Ezkilaxoxo

Pardon aux bascophones de traduire ainsi Clochemerle. Nous sommes à mi-mandat de la dernière municipalité élue dans notre village de 4.000 habitants, et, comme chez nos grands cousins américains, il est temps d’établir un historique et un pré-bilan.

Notre maire est un médecin généraliste encore jamais impliqué dans la vie locale, dont c’est le premier mandat électif. Lors de la première réunion du nouveau conseil, est décidée une importante augmentation des indemnités des élus. Puis, peu de temps après, l’adjoint à l’urbanisme démissionne, sitôt remplacé par un urbaniste expert qui fait actuellement l’objet d’une enquête du parquet pour prise illégale d’intérêts dans la vente de terrains de sa belle famille rendus grandement constructibles.

Deux projets pharaoniques – à notre échelle – sont lancés, la construction d’une nouvelle école, et l’aménagement du centre bourg, de quoi faire exploser la dette de la commune.

Pour le premier, un terrain de centre ville a été réservé au PLU, estimé par les Domaines au prix du terrain agricole, et froidement exproprié au grand dam de la famille qui en réservait l’usage pour ses enfants.

Le second projet, établi sans analyse des flux d’automobiles qui nous envahissent périodiquement, impose un schéma irréaliste de circulation, fait l’objet d’une information publique du bout des lèvres, ne tient pas compte des critiques et observations les plus sensées, au point que, grande première, une association de défense s’est créée pour tenter d’infléchir les choix pris dans le secret des cabinets.

Dans le même temps, une alerte est donnée : un sentier d’accès à la Rhune est élargi à au moins 6 mètres, on y travaille au bulldozer de jour et de nuit, sans que l’on sache qui a ordonné de tels travaux. La municipalité ignore que le site est classé et dans la zone Natura 2000. Les amoureux de la montagne se mobilisent, le chantier est arrêté, la commission des sites, saisie, impose de ramener à une voie unique, de constituer des bas-côtés, organiser l’évacuation des eaux et replanter ce qui a été sauvagement arraché.

Apparaît soudain une passerelle sur un ruisseau affluent de la Nivelle. L’ouvrage en bois est massif, laid, posé de travers, inondable. Il se trouve malencontreusement à moins de 500m d’un pont moyenâgeux, dit « romain », classé, et l’architecte des bâtiments de France (ABF) n’a pas été consulté. Il ordonne donc l’arrêt des travaux, et nous en sommes là aujourd’hui. Personne n’a officiellement ordonné ces travaux….

Je cite en passant les 300 ou 400 logements sociaux qu’une loi parisienne contraint le village à construire – il y a 5 demandes en cours – , notant au passage que les terrains retenus pour cela appartiennent pour la plupart à des élus.

Et nous arrivons enfin au clocher. La grande manifestation culturelle de notre village est une exposition de photos en plein air. Ces photos grand format sont tirées sur des calicots accrochés ça et là par des ficelles. L’année dernière, un de ces calicots très grand format aux couleurs criardes a été accroché sur une face du clocher, sans demander ni l’avis de l’ABF – le monument est classé , ni l’avis du curé qui a l’exclusivité de l’usage du bâtiment. Cela a soulevé un tollé, toutes opinions et religions confondues, et les deux autorités concernées ont refusé de donner leur accord cette année. Et les organisateurs de se plaindre amèrement des calotins rétrogrades, et de s’interroger gravement : « peut on toucher aux symboles religieux au nom de la liberté de créer »(sic).

Ne croyez pas toutefois que tout soit tranquille du côté des collectivités de rang supérieur. Notre EPCI, plus grande communauté de communes de France avec environ 135 communes intégrées, lève, contre toutes promesses, une « taxe de transport » qui fait hurler les entreprises, mais est sans risques pour les ordonnateurs qui ne sont pas soumis au suffrage, mais cooptés.

De son côté, le département lance un grand projet d’aménagement de la Rhune. Il faut savoir que les somptueux bénéfices du petit train servent à éponger le déficit chronique des stations de sport d’hiver. A nouveau, les amoureux de la montagne sont mobilisés contre la surfréquentation que cela va induire, et le bétonnage du sommet déjà bien défiguré.

