L’argent, l’argent

C’est une préoccupation pour bien des humains. Mais elle n’est pas la même pour une femme seule pour élever ses enfants et une des 500 personnes les plus riches de France qui à elles seules détiennent 650 milliards, soit 30% du PIB de la France. L’évolution est aussi frappante : alors que le PIB progressait de 12% entre 2008 et 2018, les 500 privilégiés ont doublé leur patrimoine tandis que les dix plus riches ont vu quadrupler leur fortune… Au plan mondial le phénomène est encore plus accentué. Nous n’attendions pas que M. Macron se livre à une exégèse  de revues économiques ou du livre de Thomas Piketti sur les inégalités. Mais lorsqu’il déclare avec une telle morgue que les pauvres coûtent follement cher au pays (je ne reprends pas ses termes qui évoquent trop les écarts de langage d’un de ses prédécesseurs), il choque bien de nos concitoyens. Que la popularité du Président s’en ressente n’est pas étonnant.

Oui, la solidarité coûte cher. Mais n’est-elle pas l’honneur de notre pays, et aussi son intérêt, car il ne serait pas sain de laisser dans la désespérance une fraction de la population. Ce serait courir le risque de soubresauts sociaux dangereux. De plus, les emplois aidés, pour ne prendre que cet exemple, jouent un rôle important dans la société. Ce ne sont pas seulement des marchepieds vers l’emploi. Aussi, on peut regretter que M. Macron n’ait pas fait plus de pédagogie si son propos était de vouloir favoriser le travail plutôt que l’assistance. Donner de l’air aux « premiers de cordée », pourquoi pas s’ils tirent vraiment le pays vers l’avant. Mais faire les poches des retraités avec
l’augmentation de la CSG, laisser courir des rumeurs sur la suppression des pensions de réversion est indigne. Car de très nombreuses veuves survivent grâce à ces pensions de réversion. Et si d’autres vivent décemment grâce à cette mesure, c’est justice, car les sommes versées récompensent un travail. Et elles n’ont pas commune mesure avec les retraites de certains P.D.G. dont l’essentiel de l’action aura été de distribuer de copieux dividendes tandis que des milliers d’emplois étaient supprimés dans leurs usines ou leurs magasins.

Oui, les Français pourraient avoir une meilleure perception des phénomènes économiques. Ils pourraient mieux réaliser que l’argent n’a pas le même effet selon qu’il prépare l’avenir ou qu’il contribue à des rentes ou des actions superflues ou fragiles. De ce point de vue, l’enrichissement constaté plus haut est surtout situé dans le domaine du luxe, un secteur mouvant et fragile. Il n’est pas comparable à l’enrichissement dû au développement de techniques nouvelles qui apportent une domination du monde et un changement de paradigme : que l’on pense à Google, Microsoft ou au développement de la téléphonie et de l’électronique chinoise et coréenne.

Il est sans doute indispensable d’entretenir des forces de police pour contenir les débordements de fanatiques du sport (pratiqué par les autres…). Mais que les pollueurs soient les payeurs ! Que la bière soit surtaxée aux environs des stades ! Il est plus difficile de récupérer de l’argent pour la surveillance des fomentateurs d’attentats. Mais qu’au moins les pays qui nous ont envoyé ceux-là ou les idéologues qui les ont formés les recueillent et nous évitent de construire de nouvelles prisons. Rien n’est moins rentable qu’une prison ! Rien n’est plus rentable qu’une école ou un centre d’apprentissage ou d’expérimentation !

Pour ceux qui trouveraient que mes propos sont exagérés, je livre un passage d’une pièce de théâtre qui eut du succès à un des moments les plus conservateurs de notre histoire, la Restauration.

« Dans un pays comme le nôtre, où l’argent est tout, ou l’homme et le mérite personnel ne sont rien, où le moindre droit civil et politique se paie, où la loi regarde le pauvre comme non avenu, et demande à l’homme s’il est riche avant de le dire citoyen, il arrive que la société, fondée ainsi sur les intérêts seulement matériels, démoralise ses membres, les corromps, les pousse à acquérir par tous les moyens possibles, et tend à faire d’un peuple une bande de voleurs » Félix Pyat et Auguste Luchet, « Le brigand et le philosophe »(1834).

Paul Itaulog

Bannis de la rue

mendianteIl ne fait pas bon être marginal actuellement … et du côté de Pau, il est possible de devenir un hors la loi malgré soi … il en est ainsi pour les sans-abri et autres SDF dont le modèle de vie fait tâche au sein de la royale cité tandis qu’arpentant les trottoirs de la ville … ces derniers s’y installent jusqu’à ce que la municipalité se fâche !
Depuis quelques mois déjà, sur certaines places et autres lieux préférés des miséreux plus rien ne se passe, plus de mains tendues, quelques-unes se voilant la face, plus de toutous couchés auprès de leurs compagnons de vie, certains d’entre eux plus bruyants quand d’autres semblent endormis … des zonards comme ils disent … ou encore des clochards … tout cela ne se voit pas ou de moins en moins, car occuper abusivement les trottoirs ou autres lieux publics est désormais verbalisé par les policiers !
Ne devenez pas pauvres messieurs-dames … ne vous hasardez pas seulement à être ce misérable ayant perdu son emploi ou qui, pour une quelconque raison indépendante de sa volonté se verra subir les affres d’une société où devenir un marginal est si vite fait, son doigt sur vous pointé !
Je ne me pose plus la question de savoir « mais dans quel monde vit-on » … je laisse cette question à d’autres qui n’ont rien remarqué, s’apercevant soudain qu’ils sont entourés de pauvres hères, de réfugiés, de misérables vieux qui n’ont plus rien, plus de famille, plus de pays, pas même les yeux pour pleurer si ce n’est un toutou ou deux pour combler le vide autour d’eux !
Nul ne peut savoir ce qu’il en est s’il n’a pas connu l’enfer de la rue… et pour qui n’a pas connu la misère, celle-là qui vous refoule jusque dans les ornières, ce qu’il se passe actuellement à Pau, nul ne peut dire vraiment combien cette souffrance que d’aucun nommeront la faute à pas de chance, peut devenir une meurtrière !
Outrance de précarité et sa pauvreté dont beaucoup se balancent … une misère ne manquant pas de vocabulaire pour l’exprimer… des mots usés jusqu’à la corde où quelques-uns se pendent à force d’être esseulés, rejetés ! Nous en soucions-nous seulement ?
La dèche se lèche les doigts noircis de mouise… présente et si constante qu’elle revêt plus d’un Français dans la galère … cette pente que l’on glisse sans y être invité, malingre, hirsute et mal fagoté … mais où va-t-elle à présent … se loger ?
Bien à vous.

                                                                                                                                                                               Samie Louve.