Telle a été ce soir la conclusion d’un des premiers grands débats de la première journée de la manifestation « Les idées mènent le monde » au Palais Beaumont à Pau.
Elle évoque le titre d’un petit livre qui fit grand bruit à une époque, « L’existentialisme est un humanisme * ». Le féminisme concerne tous les humains. Les hommes ont tout à gagner à avoir des compagnes comblées, sereines. Ne voir en les femmes que des concurrentes de bas étage est un appauvrissement affligeant. Pourtant, seulement 12% des emplois du plus haut niveau sont occupés par des femmes, que ce soit dans la fonction publique ou dans le privé. Alors que le sexe dit faible réussit mieux que le sexe dit fort dans les études.
Comment expliquer cela ? Laure Adler et Nathalie Loiseau s’y essaient, avec finesse. Certes, il y a les freins opposés par les hommes. Mais il y a aussi l’auto-censure que s’infligent les femmes. Et l’attitude insidieuse de bien des parents et des enseignants. L’écolière récite la leçon de la veille ; l’écolier invente celle du jour.
Et quoi de plus significatif que cette déclaration étonnante de Nathalie Kosciusko-Morizet affirmant lors du dernier débat télévisé qu’elle ne serait pas élue. Avez-vous jamais entendu un candidat déclarer cela à 3 jours du scrutin ?
La France regorge d’hommes prêts à voter pour une femme. Non parce qu’elle souligne les disparités indéfendables entre les rémunérations des hommes et des femmes, ou l’excès de tâches ménagères qui incombent en général aux femmes. Mais parce qu’elle professe des valeurs d’ostracisme, de rejet, de retour à un passé révolu, de fermeture des frontières. Je n’ai pas envie de chanter les louanges de la mondialisation. Mais soyons lucides. Le monde s’est transformé et un pur et simple retour en arrière n’est pas possible. Et ce n’est pas en défaisant l’Europe que nous vivrons mieux et que nous serons plus forts. Bien au contraire !
L’élection américaine a été un bien inquiétant message pour le monde et notre pays. Et que sur ce site qui voulait défendre la transparence politique, l’esprit civique, la probité et la proximité des citoyens avec leurs représentants puissent paraître des propos louant un homme qui se flatte d’être à la fois immensément riche et de ne pas payer d’impôts me dépasse. Sans parler de ses propos sur les femmes, les travailleurs mexicains. Que l’électeur perdu dans le Middle-west se laisse séduire par sa morgue, par les jolies femmes dont il s’est entouré, on peut le comprendre, bien qu’acheter de la beauté comme une marchandise ou un attrape-client ne corresponde guère à des valeurs chrétiennes. Mais qu’en France des voix s’élèvent pour célébrer un tel retournement afin de préparer les esprits à une issue semblable dans notre pays me révulse.
Ce n’est pas la défaite de Mme Clinton que l’on doit déplorer. Mais la fin de l’influence d’un homme comme Barack Obama, mesuré, intelligent et plein d’humour à l’occasion. Sa généralisation de la couverture santé a sans doute ses travers. Mais qui ne voit qu’elle allait dans le sens de la solidarité alors que toutes les forces économiques vont dans le sens de la compétition effrénée, des écarts de fortune et de la négation du sort de la planète. Non, tout le personnel politique n’est pas pourri.
Mais que le monde politique n’aie pas réussi à désigner des femmes dans le camp socialiste et qu’une seule femme dans le cas de la droite est déplorable. Cette dernière, Nathalie Kosciusko-Morizet a montré du caractère en résistant à Nicolas Sarkozy et de l’humour et du réalisme en présentant sa candidature lors du dernier débat télévisé. Elle pourrait être une Marianne honorable pour représenter le pays. Ce qui ne signifie pas que toutes ses prises de positions soient inattaquables. Supprimer la progressivité de l’impôt me paraît indéfendable. Mais elle apporterait une vision nouvelle et un dynamisme que tant d’hommes politiques n’ont dépensé qu’à la défense de leurs ambitions ou de leurs intérêts personnels.
Pour les Palois, un autre élément entre en jeu. Si Alain Juppé perd la primaire de la droite, François Bayrou entrera en campagne. Les Palois(es) doivent-ils se résigner à perdre leur maire ? Il faudra revenir sur une telle question.
Jean-Paul Penot
Crédit photo : Nathalie Loiseau marieclaire.fr
*L’existentialisme est un humanisme. Jean-Paul Sartre – Ed. Nagel – 1946 – 144 pages