Et c’est ainsi que nous approchons de la trêve estivale pour mieux reprendre les affaires à la rentrée.

Signé : Berriemaile

L’Europe au quotidien

Nous sommes, concernant la construction européenne, passés de l’euphorie au scepticisme. On a vu aux dernières élections italiennes, pays pourtant fondateur du pacte qui nous lie, une formidable montée des partis eurosceptiques. Le départ de la Grande Bretagne bientôt consommé et le sentiment nationaliste exacerbé des pays de l’Europe Centrale sont des symptômes supplémentaires de cette défiance. Le retournement de ces derniers : Pologne, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, longtemps sous le joug communiste et instamment demandeurs de rejoindre le pack européen, est stupéfiant. Leur voisin russe est pourtant candidat au rôle de parrain. Ils y ont goûté et s’il passe à l’acte ce sera une autre chanson. On a vu par le passé que la tyrannie communiste n’était que la suite logique de la politique expansionniste de l’autocratisme russe qui lentement tissait sa toile sur l’Europe Centrale. Que retiennent les peuples des leçons du passé ?

La technostructure européenne est pour beaucoup responsable de ce gâchis. L’ère Barroso puis celle de Juncker s’inscrivent dans la continuité d’une doctrine étroite qui a pour objectif d’imposer partout un libéralisme débridé, effarant pour les populations. Ce n’est pas étonnant de Junker qui vient du Luxembourg longtemps un État prédateur sur le plan financier. Sa nomination fut un symbole en fait… La dérégulation, l’orthodoxie budgétaire, la finaciarisation sont devenues non pas des moyens mais des objectifs en soi. C’est ainsi que, sous l’influence indirecte de la très conservatrice CSU, la Grèce a été mise à genoux et ses habitants ont été contraints, sans discussion, à une cure d’austérité drastique qui s’est traduite par un appauvrissement généralisé. C’est donc ça le but ?

Comme on le sait il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La construction européenne a su résister aux crises politiques majeures et elle a assuré une ère de paix unique dans l’histoire qui s’est accompagnée d’un progrès économique et social en réalité considérable. Prenons, par exemple, la crise Catalane, plus sérieuse qu’il n’y paraît car elle ouvrait une boîte de Pandore dangereuse : aucun dirigeant européen n’est tombé dans le panneau des indépendantistes, montrant ainsi que l’on ne pouvait pas revenir sur l’idée de nation. Nous sommes ainsi désormais très éloignés de la thèse de l’Europe de Régions qui a fait florès il y a quelques années. L’Europe se pose désormais comme une superstructure, un ensemble original dans une construction difficile qui s’inscrit dans une continuité historique.

Comme « Paris ne s’est pas fait en un jour » il ne faut ni désespérer ni renoncer à faire mieux. C’est ce qu’on attend du volontarisme du Président rejoint une nouvelle fois par la chancelière. Mais il s’agit de discours abstraits et sur le terrain on ne voit que les effets contraignants d’une administration lointaine et toute puissante. Il y a des succès pourtant : le programme Erasmus, voilà une réussite concrète qui crée une vraie solidarité de la jeunesse européenne. Mais que sont devenus les projets liés à ce qu’on a appelé la coopération transfrontalière ? N’y a-t-il pas à faire avec nos vis-à-vis Aragonais ou Basques ? Sur les plan des infrastructures à l’évidence… Combien de temps allons-nous souffrir de l’absence de transports collectifs entre Pau et Saragosse ? Combien de temps attendrons-nous un lien ferroviaire nous reliant à l’Espagne ?  Subirons-nous longtemps ce « camino » qui nous mène au tunnel du Somport ? Une route correcte qui conduise à cette infrastructure sous-utilisée et coûteuse -le tunnel- cela devrait être la priorité des priorités  des élus béarnais… De l’autre côté on est déçu du peu de considération des Français… Les montagnes sont donc infranchissables au XXI ème siècle..? N’y a-t-il pas, par ailleurs, des projets environnementaux, culturels, touristiques à entreprendre avec nos voisins ?

Où sont nos bons apôtres qui, la main sur le cœur, prétendent défendre la construction européenne ? C’est au pied du mur qu’on voit le maçon !

