La cause animale

« J’ai choisi de ne pas avoir d’enfant. Je ne veux pas être responsable de la venue d’un humain supplémentaire. Nous sommes déjà trop nombreux. » Ce sont les mots très significatifs et déjà ancien –ils datent de 2013- d’un des leaders du mouvement animaliste français, -aujourd’hui disparu-, recueilli alors par Midi Libre. Ils résument assez bien la philosophie de ceux qui posent que l’homme n’est qu’une espèce comme une autre : les anti-spécistes. Un petit groupe d’entre eux, inspiré de cette doctrine, s’est introduit dans les abattoirs de Mauléon à l’insu de ses salariés et du propriétaire de l’édifice, pour tourner une vidéo clandestine qui a ému ces fameux réseaux sociaux qui donnent sans discernement un résonnement nouveau aux images chocs.

Résonnement n’est pas raisonnement, évidemment : l’image, l’émotion et parfois le mensonge –les fake-news- règnent sur ces fameux réseaux sociaux. On sait qu’ils ont faussé le résultat de l’élection présidentielle américaine –ça n’est pas rien tout de même !- et qu’ils interviennent régulièrement dans le débat catalan avec pour objectif d’affaiblir l’unité européenne. En bref, les réseaux sociaux, les médias aussi, ont permis à ce qui était un courant de pensée minoritaire, le véganisme, de se développer comme une traînée de poudre ces dernières années. Il y a là, pour les optimistes, un effet de mode qui bénéficie au commerce lié aux animaux. Les rayons qui leurs sont consacrés dans les supermarchés ont considérablement augmenté de volume et leurs produits. Les « animalistes » et on le voit bien dans ce « procès de Pau » sont portés par des moyens considérables, soutenus, globalement, par les médias de toute sorte ce qui explique la prudence de la défense de ces modestes salariés souletins, sans doute perdus dans ce tintamarre.

Le titre du dernier livre de Jean-Pierre Digard, ethnologue et anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste de la domestication des animaux et membre de l’Académie d’agriculture de France, « L’animalisme est un anti-humanisme », annonce clairement la couleur. Pendant que le scandale du jour agite les gazettes et le monde judiciaire on a du mal à s’accorder sur un plan pauvreté phénomène qui brusquement apparaît comme d’une ampleur inattendue. On tourne le dos, en se bouchant le nez, sur ces nouveaux boats peoples promenés d’un port à l’autre sans que cela émeuve véritablement le grand public. On défend –pour certains- les dirigeants Vénézuéliens alors que des millions d’hommes et de femmes quittent dans les larmes ce grand pays, etc., etc. Nous pourrions énumérer les « causes » humanitaires qui touchent le cœur de bien peu d’entre nous et qui font de notre société une des plus injustes de l’histoire. Ainsi on débat du sort et des droits des animaux alors que celui d’une grande partie de l’humanité sont foulés aux pieds

La cause animale est-elle prioritaire dans ce monde de sang et de misère ? De quels animaux parlons-nous ? Des animaux domestiques, des chiens et des chats ou de tous les animaux, du moustique au poisson ? Faut-il désormais renoncer à la viande –l’interdire violemment comme on l’a vu récemment à Lille- sans respect des libertés individuelles et que devient la chaîne alimentaire, va-t-on interdire au lion de manger la gazelle ? Le combat pour la biodiveristé, la réintroduction de l’ours, par exemple, se confond-t-il avec cette sensibilité animaliste ? Et que faisons-nous des plantes qui pourtant, elles aussi, ont leur vie et leur beauté ? Tout cela est-il le signe d’un affaiblissement de l’humanisme et de ses valeurs ?

Pierre Vidal

Réorganisation territoriale, ça gronde dans les rangs

imagesA peine le Préfet des Pyrénées Atlantiques avait-il rendu sa copie sur le projet de réorganisation territoriale du département (le 29 septembre 2015) que certains voulant aller plus loin font des contre propositions et que d’autres animés d’un esprit de clocher font valoir leur opposition. La fusion entre les intercommunalités et communautés d’agglomération est loin d’être acquise.

Il n’aura pas fallu que s’écoulent quinze jours pour que les élus de la Vallée d’Ossau affichent leur opposition aux propositions du préfet (La République du 10 octobre 2015). Et là place à la langue de bois, ces propos qui ne signifient rien et que l’on entend si souvent. « Élus pour un mandat de six ans, nous avons un projet de territoire visant à nous permettre de répondre au mieux aux besoins des habitants tant en termes de service à la personne que de développement économique » Ben voyons, y-a-t-il une personne dans la salle qui aurait l’idée saugrenue de dire que ce projet n’est pas bon ? Mais à la vérité ce qui les contrarie ces braves élus c’est qu’ils n’admettent pas que le préfet puisse choisir pour eux. Et si le vrai problème était là : la contestation de l’autorité de l’État.

