Pombie 1967-2017 – La saga des Gardiens (acte 5, 2007-2017) : Karine et Léon, la « dimension humaine »

Première arrivée de Malou à POMBIE

Avec Karine DEPEYRE et Jean-Marc FERRI dit Léon, s’ouvre le dernier « acte » de la saga des Gardiens de Pombie : un acte inachevé puisque les deux co-gardiens sont toujours bien aux commandes et contents d’y être.

Originaire de Saint-Etienne, Karine fait à Toulouse un mémoire sur « l’architecture en milieu rural » mais c’est « l’architecture de la montagne pyrénéenne » qui l’entraînera vers sa vocation de gardienne. Aide gardienne à la Grange de Holle l’hiver 1996, puis au Marcadau l’été suivant, Karine devient gardienne des Oulettes de Gaube en 1997. Le refuge reste ouvert en hiver ce qui lui donne l’occasion de continuer à grimper en hivernale. Pour la gardienne, il est important de comprendre les réactions des alpinistes : « Pour saisir ce qu’est l’adrénaline, il faut l’avoir vécu ! »

En avril 1998 Karine est bloquée aux Oulettes de Gaube par une fracture du pied lorsque Léon y fait étape. Il traverse les Pyrénées en ski de randonnée et s’y trouve bloqué par le mauvais temps. Karine lui propose alors de faire du portage pour le refuge. C’est le début d’une belle histoire…

Le Club Alpin de Lourdes ayant comme projet de passer le refuge de 70 à 100 places, Karine et Léon se mettent en recherche d’un refuge à « dimension humaine ». Ce sera d’abord celui de la Glère sous le Néouvielle, où ils resteront 4 ans, avant d’arriver à Pombie pour la saison 2007.

A peine arrivés à Pombie, Malou rejoint l’équipe. Née le 28 août, elle se « cale rapidement sur Papa et Maman ». Il lui faut peu de saisons pour se mettre à la vaisselle, à la préparation du pain et des tables. Partageant les repas avec les visiteurs, la « gardienne en herbe » apprend à vivre avec les adultes. « Amenée à se débrouiller par elle-même, elle est obligée à réfléchir ». Désinhibée, elle grandit vite. Pombie : une école unique !

Pour autant, Karine et Léon n’oublient pas d’accompagner leur fille, de partager avec elle ses expériences, notamment avec les « choums », ces éternuements qui arrivent et repartent en suivant (!). Traduction : ces jeunes, de l’âge de Malou, qui arrivent au refuge un soir pour repartir le lendemain. S’il lui en dit, elle les accompagne volontiers, lors de leur départ, jusqu’au col de Pombie, de Suzon ou ailleurs.

Cette dimension humaine en famille a sa continuité avec les visiteurs. Karine a besoin des gens, source d’équilibre et de convivialité. Le refuge de Pombie, plus petit que celui des Oulettes, permet ce contact, cette proximité. Il est partagée entre grimpeurs, itinérants de la HRP, randonneurs de la variante du GR10, marcheurs faisant le tour de l’Ossau et les « petites familles » qui sont montées depuis Anéou. Une diversité incomparable qui permet des « rencontres extraordinaires » que Karine et Léon favorisent. Exemple : au moment de placer les gens pour diner, ils se prennent au jeu de créer des « tables improbables » afin de favoriser des échanges inattendus et riches.

Bien entendu, il y a des moments plus tendus, moins ouverts au contact : les 15 premiers jours d’août quand le refuge affiche complet avec une foule pas toujours initiée : « Vous n’avez pas des glaces ! Puis-je avoir un cornet de frites ? » A ce moment-là, la montagne n’est pas uniquement un défi pour les visiteurs – chacun à son niveau -, elle le devient un aussi pour le gardien : le temps du dépassement. Mieux vaut s’y préparer et savoir se créer une bulle « pour être disponible ensuite… »

Les clients insupportables sont rares. Trois à quatre dans l’année du type :
– Elle : « Vous n’avez plus de place. Vous n’avez qu’à m’en trouver une. Je ne bouge pas ! »
– Karine (embêté) : « Je le répète, le refuge et le marabout sont pleins mais, je peux vous proposer une tente » (que Karine conserve pour des amis de passage)
– Elle (à son mari ) : « Tu vois Thierry, elle me prend de haut, elle me propose une tente… »
Arrive alors Léon à la rescousse !

Le mois de septembre est celui des grimpeurs. Les fins de semaines affichent complets avec des « tous les gens du coin » qui ont voulu éviter la foule du mois d’août. Pourtant, « ils feraient mieux de venir début août, il y a alors moins de monde sur les pentes de l’Ossau ».