Pierre Vidal

La société civile

imgresL’affaire se passe à Louhossoa, en Pays basque, dans la nuit du 16 au 17 décembre 2016. La police nationale française en collaboration avec la police espagnole, interpelle cinq personnes trouvées en possession d’armes et d’explosifs. Ce sont des personnalités estimées dans le coin ; elles expliquent qu’elles ont pris l’initiative de détruire un arsenal appartenant à l’ETA. Tout serait donc beau et noble de leur part, sauf que cela n’est pas aussi simple qu’ils ont pu l’imaginer.

Elles disent appartenir à la « société civile » et avoir obtenu l’aval du bureau directeur de l’ETA le 15 novembre en ces termes : « Nous déléguons à la société civile la responsabilité politique du désarmement (…) Notre objectif est de pouvoir déclarer dans les plus brefs délais que l’ETA n’est plus une organisation armée ». Tout cela est grand et généreux mais leur initiative les fait tomber sous le coup de la loi et leur vaudra par la suite une mise en examen pour «port et détention d’armes et explosifs». Elles auraient pu s’en douter d’autant que dans notre État de droit, la société civile ne bénéficie d’aucun pouvoir particulier et surtout pas celui de se substituer de sa propre initiative aux institutions républicaines.

Gageons que ces cinq honorablement connus de tous pour leur engagement comme artisans de paix, feront l’objet de l’indulgence du tribunal qui sera chargé de les juger. Et ce ne sera que justice. Mais il est permis de s’interroger. N’auraient-ils pas été mieux inspirés en portant à la connaissance des autorités compétentes l’existence de cette cache plutôt que d’intervenir eux-mêmes ? Les autorités étaient-elles au courant de ce dépôt d’armes ? N’ont-ils pas, en se comportant comme ils l’ont fait, contrarié un dispositif de surveillance policière qui avait pour objet d’identifier des membres de l’ETA ? Autant de questions qui n’ont pas de réponse. Cependant il est possible de tirer de cette aventure la morale suivante : « Ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon. Mais le principal est de l’appliquer bien. » (Descartes « Le discours de la méthode »). Autrement dit les meilleures dispositions d’esprit, les bonnes intentions peuvent conduire aux pires résultats. La volonté de bien faire ou de faire le bien aboutit parfois au contraire du résultat espéré.

Voilà donc pour le premier volet de cette histoire. Mais elle connaît un prolongement cocasse dès lors que les politiques s’en mêlent : d’un côté le ministre de l’intérieur pas encore affranchi de ces subtilités, affirme qu’un coup décisif a été porté à l’ETA. Puis des élus se permettent d’avoir des exigences vis à vis de la justice. Au premier rang de ceux-ci l’inénarrable et incontournable Jean Lassalle qui dénonce les machiavéliques dérives autoritaires de l’État français : « Je demande sa libération immédiate (de Txetx) et la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les motivations de ce coup de filet ». Ben voyons, n’oublions pas que ce brave député puise une partie de son électorat dans le pays basque et qu’il a entamé tout à la fois une campagne pour la présidentielle et pour le renouvellement de son mandat à l’assemblée nationale. Quant à considérer que la justice doit s’expliquer devant une commission parlementaire, on croit rêver. Suffirait-il pour cela du claquement de doigts d’un élu ? Il y a d’autres élus qui ont pris position en particulier la sénatrice Frédérique Espagnac qui demande à ce que les cinq personnes soient libérées. Ça y est, les sénateurs donnent des ordres à la justice. On relève également que certains de ces élus sont à la tête d’une manifestation qui a rassemblé 2000 personnes. La justice est mise en accusation et son indépendance devient insupportable.

Enfin, sans doute parce qu’ils devaient avoir le dernier mot, le 23 décembre, 600 élus ont remis à la représentante de l’État une lettre demandant au gouvernement de « s’impliquer dans le processus de désarmement de l’arsenal de l’ETA afin que la société civile ne soit plus dans l’obligation d’intercéder comme elle y a été contrainte à Louhossoa ». Mais c’est qui au juste cette société civile qui se sent ainsi obligée et contrainte ?

Ah quand les politiques s’en mêlent tout devient plus clair !

