Alternatives Pyrénées a souhaité poser un certain nombre de questions – vingt exactement- aux candidats au prochain scrutin municipal. L’objectif est double, d’une part aborder des sujets inédits et d’autre part éviter la « langue de bois ». Olivier Dartigolles répond à nos questions. Mais il ne manque pas d’introduire ses réponses en justifiant son slogan de campagne : « Une ville pour nos vies » et de conclure sur un point que nous n’avions pas explicitement abordé et qui lui tient tout particulièrement à cœur : l’emploi à Pau. A vous de juger.
Une ville pour nos vies !
Notre programme est celui d’une équipe, il a été élaboré dans le cadre d’une démarche citoyenne.
Face aux politiques d’austérité qui pèsent sur notre quotidien et sur l’avenir de notre ville, nous répondons par la démocratie, la solidarité, les services publics : des projets pour vivre à Pau, y vivre bien, y vivre mieux. Notre liste réunit des candidates et des candidats de l’ensemble des sensibilités de gauche qui ne renoncent pas mais au contraire se rassemblent et osent !
Bien des chantiers sont ouverts et urgents: l’école et les rythmes scolaires, la culture et les aides aux associations, la petite enfance et de nouvelles places en crèche, la rénovation des équipements sportifs… Sans les perdre de vue, nous nous limiterons ci-dessous à répondre aux questions posées, en insistant cependant sur une grande priorité non citée: l’emploi et l’avenir des jeunes.
Finances
Les impôts locaux. Pensez-vous pouvoir faire baisser la taxe foncière et la taxe d’habitation et dans quels domaines la ville peut-elle réduire ses dépenses ?
Olivier Dartigolles :
Nous voulons bien utiliser l’argent public.
Les municipalités participent à la collecte de l’impôt. Ces financements propres sont la garantie de leur indépendance et leur permettent de mener des actions locales concrètes. Nous contestons la politique du gouvernement qui va priver la ville de Pau et l’agglo d’au moins 3 millions de recettes par an.
Nous nous engageons pour une politique fiscale municipale modérée, sans augmentation des impôts locaux. Nous privilégierons un recours à l’emprunt à taux fixe et une dépense publique orientée vers les services publics et les créations d’emplois. Nous voulons une ville plus vivante: le développement de l’activité et de la population entraîne de nouvelles recettes fiscales, sans augmentation des impôts.
A Pau, le seul remboursement par l’État des 12 millions versés (contre notre avis !) pour la LGV Tours-Bordeaux et la réaffectation des 9,5 millions restants sur l’investissement dégageraient 21,5 millions d’euros. Si le Grand Prix de Pau était uniquement financé par des fonds privés, cela permettrait aussi de dégager 2 millions supplémentaires par an. Nous pouvons avoir de quoi financer dès le début du mandat les actions prioritaires.
La démocratie participative
– Envisagez-vous que les membres des conseils de quartiers soient élus ?
– Souhaiterez-vous organiser un référendum d’initiative populaire et sur quel sujet ?
– Connaissez-vous les termes de la charte de bonnes pratiques des élus et comptez-vous l’appliquer ?
O. D. :
Nous ferons vivre une démocratie active
Nous respecterons de grandes orientations : le souci du bien commun, le non-cumul de mandats pour les élus, le principe de laïcité, la priorité aux services publics, l’égalité de droits pour tous : droit de vote pour tous les résidents étrangers, des droits reconnus pour les citoyens « sans-papiers ».
Nous portons la gestion par une équipe, et non par le seul maire, des décisions municipales.
Nous proposons que le Conseil Communautaire favorise une vision globale du développement de l’agglomération, sans concurrences entre territoires.
Nous développerons des conseils, des comités par quartier ou par thème selon les projets, avec des budgets décisionnels et une prise en compte par le conseil municipal des résultats de leurs travaux.
Nous consulterons par voie référendaire sur des choix de grands projets comme à Pau la politique de transport urbain mais aussi régionale, voire nationale (LGV); la rénovation des Halles et le devenir du Complexe de la République, le Grand prix de Pau…
Grands projets
– Le Bus-Tram. Avez-vous l’intention de réaliser le projet de l’équipe précédente ? Les transports urbains peuvent-ils être gratuits ?
– Le Grand Prix automobile de Pau. La ville de Pau et la CDAPP doivent-elles subventionner cette manifestation ?