Karine et Léon ne sont pas simplement des « hôteliers-restaurateurs ». Chaque fois qu’ils le peuvent, ils participent ou organisent des fêtes et rencontres. En début de saison, il y a bien entendu la traditionnelle « fête de la montagne » qui se tient fin juin. Il y a aussi la « fête de la fissure » du dernier week-end d’août où les jeunes espoirs alpinistes de tout le sud-ouest, encadrés par les Clubs Alpins de la région, viennent se frotter aux nombreuses voies. De la traversée des 4 pointes aux flammes de Pierre, l’Eperon E, l’Embarradère, la Thomas, la SE classique etc.

Karine, formée par ses études à la « conception de projets culturels », anime, en été 2014, des « rencontres croisées » entre montagnards-amateurs-artistes et guides-artistes, photographes, aquarellistes ou encore écrivain. Toujours à la recherche d’échanges, sources d’enrichissement.

Au moment d’imaginer le futur du refuge de Pombie, Karine et Léon sont unanimes : surtout ne pas s’y connecter mais plutôt s’y déconnecter ! Fervents adeptes du « pas de WIFI, pas de connections à tout crin » (il n’y pas d’énergie pour cela à Pombie, même si un vélo est disponible pour recharger les portables), ils recommandent de savoir « perdre son temps et cesser de vouloir s’occuper en permanence ».

Le refuge doit « résister à la pression et ne pas se plier à la marche du monde ». Le manque d’eau, d’énergie et l’éloignement appellent la sobriété et le rôle pédagogue qui en découle. Au final : « la montagne est reine, pas le client ». Une affirmation que Karine contrebalance avec brio quand on sait les bons « petits plats » qu’elle aime à mijoter pour ses clients… malgré « le manque d’eau, d’énergie et l’éloignement ».

Quant à la déconnection, si elle est voulue pour les montagnards, Karine et Léon connaissent plutôt l’astreinte 24h sur 24, 7 jours sur 7 : « on fait les 35 heures en moins de deux jours… » . « Certaines cordées ne rentrent qu’à 3 heures du matin » rajoute Léon. Il faut les attendre, voire surveiller leur retour.

Les techniques d’interventions ont d’ailleurs évolué fortement. Alors qu’il n’y a pas tellement longtemps, le précédent gardien Guy Serandour, pouvait être amené à guider les cordées, en difficulté, en tapant sur une casserole : deux coups signifiant de passer par la droite, un coup par la gauche, les appels « au secours » sont maintenant réalisés depuis les portables des grimpeurs. Un gain de temps indiscutable et une communication bien plus simple. Quant aux secours, du PGHM d’Oloron ou des pompiers des Pyrénées-Atlantiques, ils peuvent intervenir, si nécessaire, de nuit avec des lunettes de visée nocturnes.

Pour la logistique, Léon est aux commandes, organisant héliportages, portages, entretien et, si le refuge tourne bien, Léon tient à ajouter que son succès doit aussi être partagé avec le gestionnaire. « Il y a CAF et CAF ! Celui de Pau, qui gère Pombie, a une gestion sur le bâtiment suivie d’actes. Un travail d’équipe réalisé par des bénévoles réellement impliqués ».

Si Pombie a de nombreux atouts, mentionnées par ses 5 gardiens successifs, la proximité paloise du gestionnaire ne doit pas être oubliée.

Bernard Boutin

Pombie, la saga des gardiens, l’intégrale : Acte 1, Acte 2, Acte 3, Acte 4, Acte 5

Pombie 1967-2017 – La saga des Gardiens (acte 4, 1979-2006) : Guy SERANDOUR, le capitaine au long-cours

Vu depuis le « passe-plat » : Guy SERANDOUR

Quand, en juin 1979, Guy SERANDOUR pousse la lourde porte en fer du refuge de Pombie, il n’imagine pas  un instant qu’il va y passer 28 saisons ! Suffisamment de temps pour pouvoir y constater les effets du changement climatique ou l’évolution profonde des pratiques montagnardes, avec l’aide du Parc National des Pyrénées et sous l’impulsion de DECATHLON !

Breton de Bordeaux, membre du CAF depuis 1962, Guy n’avait qu’une hâte : quitter son travail fastidieux pour grimper dans les Pyrénées. Annie, sa femme enseignante, est mutée à Oloron en 1973. S’en suit une installation face aux Pyrénées, à la Croix de Buzy, sur la moraine frontale de l’ancien glacier de l’Ossau. Démarre alors une longue histoire d’amour avec la vallée d’Ossau. Premiers boulots montagnards : Guy « bosse » deux saisons d’hiver à Artouste, et trois saisons d’été comme gardien au refuge d’Arrémoulit. Il s’ancre plus profondément encore dans la vallée d’Ossau.