Pau, le 26 décembre 2016
par Joël Braud

Pays Basque : pour quoi faire ?

bearn_pays_basque_1200_696_70   L’organisation territoriale française est le résultat d’un empilement de décisions plus stupides les unes que les autres, uniquement guidées par la « scupidité » et l’addiction au pouvoir de nos élus.

Pourtant, tout avait bien commencé. Nos ancêtres avaient compris qu’il fallait une logique à l’organisation de la décentralisation. Les communes avaient pris le relais des paroisses, le peuple se déplaçait en sabots, les fonctionnaires de l’État à cheval. C’est fort logiquement que le département avait été dimensionné à partir de la distance que pouvait parcourir le préfet en une journée de cheval…

Depuis, train, automobile, portable, ont modifié le fonctionnement des citoyens, pas celui de nos Maires qui restent arc-boutés chacun sur SA paroisse, inventant les histoires les plus démagogiques pour convaincre le peuple que rien n’a changé et que les limites de son petit royaume sont optimales. Il n’en est rien bien sûr, et le bassin de vie qui correspondait au village s’est agrandi. Tout le monde s’en est rendu compte en Europe, depuis plus de 40 ans. Pas nos Maires, pourquoi ?

Evidemment nos vrais hommes politiques l’ont compris, mais que faire pour lutter contre ces petits maires et leurs obligés, sénateurs et députés ou contre tous les encartés qui cherchent désespérément un emploi d’élu ?

Ce fut, dans la logique bien française, la création de l’intercommunalité, plus vaste, censée correspondre au bassin de vie, sous tendue par la logique indiscutable de la fiscalité. Un regroupement où tous partagent un intérêt commun, s’appuyant sur une fiscalité « plus homogène ». La vision du législateur, était de faire des économies d’échelle par transfert des compétences à l’intercommunalité en mutualisant les moyens, par le volontariat, rien que de très commun dans la vraie vie… Avec bien sûr l’espoir de rendre les communes inutiles puisque dépouillées à terme de toute compétence.

On connaît le fiasco de cette démarche, la Cour des Comptes a eu l’occasion d’en montrer tous les méfaits à de nombreuses reprises :

– des limites construites par copinage entre Maires et non pas basées sur la logique des bassins de vie (Pau en est l’exemple caricatural…)

– aucune économie d’échelle, pire une inflation incroyable des dépenses de fonctionnement, les communes continuant à embaucher et les inter communautés aussi : bref une honte.

– la volonté des Maires de transférer, sans vraiment transférer, puisque la stupide compétence générale permettait à tous de tout faire !

– …etc.

Puis vint la grande confusion de ces dernières années où le pouvoir de droite puis de gauche ont montré à quel point nos politiciens sont incapables d’organiser la décentralisation :

– tentative de suppression du département avortée suite à la mobilisation de la horde de Conseillers Généraux

– re découpage des régions pour … au fait pour quoi ? On se le demande puisque tous les élus ont été conservés, que les régions ont annoncé que chacun resterait un peu sur son territoire précédent et qu’il n’y aurait pas d’économies …

– remise en (dés)ordre des intercommunalités et EPCI . C’est là où nous en sommes, et là où notre région bat tous les records…

Ainsi donc l’Etat a demandé aux élus de découper à nouveau nos intercommunalités. Et c’est là que commence l’invraisemblable naissance du « monstre » Basque.

Nos Maires avaient bien compris que pour maintenir leur pouvoir il fallait absolument que le contour de l’intercommunalité, censée remplacer les communes à terme, n’ait ni tête ni queue et soit la plus vaste possible, au delà du bassin de vie, devenant ainsi ingérable. C’est ainsi que Davis Habib avait commencé à élargir son territoire, ou que JP Mimiague avait construit une intercommunalité où, par on ne sait quel miracle, Serres Castet et Montardon étaient dans le bassin de vie de Garlin ou Lembeye …

Mais encore plus fort, certains Basques virent là l’occasion unique de créer une entité régionale légale tout en entérinant la pérennité des communes actuelles … Ce qui est incroyable c’est que cette démarche totalement illogique ait été soutenue par la préfecture ! Et c’est maintenant fait puisque 80 communes ont approuvé cet EPCI. Les Basques battraient donc Paris et le Grand Paris qui regroupe 124 communes, mais là il existe de vraies raisons à un tel regroupement !