– Les halles. Comment et quand les rénover, les réhabiliter ou les rhabiller ?
– La caserne Pissard-Santarelli. Depuis 1999, la ville est propriétaire de cet espace de 22 hectares, que faut-il en faire et quand ?
– La friche industrielle du quartier de la gare. Comment aménager cet espace afin qu’il ne continue pas à polluer la plus belle vue de terre ?
– La réfection des voies de circulation. Un grand retard a été pris en ce domaine, pensez-vous pouvoir le combler ?
O.D. :
Grands équipements : il faut arrêter la folie des grandeurs.
Pau a de nombreux équipements pour accueillir des grandes manifestations.
Palais Beaumont, Zénith, palais des sports, hippodrome, complexe de pelote, stade d’eaux vives : il n’y a pas d’équivalent en France pour une ville de 80000 habitants ! Seul le mauvais état du Parc des expos justifie son remplacement avec un projet réaliste pour les besoins de la ville.
La ville et ses quartiers : il reste beaucoup à faire :
Les Halles ont besoin d’un bon coup de neuf ! Grâce au potentiel de la tour du complexe de la République et au foncier disponible dans ce secteur (déjà propriété de la ville), une politique ambitieuse peut être menée pour développer commerces et logements.
Duffau-Tourasse, Saragosse : il faut entreprendre d’urgence une rénovation/réhabilitation des logements sociaux, en finir avec les équipements collectifs délabrés, la friche de l’ancien collège Jean Monnet.
Le XIV juillet semble bien à l’abandon, traversé par un flot de voitures. Nous y prévoyons notamment des travaux d’embellissement de la rue du 14 juillet, la mise en valeur et la protection des berges du gave avec aménagement de la voie verte, la réhabilitation d’urgence de la zone de l’ancien LIDL, la réhabilitation du stade de la Croix du Prince.
Question transports, nous voulons :
– un déplacement efficace, donc pouvant passer d’un mode de transport à un autre rapidement
– un déplacement libre et facile, donc développant la gratuité (oui, c’est possible ! Déjà des villes comparables l’ont fait).
– un déplacement écologiquement responsable, donc favorisant les modes doux.
Il faut développer des bus sur voies réservées, offrant une garantie de rapidité et de régularité aux voyageurs, pour mieux desservir tous les quartiers et garantir les connexions avec un réseau ferré de proximité Gan-Pau et Lescar-Pau-Plaine de Nay.
Nous investirons pour la culture : amélioration et extension de l’existant (musée des Beaux-Arts, Ecole des Arts des Pyrénées, cinéma Méliès) et construction d’une salle adaptée pour le spectacle vivant, sous une forme architecturale légère, moderne, mieux adaptée aux nouvelles formes de créations artistiques. Ce projet apporterait une réponse réaliste aux besoins des artistes et à la forte attente des publics, tout en restant dans une enveloppe budgétaire réduite et raisonnable.
LES HALLES
La campagne se focalise depuis plusieurs jours sur le seul sujet des Halles. Pour notre liste, les choses sont simples :
Oui, il faut engager la rénovation des Halles. Et le faire vite, ne relançons pas de projets pharaoniques qui ne se feront pas ou qui se feront dans un temps trop éloigné. Par ailleurs, l’élection municipale, c’est le temps des projets, pas celui des concours d’architecte.
Nous proposons une rénovation des Halles avec des principes aujourd’hui très largement partagés : conserver l’identité de ce lieu, une mise aux normes (sécurité, hygiène) et un habillage qui peut être réalisé sans déménagement, sans fermeture et dans un délai rapide.
Pour financer cette rénovation, nous proposons la vente de la tour des Halles pour qu’elle accueille des logements. Nous proposons pour cela la rédaction d’un cahier des charges pour les logements de la tour, favorisant une mixité sociale à l’échelle du quartier et l’installation de familles.
En parallèle le relogement des associations et des syndicats doit être assuré avec l’aménagement de deux lieux indispensables pour la démocratie locale et qui manquent à notre ville : une Maison des associations et une Bourse du travail.
Dans toute la campagne, nous continuerons, loin des affrontements de politique spectacle créés de toute pièce, à proposer des réponses aux besoins des Paloises et des Palois, pour construire une ville pour nos vies.
Economie
Le déménagement du Parc des Expositions. Pensez-vous que cela est nécessaire et où situer le nouvel emplacement ?
