  comme au bon vieux temps de l’Inquisition, n’aurait vraisemblablement pas boudé le plaisir de la soumettre au jugement de Dieu).

      La question tournait, notamment,  autour de l’escapade de Berlin. C’est à dire de l’utilisation par les politiques de l’argent public ou non. Et sur ce point, sans pour autant partager les idées du Front National, beaucoup ont dû se demander s’il n’est pas du rôle des médias d’information, d’initier, sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, un véritable débat démocratique plutôt que « d’organiser » un pugilat médiatique. Pugilat sans doute excellent pour l’audience. Mais pervers, malsain, dangereux et stérile. Car, au bout du compte, si un tel lynchage ne peut que renforcer les Frontiste dans l’idée qu’ils sont victimes d’un ostracisme organisé, il reste pour autant, incapable de convaincre les autres du bien-fondé de politiques contredites par l’évidence.

     En résumé,  une telle émission n’a d’autre résultat que de confirmer à quel point la culture, fugace, de l’écran est devenue aujourd’hui l’expression ultime de la pensée politique. Expression qui ne s’adresse plus, directement, qu’aux médias (essentiellement « connectés »), privant le citoyen du recul et de la réflexion nécessaires.  Citoyen manipulé qui, de la sorte, cesse d’être actionnaire pour devenir… réactionnaire ! Et alors là ! Attention ! Danger !

 

                                                                                      Maurice Meireles      Pontacq

Crédit photo : youtub.com

TIME Magazine et Marine le PEN

marine-le-penLe magazine TIME vient de dresser sa liste, pour 2015, des « 100 personnalités les plus influentes du monde ». Parmi elles : Marine le Pen.

Présente, à New York, au Gala des 100 personnalités, Marine Le Pen s’est félicitée qu’on reconnaisse son parti comme « un mouvement politique important qui monte ».  Cette distinction, « est un symbole, qu’outre-Atlantique, on considère que le Front national est un mouvement sérieux, un mouvement de gouvernement, et que peut-être dans quelques mois il y aura en France des changements importants » a expliqué Marine Le Pen.*

Mais voilà, parmi les « 100 » se trouvait aussi Kim Jong Un, dictateur de la Corée du Nord, Abubakar Shekau, sinistre « tête pensante » de Boko Haram ou encore Vladimir Putin dont l’Europe a pu constater l’influence en Ukraine.

Bref, être dans le classement des 100 de TIME, c’est le preuve que l’on est connu, influent, pour le meilleur comme pour le pire, mais pas certainement reconnu.

Il n’est pas inintéressant de lire les motivations qui font que tel ou tel apparaît dans ce classement. Elles sont souvent signées de plumes reconnues.  Angela Merkel est franchement louée pour son engagement sur l’Ukraine par le Président Poroshenko (au passage, il « zappe » complètement le Président Hollande) ou encore, Barack Obama ne manque pas de mettre en avant la profondeur de vue de Narendra Modi, premier ministre indien.

Pour argumenter la présence de Marine Le Pen dans le classement, pas de « plume politique » renommée. C’est à la journaliste, Vivienne Walt, qui écrit pour TIME depuis Paris, que revient de nous dire le pourquoi de cette présence dans le « TOP 100 ». Résumé  : « Il y a un an, Marine Le Pen avait dit à TIME que le FN serait au pouvoir dans la décade à venir. Un cauchemar pour ces millions (de Français) qui voient dans son message, la France aux Français, un patriotisme excessif  (anglais : jingoism).

Sa prédiction ne semble plus absurde. Le Pen a su transformer en or, l’exaspération des électeurs, en mélangeant charme et ambition lors d’élections locales et européennes, avec une campagne anti-Europe et anti-immigration.

Cela a fait d’elle la personnalité dominante de droite (anglais : leading right-winger) en Europe, donnant par là-même aux politiques du continent, avec les mêmes idées, une dose d’éligibilité.

Ce mois-ci, elle a finalement rompu avec le fondateur du Front National, Jean-Marie Le Pen, à l’anti-sémitisme toxique.

L’analyse se corse alors : « Le Pen a un fort attrait pour beaucoup de Français, qui sont face à un mur avec un « élitisme politique asphyxiant » (anglais : asphyxiating political élitism) et une croissance proche de zéro.