Quelques jours plus tard, c’est François Bayrou qui vient ajouter son grain de sel, en l’occurrence le grain de sel est plutôt gros (La République du 13 octobre 2015). Il lance son grand projet de Pays de Béarn. Il faut reconnaître qu’ici c’est le préfet qui a commencé. Quelle idée il a eu de ne faire qu’une seule et même communauté du côté basque ? Il fallait s’y attendre, en Béarn où fleurissent pas moins de huit communautés de communes, il y a comme une jalousie. Pourquoi eux et pas nous. Mais comme cela ne peut être seulement argumenté ainsi, François Bayrou fait appel à ses connaissances d’historien : « Pays de Béarn, ce n’est pas juridique ou administratif. C’est l’Histoire. C’est le mot qu’utilisait Gaston Fébus, il y a presque 700 ans quand il disait : Je ne tiens mon Pays de Béarn que de Dieu et de mon épée ». A n’en pas douter, cette référence à Gaston Fébus s’imposait. S’il savait l’ancêtre l’usage que l’on fait de lui. Et dans la foulée, allons-y évoquons Tucoo-Chala et Christian Desplat. Alors de là à imaginer François à la tête de cette nouveauté, « Le Pays de Béarn » qui, comme Gaston, sera investi de droit divin, il n’y a qu’un pas que les plus mal intentionnés franchiront sans hésiter. En résumé, François Bayrou est contre la suppression des départements, contre la modification du découpage des régions et pour l’épaississement du millefeuille. Tout le contraire de ce que souhaite le pouvoir central.

Et ce n’est pas fini, la contestation existe aussi ailleurs, à Mauléon par exemple (La République du 14 octobre 2015). Il y a les partisans d’une intercommunalité unique en pays basque, c’est à dire le regroupement des dix communautés de communes actuelles et ceux qui s’y opposent en choisissant un système fédératif des dix communautés existantes. On ne voit pas très bien où est la différence mais l’important c’est d’avoir une opinion. Ici, il faut l’observer, l’unanimité n’existe pas.

Du côté du Pays de Nay (La République du 15 octobre 2015), 25 maires sur 28 se sont prononcés pour le maintien en l’état du pays de Nay. Autrement dit, laissez-nous tranquilles, on ne veut personne d’autre chez nous et pas les communes d’Ousse-Gabas. Les arguments sont toujours du même niveau, ne nous précipitons pas, nous n’appartenons pas au même bassin de vie (SIC).

Lacq-Orthez se dit intéressé par la proposition de François Bayrou (La République du 20 octobre 2015) qui est considérée comme une fédération d’intercommunalités. Mais la forme de cette nouvelle structure ne semble pas être clairement définie, entre fédération, pôle métropolitain, ou syndicat mixte on hésite. Le président Jacques Cassiau-Haurie y va de son envolée lyrique : « C’est un espace de réflexion qu’il nous faut. L’entité ne sera pas dotée de moyens financiers, mais nous allons mettre sur pied un outil pour fédérer autour de l’image du Béarn ». On verra par la suite mais il y a fort à parier qu’il faudra quand même quelques sous.

Salies-de-Béarn a tenu de son côté à afficher son opposition au projet péfectoral (La République du 20 octobre 2015). Mais quelques voix dissonnantes se font entendre dans les rangs du conseil municipal. Le maire, Claude Serres-Cousinet persiste : « J’ai milité pour les lois de décentralisation pour rapprocher les décisions des habitants. Cette recentralisation pénaliserait les communes rurales. On passe à côté de l’histoire. Le préfet nous demande notre avis, il serait dommage de ne pas profiter de cette occasion ». C’est beau comme de l’antique, et toujours cet argument dont personne ne connait la réelle signification : la proximité.

Il fallait s’y attendre les élus sont divisés et pour la plupart freinent des quatre fers. Il y a même ceux qui, pour embrouiller les pistes et le débat, ajoutent une complication, une strate supplémentaire.

Personne ne sait, Monsieur le Préfet, si vous avez une obligation de moyens ou de résultats. En tout cas bon courage !

Pau, le 22 octobre 2015
par Joël Braud