En arrivant à Pombie, le jeune gardien de 43 ans, ne trouve pas d’eau sur place. Pour éviter une possible inondation du refuge pendant l’hiver, son prédécesseur a débranché, fin septembre, le tuyau quelque part sur les pentes sous le Peyreget. En ce mois de juin, Guy creuse des trous dans la neige, parfois jusqu’à plus de 3 mètres, pour ne jamais trouver le tuyau dévié. Il faudra un mois pour reconnecter l’eau !

Comparé à Arrémoulit, Pombie est un 4 étoiles, même si très vite, il doit changer le frigidaire à pétrole et le chauffe-eau. Il installe une première douche privée à l’extérieur. Les publiques suivront à l’intérieur. Le début d’une longue litanie de travaux, grands ou petits, lien commun à tous les gardiens de refuges, démarre. Pêle-mêle : crépine de pompe à eau bouchée, déchets à évacuer, fosse septique débordante etc.
Pour la fosse justement, il lui faudra un certain temps pour comprendre que, sans un minimum de chaleur, elle ne fonctionne pas et conduit aux débordements. Reste alors à la vider. Un pensum dont Guy se passerait bien ! La solution finit par arriver : il suffisait de surcharger la fosse d’EPARCYL qui, par un apport de minéraux et d’oligo-éléments, stimule l’activité des bactéries.

Héliportage par une « alouette »

Les approvisionnements se font souvent par hélicoptère. Les alouettes d’Héli-Union sont mises à contribution. Il s’agit de faire monter les provisions. Pas toutes. Seules les denrées non périssables arrivent par les airs : conserves, lait, pâtes, riz, boissons, produits d’entretien. Au retour de la « rotation », les déchets sont descendus. Guy se souvient, avec émotion, des pilotes morts dans des accidents. Si la montagne tue régulièrement grimpeurs et alpinistes, en 28 ans, elle aura aussi emporté son lot de pilotes. Cinq en tout. Tous des amis.

Le portage complète les approvisionnements. Il s’agit de monter les produits frais : pain, viande, œufs, légumes essentiellement. Portage à dos d’homme : 25 à 35 kilos, depuis Anéou, une à deux fois par jour, 4 ou 5 fois par semaine en juillet et août. Une tâche, pénible et répétitive, que Guy partage avec son équipe. Mais, il n’y a pas que le portage lui-même. Ces produits frais, encore faut-il les chercher dans la vallée à Laruns, Rébénacq ou même Pau. A Anéou, il n’y a pas de boutique !

Pendant 3 ans, une ânesse, Marguerite, l’épaule. Elle peut porter de 70 à 80 kilos mais voilà, l’animal n’aime pas vivre seul et peut s’échapper pour rejoindre d’autres congénères ! Et comme Guy ne veut pas l’attacher, la solution n’est pas simple.
Une année, à la mi-septembre, il neige fortement sur Pombie. Où mettre Marguerite ? Ce sera finalement sous le porche d’entrée du refuge. Il neige toujours. Décision est prise de la redescendre sur Soques. Guy ne retrouve pas le chemin recouvert d’une épaisse couche de neige. Marguerite passe devant et guide Guy sur le tracé enfoui du sentier. Quel instinct !

1975 : sommet de la Grande Aiguille d’Ansabère. Crédit JM OLLIVIER

Guy est grimpeur avant d’être gardien de refuge. Nostalgique, il aime à se souvenir de ses premières années à Pombie où il échangeait avec les grimpeurs sur les courses. Régulièrement, il jetait des coups d’œil vers les voies où ils évoluaient. Les jumelles n’étaient pas loin, non plus. Il ressentait leur progression et devinait ceux qui seraient contraints de bivouaquer sur les parois de l’Ossau ! De temps à autre, au début du moins, avec des amis, il s’échappe pour réaliser quelques voies. Pas des premières, elles ont déjà toutes été faites.

A cette époque, pour le gardien de refuge, la sécurité est un souci permanent dans cette « montagne dangereuse » : à partir de quel moment faut-il déclencher les secours ? Les grimpeurs et randonneurs n’ont ni téléphone portable, ni de balise de détresse. Seul le téléphone du refuge permet de contacter les gendarmes pour évaluer la situation et voir s’il faut déclencher une opération de secours.