Bien évidemment au Pays Basque aujourd’hui il existe au minimum trois bassins de vie correspondant d’ailleurs peu ou prou aux 3 provinces historiques. Que peuvent mettre en commun les habitants de Tardets et ceux de Bayonne ? Rien. Les préoccupations d’Hendaye sont elles celles de Saint-Jean-Pied-de-Port ? Non bien sûr, nous sommes dans des bassins de vie complètement différents. Se pose alors la question de fond pour cette intercommunalité qui rassemble 10 anciennes intercommunalités, 158 communes :

UNE INTERCOMMUNAUTE DE 158 COMMUNES POUR QUOI FAIRE ?

Et là, ne cherchez pas, aucun de ces politiciens vous dira dans quel but, pour quelle optimisation, et surtout pour quels gains ! Pas un mot crédible sur l’intérêt d’une intercommunalité de 158 communes, d’ailleurs ingérable.

Cela commencera d’ailleurs par des choses amusantes, combien d’élus pour cette assemblée ? Si tout le monde veut être représenté et que les grosses communes pèsent plus ce sera plusieurs centaines, ce serait 232 … Bonjour les débats, non, les dégâts ! Car un certain nombre de poids lourds sont opposés à cette démarche (Biarritz, Anglet, Bidart, Boucau ) et toutes les communes ne se sont pas prononcées.

« La loi NOTRe prévoit de nouveaux transferts des communes membres vers les communautés de communes et les communautés d’agglomération :

– compétences en matière de développement économique ;

– promotion du tourisme (art. L5214-16 et L5216-5 CGCT) et création d’offices du tourisme, à partir de 2017. Deux exceptions permettent toutefois de conserver des offices de tourisme communaux : dans les communes « stations classées de tourisme » et sur les sites disposant d’une « marque territoriale protégée », notion introduite par la loi NOTRe dans le code du tourisme et qui sera définie par décret ;

– aménagement, entretien et gestion des aires d’accueil des gens du voyage, à partir de 2017 pour les communautés de communes (art. L5214-16 CGCT) et pour les communautés d’agglomération (art. L5216-5) ;

– gestion des milieux aquatiques et prévention contre les inondations (GEMAPI) à compter du 1er janvier 2018 ;

– eau et assainissement, collecte et traitement des déchets ménagers, en 2020.

 En matière d’urbanisme, les communautés de communes et les communautés d’agglomération vont se voir transférer la compétence d’élaboration des PLU (plans locaux d’urbanisme) sauf en cas d’existence d’une minorité de blocage qui est maintenue telle que prévue par la loi ALUR (au moins 25% des communes correspondant à 20 % de la population). Par ailleurs, dans les domaines se rapportant aux pouvoirs de police « spéciale » transférés, le président d’un EPCI à fiscalité propre se substitue dans tous les actes du maire, à la date du transfert.  » (vie-publique.fr)

Peut on imaginer un PLU intercommunal de 158 communes ? Bien évidement non.

Mais le tourisme, oui bien sûr ! Enfin il faudra quand même clarifier car aujourd’hui c’est une compétence des communes (Biarritz mène sa politique touristique), mais aussi du Conseil Général où il est dirigé par un Comité Départemental de 15 membres (Max Brisson Président lui même favorable au Pays Basque)

« La Loi NOTRe, dans le cadre des compétences partagées, a conforté les départements comme un des partenaires majeurs d’une politique touristique publique partenariale.

Dans ce cadre, nous nous sommes engagés à prendre en compte les différentes réalités des Pyrénées – Atlantiques, au plus près des acteurs économiques et de nos territoires touristiques. C’est ainsi que deux instances de consultations et de débat ont été mises en place : le Conseil de Destination Béarn Pyrénées et le Conseil de Destination Pays basque ». (Site du Conseil Départemental)

Faudrait savoir ! Quel bazar !

Et le développement économique ?