Le message alors aux autres dirigeants politiques français, les Sarkozy, Juppé, Bayrou, Hollande, Valls etc. : « Pour stopper sa course vers le Palais de l’Elysée, les ternes (anglais : lackluster) dirigeants devront se défaire de leur style sans ambition, ni résultat (anglais : ineffectual, gutless style) et proposer une révolution personnelle plus attractive (anglais : mount a more appealing revolution of their own)»

« Gutless » se traduit aussi par « ne rien avoir dans le ventre ». Osez, Messieurs les Politiques. Proposez votre « Révolution », avant qu’il ne soit trop tard…

– par Bernard Boutin

* source : http://www.huffingtonpost.fr

Constitution française : Idées « piochées » chez Denys de Béchillon et au « Peterson Institute »

imageAltPy avait interviewé, en 2011, Denys de Béchillon, constitutionnaliste de renom qui enseigne à l’UPPA. Les sujets du moment : le cumul des mandats, les mandats à répétition avaient été largement dépassés pour finir par brosser un large tableau du fonctionnement de nos institutions. Nous avions, à cette occassion, découvert un « brillant conservateur de droite », fier de nos institutions et peu enclin à les changer. Une conviction inébranlable à ce moment-là.

Quand, 3 ans plus tard, l’UDI l’invite à plancher devant ses « cadres » locaux, AltPy a voulu en profiter pour entendre à nouveau le spécialiste. Depuis 2011, la France s’est dotée d’un Président « mal-aimé », d’une loi sur le non-cumul des mandats et un doute « multi-polaire » s’est généralisé parmi la population.

Le thème de la soirée était « cumul des mandats » et « élection proportionnelle ». Comme, 3 ans auparavant, nous avons eu aussi droit à une réflexion sur le fonctionnement de nos institutions. A nouveau, Denys de Béchillon ne cache pas son manque d’enthousiasme pour le non-cumul des mandats. Motif invoqué : la disparition de l’ancrage local. Le cumul dans le temps n’est pas abordé. Dommage.

Pour ce qui est de l’alignement à 5 ans des mandats présidentiels et législatifs, il regrette la disparition des possibles cohabitations qui pouvaient avoir du sens et mieux refléter l’opinion publique. Pour autant, malgré cela, nous aurions « la meilleure constitution du monde ». Depuis 2011, Denys de Bechillon ne semble pas avoir beaucoup changé.

Vient alors le moment où il aborde l’état de la France et ses blocages. Les partis traditionnels sont éclatés. Il n’y a plus de majorité dominante. « Je suis persuadé que Marine le Pen sera au deuxième tour ! »  et, si Sarkozy est son opposant, tout est possible. On l’aura compris, Denys de Bechillon préférerait Alain Juppé.

Il parle avec François Bayrou. Une dose de proportionnelle ? Pourquoi pas 50% ? Il y réfléchit mais n’a pas arrêté sa position. Parmi, les participants, on ressent bien que, pour l’UDI, ce serait l’occasion de « grappiller » des postes d’élus. Pour AltPy, se serait tout simplement représenter les citoyens. On sent que le doute s’est installé dans la tête du spécialiste. En arriver à parler de proportionnelle à 50% !

Il va plus loin et imagine des hommes politiques raisonnables de droite, du centre et de gauche pour gouverner ensemble. Une grande coalition pour effacer les extrêmes qui selon lui représentent 40% de la population. Un chiffre qui parait fort. N’est-il pas trop tard ?

Le Denys de Bechillon, cuvée 2014, n’est vraiment plus celui de 2011. Il reflète, à son tour, une France qui doute de ses institutions.

Institutions justement : au moment du jeu des questions-réponses apparait le rôle du Président de la République. Et si on faisait sans ? Il ne va pas jusque là.

De son côté, le « Peterson Institute » vient de publier une analyse sur les réformes nécessaires pour la France. Il suggère de donner à la Présidence un rôle purement représentatif : « The straitjacket of the presidency prevents France from establishing a stable grand parliamentary coalition of the kind that governs most other European countries today. The mainstream center-right and center-left in France will never come together to pass commonsense economic reforms, as each will always try to undermine the others’ chance of winning the next presidential election. Cutting the French president’s term from seven to five years in 2002 and aligning it with the elected term of the parliament has ironically amplified this penchant for political sabotage, because the next election is always primarily about the winning presidency. ». Traduction : «  Le carcan du mandat présidentiel empêche la France d’établir une grande coalition parlementaire stable du type de celles qui gouvernent la majorité des autres pays européens. Les courants principaux de centre-droite et de centre-gauche ne se mettront jamais d’accord pour passer des réformes économiques de bons sens, alors que chacun essayera toujours de miner les chances de l’autre de gagner l’élection présidentielle suivante. En réduisant le mandat présidentiel de 7 à 5 ans en 2002 et, en l’alignant avec celui du Parlement, la France a ironiquement amplifié cette tendance au « political sabotage », parce que l’élection suivante consiste toujours à gagner la Présidentielle. » Le blocage de la politique française est expliqué en 4 lignes.