Chaque année apporte son lot de blessés et de morts qu’il a pu découvrir lui-même. Un jour, 30 à 40 membres de la célèbre ENSA (Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme)  de Chamonix débarquent à Pombie pour 5 jours de formation. Le refuge leur est entièrement réservé. Dès le lendemain, première sortie et un guide se tue. Le jour suivant, toute l’équipe plie bagage et rentre à la maison. Depuis, on n’a plus jamais revu l’ENSA à Pombie !

Sécurité des hommes mais aussi sécurité du refuge. Au début, Guy laisse à disposition, dans la salle commune, un réchaud. Il y a aussi des extincteurs. Ceux-ci sont volés. Les fenêtres du refuge sont clouées l’hiver pour éviter les infractions. Et, quand ce ne sont pas les hommes qui violent l’intégrité du refuge, les animaux, en hiver, trouvent des solutions à leur tour. Plusieurs fois, à la reprise de juin, Guy trouve des loirs installés à la cuisine. Ils entrent par la cheminée ou en mangeant les plastiques des aérations des fenêtres.

Pombie est un refuge « facile ». On ne s’y lève pas de bonne heure : 5h30 au plus tôt ! Il faut pourtant être 4 sur place en juillet et août pour le faire « tourner ». Cinq est même plus confortable : « C’est qu’il y a de quoi faire entre les repas, l’entretien, la réservation et la gestion des arrivées. » Au début, la réservation par téléphone n’est pas entrée dans les mœurs, cela provoque des situations désagréables à gérer : installer le soir plus de dormeurs qu’il n’y a de matelas ! Diplomatie et autorité.

Macédoines en entrée

Aimant bien faire son travail, Guy s’entoure, année après année, de fidèles. Famille et employés avec qui il sait créer un bon esprit d’équipe. Pour preuve, certains salariés resteront sur place plus de 10 ans !

1986 :  L’Espagne rejoint la Communauté Européenne. Les Espagnols arrivent de plus en plus nombreux dans les Pyrénées françaises. Bien logiquement, il est décidé, à partir de cette année-là, d’ouvrir l’hiver la route du col du Pourtalet. Dès 1988 démarre la construction des paravalanches.

En mai 1999, le refuge connaît le seul agrandissement significatif de la période 1967-2017. Un bloc sanitaire, de 3 WC et deux douches, est construit sur son côté sud. Cela a l’avantage de permettre d’agrandir la cuisine en supprimant un WC situé dans le refuge lui-même.

Les années passent, le rythme devient immuable : 4 mois de saison à Pombie, 4 mois comme pisteur à Gourette. Le reste du temps en vacances. Aux Antilles souvent, sur l’eau : « Les montagnards s’adaptent très bien à la vie sur les bateaux ». Gérer les équipages, les approvisionnements, le temps. Capitaine de navire et gardien de refuge, mêmes sujets de préoccupation !

Le Parc National des Pyrénées attire de plus en plus de visiteurs, motivés par la beauté du site et la perspective de voir des animaux. Il trace de nouveaux sentiers en dégageant l’herbe sur les pentes. Dix ans plus tard, ils sont transformés en « oueds ». Il faut alors les empierrer. Mais, rien n’arrêtera la vague montante d’une clientèle nouvelle, toujours plus nombreuse, de randonneurs d’abord et ensuite de simples touristes.
De leurs côtés, les Offices du Tourisme distribuent des plaquettes démocratisant la montée au refuge. DECATHLON propose des produits, rendant accessible la pratique de la montagne. Autant d’éléments qui favorisent l’accès à Pombie et ailleurs. Devant la « foule », Guy, le gardien de refuge, se voit contraint de se transformer en hôtelier et restaurateur. Et, dire qu’il n’aime pas cuisiner !

Ethique, il continue à préférer son refuge comme lieu où les grimpeurs se retrouvent et préparent leur course. Ils sont, malheureusement, toujours moins nombreux. Au fur et à mesure du renouvellement de la « clientèle », l’amicale complicité des grimpeurs est souvent remplacée par « la tête des gens et le ni-bonjour, ni-sourire de ceux-ci ». Beaucoup d’exigences aussi.

Décidant de ne pas faire la saison de trop, Guy décide de passer la main, à fin de la saison été 2006, après 28 saisons passées au pied du pic du Midi d’Ossau. Il y a bien droit, il vient d’avoir 70 ans ! Le capitaine au long court descend alors à terre. Il ne va pas loin et s’installe dans sa belle ferme béarnaise, proche des « Bains de Secours ». Depuis ce nouveau port d’attache, il peut continuer à jeter machinalement, de temps à autre, un coup d’oeil vers l’Ossau.

