Plaidoyer pour une région au Sud de l’Ouest de la France

OssauAprès un premier commentaire sur le forum d’AltPy, il y a quelques semaines, Romains l’Ossalois réagit à l’article d’Emmanuel Pène, « Aberrations politiciennes en Béarn ». Le cri du cœur, d’un homme jeune, 28 ans… l’analyse plus que pertinente de la situation des pays du piémont pyrénéen. Un appel à la mobilisation citoyenne face à la mollesse et au renoncement de nos élus. A lire impérativement, à lire ci-dessous.

Je suis largement d’accord avec M Pène.
Une nouvelle carte des régions sera donc validée mardi. Les deux grands ensembles qui émergent ne font qu’étirer les actuelles régions d’Aquitaine vers le nord (et sacrément!) et Midi-Pyrénées vers l’est. Vu d’ici, l’analyse est simple: amplification de ce que lesdites régions produisent depuis leur création il y a 30 ans. La coupure en deux et la marginalisation géographique, politique et économique de notre pays.

Notre pays? Certains l’appellent géographiquement Pyrénées, Sud-Ouest, d’autres plus locaux Béarn, Pays Basque, Bigorre, Landes, Armagnac, Comminges… « 3B » (pays Basque-Béarn-Bigorre) pour un ancien député, Pays de l’Adour pour une Université, Pyrénées-Gascogne, Adour-Pyrénées… les noms officieux abondent quand on a disparu des cartes officielles.

Notre pays a pour colonne vertébrale un espace qui échappe largement à l’influence directe de Bordeaux et de Toulouse et qui se caractérise par/

– une fraternité de tous les domaines avec le Pays basque, la Navarre et l’Aragon, que de Toulouse et de Bordeaux on n’abordera jamais que comme un froid partenariat,
– une prégnance de langues et de pratiques qui n’ont pas grand chose à voir avec ce qu’ailleurs on ne sait nommer que folklore,
– un réseau polycentrique de villes petites et moyennes qui n’a pas les mêmes besoins ni le même fonctionnement qu’une métropole nombriliste et hypertrophiée par essence,
– une dynamique et des marqueurs culturels, économiques et identitaires suffisants pour être identifiés et appréciés de l’extérieur par des partenaires de premier plan,
– un point de vue différent sur les grands chantiers et besoins en infrastructures et investissements.

Incapables de s’entendre, les deux sœurs rivales de la Garonne ont élargi leur aire d’influence. Les nouvelles régions seront leurs bras tout musclés de compétences élargies et de recettes renouvelées.

En leur sein, les départements auront un dernier choix à faire, avant que de disparaître ou de végéter: exercer ou non un droit d’option vers une région voisine.
Pourrons-nous alors réunir notre cœur de pays ?

Je ne vois pas Toulouse lâcher le Gers, ni Bordeaux les Landes. Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées tenteront-elles un rapprochement? Qu’elles optent pour Toulouse ou Bordeaux, elles seront en bout de ligne hélas.
Nous aurions pu faire cause commune, plus d’un million d’habitants entre l’Adour et les Pyrénées, proposer une collectivité d’avant garde fusionnant les compétences des régions et des départements, former un pack cohérent mais solide pour peser dans les débats, disposer de la taille critique pour parler à nos voisins, tout en gardant une précieuse proximité, une efficacité au contact du terrain que nous allons perdre définitivement. De vraies économies, quoi.

La politique est-elle si bien captée par les partis nationaux et leurs états-majors contrôlent-ils si bien les choses, que les responsables de mon pays… n’ont rien pu faire?
N’est-ce pas grâce à une culture politique différente que la Corse ou les Outre-mers ont échappé à cette histoire de grandes régions?
Ou est-ce qu’à moins d’être sur une île, aucun projet régional n’est viable sans métropole en son centre?

