Un p’tit train s’en va dans la campagne
Un p’tit train s’en va de bon matin
On le voit filer vers la montagne
Tchi tchi fou tchi tchi fou
Pleins d’entrain…
André Claveau.
Des trains sans contrôleurs c’est ce qui nous attend, sur les lignes dites secondaires ; celles qui concernent quotidiennement une grande partie d’entre nous. Cette décision imminente de la SNCF (on parle du mois de mars) est critiquée par le personnel, elle l’est aussi par de nombreux voyageurs et c’est assez naturel. Le monde change certes, et la machine est censée remplacer le contact avec l’être humain, c’est l’ère numérique qui, annoncée comme un facteur de progrès est en réalité, pour beaucoup –et notamment les plus âgés qui prennent en priorité les transports collectifs- , un casse-tête supplémentaire.
Ainsi, vous l’ignorez peut-être, mais il y a une station, un arrêt plutôt, à la Croix du Prince pour la rame qui va de Pau Gare jusqu’à Bedous désormais. On ne dira jamais assez l’intérêt de cette ligne qui réduit la circulation sur une route dangereuse et déjà très embouteillée. Elle sert cette proximité qui est réclamée par de nombreux de nos concitoyens et participe au désenclavement du monde rural. Une rame confortable, ponctuelle qui semble considérablement fréquentée entre Pau et Oloron en tout cas.
Donc si vous montez dans le train à la Croix du Prince vous ne pouvez pas acheter votre billet sur place car il n’y a pas de distributeurs. Si vous avez acheté une carte de réduction senior, vous ne trouverez pas cette réduction sur page horaire de la SNCF pour prendre le billet à l’avance –elle existe paraît-il mais personne ne la trouve ni n’est capable de la montrer pas même le personnel SNCF. Ainsi si vous arrivez au dernier moment sans billet vous serez obligé d’aller voir le contrôleur, comme vous en avez le droit pour quelques jours encore. Ainsi vous vous signalez auprès de lui et celui-ci vous fait un billet au prix normal, dans le train. Tout se passe bien ; dans la courtoisie. Les contrôleurs sont assez vigilants pour éviter les infractions. Donc vous descendez à Buzy, par exemple. Au retour, après avoir passé la journée avec votre copain agriculteur, il n’y a pas non plus de moyens d’acheter de billets à cette halte bien commode comme il n’y en a aucun distributeur sur la ligne entre Pau et Bedous sauf à la gare d’Oloron. Rebelote : vous vous signalez dans le train et le contrôleur vous fait un « titre de transport ». Pas de problème donc.
Eh bien, prendre son billet dans le train, ce misérable confort, ne sera plus possible à partir du mois de mars prochain. En montant dans le train sans billet vous vous exposerez à une amende sérieuse. Ainsi le prix du trajet entre Pau et Bedous passera pour vous de 11 à 19 euros. Vous serez présumés coupable d’une grave infraction (voleur en quelque sorte) et, avant même de vous déclarer au contrôleur s’il y en a un par hasard, vous serez considéré comme délinquant, coupable. Pas moyen d’échapper à cette sanction puisque les machines seront paramétrées à cet effet. Si vous persistez à monter sans billet, vous vous exposez à un contrôle à l’arrivée ; ces contrôles seront multipliés dit-on.
Entre Pau et Bedous, dans le train, la vie est un long fleuve tranquille : les paysages sont magnifiques et les voyageurs sympas. Mais ça n’est pas toujours le cas dans les TER. Les témoignages indiquent que sur la ligne Pessac-Arcachon où on expérimente l’absence de contrôleurs, les incivilités se multiplient et les voyageurs les plus fidèles et notamment les plus âgés sont régulièrement ennuyés. On signale par ailleurs que le 23 janvier dernier un accident de voiture a eu lieu entre Bayonne et Hendaye, le 16 janvier une tentative d’agression s’est déroulée entre Pau et Oloron, le 14 décembre 2018 des menaces de mort ont été proférées entre Dax et Ondres et le 10 décembre 2018 entre Dax et Biarritz un conducteur de train a fait un malaise. Tout cela désormais sera signalé par les voyageurs eux-mêmes sur une plateforme téléphonique ou par SMS. A cette invitation de la direction de la SNCF on se demande quelle sera la réponse et les moyens mis en œuvre pour intervenir s’il n’y a plus de contrôleurs et si le conducteur a un malaise : c’est le film catastrophe. Y’a-t-il un pilote dans le train ?
« Pas de train sans contrôleurs » cela devrait être le mot d’ordre des voyageurs pour leur confort comme pour leur sécurité. Pour ce qui concerne les TER on peut encore écrire au Conseil Régional Nouvelle Aquitain, 14 rue François de Sourdis, 33077 Bordeaux ou écrire aux élus responsables renaud.lagrave@nouvelle-aquitaine.fr ou alain.rousset@nouvelle-aquitaine.fr ou encore signer la pétition Internet Change.org PasDeTrainSansControleur.
Pierre Vidal
Photo Rue89 Bordeaux