Dans le piémont pyrénéen, c’est show !

Les débats locaux sur les pour ou contre le Pau Canfranc sont momentanément suspendus, le passage des camions en vallée d’Aspe aussi ; on ne parle plus, dans les vallées, les médias et réseaux sociaux, que des ourses et le président fondateur de l’IPHB s’associe aux cloches des sonnailles de nos éleveurs en furie ; la foire au fromage de Laruns, un modèle.

«On veut notre mort !»

Dans un premier temps, quand on s’en tient à l’écoute des uns et des autres, sur place, qu’on additionne toutes les rumeurs, ou qu’on lit certains communiqués dans la presse et internet, il ne fait aucun doute que le cri au secours des éleveurs est amplement justifié; les pertes sont énormes du fait de l’ours et cela ne peut pas durer ainsi.

Si, à tête reposée, dans un deuxième temps, on approfondit le problème, on constate que les dégâts de l’ours doivent être très largement revus à la baisse car :

+ les moutons sont des variétés domestiquées qui ont perdu toutes les réactions de leurs ancêtres sauvages ; ils sont inadaptés à la vie montagnarde, semi-sauvage, qu’on leur impose ; ils ne font pas partie de la biodiversité naturelle, les morts du fait des aléas climatiques souvent très rudes sont nombreuses, la sélection a diminué la résistance aux maladies aussi ; grégaires et peu agiles, ils ne peuvent pas fuir efficacement à l’arrivée d’un prédateur.

Combien l’ours tue-t-il de sangliers, d’isards… ?

+ Ce que les éleveurs n’abordent jamais, car ils en sont souvent les responsables, c’est le % très important de brebis tuées par les chiens errants et mis sur le dos des griffes du plantigrade ; la plupart viennent de la vallée et proviennent des éleveurs eux-mêmes ; le chien a quitté la ferme de sa famille d’accueil pour x raisons et forme une meute avec des rencontres opportunistes.

Il résulte de tout cela que le maintien d’un troupeau en bon état nécessite une attention très soutenue ; or :

+Les éleveurs veulent vivre la modernité et rester chez eux le soir ; les propriétaires des bêtes ne montent que très rarement en estives, ils utilisent, parfois !, des bergers salariés, le moins possible, qui doivent gérer avec leur(s) Border Collie des centaines de brebis issues de plusieurs propriétaires, dispersées dans les zones très vastes les plus attractives.

Le berger n’est absolument plus à même de remplir sa véritable mission qui est, entre autres :

  • d’observer l’état général et le comportement du troupeau.
  • d’apporter les soins aux bêtes (plaies, sutures, piqûres…).
  • d’organiser le parcours qu’il empruntera avec le troupeau pour adapter les ressources pâturées aux besoins du troupeau.
  • d’utiliser le ou les chiens pour la conduite du troupeau et sa protection (patous).
  • d’assurer l’agnelage.
  • D’assurer la protection du troupeau contre les prédateurs.
  • Produire le fromage.
  • entretenir les bâtiments d’estive.                                                                                                                      Encore pire même

troupeaux cherchent bergers : l’avenir du pastoralisme en question …

https://blogs.mediapart.fr/…/troupeaux-cherchent-bergers-lavenir-du-pastoralisme-en-…

« De la Bigorre à l’Ariège, la moitié des estives n’était plus gardée », rappelle l’actuel président Gilbert Guillet, éleveur transhumant avec 230 brebis et deux patous, qui a fait l’objet de menaces, en raison de ses positions favorables à la cohabitation avec l’ours. Dans les estives, les brebis sont laissées libres dans les deux tiers des cas, visitées de temps en temps. Ce qui entraîne un sur-pâturage et une érosion, sans compter l’enfrichement du bas de l’estive. Les éleveurs opposés au renforcement de la population d’ours ont même réussi, avec l’aide -non dénuée d’arrière pensée ?- des collectivités territoriales, à créer l’appellation Barèges-Gavarnie pour l’agneau issu d’un troupeau dispensé de gardiennage au motif que les brebis devraient subir le moins de dérangement possible».

Mouton Barèges-Gavarnie AOP | Irqualim – Produits d’Origine et de …

https://www.irqualim.fr/produits-regionaux/viandes-ovines/mouton-bareges-gavarnie

«Au cours de la période estivale, les animaux sont conduits sur des pâturages appelés « estives ». Les animaux y pacagent en liberté totale jour et nuit entre 1600 et 2600 mètres d’altitude. Là, sur 25000 hectares, entre pelouses, rochers et combes à neige, l’alimentation herbagère sauvage est la plus parfumée.»

Avec un tel comportement, on voudrait, en plus, que les prédateurs ne s’en donnent pas à cœur joie !

Naturellement, toutes les aides qui sont proposées pour assurer la protection des troupeaux ne sont pas applicables, dans ce système de gestion, par un berger isolé.

Le berger devient un surveillant de près ou de loin et non un garde. Pourtant, les aides proposées permettent une création importante d’emplois et une protection efficace.

+Ces aides sont naturellement oubliées quand on manifeste ! Quelques informations :

Le dispositif d’aides à la protection des troupeaux contre la prédation …

http://www.hautes-pyrenees.gouv.fr/le-dispositif-d-aides-a-la-protection-des-a4322.html

Comment l’argent de l’ours aide le pastoralisme

http://www.buvettedesalpages.be/2007/08/argent-ours.html

«Sont aidées les opérations de gardiennage (salarié, éleveur gardien), l’achat, l’entretien et la stérilisation des chiens de protection, les investissements matériels d’électrification, les parcs électrifiés, l’analyse de vulnérabilité et l’accompagnement technique.

Le taux d’aide publique est de 80%. L’aide est répartie entre le FEADER, union européenne, (53%) et le Ministère de l’Agriculture (47%).»

En conclusion, je pense que les éleveurs ont choisi la mauvaise cible, les véritables prédateurs redoutables ne sont pas biologiques mais culturels ; c’est un problème de gros sous, et là, l’opinion publique peut les suivre ; ils devraient manifester avec autant de virulence contre ceux qui fixent les prix d’achat de leurs produits, contre les intermédiaires qui fructifient sur leur dos.

