Un système électoral à revoir ?

Le résultat du premier tour des élections législatives est tout à la fois un rappel et un avertissement. Un rappel parce plus de la moitié des électeurs ont boudé les urnes, manifestant ainsi un désintérêt voire du mépris pour l’expression qu’on prétend démocratique. Un avertissement parce que quand un système électoral ne reflète plus la réponse des urnes, il conduit tôt ou tard à sa disparition.

Quand,  avec au mieux 17 % des inscrits un mouvement est assuré d’une représentation largement majoritaire,  il n’y a que les aveugles pour ne pas voir qu’il y a quelque chose qui ne va pas. C’est une de ces anomalies que le peuple ne comprend pas avant de dire d’une manière ou d’une autre qu’il ne l’admet plus.

L’abstention en est une manifestation pacifique, une révolte passive qui pourrait un jour prendre une forme plus vive. Les gouvernants, et beaucoup d’élus, n’en veulent pas, les uns parce qu’ils prétendent qu’ils ont besoin d’une majorité pour diriger le pays, les autres parce qu’une répartition proportionnelle des sièges en condamnerait beaucoup à une retraite forcée ou au chômage. Chacun a les justifications qui l’arrangent, mais pourront-elles indéfiniment prospérer devant des évidences aveuglantes et contraires au bon sens le plus élémentaire, la vérité mathématique dont la rigueur est implacable. La proportionnelle n’empêche pas de gouverner, elle condamne parfois à des compromis. Mais est-ce moins injuste que de considérer des millions d’électeurs comme des sans voix ou des laissés pour compte.

Le premier ministre vient d’évoquer la possibilité d’instiller une dose de proportionnelle. Sans doute pour tempérer  les réactions et gagner du temps car cette dose de proportionnelle sera sans effet réel. Tôt ou tard il faudra en venir à la proportionnelle et pour une moralisation complète au scrutin à un tour comme dans la plupart des pays démocratiques.

Pierre ESPOSITO

Crédit image : La Croix.com