Bernard Boutin

Pombie, la saga des gardiens, l’intégrale : Acte 1, Acte 2, Acte 3, Acte 4, Acte 5

Parc National des Pyrénées : Coup de colère !

Le refuge de Barroude : ce qu'il en reste !
Le refuge de Barroude : ce qu’il en reste !

En octobre dernier le refuge de Barroude, situé au-dessus de Saint Lary, brule. Il est dans la zone du Parc National des Pyrénées et appartient au Parc. Motif de l’incendie : On ne sait trop. Il était fermé au moment des faits. La foudre aurait provoqué un début d’incendie et les bouteilles de gaz entreposées auraient alors explosé. Il ne reste qu’un tas de ferrailles du refuge. Très triste. 

Ce refuge était placé idéalement face au cirque de Barroude et ses lacs. Un endroit très prisé, tant par les randonneurs d’un jour que par les pyrénéistes traversant la chaîne par la HRP.

Dimanche 2 août, il y avait beaucoup, beaucoup de monde remontant la vallée de la Gela pour aller au lac de Barroude… et à son refuge !

Si bizarrement que cela paraisse, au parking situé au-dessus d’Aragnouet, point de départ pour aller à Barroude depuis la vallée d’Aure, la destination du refuge est toujours mentionnée sur une carte du Parc et sur trois panneaux directionnels (voir photos jointes). L’un propose même : « Repas et boissons ». Dix mois après l’incendie !

On imagine des touristes d’Espagne, du nord de la France ou d’ailleurs, arrivant avec des topos-randos, des guides et autres supports, pas actualisés, pour partir en direction du refuge. Il est tout de même situé à 10 kilomètres de là à pied et 1000 mètres de dénivelés… Un aller et retour de plus de 20 kms ! Pour mémoire, le refuge date de 1973. Il est indiqué sur un tas de supports.

Traversant les Pyrénées centrales en juin, en suivant la HRP et le guide Trans’Pyr, je devais bien naturellement faire étape au refuge. Souhaitant réserver à l’avance, je m’étais bien rendu compte de la fermeture du refuge en allant sur le site de celui-ci. Mais quid, de tous ces randonneurs qui ne vont pas consulter le site ? A quoi bon maintenir des panneaux indiquant le refuge de Barroude dans la vallée ?

Un exemple pratique : Pendant ma traversée des Pyrénées centrales fin juin, un Basque de Bilbao, rencontré à Biados à deux journées de marche du refuge de Barroude, me donnait la suite de son parcours par la HRP : BIADOS-Parzan-BARROUDE- Héas-Refuge des Espuguettes-Gavarnie-BAYCELLANCE. Seul, il ne réservait pas à l’avance, pensant toujours trouver une place. Je lui ai immédiatement indiqué son erreur. Conséquence : il modifia son tracé pour passer par BIADOS-Bielsa-Pinieta-Goriz-Refuge de la Brèche-BAYCELLANCE.  Un tracé totalement différent !

Il y a urgence que le Parc fasse disparaître les panneaux mentionnant la direction du refuge Barroude, et plus encore, aviser à tous les points de départs qui y conduisent, de sa disparition suite à un incendie. Trop de monde vont se planter bêtement là, face à un amas de ferraille.

Il est vraiment incroyable qu’au Parc, on n’ait pas pensé – où on n’ait pas voulu- avertir les « clients » en dehors de la page internet du PNP.

– par Bernard Boutin

L’information sur le site du PNP et sur le site du refugeC’est insuffisant !

A Georges Labazée, grand voyageur.

imagesMonsieur le président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques,

Je viens de lire dans le journal La République des Pyrénées, édition du mardi 2 septembre 2014, une brève informant que le conseil Général des Pyrénées Atlantiques a été retenu pour présenter à Sidney, en Australie, devant le congrès mondial des parcs nationaux, l’expérience en matière de coopération entre les P.A. et Misiones*, une province d’Argentine qui implique le parc national des Pyrénées.

Vous voilà donc à la veille d’un voyage en Australie. J’imagine que vous allez mettre en place une délégation qui non seulement réunira des élus, dont vous en premier lieu, bien évidemment, et quelques autres techniciens de la spécialité.

Comme les sommes engagées vont être conséquentes et qu’elles sont financées par l’impôt qu’en ces temps de restriction les contribuables versent, il m’apparaît très légitime que je veuille en savoir davantage sur ce voyage.

D’abord je ne comprends pas bien l’utilité d’un tel déplacement. Le département des Pyrénées Atlantiques doit-il en retirer un avantage autre qu’une simple représentation ?