Résultat : prix bas au départ, prix élevés pour le consommateur !

Situés en début de chaîne, ils sont soumis à deux pressions :

+le temps biologique qui s’écoule et les oblige à vendre la viande, le lait, la laine sans attendre.

+les acheteurs qui jouent là-dessus pour obtenir les prix les plus bas.

On trouve des points communs avec l’agriculture et l’élevage en général. De nombreux éleveurs ont compris l’intérêt de s’adapter à la biodiversité naturelle ; en profitant des aides, ils créent des emplois, des circuits courts et voient leur efforts récompensés.

Intéressant à lire aussi :

mini-dossier – Ferus

https://www.ferus.fr/wp…/TABLE-RONDE-SAISON-ESTIVE-2017-BOYCOTTEE.pd…

Signé Georges Vallet

https://goo.gl/images/z37vPT

Ours : à qui appartiennent les Pyrénées ?

Jeudi matin, le maire et éleveur de Sarrance, Jean-Pierre Chourrot, s’exclamait sur l’antenne de France Bleu Béarn, à propos des barrages filtrants, installés sur sa commune, pour s’opposer au lâcher d’ourses : « On est quand même chez nous ! ».

« On est quand même chez nous ! » : cette appropriation des Pyrénées plante bien le décors. Les Pyrénées appartiendraient aux seuls bergers… qui ne montent à la transhumance que fin juin/début juillet pour descendre fin septembre.

Deux à trois mois de présence sur les estives (elles ne représentent qu’une partie de l’espace pyrénéen) permettent-ils d’attribuer la propriété de toute la chaîne à ces seuls bergers et aux rares éleveurs qui habitent encore en moyenne montagne. Sur quel fondement de droit de la propriété peut-on affirmer cela ?

Quid de ces passionnés de nos montagnes qui y font vivre tout un tissus touristique ? Quid des employés des collectivités territoriales qui entretiennent routes et stations de sports d’hiver ? Quid des techniciens qui font tourner le réseau de centrales électriques de l’ancienne Compagnie du Midi ? La liste est longue des pyrénéens qui permettent aux Pyrénées d’être ce qu’elles sont. Il n’y a pas que des bergers dans la chaîne.

Le débat sur la propriété de la chaîne ne devrait-il pas aller plus loin alors même que l’homme a colonisé la grande majorité de la planète terre ?

Dans les plaines, tous les paysages ont été façonnés par lui et pour lui. On en sait le résultat : un appauvrissement remarquable de la bio-diversité. Un recul, toujours plus rapide, du vivant pour le seul bénéfice de son espèce.

Des « poumons verts », rares confettis à l’instar des Pyrénées, parsèment la planète. A qui appartiennent-ils ? Aux habitants locaux, à l’humanité ou à tous les êtres vivants quels qu’ils soient : plantigrades, prédateurs, ongulés, rapaces, batraciens, reptiles, ovins, bovins, hommes. Une autre mixité sociale.

– par Bernard Boutin

Les élus béarnais veulent la peau de l’ours !

l-ours-cannelito-11-ans-entre-les-vallees-d-aspe-et-d-ossau   Il est des matins où la lecture de La République fait bondir. « Pyrénées-Atlantiques : la carte des 100 communes opposées à l’arrivée d’ourses ». Ainsi donc une ribambelle d’élus prennent position pour l’élimination de l’ours en Aspe Ossau.

 J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur ce sujet il y a bien longtemps, sur Alternatives Pyrénées, en mars 2010. Tout était dit dans mon texte : « Ours saumons, anguilles, même combat ! » (cliquer sur le titre)

Aujourd’hui la signature de ces 100 maires montrent à quel point le Béarn est arriéré et ignore les nécessités écologiques.

Mais tout d’abord on se demande bien à quel titre l’immense majorité de ces communes signent un manifeste alors qu’elles n’ont jamais vu un ours sur leur territoire, même quand il y en avait une cinquantaine en Aspe Ossau !

D’ailleurs je ne suis pas du tout sûr que les populations soient en accord avec ces prises de position ridicules.

Ce qui est sûr c’est que la très grande majorité des Français est favorable au maintien de l’ours dans les Pyrénées. Ce qui est sûr c’est que c’est cette majorité qui subventionne largement les communes concernées par la réintroduction. De même que c’est cette majorité qui achète les fromages Ossau Iraty et subventionne fortement le pastoralisme.

Tout a été écrit sur ce débat qui fait rage depuis des années. Mais je voudrais insister sur un point qui n’est pas suffisamment connu. En estive, les pertes de brebis sont nombreuses (accidents, chutes, maladies, etc.). En moyenne elles représentent 2 à 3% des brebis en estive. Il y a plus de 80 000 ovins (chiffres de 2012 donc sans doute plus. ainsi que 22 000 bovins) en Aspe Ossau soit une perte d’environ 1600 brebis par été. Les deux ours actuels n’ont fait aucun dégât ces deux dernières années. Ne peut-on pas admettre une perte de quelques dizaines de brebis, largement indemnisées par ailleurs, pour repeupler Aspe Ossau avec une douzaine d’ours ?

Pourquoi ces basco béarnais ne comprennent pas que l’ours est une chance ?

Il faut les envoyer en stage chez les Massaïs, à moins qu’ils persistent et souhaitent aussi la disparition des lions, tigres, éléphants, gorilles et autres animaux sauvages.

Ce qui est sûr c’est que dans tous les pays d’Europe (Slovénie, Roumanie, Italie Espagne, …) les populations, y compris les éleveurs, vivent sans problème avec des populations d’ours bien plus nombreuses, tout en permettant un développement touristique fort grâce à l’ours.

Les élus et bergers Béarnais seraient-ils les plus arriérés d’Europe ?

Daniel Sango

Crédit Photo : FIEP . Cannelito, le dernier né en Béarn

Le doute s’installe !*

Actuellement nous sommes assaillis, le mot n’est pas trop fort, d’informations contradictoires. Plus on lit ou écoute la presse plus on doute. Il devient difficile de se faire une opinion sur bien des sujets.