Ah oui, là c’est pire encore car c’est aussi la compétence des communes, mais le Département ne renonce pas à lâcher cette compétence qui pourtant est avant tout celle des nouvelles Régions ! Nouvelles Régions qui d’ailleurs n’ont guère de pouvoir à côté de l’Etat ou de l’Europe en la matière !

Avec la BCE l’Europe influence la parité de l’euro, fixe des taux nuls, attribue les aides comme la PAC, fixe les règles du marché unique. L’État quant à lui a la haute main sur le coût du travail, la fiscalité aux entreprises, les aides. Reste la main-d’œuvre et sa qualification pour laquelle c’est la Région qui est en charge de la formation professionnelle avec l’État et les partenaires sociaux. Et puis avant tout, on l’oublie un peu ce sont les entrepreneurs qui font le développement économique. On le voit le rôle de nos politiciens locaux est plus que marginal, alors qu’ils s’en gargarisent comme s’ils avaient une influence quelconque dans ce domaine.

Vous avez compris, si nos politiciens qui n’ont jamais travaillé dirigeaient des entreprises elles auraient toutes fait faillite !

Ce qui est étonnant c’est que la CCI locale supporte la démarche…on y verrait un geste désespéré pour ne pas disparaître alors que l’État souhaite concentrer cette organisation au niveau des Régions…

Evidemment la minorité autonomiste / indépendantiste y voit la concrétisation d’un rêve, et les élus professionnels un nouveau gisement de postes bien rémunérés.

Car ce qui est visé ce n’est pas de modifier et d’optimiser le fonctionnement des communes, mais bien de voir cette intercommunalité s’approprier les compétences du Département et de la Région... voire plus…

 Certains ont déjà des idées, le Maire de Bayonne se verrait bien Président du Pays Basque, JR Etchegaray, ça sonne bien non ? Avec une armée de fonctionnaires, un ministre des affaires étrangères et un parlement Basque pouvant recevoir plusieurs centaines d’élus, là au moins ce serait de la gabegie de haut niveau, bonjour les impôts ! Notre cumulard JJ Lasserre tremble de son côté, car bien entendu il s’oppose à cette démarche qui voit ainsi son Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques atteint d’une tumeur imposante et ses chances de ré élection au sénat réduites à néant. Le Maire de Biarritz est lui aussi contre, pourtant ces trois là faisaient parti historiquement des militants amis de F Bayrou. Le Béarnais quant à lui a lancé le Pays de Béarn, un étage de plus dans le mille feuille français, dont l’intérêt est nul à l’évidence, au milieu de tous ces strates voulant tous tout faire, mais en fait ne faisant pas grand chose…

Mais soyons objectif, les béarnais ne font pas beaucoup mieux que les basques, le préfet n’a pas osé imposer une vraie logique à l’agglomération paloise, Serres-Castet, Montardon ou Buros n’auraient donc rien à voir avec Pau, c’est bien connu…

Pendant ce temps, les Conseillers Départementaux continuent à se déplacer à cheval et sont prêts à tout pour maintenir le département, cet échelon intermédiaire qui aurait dû disparaître avec les maréchaux-ferrants…

On le voit, nos élus locaux sont incapables de proposer des organisations logiques et efficientes, avec des objectifs concrets quantifiés. Mais je crains que ce vocabulaire soit peu usité par nos politiciens de pacotille…

Daniel Sango

Crédit photo : Conseil Départemental des PA

Réorganisation territoriale, ça gronde dans les rangs

imagesA peine le Préfet des Pyrénées Atlantiques avait-il rendu sa copie sur le projet de réorganisation territoriale du département (le 29 septembre 2015) que certains voulant aller plus loin font des contre propositions et que d’autres animés d’un esprit de clocher font valoir leur opposition. La fusion entre les intercommunalités et communautés d’agglomération est loin d’être acquise.

Il n’aura pas fallu que s’écoulent quinze jours pour que les élus de la Vallée d’Ossau affichent leur opposition aux propositions du préfet (La République du 10 octobre 2015). Et là place à la langue de bois, ces propos qui ne signifient rien et que l’on entend si souvent. « Élus pour un mandat de six ans, nous avons un projet de territoire visant à nous permettre de répondre au mieux aux besoins des habitants tant en termes de service à la personne que de développement économique » Ben voyons, y-a-t-il une personne dans la salle qui aurait l’idée saugrenue de dire que ce projet n’est pas bon ? Mais à la vérité ce qui les contrarie ces braves élus c’est qu’ils n’admettent pas que le préfet puisse choisir pour eux. Et si le vrai problème était là : la contestation de l’autorité de l’État.

