Pau, Municipales 2014 : La chronique 6 – la ville la plus pauvre d’Aquitaine

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Le couvent des réparatrices

La ville la plus pauvre d’Aquitaine – l’aveuglement de Lignières-Cassou – Une nouvelle liste citoyenne – Bayrou, Habib et la bataille des Halles – Urieta, Bayrou et Dartigolles et la Culture.

La campagne municipale paloise vue et analysée par Emmanuel Pène dans une chronique sans langue de bois.

La ville la plus pauvre d’Aquitaine

La réalité du déclassement de Pau se confirme. On apprend ainsi, dans une étude du  Centre d’observation et de mesure des politiques d’action sociale (Compas) que Pau est la ville qui compte proportionnellement le plus de pauvres en Aquitaine, 19% de ses habitants vivant avec moins de 977 € par mois. Cette piètre performance résulte probablement moins d’une situation socio-économique difficile, que du départ constaté de la ville de près de 5000 personnes ces dernières années. La perte de couches de la population majoritairement classes moyennes ou supérieures n’a pu que contribuer mécaniquement à l’augmentation du pourcentage de pauvres. C’est le symptôme criant du manque d’attractivité de notre ville.

C’est ce que n’a visiblement pas compris Martine Lignières-Cassou dans une vidéo enregistrée plus tôt dans la semaine pour la République (http://bit.ly/1ecgkkG), pour qui François Bayrou et Yves Urieta n’ont « vraiment rien compris », accusés de vouloir faire revenir les voitures en centre-ville. Il est vrai que la politique de Madame la Maire est une réussite spectaculaire : un centre piétonnier inaccessible et déserté, des centaines de commerçants qui ont mis la clef sous la porte ces dernières années, la baisse de la population, l’insalubrité, les SDF, les tags, etc..

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Source : http://www.larepubliquedespyrenees.fr/

Martine Lignières-Cassou devrait lire le résultat de l’enquête de la République des Pyrénées (http://bit.ly/1eHqVIY) qui a demandé à ses lecteurs quels seraient les trois chantiers prioritaires pour Pau. Plus qu’une longue analyse, l’image ci-contre (où les mots apparaissent proportionnellement au nombre de fois qu’ils ont été cités) parle d’elle-même : Circulation, Routes, Centre-ville, Proprété, Parkings. Ce n’est donc pas MM. Urieta et Bayrou qui n’ont « rien compris » pour Mme Lignières Cassou, mais bien les palois..

La nouvelle liste « Citoyenne »

L’actualité des listes a été moins fournie après les présentations largement commentées des listes de David Habib, et en moindre mesure, d’Yves Urieta. On attend le prochain gros chapitre, à savoir l’annonce de la liste Bayrou, laquelle devrait d’autant plus faire couler d’encre, que peu d’informations ont fuité jusqu’à aujourd’hui.

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Mehdi Jabrane

L’information importante est donc l’arrivée d’une nouvelle liste « Pau’pulaire », conduite par Mehdi Jabrane, un entrepreneur de 35 ans. Nous annoncions cette liste déjà la semaine dernière dans la chronique. Que sait-on de cette liste ? D’abord qu’elle est 100% citoyenne, c’est-à-dire sans politiques de carrière ou encartés. On apprend aussi que leur but est de « remettre le bien commun et le citoyen  au centre des décisions politiques », et que leurs valeurs sont « justice, solidarité, sincérité ». Très bien, on peut dire que ce sont de bonnes bases, mais avec lesquelles finalement tout le monde est d’accord. On attend donc des positions plus concrètes sur les sujets qui intéressent les palois. Qui se retrouve sur cette liste ? D’abord on peut citer Gregory Ortega, Rachid Qasbaoui, Yannick Labannère, qui ont co-signé quelques articles sur Alternatives Pyrénées. On remarque aussi une forte présence de personnes « issues de la diversité ».