Commençons par le Béarn. Récemment le premier ministre a fait savoir que l’on allait réintroduire des ours dans notre région. Que n’avait-il pas dit là ? Aussitôt les passions se déchaînent et entre les pro-ours et les anti-ours il est difficile d’imaginer un consensus. Ce sujet est un des principaux sujets de discussion chez nous. Les tenants de la tradition évoquent la présence de l’animal depuis la nuit des temps, les autres se posent comme défenseurs du pastoralisme. Alors quand je lis les arguments des uns et ceux des autres, j’ai du mal à fixer mon opinion. Le doute s’installe.

Autre sujet local réveillé lui aussi par l’actualité. Vous avez tous entendu que, du côté du Pays Basque espagnol, ont été installés des portiques d’écotaxe. Cela a eu pour conséquence de détourner un grand nombre de poids lourds vers le Somport. Résultat, la nationale 134 est encombrée, voire saturée. Les voies de communication de la vallée d’Aspe auraient, selon certains, besoin d’être aménagée. Mais les opposants arguent du fait que ce serait dénaturer un des plus beaux sites de nos belles Pyrénées. Là encore une lecture attentive des arguments des uns et des autres ne parvient pas à forger ma conviction. Le doute s’installe.

A Pau, on nous dit que le BHNS (Bus à haut niveau de service) sera en conformité avec les normes les plus exigeantes de l’écologie. Pensez-donc un bus à hydrogène qui n’émet aucun gaz d’échappement. Sauf que, selon ce que nous a démontré un rédacteur d’Alternatives Pyrénées, il faudra bien produire de l’hydrogène et là il y aura pollution. Alors quel sera le réel avantage de cette nouveauté paloise qui est supposée répondre à un besoin très attendu par les Palois. Qu’en penser ? Le doute s’installe.

En 2008 on nous disait haut et fort que le diesel était le carburant le moins polluant. Résultat, dans notre pays, les véhicules circulant au diesel sont devenus majoritaires. Maintenant on nous dit que, toujours sur le plan écologique, le diesel diffuse des particules très dangereuses. Alors le nombre des voitures au diesel diminue. Une analyse très récente fait pourtant ressortir que les voitures au diesel consomment moins que les voitures à essence et que, de ce fait, l’émission de CO2 est plus importante par l’essence. De plus l’énergie fossile est également davantage brûlée par les voitures à essence. Qui croire surtout lorsque l’on sent bien que nos gouvernants trouvent là le moyen de davantage taxer les carburants ? Le doute s’installe.

Certains affirment, d’autres doutent. Qui a raison, qui se trompe ? Bien difficile de savoir. Je me suis toujours un peu méfié des donneurs de leçons, des pétris de certitudes, sans doute en raison de mon esprit indépendant. Et puis, après tout, est-on obligé d’avoir une opinion gravée dans le marbre sur tous ces sujets ? Je pense à cette citation : « L’ignorant affirme, le sage doute, le savant réfléchit » Aristote.

Pau, le 14 février 2018

par Joël Braud

*La citation originale est : « La justice c’est comme la Sainte Vierge, si elle n’apparaît pas de temps en temps, le doute s’installe ». Michel Audiard dans Pile ou face, film de Robert Enrico.

Des ours, des rats, des hommes, en Béarn et aux Pyrénées.

salamander-1126591_1280Dans un article précédent monsieur PYC posait la question un peu iconoclaste : l’homme et sa femelle, des animaux comme les autres ?

En 2013 (et oui le temps passe vite) sur le présent site, pour présenter les Pyrénées, ce diable de PYC écrivait sous le chapeau : les Pyrénées, définition à l’usage des politiques et des poètes (Chapitre 1 et 2). Tout cet environnement naturel, très généreusement arrosé, de manière continue dans la partie occidentale, de manière plus violente vers l’orient, engendre des biotopes d’une richesse exceptionnelle. Des biotopes sans équivalent de par le vaste monde, en suivant les gradients des altitudes et des températures.

Ce dont il est aujourd’hui question c’est la relation des hommes aux animaux dans l’espace béarnais que nous élargirons aux Pyrénées occidentales.

Mais comme nous l’a appris monsieur de la Fontaine, il y a des rats des villes et des rats des champs. Monsieur de la Fontaine, maître des eaux et forêts, fort peu pyrénéen au demeurant, mais trousseur de sonnets incomparables (le long d’un clair ruisseau buvait une colombe…etc) entre autre le plus charmant et le plus simple des poètes. Celui qui écrivit le meilleur des français : aérien, précis, et bucolique, oserons-nous dire.

A noter que notre ami rattus est une espèce commensale de l’homme qu’on trouve plus dans les habitations ou dans les égouts qu’en pleine nature .

Dans notre Béarn nous pourrions préciser les catégories de «biotopes» dans lesquelles on trouve tout ce monde animal (les hommes, les rats, les desmans, les ours, les ourses, les isards et des centaines d’autres espèces).

Nous distinguerons les villes, la campagne et le piémont, et, enfin, la haute montagne sur jusqu’à des altitudes frôlant les 3 000 mètres où grouille tout ce monde divers et multiple. A l’évidence pour la flore et, en conséquence pour la faune, une succession de paradis. Pour ne pas trop se compliquer nous insisterons sur les mammifères dont, faut-il le rappeler, la moitié des populations a fondu en quelques dizaines d’années. Avec l’arrivée au pouvoir à Washington du terrible Donald et tous ces pic-sous qui l’entourent on peut craindre que ce processus mortifère et hélas mondialisé ne s’accélère. D’autant que le nouveau président a déclaré ne pas croire au réchauffement climatique. La solution serait peut-être d’exporter quelques canards de notre Gascogne, porteurs de la grippe aviaire pour nous débarrasser de ce Donald rouquin et de sa troupe malfaisante.

Mais revenons à nos moutons. Moutons dont la montagne est submergée l’été et qui descendent souvent en camions, sur le piémont et dans la plaine le reste du temps. Les isards, voire les plus rares bouquetins, quelque part leurs frères sauvages, sont capables d’affronter la neige et le blizzard de la mauvaise mauvaise saison. Il est vrai beaucoup plus en forêt que dans la montagne pierreuse.