Pourtant, avec les mêmes partis et des métropoles tout aussi excentrées que Toulouse et Bordeaux le sont pour les Basques et les Gascons, les Bretons ont fait entendre leur voix. Ils arracheront peut-être même Nantes aux Pays de Loire.
D’une taille comparable à la nôtre et dans une position frontalière similaire l’Alsace a failli maintenir son autonomie.
Alors que n’avons-nous réagi quand Poitou et Limousin parvenaient à réorienter complètement Bordeaux vers le Nord? Quand Toulouse et Montpellier parlent de rebaptiser leur région Languedoc, faut-il se réjouir que la Gascogne se réduise à un conseil général du Gers privé de la moitié de ses compétences?

Les débats ont eu lieu au Parlement. Qu’ont fait nos parlementaires? C’est-à-dire les députés et sénateurs PS que nous portons de plus en plus majoritairement à chaque élection? Rien ou presque si l’on compare au PS Breton. Des élus Modem-UDI ou Radicaux de gauche vinrent quelques tentatives: amendements, « sauvetage » des conseils généraux…

Si l’atonie de la société civile fut à la hauteur (si j’ose dire), je ne comprends que l’armada d’élus du parti qui gouverne n’ait rien pu faire. Avons-nous les plus mauvais de France? Voulaient-ils en fait aboutir au résultat actuel?

Noun i endeni arré…

– par Romain, Ossalois, 28 ans.

 

Crédit photo : Bernard Boutin

Pyrénées – Création d’entreprise, small is beautiful

savons1Alors que l’industrialisation massive des Pyrénées semble derrière nous, une multitude de petites entreprises unipersonnelles éclosent comme les fleurs au printemps. C’est le cas de la savonnerie des Eaux-Chaudes en vallée d’Ossau.

Aux manettes, Hélène Miramon. Bardée de diplômes, elle est ingénieur et docteur chimiste de formation.
Plutôt que de se diriger vers l’industrie, elle a fait le choix de revenir en vallée d’Ossau, sa région natale. Ce parti pris n’est pas le fruit du hasard. Il est mûrement réfléchi. Après avoir fait ses premières armes à Grasse capitale des arômes et senteurs, puis comme chercheur au CNRS en chimie des biomolécules, elle a voulu que ses produits valorisent les matières premières issues de l’agriculture locale.
L’autre des valeurs fondatrices est d’établir une relation directe avec les producteurs qu’elle choisit avec rigueur et qu’elle visite régulièrement pour s’approvisionner.
Certains font appel à ses services pour créer leur propre gamme. C’est le cas des thermes des Eaux-Chaudes, de producteurs de lait de brebis.

Contrairement aux savons courants dont la fabrication à base d’huile de palme crée un désastre écologique dans les pays producteurs, la Savonnerie des Eaux-Chaudes respecte les équilibres écologiques et humains.

Les matières grasses utilisées pour la saponification sont des huiles pyrénéennes (l’huile de colza et de tournesol sont béarnaises, l’huile d’olive est de la province de Huesca). dont de nombreuses ont le label Bio.

En plus d’être respectueux de l’environnement les savons sont excellents pour conserver à la peau sa douceur naturelle grâce à leur caractère surgras.
Toutes les propriétés nourrissantes sont conservées par le procédé de saponification à froid.
De plus, la fabrication telle qu’elle est menée à la Savonnerie des Eaux-Chaudes est très faible productrice de déchets et faible consommatrice d’énergie. Les emballages sont simples, recyclables et … attrayants. C’est une des clés du succès et non des moindres.

Tous sont différents par leur composition : ils sont des créations originales à base de produits naturels qu’ils soient d’origine végétale (huiles, plantes, graines), animale (cire d’abeille, miel, lait fermier) ou minérale (argiles, ocres).
Les produits de la savonnerie des Eaux-Chaudes peuvent se trouver sur quelques marchés locaux (dont celui de Laruns le samedi) et directement à la savonnerie sur rendez vous.

Hélène Miramon cogite sans cesse à diversifier ses gammes de produits. Sa dernière idée est de proposer des savons liquides à fabriquer soi même.

– par Gérard Caubet
gerard.caubet.org