L’ancien bâtonnier de Pau avec Pau Bleu Marinepierre-esposito-est-avocat-ancien-batonnier-de-pau_1006014

Enfin, pour clôturer le chapitre des listes, on observe un peu de mouvement sur la liste « Pau Bleu Marine », puisque Pierre Esposito, ancien bâtonnier de Pau, a rejoint la liste de Georges de Pachtère et devrait occuper le rôle de « Porte-Parole ». Il n’est pas certain toutefois que ceci suffise à compenser le manque de présence sur le terrain du FN, sa principale faiblesse.

La bataille des Halles

2014-02-01 11.23.49Sur le fond, l’affrontement s’est fait cette semaine sur le thème de la rénovation des Halles entre un François Bayrou offensif et un David Habib montrant qu’il ne s’en laisserait pas compter.

David habib a ouvert les hostilités en présentant, lundi 3 février, sont projet de réhabilitation des halles. Les idées principales sont la réalisation d’une esplanade près du complexe de la République, qui ferait que les halles ne couperaient plus en deux le quartier, et la construction d’une nouvelle halle sur deux niveaux de l’autre côté de l’esplanade. Le dessin illustrant « l’esprit » du projet a été aussi publié.

La riposte ne s’est pas fait attendre, François Bayrou critiquant des Halles à « l’architecture de supermarché des années 60 », et surtout le fait que les producteurs étaient rétrogradés au sous-sol du nouveau bâtiment. Il chiffre aussi à 25 millions d’euro le cout du projet au lieu des 12 millions annoncés par le candidat socialiste.

Mis sur la défensive, David Habib a d’abord essayé de se justifier, en rappelant que l’image publiée était uniquement un concept en attendant le concours d’architectes. De fait, il revenait en fin de semaine avec quatre nouvelles ébauches visuelles, sensées désamorcer le problème de l’architecture « stalinienne », et une maquette de l’intérieur des halles, pour rassurer les producteurs du sous-sol..

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Les 4 « ébauches ». La première présentée lundi est en bas à gauche
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Ebauche de l’intérieur des halles sur le projet Habib

 

Cette vive passe d’armes montre que le sujet des halles, et du commerce, est au centre des préoccupations. Elle montre aussi, ce qui est plus étonnant, que David Habib fait preuve d’un peu de précipitation, en laissant sortir des projets pas assez ficelés. Il faut sans doute y voir le fait que, légèrement distancé dans les sondages, il doit maintenant prendre l’initiative et occuper le terrain, ce qui, immanquablement, l’expose aux tirs de l’artillerie ennemie.

Pour Bayrou, faire de Pau une capitale culturelle

La Culture est un thème qui a fait fureur ces derniers jours, largement au cœur des préoccupations et des propositions des candidats. François Bayrou souhaite faire de Pau une capitale culturelle. Il a ainsi souhaité que Pau organise un évènement à portée « nationale » (pourquoi d’ailleurs se limiter au « national » ?) sur l’histoire des idées, avec invitation de nombreuses personnalités. Pour cela, le candidat met en avant sa notoriété nationale, à même de faire venir de prestigieux invités. Sur le principe, c’est une bonne proposition, et l’on ne pourrait que se réjouir que ce type d’évènement fût organisé à Pau ; toutefois, il n’est pas certain que ce thème, bien qu’intéressant, soit très mobilisateur. Il faudrait aussi éviter d’organiser un évènement trop « parisien», ce qui implique un recrutement plus international des intervenants.

Cette proposition vient donc s’ajouter, pour le candidat, à celles d’un auditorium palais Beaumont, et d’un nouveau lieu festif du côté des hangars du Sernam.

Yves Urieta veut redonner à Pau son « dynamisme culturel »

Yves Urieta annonce la création de pas moins de trois festivals nationaux ou internationaux dans le domaine de la danse, de la musique et du théâtre, qu’il ne budgétise pas pour le moment. Il veut aussi transformer le musée des beaux arts en musée arts déco, avec extension (4 millions euros), ou encore la création d’un « espace d’art et d’histoire » dans l’ancien couvent de la rue Lamothe, estimé à 1,5 millions d’euros. On retient aussi une mesure certainement très attendue, à savoir l’extension des horaires de la médiathèque.