Sur la montagne, bien sûr, comme un symbole et comme un seigneur formidable règne lou moussu (qui n’a rien à voir avec Jean Lassalle) l’ours formidable malgré son apparence un rien débonnaire ; l’ours sur lequel Michel Pastoureau, le remarquable historien des couleurs, a commis un ouvrage passionnant L’Ours. Histoire d’un roi déchu. Il explique que notre ami l’ours était, dans toute l’Europe, le roi des animaux jusqu’à ce que, au tournant du moyen-âge, il fût supplanté par le lion que les seigneurs du temps avaient sans doute aperçu en orient. L’ours était alors si commun que Gaston Fébus ne crut pas utile de décrire son apparence dans son livre de chasse tellement il abondait .

Mais descendons vers la ville. Prenons l’exemple des agglomérations de Tarbes et de Pau. Ces agglomérations sont principalement peuplées de bipèdes ce qui est plutôt une rareté sur la terre. C’est sans doute pourquoi sur les routes et dans les rues ils se déplacent plutôt à quatre roues. Sans doute pour s’apparenter à leurs frères et sœurs mammifères généralement dotés de quatre pattes. Bien sûr nous parlons des hommes et de leurs dames. Avec ce système ils consomment pour se déplacer, plutôt à petite vitesse, infiniment plus d’énergie que le déplacement ne le demanderait. Sans parler du stress et de l’énervement .

Mais les hommes dans les villes ont un penchant; la biophilie à savoir l’amour des choses naturelles et, singulièrement des animaux si bien que leurs maisons et leurs appartements sont peuplés de chats et de chiens, de poissons rouges, de perruches et depuis quelques temps de boas ou de varans.

Pourtant, d’après les meilleurs scientifiques, nous les hommes ne serions pas des ours qui, comme nous, sont omnivores plutôt malins et ne dédaignent pas le miel et la station debout mais de grands singes un peu comme des gorilles, des orangs-outans voire des chimpanzés.

Alors nous serions vraiment différents car des singes en Béarn ou en Bigorre il n’y en a qu’au zoo d’Asson et encore ce sont surtout des ouistitis rigolos, des lémuriens émouvants, ou des des gibbons acrobates et joueurs.

Bon nous ferons l’impasse sur l’étage moyen de 300 à 3000 mètres peut-être le plus riche. Nous aurions aimé parler des pipistrelles, des scarabées dorés, des hermines merveilleuses, des gypaètes barbus, des salamandres qui illuminent les bois des tritons et des loutres qui nagent dans les ruisseaux.

Mais il convient de savoir se contenir. Au risque nous, pauvres grenouilles souvent urbaines, d’éclater de suffisance en essayant de se laisser croire aussi savantes que le bœuf voire des meilleurs naturalistes .

Pierre Yves Couderc
De Martin à Léo,
De Léo à Popi
Oloron le 29/01/ 2017

Ours des Pyrénées : Cela parait pourtant si simple !

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Cannelito marquant son territoire

Dans les Pyrénées, il y a deux zones à ours. La première, située en Béarn-Bigorre, a une « population » qui se réduit à deux mâles célibataires de souche, plus ou moins, « autochtones », Néré et Cannelito. Ceux-ci sont en quête désespérée de femelles.

S’ils trouvaient des « compagnes », si une ou deux étaient réintroduites, il est fort probable que cela serait insuffisant pour pérenniser l’ours dans cette partie des Pyrénées. Il serait intéressant d’entendre, des scientifiques, en dehors de toute passion ou polémique, évaluer le nombre d’ours et ourses qu’ils faudraient réintroduire en Béarn-Bigorre pour espèrer ne plus entendre parler de population ursine en voie d’extinction, sur ce territoire.

Toutes ces photos, tous ces suivis, tous ces débats, toute cette énergie derrière Néré et Cannelito sont inutiles. Du gaspillage de temps et d’argent public. L’ours est « fini » dans cette partie des Pyrénées occidentales d’autant plus que les bergers y sont, dans leur majorité, farouchement opposés. Les introductions massives d’ours, les seules qui pourraient pérenniser Néré et Cannelito, n’auront tout simplement jamais lieu. Néré et Cannelito mourront sans descendance et avec eux disparaîtra l’ours dans les Pyrénées occidentales.

La deuxième zone à ours, se situe entre Ariège et Catalogne espagnole. Ils sont une trentaine environ et leur nombre se développe lentement mais sûrement. Ceux-ci, tous d’origine Slovène, suite aux réintroductions de 2006, sont eux aussi menacés, mais par un autre problème : leur trop grande consanguinité. Un mâle, Pyros, « semble toujours être le mâle dominant du noyau central ». (Source : le rapport de Pays de l’Ours Adet). Cette population a donc besoin de sang neuf pour assurer son futur.

Au vu de ce constat, pourquoi ne pas dès lors, transférer Néré et Cannelito dans le « noyau central » ? Ils apporteraient le sang neuf qui lui est nécessaire et, les deux animaux trouveraient enfin des femelles à satisfaire. Néré et Cannelito ne disparaîtraient pas sans laisser une « suite » comme cela sera, très probablement, le cas s’ils restent dans les Pyrénées occidentales.

En procédant de la sorte, il y a fort à parier que les bergers des Pyrénées occidentales, où la tradition d’élevage, est très ancrée, seront plutôt contents de voir les deux quadrupèdes s’éloigner. Les Pyrénées centrales, moins pourvues en pastoralisme, gèrent, semble-ils, plutôt plus facilement la problématique ours qui, sur place, est même devenue un outil de promotion touristique.

Pourquoi ne pas, dès lors, redistribuer les aides et subventions locales, régionales, européennes qui sont allouées aux Pyrénées occidentales et aux Pyrénées centrales en veillant à favoriser d’un côté des Pyrénées le pastoralisme et de l’autre le développement d’un tourisme responsable et proche de la nature et de ses ours ? Une opération beaucoup plus compliquée à mettre en place que le transfert des ours eux-mêmes.

Il appartient aux acteurs de trouver rapidement des solutions pour créer les conditions du transfert de Néré et Cannelito car, si rien n’est fait, et au rythme actuel, rien ne sera fait en Béarn-Bigorre, Néré et Cannelito disparaîtront tôt ou tard de l’espace des Pyrénées occidentales et avec eux les dernières traces de sang d’ours autochtone.