Quelques jours plus tard, c’est François Bayrou qui vient ajouter son grain de sel, en l’occurrence le grain de sel est plutôt gros (La République du 13 octobre 2015). Il lance son grand projet de Pays de Béarn. Il faut reconnaître qu’ici c’est le préfet qui a commencé. Quelle idée il a eu de ne faire qu’une seule et même communauté du côté basque ? Il fallait s’y attendre, en Béarn où fleurissent pas moins de huit communautés de communes, il y a comme une jalousie. Pourquoi eux et pas nous. Mais comme cela ne peut être seulement argumenté ainsi, François Bayrou fait appel à ses connaissances d’historien : « Pays de Béarn, ce n’est pas juridique ou administratif. C’est l’Histoire. C’est le mot qu’utilisait Gaston Fébus, il y a presque 700 ans quand il disait : Je ne tiens mon Pays de Béarn que de Dieu et de mon épée ». A n’en pas douter, cette référence à Gaston Fébus s’imposait. S’il savait l’ancêtre l’usage que l’on fait de lui. Et dans la foulée, allons-y évoquons Tucoo-Chala et Christian Desplat. Alors de là à imaginer François à la tête de cette nouveauté, « Le Pays de Béarn » qui, comme Gaston, sera investi de droit divin, il n’y a qu’un pas que les plus mal intentionnés franchiront sans hésiter. En résumé, François Bayrou est contre la suppression des départements, contre la modification du découpage des régions et pour l’épaississement du millefeuille. Tout le contraire de ce que souhaite le pouvoir central.

Et ce n’est pas fini, la contestation existe aussi ailleurs, à Mauléon par exemple (La République du 14 octobre 2015). Il y a les partisans d’une intercommunalité unique en pays basque, c’est à dire le regroupement des dix communautés de communes actuelles et ceux qui s’y opposent en choisissant un système fédératif des dix communautés existantes. On ne voit pas très bien où est la différence mais l’important c’est d’avoir une opinion. Ici, il faut l’observer, l’unanimité n’existe pas.

Du côté du Pays de Nay (La République du 15 octobre 2015), 25 maires sur 28 se sont prononcés pour le maintien en l’état du pays de Nay. Autrement dit, laissez-nous tranquilles, on ne veut personne d’autre chez nous et pas les communes d’Ousse-Gabas. Les arguments sont toujours du même niveau, ne nous précipitons pas, nous n’appartenons pas au même bassin de vie (SIC).

Lacq-Orthez se dit intéressé par la proposition de François Bayrou (La République du 20 octobre 2015) qui est considérée comme une fédération d’intercommunalités. Mais la forme de cette nouvelle structure ne semble pas être clairement définie, entre fédération, pôle métropolitain, ou syndicat mixte on hésite. Le président Jacques Cassiau-Haurie y va de son envolée lyrique : « C’est un espace de réflexion qu’il nous faut. L’entité ne sera pas dotée de moyens financiers, mais nous allons mettre sur pied un outil pour fédérer autour de l’image du Béarn ». On verra par la suite mais il y a fort à parier qu’il faudra quand même quelques sous.

Salies-de-Béarn a tenu de son côté à afficher son opposition au projet péfectoral (La République du 20 octobre 2015). Mais quelques voix dissonnantes se font entendre dans les rangs du conseil municipal. Le maire, Claude Serres-Cousinet persiste : « J’ai milité pour les lois de décentralisation pour rapprocher les décisions des habitants. Cette recentralisation pénaliserait les communes rurales. On passe à côté de l’histoire. Le préfet nous demande notre avis, il serait dommage de ne pas profiter de cette occasion ». C’est beau comme de l’antique, et toujours cet argument dont personne ne connait la réelle signification : la proximité.

Il fallait s’y attendre les élus sont divisés et pour la plupart freinent des quatre fers. Il y a même ceux qui, pour embrouiller les pistes et le débat, ajoutent une complication, une strate supplémentaire.