Pour Olivier Dartigolles, une salle de spectacles démontable

Olivier Dartigolles n’est pas en reste sur la Culture, et il innove si on peut dire en proposant une salle de spectacles de 500 à 600 personnes, démontable. Cette structure serait utilisée pour le spectacle vivant, le théâtre, la danse et les concerts à Pau. D’un coût de 2 millions d’euro, il aurait une durée de vie de 10 ans. Ce n’est certes pas aussi « sexy » que ce que proposent d’autres candidats, mais cette proposition a le mérite d’être économe avec l’argent public ce qui, pour une proposition communiste, est déjà un grand bond en avant..

Drin de tout

Yves Urieta confirme en vidéo son opposition au bus-tram

Georges de Pachtère interviewé sur France Bleu http://fn64.fr/2014/02/interview-du-0402-de-georges-de-pachtere-a-france-bleu-bearn/

France 3 et « la bataille de Pau » http://aquitaine.france3.fr/2014/01/31/la-bataille-de-pau-diumanche-2-fevrier-19h-406547.html

Adixat ! A la semaine prochaine

– Par Emmanuel Pène
(8 février 2014)

 

Retrouvez les précédentes chroniques :

http://alternatives-pyrenees.com/2014/02/01/pau-municipales-2014-la-chronique-vers-la-fin-du-bus-tram/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/26/pau-municipales-2014-la-chronique-4-sous-les-projecteurs-nationaux/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/19/pau-municipales-2014-la-chronique-3/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/12/pau-municipales-2014-la-chronique-2/

http://alternatives-pyrenees.com/2014/01/04/pau-municipales-2014-la-chronique/

Mehdi Jabrane

SONY DSCIl est des entretiens qui vont plus loin. Posent plus de questionnements. Mehdi Jabrane, jeune palois et citoyen engagé, observe, analyse, échange. Sans cesse. Il lit aussi. Beaucoup et partout. AltPy a voulu rencontrer Mehdi après qu’il ait posté, sur le site, un article de Louis Blanc en forme d’appel à la jeunesse paloise.
Louis Blanc, journaliste et républicain du XIXe siècle, demande au lecteur de provoquer « la discussion des théories sociales … même s’il ne fut jamais donné aux hommes d’arriver du premier coup à la vérité ». Sait-on si « la rêverie aujourd’hui ne sera pas la vérité dans dix ans » ? Et de rappeler « qu’une doctrine, quelle qu’elle soit, politique, religieuse ou sociale, ne se produit jamais sans trouver plus de contradicteurs que d’adeptes, et ne recrute quelques soldats qu’après avoir fait beaucoup de martyrs ». Ne glaçons pas les intelligences en travail, ni ne décourageons l’audace.

Qui pour ouvrir le chemin avec Mehdi* ? A la fin de l’entretien, vous saurez d’où il part. Ensemble, vous déciderez vers où aller…

AltPy – A partir d’un texte de Louis Blanc de 1839, que vous publiez dans AltPy, vous appelez la jeunesse paloise à créer un nouveau monde. A quel monde pensez-vous ?
Mehdi Jabrane – Difficile de détailler tout ce que je voudrais. Pour qu’une société fonctionne dans le bon sens, il faut que tout le monde puisse y participer. Economiquement chacun doit pouvoir travailler. Politiquement idem. Un monde où tous les citoyens seraient pleinement engagés dans les affaires politiques règlerait beaucoup de problèmes.

Comment fait-on pour intéresser la jeunesse paloise à cet engagement pour un nouveau monde ?
La France ne connaît pas de catastrophes humanitaires, sanitaires ou climatiques. Elle produit énormément de richesses, pourtant la misère grandit, ce qui est totalement anormal. Nous arrivons à la fin d’un cycle et nous devons reconstruire à partir de zéro. Partir du début n’est pas très motivant, cela peut être décourageant, aussi mobiliser la jeunesse est une affaire difficile et je n’ai pas la recette miracle. Faire passer un message d’espoir, c’est tout le sens du texte de Louis Blanc. On va se tromper, on va faire des erreurs mais il ne faut pas cesser d’être ambitieux et déterminé. En résumé, je dirai qu’on ne sait où pas il faut aller… mais on doit y aller !