Allant plus loin, le « think-tank » américain, suggère d’en finir avec les élections au Parlement à deux tours. Une autre façon d’introduire au Parlement de la diversité sans passer par un scrutin proportionnel qui nécessitera la mise en place de listes nationales avec le risque d’inévitable professionnalisation du personnel politique.

Bref, la boite à idée est ouverte. Qui pour faire avancer la chose avant qu’un « Bonaparte » ne nous mette tous d’accord ?

– par Bernard Boutin

Election au Sénat : Le FN rejoint le clan de l’UMPS. Le FNUMPS en prend la suite !

Il y avait ceux qui disaient que le Front National était différent. Certains, de plus en plus nombreux, voyait en lui une alternance possible : jusqu’à 25 % de la population française aux dernières élections européennes. Pour eux, le FN était tout sauf cette UMPS qui nous gouverne depuis si longtemps. Une UMPS aux politiques cumulards, avides de pouvoir, d’honneurs et d’indemnités.

Mais voilà, Marine le Pen vient de dévoiler ce qu’elle est : une « politicienne », comme les autres. Deux des candidats de son parti viennent d’être élus au Sénat et, comme, ils sont tous deux déjà maires – et qu’ils veulent le rester – les voilà donc cumulards. La tare première, que les Français donnent à la classe politique, est donc reprise « à son compte » par le FN, dès que l’occasion se présente à lui ! Le FN : same, same but not that different.

En fait Marine le Pen est politico-pragmatique, voire opportuniste. En novembre 2012, Marine Le Pen, reçue à l’Elysée, demande un référendum sur le non-cumul (source l’Express). C’est au moins clair comme demande. Plus de 90% des Français approuvant la fin du cumul des mandats, Marine le Pen vise plutôt pas mal. On ne peut que l’approuver.

Deux ans plus tard, sa formation voit élire ses deux premiers candidats au Sénat. Les deux sont en situation de devenir cumulards. Rebond de Marine le Pen sur le coup : « « Nous avons clairement dit que nous étions contre le cumul des mandats, mais nous appliquerons le non-cumul quand tous les autres se l’appliqueront aussi ». (source l’Express). N’avons-nous pas déjà entendu cette chansonnette ?

Le FN de Madame le Pen, à l’occasion des élections au Sénat, vient lui-aussi, de rejoindre le clan de « tous les mêmes ». Il se banalise au fur et à mesure qu’il pénètre sous les ors des palais de l’Etat. Est-ce une bonne nouvelle ?

L’UMPS disparait. De ses cendres renait le FNUMPS.

– par Bernard Boutin

crédit photo : sondage Alternatives-Paloises.com

Pau, Municipales 2014 : la chronique (4) – sous les projecteurs nationaux

2014-01-11 11.33.32Pau champion des tweets – Bayrou et les transfuges du PS – Habib et les occitanistes – Bayrou sur la démocratie participative et la propreté des rues – Habib sur l’emploi et l’économie – Urieta sur la baisse des impôts.

La campagne municipale paloise vue et analysée par Emmanuel Pène dans une chronique sans langue de bois.

On a parlé beaucoup de Pau ces derniers jours, notre ville étant selon une enquête de France info, celle de moins de 150 000 habitants où on gazouille le plus, avec plus de 19200 tweets sur une semaine. Surprenant ? Pas vraiment quand on sait que François Bayrou et son alliance avec l’UMP en génère près de 95%. Ce score ne devrait pas faiblir avec le passage samedi de Marine Le Pen, venue encourager un FN local bien discret.

La constitution des listes a continué d’agiter la Pau-sphère, chacun y allant de son annonce.

A ce jeu, David Habib a indéniablement trouvé la méthode la plus efficace pour faire parler de ses colistiers, et donc de lui : annonces deux par deux, et sans ordre particulier sur la liste. Chaque personne fait ainsi l’objet d’une attention des média pendant un ou deux jours.

Des autonomistes occitans place Royale ?