Le centre-ville.
– Comment dynamiser son activité économique et commerciale ?
– Quel est votre projet concernant le plan de circulation et le stationnement pour accéder au centre-ville ?
Le palais Beaumont et le centre de congrès. Quel est votre projet les concernant ?
O.D. :
Nous voulons développer l’offre commerciale en ville, refuser la fuite vers de méga-zones de e-grands groupes multinationaux en périphérie. Nous nous appuierons sur l’important secteur de commerces indépendants et d’artisans – producteurs.
Le développement de zones piétonnes, l’animation des rues en centre-ville sont un bon début. Mais la cohérence des accès et de la circulation n’est pas encore au rendez-vous !
Nous prévoyons de :
– privilégier le développement du commerce, artisanat et TPE en ville, si besoin par la préemption.
– repenser globalement le plan d’accès, la circulation en centre-ville et le centre piétonnier.
– mener à bien la rénovation des Halles, par tranches, sans suspension de l’activité commerçante.
– créer enfin une bourse du travail et une maison des associations.
– dynamiser les commerces de proximité dans les quartiers hors centre-ville, avec le FISAC.
– proposer en centre-ville, toute l’année, des animations populaires attractives
Pau a des atouts touristiques à valoriser.
Le parc hôtelier et l’offre de restauration actuels sont suffisants, même en période estivale.
Il reste quand même à faire attirer d’autres visiteurs : développer un tourisme « doux », pour une ville où il fait bon séjourner, autour du patrimoine, de l’art de vivre et d’un cadre naturel préservé.
L’aéroport Pau-Pyrénées est un des acteurs de l’aménagement du territoire. Sa gestion en Régie Publique permettrait aux collectivités territoriales propriétaires de favoriser un développement territorial, économique et touristique.
Social.
– Les gens du voyage. Quelles dispositions comptez-vous prendre pour être en conformité avec le schéma départemental ?
– Maintiendrez-vous au même niveau les aides aux associations ?
O.D. :
Nous voulons le bien vivre pour tous !
Notre priorité: développer le lien social, le service public local, le logement…
Alors que les politiques d’austérité gouvernementales mettent à̀ mal les services publics, nous proposons au contraire le maintien et le développement des missions de service public comme axe de développement collectif.
Nous sommes favorables au maintien en régie (gestion directe des services publics) des services de l’eau et de l’assainissement à la ville de Pau et leur élargissement à l’ensemble de l’agglo dès que les contrats engagés avec les sociétés privées le permettront.
A Pau comme ailleurs, les conditions pour accéder à une location et encore plus à un achat se sont durcies ces dernières années, alors que des logements restent vides ou invendus. La construction de logements neufs comme la réhabilitation de l’habitat ancien doit se faire en tenant compte de normes environnementales et de l’évolution de facteurs sociaux (accessibilité pour les handicapé(es) et personnes âgées, habitat intergénérationnel…).
Les actions du Plan Local de l’Habitat (PLH) qui s’étale sur six ans, vont plutôt dans le bon sens mais, face aux demandes sociales, il faut aller plus loin et plus vite.
Nous voulons développer le logement adapté
– avec des foyers-logements pour personnes âgées.
– du logement d’urgence en nombre suffisant, notamment pour les femmes victimes de violences.
– des logements adaptés aux personnes porteuses de handicaps.
– respecter enfin la loi et offrir des solutions diversifiées et en nombre suffisant aux « gens du voyage ».
De multiples associations participent chaque jour au mieux-être de tous.
Près de 11 millions d’euros leur sont consacrés chaque année mais la complexification des subventions municipales, la généralisation des appels à projets marquent souvent un mode de gouvernance trop descendant.
Nous voulons poursuivre la politique de gratuité des spectacles et festivals de l’été, soutenir les événements et lieux d’expression de la culture occitane, soutenir les associations culturelles et les encourager à travailler ensemble. Nous organiserons aussi un « Forum du développement social » qui rassemblera, autour de thématiques partagées et quartiers par quartiers, l’ensemble des acteurs concernés. Ce sera un rendez-vous annuel de propositions et bilans d’actions concrètes.
CDAPP.
– Si vous êtes élu postulerez-vous pour la présidence de la CDAPP ?
– Comment vous situerez-vous par rapport à la LGV et la Pau-Oloron ?