Ours des Pyrénées : Cela parait pourtant si simple !

– par Bernard Boutin

PS : crédit photo FIEP (Fonds d’intervention éco-pastoral groupe ours Pyrénées)

Troisième et ultime saison : Titus libère ses chênes.

Titus 7Et l’on reprend le récit et « l’épopée ursine » qui fait le buzz sur Altpy ( 31 commentaires !!!) à la fin de la saison 2.

Tout à fait tu as compris. Maintenant laisse-moi m’esbaudir au milieu des dernières fleurs de l’été me gaver de myrtilles et de framboises pour préparer l’hiver Éventuellement croquer une famille de marmottes emperlée de graisse.

Et puis tu me fatigues rentre chez toi tu pues l’homme et la civilisation…

Casses toi et surtout ne te retourne pas.

PYC comprend qu’il est plus que temps de déguerpir et de s’extraire du canal punique qui joint Ozon à Loudenvielle et que Marie-Françoise aux baronnies, en dernière preuve de tendresse, a bien voulu lui faire découvrir le 14 août de la présente année. Juste avant son assomption.

Pour cela cap vers l’est : vers les Pyrénées languedociennes et catalanes – solaires et méditerranéennes – quelque part dans un quadrilatère entre le confluent, le pays de Sault, le Capcir et la Cerdagne.

Plus question d’ours plus questions d’ourses.

Mais plutôt l’idée qui l’a toujours travaillée de visiter Montaillou le célébrissime village cathare dont on sait tout grâce à ce chef-d’œuvre d’histoire savante et concrète (1294 1324) d’Emmanuel leroy Ladurie paru en 1975.

L’idée est cheminer dans cet étage subalpin, dans ce tunnel dirait-on en matière financière, entre 1000 et 2 500 mètres d’altitude à la sortie de la forêt mais en dessous de la désolation du monde minéral essaimé de névés et de lacs. Merveilles, il est vrai, insurpassables de nos Pyrénées.Et puis, pour tout dire, notre ami PYC, bien que montagnard un rien aguerri, n’a pas les capacités de l’impossible monsieur BB pour affronter les cimes. Pas vraiment le goût non plus.

L’idée est, également, de voir comment, il y a plus de huit siècles, on pouvait vivre, et plutôt bien vivre selon les standards de l’époque, à presque 1400 mètres d’altitude dans un exceptionnel bain spirituel. L’idée subséquente est de cheminer depuis Ax-les-Thermes jusqu’à Fillols au pied de du Canigou en tangentant au départ plus ou moins la nationale 613, devenue maintenant départementale, à peine visible sur les cartes routières.

Pour cela il convient de se déplacer de cazottes en cortals. Des cabanes de vignes aux granges des paysans puis aux cabanes des bergers qui se succèdent sans trop se mélanger à ces altitudes.

Mais avant Montaillou dans ces régions qui, depuis les années 70, on été largement colonisées par les hippies, devenus des néo ruraux, vivant plus du RSA que de l’agriculture monsieur Pyc fait étape dans une auberge.

En fait, un bouge très ancien où les hommes s’appellent, comme il y a 700 ans, Marty (Pierre ou jean) Maury, Maurs, Clergue (Pierre de son prénom l’actuel maire du village descendant en ligne directe du terrible curé relapse, fornicateur, magicien, pervers et catharisant).

Il y aussi Béatrice de Planissolles la plus jolie infirmière du pays, la plus exquise mais la plus diabolique aussi, qui travaille aux thermes en bas à AX. Elle est mariée en cinquième noce avec Ray Ottaway un anglais aux larges épaules, bourlingueur et élancé, charmant et charmeur, encore qu’assez porté sur la bouteille. Il y a aussi Hakim dit le loup, un toulousain de confession syriaque, qui, lui, fait beaucoup dans la culture du cannabis et que certains soupçonnent de soufisme quelque part une forme catharisante de la religion mahométane.

Cette auberge est un espace sombre, une ancienne forge, où les vapeurs de chanvre et d’encens se mélangent aux boissons alcoolisées. Si bien que, peu habitué à ce régime monsieur PYC, qui est un garçon sérieux en est sorti tout à fait hébété juste assez conscient pour prendre son sac remettre plus ou moins d’aplomb ajustée sa meilleure paire de lunettes et se perdre dans la première cabane venue .

Dans les circonstances de l’espèce une jolie cabane en schiste azuré et mordoré appuyé à la montagne où il s’entaille les mains très profondément aux parois excessivement acérées. Puis et il s’affale sans autre forme de procès sur une grande étoffe brunâtre tendue sur des barreaux de chêne dont il n’est même pas en état de relever une odeur puissante, musquée et animale, qui arrive à dépasser le parfum du chanvre (assez peu agricole) qui imprègne ses vêtements et, rapidement, ses rêves.

Jusqu’à cinq heures du matin il dort d’un sommeil de brute. Puis, soudainement, il est étreint par une angoisse formidable qui le laisse aux bords dépassés de la pâmoison et le cœur aux bords des lèvres avec des vomissements de flots de sang aux parfums de chanvre de graisse et d’asphodèle.

Marie, cela lui remonte maintenant, sa petite déesse aux baronnies, son corps ambré et ses yeux myosotis, est montée aux cieux. Elle fait le job sans états d’âmes. A l’exemple de tous ses congénères, déesses femelles et tant humaines, païennes ou plus ou moins chrétiennes qui, en leur giron bleuté, bercent les hommes. Des pauvres mâles sans jumeaux, sans alter ego, sans doubles d’eux-mêmes qui voudraient, en retour, pour compenser, enfanter leurs déesses graciles et maternelles.

Trempé de sueur et nu sur sa couche il s’agite sans but ni raison avec en plus des flots de sang qui coulent également de ses mains, profondément entaillées par le schiste, comme des stigmates de ses angoisses.