Ce qui retient l’attention, ce sont d’abord les deux occitanistes du mouvement « Bastir », Estelle Laymand et Luce Bordenave,  avec en prime un poste d’adjoint pour la première. Cette annonce est assez surprenante quand on connait l’opposition (passée ?) de David Habib avec le gourou de la mouvance occitaniste, David Grosclaude. En fait, le mouvement occitaniste, traditionnellement allié des verts,  fait preuve d’opportunisme en rejoignant une liste PS qui leur donne bien plus de chance d’être élus. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé à Toulouse, où, d’abord sur une liste EELV, les « Bastir » sont partis sans prévenir sur la liste PS de M. Cohen. Mais qu’est-ce que « Bastir » ? Ce n’est ni plus ni moins qu’une excroissance électorale du « parti occitan », « Mouvement politique occitaniste autonomiste luttant pour la reconnaissance et l’autonomie de l’Occitanie »  d’après leur site internet, animé par leurs deux élus régionaux David Grosclaude et Guilhém Latrubesse. Or, on a du mal à imaginer que David Habib se soit pris subitement d’occitanite aigüe, et on peut donc penser qu’il s’agit plutôt d’une stratégie pour couper l’herbe sous les pieds de François Bayrou, plus légitime naturellement sur ce terrain. Si David Habib est élu, et étant donné le peu de goût de ce dernier pour la langue de Simin Palay, on risque d’avoir un blanc-seing donné à une association occitaniste d’inspiration autonomiste. C’est ce risque que je dénonçais récemment sur ce site dans l’article « Langues régionales et municipalités ».

Des trentenaires et des syndicalistes

Jérôme Marbot et Charline Claveau-Abbadi ont eux aussi été annoncés cette semaine sur la liste Habib, la seconde à une flatteuse 6ème place. Cette jeune entrepreneur non encartée se dit néanmoins « de gauche », tandis que Jérome Marbot, avocat, est adjoint au maire sortant au « développement et au rayonnement ». Etant donné le manque de dynamique de développement et de rayonnement de la ville ces dernières années, on ne sait toutefois si cette expérience est un atout ou un handicap pour l’ambitieux trentenaire…

Jean-Marc Soubervie, ancien rugbyman de 38 ans, rejoint lui aussi David Habib à la 33è place. On apprend qu’il est chef d’entreprise et qu’il dirige un cabinet qui conseille les entreprises pour payer moins de charges sociales. Il aura sans aucun doute matière à discuter de coût du travail avec les deux syndicalistes annoncés en fin de semaine sur la liste, le délégué syndical CGT, Ottavio Cilluffo,  et Jean-Pierre Barthe, retraité syndical de la CFDT. Ils devraient intervenir, sans surprise, sur la thématique de l’emploi, une des priorités du candidat.

Chez François Bayrou, on recycle des sortants de la majorité

François Bayrou a continué dans la voie de l’ouverture sur sa liste. Il lui manquait des gens de gauche ; c’est désormais chose faite en les personnes de Pascal Boniface, Odile Denis et Anne Castera, tous trois élus de la majorité sortante, et qui sont en délicatesse soit avec la Maire actuelle, soit avec le candidat PS. On aimerait mieux connaître leurs motivations. François Bayrou est-il uniquement une bouée de secours pour ces sortants reniés par leur camp ? Il y a assurément urgence à ce qu’ils donnent les raisons de leur choix.

Les listes Urieta, Dartigolles et Bled

Yves Urieta, lui, annonce ses colistiers par dix. Les nominés sont Alain Arraou, Nicole Benssoussan, Daniel Bialeoko, Sophie Campagnolle, Johanne Charmet-Zoia, Jean-Pau Céré, Jacqueline Decaudin, Adoum Isseini, et Paola Rodrigues. Parmi eux, deux transfuges de la liste sortante de François Bayrou aux dernière élections, Nicole Benssoussan et Adoum Isseini, nous rappellent qu’en politique, il vaut mieux être darwinien que larmarckien…

Olivier Dartigolles lui, continue à s’en prendre à Yves Urieta et à son alliance sarkoziste de 2008. Dans une peu probable alliance avec David Habib au second tour, il serait en effet difficile de cohabiter avec celui qui a obtenu le soutien de l’ancien président de la République en 2008. Le leader communiste promet de dévoiler sa liste de gauche le 13 février.

