
Dans les Pyrénées, il y a deux zones à ours. La première, située en Béarn-Bigorre, a une « population » qui se réduit à deux mâles célibataires de souche, plus ou moins, « autochtones », Néré et Cannelito. Ceux-ci sont en quête désespérée de femelles.
S’ils trouvaient des « compagnes », si une ou deux étaient réintroduites, il est fort probable que cela serait insuffisant pour pérenniser l’ours dans cette partie des Pyrénées. Il serait intéressant d’entendre, des scientifiques, en dehors de toute passion ou polémique, évaluer le nombre d’ours et ourses qu’ils faudraient réintroduire en Béarn-Bigorre pour espèrer ne plus entendre parler de population ursine en voie d’extinction, sur ce territoire.
Toutes ces photos, tous ces suivis, tous ces débats, toute cette énergie derrière Néré et Cannelito sont inutiles. Du gaspillage de temps et d’argent public. L’ours est « fini » dans cette partie des Pyrénées occidentales d’autant plus que les bergers y sont, dans leur majorité, farouchement opposés. Les introductions massives d’ours, les seules qui pourraient pérenniser Néré et Cannelito, n’auront tout simplement jamais lieu. Néré et Cannelito mourront sans descendance et avec eux disparaîtra l’ours dans les Pyrénées occidentales.
La deuxième zone à ours, se situe entre Ariège et Catalogne espagnole. Ils sont une trentaine environ et leur nombre se développe lentement mais sûrement. Ceux-ci, tous d’origine Slovène, suite aux réintroductions de 2006, sont eux aussi menacés, mais par un autre problème : leur trop grande consanguinité. Un mâle, Pyros, « semble toujours être le mâle dominant du noyau central ». (Source : le rapport de Pays de l’Ours Adet). Cette population a donc besoin de sang neuf pour assurer son futur.
Au vu de ce constat, pourquoi ne pas dès lors, transférer Néré et Cannelito dans le « noyau central » ? Ils apporteraient le sang neuf qui lui est nécessaire et, les deux animaux trouveraient enfin des femelles à satisfaire. Néré et Cannelito ne disparaîtraient pas sans laisser une « suite » comme cela sera, très probablement, le cas s’ils restent dans les Pyrénées occidentales.
En procédant de la sorte, il y a fort à parier que les bergers des Pyrénées occidentales, où la tradition d’élevage, est très ancrée, seront plutôt contents de voir les deux quadrupèdes s’éloigner. Les Pyrénées centrales, moins pourvues en pastoralisme, gèrent, semble-ils, plutôt plus facilement la problématique ours qui, sur place, est même devenue un outil de promotion touristique.
Pourquoi ne pas, dès lors, redistribuer les aides et subventions locales, régionales, européennes qui sont allouées aux Pyrénées occidentales et aux Pyrénées centrales en veillant à favoriser d’un côté des Pyrénées le pastoralisme et de l’autre le développement d’un tourisme responsable et proche de la nature et de ses ours ? Une opération beaucoup plus compliquée à mettre en place que le transfert des ours eux-mêmes.
Il appartient aux acteurs de trouver rapidement des solutions pour créer les conditions du transfert de Néré et Cannelito car, si rien n’est fait, et au rythme actuel, rien ne sera fait en Béarn-Bigorre, Néré et Cannelito disparaîtront tôt ou tard de l’espace des Pyrénées occidentales et avec eux les dernières traces de sang d’ours autochtone.
Ours des Pyrénées : Cela parait pourtant si simple !
– par Bernard Boutin
PS : crédit photo FIEP (Fonds d’intervention éco-pastoral groupe ours Pyrénées)