A ce moment précis la couche immense sur laquelle il flotte comme un fétu de paille s’agite à son tour et une patte formidable bardée de longues griffes vient le ceindre et l’immobiliser : comme un première étape, comme un premier mouvement, vers la dévoration. Titus Ziva l’ours (l’ourse) gémellaire et balkanique, en sa défroque femelle dans les circonstances de l’espèce, le fait taire et l’étreint puis monte sur lui comme seuls savent le faire les ourses avec leurs enfants minuscules en pesant de leurs centaines de kilos en concentrant tout leur poids au niveau du plexus cœur contre cœur. Parfois, plutôt les mâles il est vrai, sans plus de manière dévorent la petite chose exquise bourrée de sucre, de lait, et de miel.

Mais là PYC est chanceux. Titus Ziva lui susurre à l’oreille : mon petit chat libérons nos chênes et calmons nous… calmons nous…demain est un autre jour…

Comme le dit si bien monsieur Ricaper qui est un brillant philologue les ourses ne parlent pas.

Et PYC qui a toujours un avis sur tout, un peu comme l’archange de Bordères, d’ajouter sauf les ours balkaniques et gémellaires les jumeaux de Marie-Magdeleine.

Pierre Yves Couderc

Vernet les bains le 1er septembre 2015.

sous la Voulte étoilée des cieux

dans les bras délicieux et velus de la grande ourse .

Entre Andromède, Sirius et l’étoile des bergers.

Ma réponse aux ursidés

imagesLes ours des Pyrénées ne sont pas un problème écologique mais une idée à la mode.

Cher Alt Pyr,

Vous récidivez. Vous continuez à humaniser les ours en leur donnant du « Moussu » vêtu d’un smoking et ayant des lettres. Mais vous ne parviendrez pas à banaliser ce fauve. Les ours ne sont ni des marmottes ni des ratons laveurs. Quand on parle de réintroduction de la faune et de la flore sauvages, il faut le faire à bon escient et établir des distinguos.

Des petits mammifères, des batraciens, des poissons, des oiseaux disparaissent, la chasse aux palombes et autres n’est pas suffisamment contrôlée et restreinte. Des insectes dangereux porteurs de virus nous viennent du sud avec le réchauffement climatique. Des petits prédateurs exogènes détruisent nos espèces endémiques. On cueille en masse les champignons jusqu’à disparition du cèpe et autres. Des plantes, des fleurs sont piétinées. L’automobile tue les batraciens et les hérissons. Il y a en matière écologique vraiment beaucoup à faire.

Et votre priorité est la défense de l’ours ? Mais vous voulez rire.

De toute manière vous n’échapperez pas au fait que la Terre désormais, qu’on l’approuve ou qu’on le déplore, appartient à l’homme et qu’elle doit rester prioritairement habitable pour lui, tout en respectant un minimum incompressible de nature, mais sachant aussi que la nature ne fait pas que des cadeaux à l’homme. Ma famille est issue de la vallée d’Ossau (étymologiquement : la vallée des ours) que mes ancêtres ont rendu habitable en éliminant les féroces et les nuisibles.

Vous obéissez à la tendance grave du monde actuel à tout amalgamer. Cher Monsieur PYC, qui vous cachez derrière votre pseudo, lisez plutôt Descartes qui nous a appris à sérier les faits et les problèmes. Il fait partie, lui, du patrimoine que je veux léguer à mes enfants. Pas les brutes épaisses et poilues que vous affublez de prénoms exotiques et susucre propres à séduire des concitoyens infantilisés. L’ours ferait partie du patrimoine pyrénéen et de la civilisation occitane ? La belle blague.

La vache est l’animal emblématique de Pau et pas l’ours. Laissons-ce plantigrade comme totem à l’homme des cavernes.

Je vous fais une confidence. Je ne redoute pas beaucoup les ours au stade actuel (vous m’apprenez qu’il y en a déjà pas mal dans les Pyrénées, mais ils ne pullulent pas encore et si l’on n’en rajoute pas, ceux-là végéteront et disparaîtront). Ce qui m’inquiète, ce sont les cerveaux enténébrés et donneurs de leçons qui collent aux courants à la mode sans prendre du recul et qui brodent sur du n’importe quoi. Qu’est-ce que c’est que vos histoires à la noix de gémellités bizarroïdes ?

Cela ne sert qu’à faire diversion du vrai problème qui est la dangerosité de l’ours pour les touristes dont notre économie a besoin et naturellement pour les brebis qui font vivre encore des agriculteurs et des bergers Un ami à moi qui se prénomme Alexis et que vous connaissez sans doute, car il représente, lui, une espèce en voie de disparition : les Béarnais intelligents, m’écrit ceci :

« Tout à fait de ton avis. Un colonel en retraite, chasseur écolo, oui ça existe au royaume de la connerie !, alors que je défendais les bergers, m’avait rétorqué que les brebis avaient été faites pour être mangées par les ours, à quoi j’avais répliqué que les ours avaient été faits pour servir de descentes de lit. Et je n’avais pas parlé de l’utilisation des cons parce qu’il est difficile eux de les recycler utilement ! ».

Mais ne vous inquiétez pas. J’arrête ici ce débat. Il y a vraiment des problèmes plus importants à traiter et à cogiter en Aquitaine, en France et en Europe que votre Martin (pour une fois, un prénom bien français pour votre animal chéri, pourquoi pas ?).

Jean-Paul Picaper

Le petit ours qui voulait un homme en peluche.

images« Look, did you see this human beeing disturbing us in our property ? Regarde, as-tu vu cet être humain qui nous dérange dans notre propriété ? » a dû dire Maman Ourse à son petit garçon le 7 août dernier dans la langue de Barack Obama. Comme chacun sait, les ours bien léchés parlent la langue du pays qui les héberge. La preuve en a été faite dans les pages d’Alternatives Pyrénées où l’Ours PYC a eu une longue conversation avec lou Moussu dans la langue de François Hollande.

« Il n’est pas très poilu, a répondu Ourson, mais j’aimerais bien quand même jouer avec lui. Il marche sur deux pattes comme nous et comme nos amis les gorilles ».

« Qu’à cela ne tienne, a dit Maman. Allons le saluer ». Et Maman Ourse a posé sa grosse patte en signe d’amitié sur l’épaule du visiteur. Cette mauviette s’est effondrée. Faut dire que les 354,5 kilos de Madame Grizzly pèsent leur poids.