Pour en revenir à la jeunesse paloise, pourquoi ne s’implique-t-elle pas plus ?
Ce manque d’engagement a de multiples causes. Il y a en premier lieu la responsabilité des citoyens qui ne sont pas acteurs voire même plus électeurs. D’un autre côté, il est difficile de penser que les organisations politiques n’ont pas conscience que cette situation leur est profitable puisqu’elles les maintiennent en place sans trop d’effort, ni trop de remise en question. Quand on sait que 85% des lois votées vont à la poubelle, ils feraient mieux d’essayer d’amener les jeunes à se responsabiliser avec le vote obligatoire par exemple. Mais sur ce point rien n’est fait. Les partis en place ont donc aussi une responsabilité importante.

Le texte de Louis Blanc est aussi un appel à faire en sorte que les gens se prennent par la main…
Tout à fait. Les laissés-pour-compte se sont en partie eux-mêmes déresponsabilisés. Je ne jette pas la pierre qu’aux organisations politiques. Les citoyens doivent eux-mêmes se prendre en charge. Fatalement il y a un long chemin à parcourir…

A Pau, y a-t-il des gens qui aiment à réfléchir à la société de demain ?
Alternatives Pyrénées ! Citoyens du Béarn, le Kiosque qui a fermé depuis, des conférences au centre Alexis Peyret, à la MJC du Laü … Depuis cinq, six ans je vais à beaucoup de réunions d’associations, de tout bord, de l’extrême gauche à l’extrême droite, mais ça reste encore trop élitiste, dans des salles confinées et souvent à 20 heures, heure où les gens ont autre chose à faire.

Pour revenir à cet appel à la jeunesse, les jeunes, on les voit peu dans les réunions politiques, aux associations de quartiers etc…
Manifestement ils ont autre chose à faire… les loisirs, beaucoup de loisirs !

Vous êtes sensible au thème de la décroissance. Qu’est-ce que c’est et comment la met-on en place ?
La décroissance est un terme polysémique. Selon Ivan Illich, tout système a une limite inférieure et une limite supérieure. Quand le système n’a pas dépassé une certaine limite inférieure, il n’est pas pertinent, on n’a donc pas besoin de ce système. Dès qu’il dépasse une limite supérieure, il induit des effets pervers, on est alors dans ce qu’on appelle la contre-productivité. Prenons un exemple : les parlementaires doivent réduire la voilure au niveau des lois puisque derrière il n’y a pas les hommes ou les procédures pour pouvoir les mettre réellement en application. Ceci avait déjà été pointé du doigt par Edmund Burke en 1791. Il trouvait que les parlementaires français travaillaient trop… et donc mal.

Mais, les Français disent que les parlementaires ne travaillent pas du tout…
C’est faux. Statistiquement parlant, ils produisent trop. Deux rapports du Conseil d’État de 1991 et 2006 ont mis en garde contre cette inflation législative. Trop de lois tuent la loi. La décroissance appliquée ici serait de mettre en place un statut quo afin de dégraisser les textes de loi, les codes. Il y a une telle multiplicité de codes que même avocats et magistrats ne s’y retrouvent pas. Cela a un nom : « l’insécurité juridique ».

Donc la décroissance touche un tas de domaines…
Oui. Un autre exemple qui touche tout le monde est la voiture. On estime qu’en prenant l’ensemble des coûts d’une voiture, nous roulons en fait à 6 km/h de moyenne ! Concrètement, pour faire Pau-Montpellier en voiture il faut 24 heures. Certes, le trajet sur autoroute prend 4 heures, par contre il faut environ 20 heures de travail avec un salaire moyen pour payer le carburant, le péage, la part du crédit auto, de l’assurance, de l’entretien, etc. En réalité, plus on veut aller vite moins on va vite.

Connaît-on dans l’histoire des sociétés qui ont choisi de baisser leur production de richesses ?
Pas d’après mes lectures en tout cas. Que ce soit les Mayas, les Romains, même les Mésopotamiens… Quand on relit le code d’Hammourabi, l’on découvre la complexité des lois… Tout est allé trop loin dans l’organisation. On a atteint la limite supérieure, celle de la contre-productivité d’Ivan Illich.