– Pensez-vous que le nombre de grandes surfaces à la périphérie ne peut être augmenté ?
O.D. :
La concentration des pôles métropolitains éloigneraient les citoyens des lieux de décisions : les communes n’y seront pas représentées directement et leurs compétences les plus importantes seront transférées. Les communes devront donc, une fois de plus, se voir imposer des décisions d’en haut. C’est pourquoi, nous ne sommes pas favorables à la structuration des intercommunalités en pôle métropolitain mais à une coopération volontaire entre elles, les communes devant rester le socle de la démocratie locale.
Education, santé, logement, sport, culture, vie associative, politique de la ville…Si le champ des compétences municipales est large, aucun de ses champs d’interventions ne permet à la ville d’agir seule. La municipalité doit donc fédérer des partenariats fonctionnels et ambitieux avec l’ensemble des institutions agissant sur son territoire. Les instances de coordinations, trop souvent délaissées dernièrement, doivent être réinvesties pour repositionner la ville comme pilote des politiques sociales sur son territoire. La communauté d’agglomération a la compétence pour être « maître d’ouvrage » et devrait ouvrir une politique publique d’aide à la création, un nouveau réseau de pépinières. C’est ce qui justifiera notre place de pilote de la CDAPP.
Nous continuons à être opposés à la LGV et à la Pau-Oloron.
Nos propositions pour la ville et la communauté d’agglo portent le respect de l’environnement et de son avenir :
– Un développement des transports en commun impulsé par la gratuité des bus qui diminuera la pollution, l’émission de gaz à effet de serre et les atteintes à la qualité de l’air respiré.
– Un développement des transports « doux », notamment du vélo avec des pistes cyclables sécurisées.
– Une étude claire sur les risques liés à l’exposition aux ondes électromagnétiques et, en fonction de celle-ci, une prise de décision sur la présence d’antennes à proximité des crèches et des écoles.
– Une tarification progressive de l’eau qui pénalisera le gaspillage de cette ressource vitale (premiers m3 gratuits).
– Une gestion écologique, sans pesticides, des beaux parcs et des nombreux espaces verts de la ville.
– Une agriculture vivrière écologiquement et socialement responsable, sans OGM ni recherche du profit à tout prix. Il s’agit notamment de mettre en place une ceinture verte, insuffisante actuellement, pour l’agglomération, de poursuivre les expériences de parcelles solidaires.
O.D. :
L’emploi à Pau, une priorité !
Notre ville et son agglomération constituent, après Bordeaux, le deuxième pôle économique d’Aquitaine. C’est bien mais il faut encore le développer pour préparer l’avenir. Nous voulons réorienter les crédits consacrés au développement économique en priorité vers l’emploi, la production et l’aide à la création : accueil de nouvelles entreprises de production, mise à disposition d’immobilier d’entreprise pour des PMI et PME, réalisation des pépinières d’entreprises.
L’université (UPPA) doit recevoir de l’Etat les dotations nécessaires à son fonctionnement, indispensables pour ses missions de formation, de recherche et de transfert technologique, pourvoyeuses d’emplois du futur.
Nous proposons une action municipale très offensive sur les questions jeunesse, en cohérence avec les actions déjà menées par la Mission locale. Concernant l’emploi des jeunes, notre collectivité (Ville et CDAPP) devra exiger « des clauses d’insertion jeunesse ».
Ce qu’en pense Alternatives Pyrénées
Peu de questions n’ont pas reçu de réponse, on soulignera cependant que, sur le thème des grands projets, la question sur la réalisation ou pas du bus-tram, la liste « Une ville pour nos vies » conduite par Olivier Dartigolles, ne se prononce pas par un oui ou un non, on se contente de parler de « mode doux ». Toujours dans le grands projets, la reconversion de la caserne Pissard-Santarelli et l’aménagement de la friche industrielle du quartier de la gare sont oubliés, mais on n’oublie pas les travaux, nécessaires certes, indispensables même dans des quartiers plus populaires : Duffau-Tourasse , Saragosse et XIV juillet. Petit coup de règle sur les doigts d’AltPy. Et on termine sur l’emploi à Pau, certes non abordé dans le questionnaire, mais n’est-ce pas parce que le pouvoir du Maire en ce domaine est petit et plus incitatif que décisionnel ?
– Par Hélène Lafon