Ensuite, je serais curieux de savoir quelle sera la composition de la délégation et si tous les participants à cette escapade y ont vraiment leur place.

Egalement je m’interroge ou plus exactement je vous interroge, sur l’investissement que les finances publiques devront consentir pour ce séjour à Sidney. Les frais du voyage seront certainement pris en charge, mais ensuite ne pourrait-on faire des économies sur  la qualité de l’intendance ? Encore une fois au moment où l’on demande à chacun des efforts supplémentaires ne serait-il pas normal que vous soyez, de votre côté, très regardant à la dépense ?

Enfin avez-vous l’intention de diffuser un compte-rendu de ce voyage en insistant sur ses conditions, votre action et ses enseignements pour le département ?

Ne croyez pas, Monsieur le Président, que je cherche par ce questionnement à vous mettre en difficulté mais, comme beaucoup, j’appartiens à cette catégorie de contribuables, obscure et sans grade, à qui on réclame de plus en plus. Il me semble que vous n’exercez vos fonctions et ne bénéficiez de nombreux avantages, dont ce voyage, que parce que notre argent, les impôts que nous versons avec  constance,  soumission et privation, nous autorisent à vous demander de justifier vos dépenses. Vous êtes en quelque sorte notre obligé.

Je sais par avance que vous ne répondrez pas ou alors, si vous le faites, vous apporterez la preuve que vous possédez un courage et honnêteté exceptionnels chez  un homme politique. Néanmoins par cette interpellation, je crois que la démocratie trouve son véritable sens.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma respectueuse considération.

 

Pau, le 4 septembre 2014

                                                                                               par Joël BRAUD

*Voir l’article de Daniel Sango, « La conseil général et l’Ara Chloroptère » du 22.8.2014

Crédit photo : Pyrénées presse

Le Conseil Général et l’Ara Chloroptère

165px-Ara_chloroptera  Notre Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, menacé d’extinction par F. Hollande, démontre une fois de plus son rôle déterminant dans la proximité rurale. A grand renfort de réception, c’est l’ambassadrice d’Argentine qui était reçue par G Labazée dans le cadre d’une coopération entre le département des Pyrénées Atlantiques et la province de Misiones.

C’est là que se situent aux confins de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay les célèbres et magnifiques chutes d’Iguazu.

J’ai eu l’occasion de dénoncer l’incroyable gabegie de ces « coopérations » totalement inutiles et coûteuses (  » Tango à gogo au Conseil Général » AP du 19/11/2012, «  Indignez vous ! » AP du 17/4/2013 )

Comment les Conseillers généraux peuvent-ils admettre de telles démarches alors que notre pays est en faillite?

« Passage au parc National des Pyrénées, visite d’un centre pastoral, présentation du chantier du centre transfrontalier (de déneigement et de ressources) du Pourtalet » (SO) tel était le programme de la journée. Il faut dire que les similitudes sont nombreuses entre cette province tropicale d’Argentine et le Béarn. Enfin non, à Misiones ils ne sont pas près de voir un engin de déneigement, vu que le point culminant de 843 m situé dans la forêt tropicale n’a jamais vu un flocon de neige. Pas plus d’ailleurs que le Parc National des Pyrénées ne verra un lâcher de jaguar ou d’aras chloroptères.

Il s’agit donc tout simplement de promenades aux frais du contribuable exsangue. Scandaleux.

Il est un domaine dans lequel l’Argentine et le Conseil Général ont pourtant un point commun, c’est celui de la gestion des finances publiques. On connaît les démêlées de l’Argentine avec ses créanciers. G Labazée, qui s’en inspire sans doute, était fier de présenter un budget 2014 exemplaire ( « G Labazée : zéro en mathématiques ! » AP du 21/2/2014 ) , sauf que pour équilibrer ses comptes il emprunte 75 millions d’euro, après avoir augmenté les droits de mutation. Le budget 2014 contient il une nouvelle promenade à Iguazu?

Si le Conseil Général vous dit qu’il manque de ressources, vous ne le croirez pas. Supprimons vite cet échelon inutile et coûteux de notre invraisemblable mille feuille!

 

 

– par Daniel Sango

Le « non » béarnais au Parc national des Pyrénées

panneau-pnp_charte_18-06-20136 communes de Béarn et de Bigorre étaient appelées à voter avant le 12 juin sur leur adhésion (ou non) à la Charte du Parc national des Pyrénées. 63 communes ont décidé d’adhérer : 12 en Béarn (sur 30) et 51 en Bigorre (sur 56). 23 communes ont décidé de ne pas adhérer : 18 en Béarn et 5 en Bigorre. Le résultat de ces délibérations redessine une nouvelle carte du Parc national des Pyrénées, que l’on peut consulter sur Internet : http://www.parc-pyrenees.com/les-news/670.html.