Si aucune société n’a pu revenir en arrière, cela veut dire que l’écroulement est déterminé…
C’est une lecture de l’histoire qui est attribuée à Ibn Khaldoun, penseur du XIVè siècle. Pareille à la Nature, L’Histoire serait cyclique. Quand on voit Rome, après sa chute, le monde occidental a enchaîné sur la période moyen-âgeuse. Il y a eu une fracture. D’une organisation extrême, on est revenu à une organisation basique, décentralisée, avec des échanges courts, simplifiés. Par la suite, les choses se sont complexifiées de nouveau…

Le FN trouve, pour beaucoup, ses relais parmi ceux que j’appellerais les laissés-pour-compte de la croissance. Croyez-vous que la décroissance soit ce que demande cette population ?
Le modèle de croissance prônée depuis 40 ans déçoit. Pour autant je ne pense pas que l’électorat du FN soit focalisé sur cette idée de décroissance car c’est un concept très minoritaire et encore mal compris. Le FN fait une analyse juste des contradictions des partis dominants, en plus il bénéficie d’une image « clean » car hors système. La France portait, il y a peu encore, une idéologie. Tout est discutable mais il y avait un sentiment patriote qui faisait que le Français aimait la France. Régis Debray l’a bien souligné : la France n’a plus d’idéologie transcendante à laquelle on peut se raccrocher, s’identifier. On entend aussi des politiques nous dire qu’être patriote, c’est être fasciste. Ce raccourci est malhonnête et malsain. Enfin, il y a beaucoup de Français qui ont été trompés sur la question européenne.

Oui, justement, l’Europe a toujours sa place ?
Les Français ont dit non. Il y a eu un référendum, avec des médias dominants qui ont eu un parti pris pour le « oui » et le peuple a voté « non ». Ensuite le traité de Lisbonne est passé par là dans les conditions que l’on sait. Dans les faits et conformément à son projet originel, l’Union Européenne travaille sur la libéralisation des biens, des services et des personnes. L’aspect social n’est pas au cœur de cette structure. De surcroît elle n’est pas démocratique.

L’individualisme forcené de l’homme moderne n’est-il pas la cause de beaucoup de problèmes sociétaux ? Comment peut-on y remédier ?
A l’âge classique, l’appât du gain était perçu comme méprisable. Or aujourd’hui cet appât, autrement dit le capitalisme, est la norme voire un dogme. Peu avant la révolution, des penseurs ont déclaré qu’un homme libéré des lois de Dieu ou du Roi serait assujetti à ses passions tel un sauvage. Ils ont estimé que la recherche du bonheur par le confort et via le développement des activités du commerce serait un contre-feu puissant face aux passions. Auparavant, le postulat était tout autre : honneur, charité mais aussi obéissance. Le groupe passait avant l’individu.

C’est ce qui fait la force de sociétés comme la société coréenne et d’autres en Asie du sud-est, où le collectif passe avant l’individualisme…
Nos sociétés occidentales ne sont plus basées sur ce principe de collectif. On est resté sur l’idée que la recherche du bonheur individuel allait rejaillir ensuite sur le groupe.

Mais dans la pratique, c’est l’inverse qui se produit…
Des contre-révolutionnaires avaient quand même tiré la sonnette d’alarme en annonçant qu’on allait dans le mur et que la société devait être un objectif prioritaire par rapport à l’individu.

Aujourd’hui qui dit cela ?
En France, pas grand monde. Quelques écrits de contre-révolutionnaires comme Bonald, de Maistre, refont surface. Au début du XXe siècle, le Général de la Roque parlait du triptyque travail, famille, patrie, avant que cela ne soit repris par le Maréchal Pétain. C’est conservateur, réactionnaire mais cela a le mérite de fixer un cap clair. De même, Simone Weil a dit que la notion d’obligation primait sur celle du droit. Un homme qui serait seul dans l’univers n’aurait pas de droit mais seulement des obligations.

Est-ce pour aller dans ce sens que vous appelez la jeunesse paloise à créer un nouveau monde ?
Je suis toujours dans l’interrogation.

Propos recueillis par Bernard Boutin

contact : jabrane.mehdi1(à)gmail.com