« Ce qu’il est faiblard. Je me demande bien de quoi il se nourrit. Il ne doit pas manger assez de miel. Relève-le », a dit Maman à Ourson.

« Oh hisse ! Oh hisse ! Maman aide-moi », a pleurniché le petit. A peine remis sur ses pieds avec quelques griffures parce que les ours généralement ne portent pas de gants, cet énergumène du Montana a tenté de prendre la tangente.

« Rattrape-le, rattrape-le, Maman. Il ne veut pas jouer, mais moi si », a dit le petiot. Alors Maman s’est mise à la poursuite de l’homme en courant comme les ours adultes à 60 km/h. Ce n’est qu’une vitesse de pointe, Maman n’est pas marathonienne, mais cela suffit à rattraper un homme peu désireux de jouer. L’homme ne fait que du 10 km/h. Un peu moins s’il est gras.

« Attends-moi, attends-moi, Maman », criait le petit.

Elle l’a eu vite rattrapé, déjà un peu amoché comme le taureau auquel on a planté les banderilles. « Alors, tu veux pas faire joujou avec mon gosse ? », a dit la mère, plutôt mécontente. Et de lui assener une claque parce que les mamans ourses n’apprécient pas qu’on ne joue pas avec leur fils. Une dizaine de dents de l’Américain bien tranquille sont allées valdinguer à 20 mètres, dents de sagesse inclues. Maman, y a pas à dire, elle est costaude.

« J’ai une idée Maman, a dit le petit, s’il ne veut pas jouer, je le prendrai dans mon lit comme homme en peluche ».

« Comment peux-tu savoir s’il est en peluche ? Faudrait d’abord lui enlever l’enveloppe du magasin pour voir ce qu’il y a dessous ».

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le gamin ourson se met éplucher notre congénère. Et que je t’arrache la veste, le pantalon, la chemise, le slip et les chaussettes. En cours d’opération quelques lambeaux de peau s’en vont. Pas grave, Grand-maman qui sait faire, recoudra ça.

« Maman, il a des drôles de trucs aux pieds. Tu peux les lui enlever ? ».

La mère ours arrache les chaussures et les pieds avec. Ҫa saigne. Elle lèche les moignons parce que les mamans ourses sont propres et elle ne voudrait pas que l’homme en peluche tache le dodo de son tout petit. C’est pas mauvais ce liquide rouge qui suinte là. Comme de la grenadine.

« Goûte, dit-elle à son enfant. Ҫa vaut le miel ». Et lui de lécher comme Maman. C’est bon. Bientôt il n’y en a plus. On coupe un autre morceau, puis un autre encore et bientôt le jouet est en mille morceaux éparpillés à demi croqués, mais en tout cas bien léchés.

Le petit est déçu : « Maman on a cassé mon jouet ».

« Ҫa ne fait rien, dit Maman. D’abord il n’était pas en peluche. Vois où nous n’avons pas mangé, il est tout nu comme un ver de terre. Ensuite, on en attrapera un autre. Il en passe ici trois millions par an, nous n’aurons que l’embarras du choix et en plus la consommation est gratuite. Pour te consoler, je te lirai ce soir une histoire d’ours de Lou Moussu ».

« Dis, Maman, la dernière fois l’histoire était de Lafontaine ».

« Je préfère maintenant Lou Moussu. Il nous aime plus que Lafontaine. Il nous trouve mignons tout plein et j’espère qu’il me trouvera bientôt un mari qui ne soit pas en peluche comme la dernière fois ».

 

Jean-Paul Picaper

Communiqué de presse du 9 août 2015 :

Un randonneur a été tué et partiellement dévoré par un ou plusieurs grizzlis dans le célèbre parc national de Yellowstone (Wyoming), au nord des Etats-Unis, ont indiqué les autorités. Le corps de la victime a été retrouvé vendredi midi. Si les causes de la mort ne sont pas encore clairement établies, le corps de la victime portait des blessures sur les bras, ce qui semble montrer qu’elle a été attaquée et tuée par un ou des ours, selon les gardes forestiers.  «Si l’on se base sur les empreintes trouvées sur place, il semble qu’une femelle grizzly adulte et un ourson étaient présents et impliqués dans l’incident», ont-ils expliqué dans un communiqué.

Originaire du Montana, au nord-ouest des Etats-Unis, l’homme travaillait pour l’entreprise qui gère trois cliniques médicales dans le parc, mais son identité exacte ne sera pas révélée avant lundi. L’alerte a été donnée par ses collègues quand il ne s’est pas présenté à son travail. Les gardes ont installé des pièges à ours et, si les grizzlis qui ont attaqué l’homme sont capturés, ils seront abattus. Mais encore faudra-t-il qu’on fasse la preuve de leur culpabilité ou qu’ils passent aux aveux. « Nous ne pourrons peut-être pas établir les circonstances exactes de cette attaque mais nous ne prendrons aucun risque concernant la sécurité du public», a déclaré Dan Wenk, le responsable de l’un des plus beaux parcs nationaux américains, qui accueille trois millions de visiteurs chaque année.

Pour prévenir tout nouveau drame, les responsables du parc ont rappelé les consignes de sécurité de base. Les randonneurs ne doivent se déplacer que sur les chemins balisés, en groupe de trois personnes ou plus et emmener un produit spray répulsif faisant fuir les ours. Certains croient beaucoup à l’effet dissuasif de la poudre der perlimpinpin. Les ours comme les éléphants n’aiment pas ce produit.

Mais pourquoi vouloir écarter les ours puisque ces bonnes petites bêtes végétariennes ne veulent que jouer ?

Des ours protégés par Bruxelles

oursAu Musée de la Nature, au centre de Munich, on peut admirer la dépouille naturalisée de Bruno, l’ours austro-allemand qui dévasta en 2006 les campagnes de Bavière et y sema une terreur qui justifia qu’il fût abattu par autorisation ministérielle. Sa capture par filet ou par flèche hypodermique pour l’emmener dans un zoo n’avait pu se réaliser. Très rusé, éventant tous les pièges, y compris les charmes d’une femelle en chaleur placée sur son trajet, Bruno était évidemment un « ours à problèmes », un errant qui tuait des animaux domestiques sans nécessité de se nourrir. Il les éventrait et les laissait mourir lentement. De là à ce qu’un humain lui tombe entre les pattes…  Notez bien qu’il venait dévaster des territoires voisins de son pays d’origine. Il était comme ces immigrés poilus transplantés dans un milieu qui n’est pas le leur et qui auront tendance à vouloir s’en évader pour aller à l’aventure dans les villages et sur les routes.