Un peu d’histoire

Au début des années 60, le gouvernement français propose au Parlement de créer en France des Parcs nationaux, à l’instar de ce qui se faisait déjà dans de nombreux pays. C’est sur la base de la loi du 22 juillet 1960 que le Parc national des Pyrénées verra officiellement le jour le 23 mars 1967 (décret). Les communes pressenties pour faire partie de ce territoire d’exception avaient été consultées, en 1965. Cela a donné lieu à quelques ajustements territoriaux, et quelques communes limitrophes avaient alors demandé à en faire partie.

Le 21 janvier 2003, M. Raffarin, Premier ministre, charge un député, M. Jean-Pierre Giran (UMP) de rédiger un rapport pour un « toilettage » de la loi de 1960. En prenant, notamment, en compte la décentralisation mise en place depuis le début des années 1980, mais sans remettre en cause l’« économie générale » d’un parc national (zone cœur et zone d’adhésion). La loi du 14 avril 2006 s’appuiera largement sur ce rapport. Un décret, le 15 avril 2009, viendra préciser quelques points. Le Conseil d’Administration du Parc national des Pyrénées compte désormais 24 élus. La démarche d’écriture d’une Charte, fixant les droits et devoirs du Parc et des communes adhérentes, devait être collective. Les communes adhérentes ont désormais la possibilité de quitter le Parc, où d’y adhérer si elles ne l’ont pas fait, selon des règles connues de tous.

La Charte est l’une des nouveautés issue de la loi du 14 avril 2006. Elle a fait l’objet d’une large concertation, pendant 3 ans environ. Chaque commune pouvait déléguer un « référent » pour participer à sa définition ; certaines d’entre-elles – essentiellement béarnaises – ont choisi de pratiquer la politique de la « chaise vide ». D’autres acteurs du territoire étaient également associés : chasseurs, pêcheurs, agriculteurs, associations de protection de la nature, acteurs économiques et touristiques… (j’en oublie sans doute, qu’ils veuillent bien m’excuser). Un 1er avis a été sollicité auprès des communes sur le projet de Charte. Le projet a ensuite été validé par le Conseil d’État et le Conseil d’Administration du Parc.

Bien entendu, ce résumé fait l’impasse sur bon nombre de pans de l’histoire du Parc, qui reste à écrire. Le Parc national des Pyrénées fêtera bientôt ses 50 ans : un bel âge ! Et l’occasion, sans doute, de se pencher sur sa naissance et sa jeunesse.

Quelles conséquences ?

Elles sont multiples, selon moi, et certaines ne pourront se mesurer que dans quelques années. Elles vont avoir un impact dans de nombreux domaines. Sur la protection de la nature dans cet espace privilégié, bien sûr, mais également sur les activités humaines.

Certaines communes béarnaises, qui ont refusé l’adhésion à la Charte, vivaient très mal les nouvelles dispositions nées de la loi de 2006 et du décret de 2009. Au point de déposer un recours contre ce dernier auprès du Conseil d’État : recours rejeté. Ce qui, soit dit en passant, ne les empêchaient pas de solliciter le soutien financier du Parc… qu’ils ont eu. Logique ?

Ces communes, dans la zone d’adhésion, devront désormais s’en passer. Ce qui sera également le cas de tous les acteurs agricoles, économiques et touristiques de ces communes. Et, contrairement à ce qui a pu être suggéré, par-ci, par-là, toutes les communes de la zone d’adhésion, qu’elles aient adhéré ou pas, restent soumises aux réglementations du droit commun (chasse, pêche, forêt, environnement, etc.).

La Charte du Parc national des Pyrénées ambitionne de mettre en place un « label Parc ». Il s’agit de promouvoir le territoire du Parc, ses savoir-faire et ses productions locales. À commencer par les produits agricoles. Même par ces temps de crise, le public, de manière générale, et les touristes, en particulier, sont sensibles à un label, gage de qualité. Ce qui est tout aussi vrai pour les consommateurs.

Voilà ce qui peut être dit, quelques jours après le vote des communes de la zone d’adhésion du Parc national des Pyrénées. Dans 3 ans, les communes qui ont dit « non » pourront, si elles le souhaitent demander à adhérer, et cette demande devra être validée par le Conseil d’Administration. À suivre donc…

– par Jean-Luc Palacio

Indignez vous!