Chez EELV, Eurydice Bled a choisi, comme Yves Urieta, les annonces par dix. On a ainsi appris les dix nouveaux colistiers constituant sa liste, ainsi que leur âge et leur profession : Laetitia Larrouy-Castera, 24 ans, spécialisée en droit de l’environnement ; Vincent Cilluffo, 21 ans, étudiant en médecine ; Christine Cazaubon, 41 ans, prothésiste dentaire ; François Garcia 57 ans, vice-président de la Section Paloise Karaté ; Sylvie Hourcade, 53 ans, monitrice d’atelier en espaces verts au sein de l’association des PEP 64 ; Jean-Claude Serrano, 54 ans, travaille dans la restauration ; Annick Potier, 60 ans, retraitée de l’animation sportive ; Alain Mallet, retraité hydrogéologue; Patti Lévy, prépare le concours de professeur des écoles ; Jean-Yves Deyris, ancien chargé de mission auprès du service de la formation professionnelle du Conseil régional d’Aquitaine. De la variété dans les âges, mais ça manque quand même d’entrepreneurs ou de commerçants. Mais il est vrai que ces derniers ont du mal à interpréter la logique de décroissance prônée par certains écologistes.

Bayrou, la démocratie participative…

Sur le fond, François Bayrou a présenté ses propositions en matière de démocratie participative. Ainsi, il y aura, s’il est élu, une réunion citoyenne une fois par semaine au théâtre St Louis, où les Palois viendront discuter avec le Maire de ce qui marche ou ne marche pas. Autre engagement, une évaluation annuelle des élus et des services, via un questionnaire. Voilà qui aurait donné des sueurs froides à certains élus de la majorité sortante…

Tract Bayrou propreté

… et l’insalubrité

Autre thème largement développé par le candidat Bayrou, la lutte contre l’insalubrité et l’insécurité, objet d’un tract distribué cette semaine « Pau ville propre et soignée ». Les mesures incluent la lutte contre les tags, fléau que je dénonçais déjà il y a deux ans sur alternatives-paloises.com : Pau, les tags sauvages envahissent la ville, un service « urgence vie en ville » pour les problèmes de propreté et d’insécurité, et la lutte contre les déjections canines.

Plus surprenant, François Bayrou a estimé, à une question posée dans une réunion de quartier sur les nuisances des sorties de boîte de nuit, que celles-ci pouvaient être transférée dans un quartier « en dehors de la ville ». Il faudra qu’il nous explique ce qu’il entend par là, car on voit mal une ville dynamique, jeune et vivante, se passer de toute vie nocturne en centre-ville.

Urieta remet une couche sur les impôts

Sur le thème de la baisse des impôts, Yves Urieta a continué à en faire un axe majeur de sa campagne, au travers d’une vidéo :

Le candidat sans étiquette fait aussi parler de lui par ses BD, dont nous reproduisons ici la planche sur la baisse des impôts

Urieta BD Impots

Pour Habib, focus sur l’emploi et l’économie

Le candidat PS s’est, lui, clairement positionné sur la question de l’emploi et a présenté quelques propositions. Deux d’entre elles pourraient très certainement contribuer à une dynamique économique : la création de 4 pépinières d’entreprises en six ans, et un fond d’amorçage pour la création d’entreprise. De bonnes mesures sur le papier, mais il faudra que ces projets semi-publics ne se transforment pas en usine à gaz administrative et soient largement associés à des entrepreneurs privés. La création d’un échangeur à Berlanne est un de ces vieux dossiers qui n’avancent pas depuis longtemps, et que l’association Béarn Adour Pyrénées a le mérite de remettre régulièrement en haut de l’agenda. Enfin, la création d’un conseil économique et social sur l’Agglo pose plus de questions. N’y a-t-il pas un « conseil de développement du grand Pau » qui a déjà du mal à fonctionner ?

En tous les cas, David Habib fait de l’emploi sa priorité, et met en avant son bilan sur le bassin de Lacq. Il définit aussi des secteurs d’activités prioritaires pour le développement : les géo-sciences, l’agroalimentaire, l’aéronautique, et l’énergie. C’est intéressant, mais on aurait pu y ajouter les filières TIC (technologies du numérique), secteur d’avenir mais peu soutenu par les pouvoirs publics en Béarn.

Adixat ! A la semaine prochaine

– Par Emmanuel Pène 

(26 janvier 2014)

 

Retrouvez les précédentes chroniques :

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/19/pau-municipales-2014-la-chronique-3/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/12/pau-municipales-2014-la-chronique-2/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/04/pau-municipales-2014-la-chronique/