Des désaxés, il y en aussi beaucoup parmi les hommes. Munis d’armes blanches ou à feu, ils peuvent faire beaucoup de dégâts. Mais ils n’ont ni les griffes, ni les dents, ni le poids, la taille et la force musculaire de l’ours.  Et la police est là pour leur mettre la main au collet. Mais allez donc mettre la main au collet d’un ours ! Méfions-nous donc du « nounours » que le Père Noël nous apportait quand nous étions enfants. Cette bête apparemment pataude et rondelette, mais rapide au sprint et au comportement imprévisible ne mérite pas tout l’amour de nos tout petits, de la même manière que le loup ne mérite pas la terreur qu’il inspire, car il a lui, généralement peur de l’homme et n’attaque guère isolément. L’ours est un fauve solitaire, un animal dangereux, surtout quand il est femelle avec des petits, et que nul n’aimerait rencontrer en se promenant en montagne. Je me souviens d’une randonnée que nous avions terminée à la nuit, mon épouse et moi, car nous nous étions un peu égarés. C’était en Ossau, sur un territoire où l’on avait lâché quelqu’ours. Nous n’en menions pas large et nous avons poussé un soupir de soulagement en arrivant à Bielle. Comme il est omnivore, l’ours ne dédaigne pas un bon bifteck. D’autant qu’il n’a plus guère de viande à se mettre sous la dent dans nos montagnes, à part les brebis.

Or, je lisais dans l’édition du 22 décembre d’« Alternatives Pyrénées » un communiqué daté du 15 décembre des associations Ferus et Pays de l’Ours – Adet demandant à Ségolène Royal de remplumer la population ursine des Pyrénées et menaçant la ministre d’un recours en justice « si elle ne faisait pas le bon choix ». Il paraît en effet que la Commission Européenne, bien au chaud dans ses silos de Bruxelles, veut mettre des ours dans les Pyrénées. Et cela, au moment où Jean-Claude Juncker, son nouveau président, vient de proclamer qu’elle devra se consacrer désormais aux questions vitales de notre continent comme l’emploi et la croissance, la sécurité, l’immigration, l’éducation et la santé, et non plus  à l’encapsulement de l’huile d’olive et au débit d’eau des tinettes. Ou à reproduction des ours ? Passons… « L’ours brun est une espèce protégée, prioritaire au niveau européen, écrivaient ces amis des plantigrades, ce qui implique une obligation de protection en France. Toutes les études sont formelles : l’ours brun est < en danger critique d’extinction> en France. Aucun des deux noyaux de population n’est viable, celui des Pyrénées occidentales étant même condamné à très court terme ». « Sous le coup d’une mise en demeure de la Commission Européenne depuis novembre 2012, le Ministre de l’Ecologie Philippe Martin avait promis un nouveau <plan ours> avant fin 2014. Le gouvernement vient une nouvelle fois d’en repousser la publication … », poursuivait Ferus et Pays de l’Ours –Adet.

Encore une chance que ce ministre ait tergiversé et que, peut-être, Mme Royal l’imitera, sans se laisser impressionner par un « plan », qui n’est pas nécessairement un « bon plan », car la Commission pilotée par José Manuel Barroso se mélangeait souvent les pinceaux dans ses directives rédigées par des ronds de cuir désireux de justifier leurs postes bien rémunérés par une production pléthorique de papier imprimé. Une chose est certaine : bien des paperasses atterriront bientôt dans la corbeille à papier, ainsi en a décidé Juncker. Probablement, parmi elles, celle consacrée aux ours des Pyrénées. Nous n’ironiserons pas ici sur le fait, très souligné par les camarades des ours, « que les études scientifiques montrent toutes que l’accroissement naturel (de la population des ours, ndlr) ne permettra pas » de les multiplier. Ce serait trop facile d’avancer que, s’ils ne veulent pas, on ne va quand même pas les y forcer. En revanche,  invoquer des « études » et une « science » qui en la matière ne peut être exacte, ne nous convainc pas. Cela prête même à sourire, quand on lit sous la plume de ces férus de l’ours que « Ségolène Royal va bientôt devoir choisir : restaurer la population d’ours dans les Pyrénées ou continuer à ne rien faire et laisser la situation se dégrader encore » et que «  la décision qu’(elle) prendra est attendue, des Pyrénées jusqu’à Bruxelles ». Ce n’est pas la porte à côté en effet.

Sortant leurs griffes, nos vaillants amis des plantigrades affirment qu’« un nouveau renoncement serait injustifiable ». « Craignant (…), disent-ils, un nouveau rendez-vous manqué, (ils ont) décidé de prendre les devants en prévenant le Ministère : si aucune mesure concrète de restauration de la population d’ours n’est annoncée le 31 mars 2015, (ils) saisiron(t) le Tribunal Administratif pour manquement de l’Etat à son obligation de conservation de l’ours ». « D’ici là, (ils restent quand même) disponibles, comme (ils l’ont) toujours été, pour enfin échanger et discuter avec le gouvernement des nombreuses propositions restées sans réponse, tant dans le domaine de la cohabitation que de la restauration de la population d’ours ».

Ah, la bonne heure ! Nous sommes nous aussi pour la protection des espèces, celle notamment des éléphants et celles des oiseaux décimés par les chats domestiques et sauvages (que faire ?). Aussi leur proposons de réintroduire les ours dans les Pyrénées et d’entourer nos chères montagnes d’un grillage pour qu’ils puissent s’y ébattre sans ingérences des humains jusqu’à leur extinction naturelle (ou jusqu’à celle des humains). Un grillage non électrifié bien entendu car il ne faut pas traumatiser ces braves « nounours ». (à suivre)

– par Jean-Paul PICAPER
28 décembre 2014