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On a déjà eu l’occasion à de nombreuses reprises de parler de la mauvaise gestion dans les strates de notre mille-feuille. En fait quand on regarde de près on se demande où l’on peut trouver des élus qui ont la décence de gérer l’argent public avec la rigueur qu’impose le déficit français actuel et l’effort qui est demandé au contribuable ?

J’ai eu l’occasion de conter le gaspillage dans ma commune de Montardon, où on embauche des administratifs à la pelle, y compris, pour couronner le tout, un Directeur Général des Services ! («  Drôle de gestion à Montardon  » AP du 17/12/2012)

Les colonnes d’Alternatives Paloises sont pleines de la gabegie locale, ville de Pau, agglomération, je n’en dirai rien de plus, on ne tire pas sur les ambulances.

La Région Aquitaine joue à l’unisson, avec son « Ministère des Affaires Etrangères » qui crée des liens à l’international, et bien sûr les voyages qui vont avec («  Au vert à Madagascar.. . » AP du 7 février 2011 )

Le Conseil Général quant à lui bat tous les records et de surcroît sans aucune pudeur ! J’avais eu l’occasion de parler des visions planétaires de nos Conseillers Généraux (« Tango à Gogo au Conseil Général  » AP du 19/11/2012) lors de l’organisation récente d’un séminaire international à Biarritz. Là, on rentre dans du concret : le voyage touristique !

Remercions au passage Jean-Marc Faure qui nous fait une description exhaustive de l’action majeure du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques en Argentine dans La République du 17/04 et qui mérite la plus large diffusion.

Ainsi donc pas moins de 10 personnes du Conseil Général sont allées visiter les chutes (spectaculaires au demeurant) d’Iguazu en Argentine. Il faut citer ces touristes puisque c’est nous qui leur offrons des vacances dont le montant est chiffré à 15 000 euro (budget 220 000 eur) :

« Conduite par le président du conseil général, Georges Labazée, cette mission comportait encore les conseillers généraux Marie-Pierre Cabanne, Denise Saint-Pé, François Maïtia et Francis Courouau, ainsi que Lionel Martinez (cabinet) et Laurence Nemes (coopération décentralisée). »

Cette cohorte d’élus et de fonctionnaires accompagnait deux gardes du Parc National qui vont passer un mois dans le Parc d’Iguazu dans le cadre d’un échange.

« Anne-Marie Laberdesque et Didier Mélet, deux gardes moniteurs du Parc National, ont quitté la semaine passée leurs bases des vallées d’Ossau et d’Aspe. Durant un mois, ils vont arpenter le parc d’Iguazu en Argentine, afin de partager leurs manières de travailler avec leurs homologues sud-américains. Deux gardes argentins passeront, à leur tour, un mois dans Pyrénées cet été. « Ils sont confrontés à des problèmes semblables aux nôtres en matière de respect de la biodiversité, de tourisme, et de concertation », éclaire André Berdou, conseiller général de Laruns et président du Parc national des Pyrénées occidentales. »

Nous avions oublié de citer A. Berdou dans la liste des touristes, et son argumentaire pour justifier le périple vaut son pesant de cacahuètes !

C’est bien connu, les problèmes rencontrés sont identiques. Iguazu c’est la plaine, avec une végétation et une faune tropicale. Bref on se croirait en Vallée d’Ossau ! (voir photo du site)

Ajoutons que si quelques randonneurs viennent arpenter notre Parc National, les chutes d’Iguazu sont un des hauts lieux touristiques, parmi les plus connus et fréquentés au monde (inscrites au patrimoine mondial par l’UNESCO dès 1984).

C’est pareil je vous dis !

Si les gardes du Parc National des Pyrénées ont besoin d’échanger, ce qui est fort compréhensible, on peut leur suggérer d’aller dans les Alpes, voire dans les Hautes Pyrénées, ils rencontreront là des professionnels confrontés aux mêmes problèmes qu’eux, vraiment les mêmes.

Quels étaient les rôles de chacune des personnes participant à ce voyage ?

Quelles justifications techniques pour chacun des membres de la délégation ?

Mais un tel gaspillage, alors que les contribuables sont soumis à des prélèvements sans précédent, est indécent.

Les citoyens doivent par tous les moyens attirer l’attention des contre pouvoirs en relayant l’information. Indignez-vous !

Ecrivez à votre Conseiller Général, à la Cour des Comptes Régionale, aux media nationaux, …etc.

Relayez cette information sur les réseaux sociaux, à vos amis, à vos collègues.

Quand les citoyens s’éveilleront…

                                                                                                                                                                                           par Daniel Sango

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