Personne ne sait, Monsieur le Préfet, si vous avez une obligation de moyens ou de résultats. En tout cas bon courage !

Pau, le 22 octobre 2015
par Joël Braud

Qui se souvient de l’été 1939 ?

SAM_3611 Agé de six ans j’ai passé l’été 1939 à SARE au pays Basque.

L’été 39 ce n’est pas la début de ma vie, mais c’est le début de mon histoire car à partir de là je peux raconter ma vie (avant c’est une sorte de préhistoire très vague et brumeuse). Maintenant, bien plus âgé (vous pouvez calculer !) je décide de revoir Sare et même, la villa GALARRETA, où se sont passées ces vacances.

– Vous habitez PAU depuis des dizaines d’années, pourquoi si tard ?

– Cher Monsieur, la Mémoire a ses raisons que la Raison ne connaît pas !

Avril 2015, il me faut, de toute urgence, retrouver la villa Galarreta de Sare.

Je commence par interroger Google, il connaît Sare, mais ignore la villa G., ce n’est pas grave, on verra bien sur place. Google m’indique plusieurs hôtels, je choisi le PIKASSARIA ** et réserve par téléphone. Je fais venir Google Earth et pousse le grossissement jusqu’à voir les toits des maisons de Sare cela ne permet évidemment pas de retrouver une maison particulière.

Mon épouse et moi partons un matin, la carte Michelin 342 dans la voiture. Nous nous arrêtons à Peyrehorade, le restaurant-hôtel « le Central » nous offre des asperges délicieuses, « du Mozart ! » au son de la musique de ce compositeur. Là nous décidons de passer par l’intérieur plutôt que par St Jean-de-Luz. Nous passons Bidache, La Bastide-Clairence (par ici une bastide est un village, en Provence c’est une grosse maison), Hasparren, Cambo-les-Bains, Espelette, St Pée-sur-Nivelle, Sare ouf !

A quatre heures, nous sommes à Sare je comptais demander à la Mairie ou à l’office du tourisme, avant nous nous arrêtons au café «Trinquet Pleka » pour une bonne bière d’un côté, un café-noisette de l’autre. « Est-ce que, par hasard, vous connaissez la villa Galarreta ? Demandais-je. « Mais oui, sortons sur la terrasse, je vais vous la montrer ». Il m’indique une colline à l’Ouest « vous voyez, là, entre les branches du platane, il y a un groupe de trois maisons, c’est celle qui est la plus haute ».

Nous avons exploré la quasi totalité des maisons de ce versant de collines, vers 5 heures nous arrivons devant une entrée où le nom : Villa Galarreta est écrit. La voiture entre humblement sur le gravier et s’arrête de sorte que les deux voitures déjà là puissent sortir et qu’une nouvelle voiture, éventuelle, ne soit pas gênée.  Je sonne,une dame nous ouvre, «Voilà, Madame, nous ne voudrions pas vous déranger ……Il se trouve que je me souviens de la villa Galarreta, car j’y ai passé les vacances de l’été 1939.  A cette époque mes parents avaient décidé de passer les vacances avec le ménage de mon oncle et c’était ici, j’aimerais bien voir le devant de cette maison car je me souviens encore du rond de pierres qui est devant ».

La dame nous fait faire le tour, on passe devant une chapelle*, on arrive devant la véritable face de la maison, c’est une façade basque, aussi basque que possible, la grosse maison basque (au pays basque toutes les maisons sont très grosses, ils doivent y vivre à plusieurs générations). Je retrouve le rond de pierre qu’il y avait au centre, à l’époque un massif de plantes. Le rond de pierre est deux fois plus petit que dans mon souvenir, normal, la position de mes yeux est deux fois plus haute. Je demande la permission de photographier, accordée, mais mon épouse, préposée aux photos (et au téléphone portable), a oublié l’appareil (damned !). Permission nous est accordée de revenir le lendemain  pour la photo. Nous prenons congé.

Retour à la place centrale de Sare en face du fronton traditionnel pour la pelote basque. Plus tard dans l’après-midi, sur la place nous retrouvons par hasard la Dame.

« J’ai omis de vous dire mon nom, tout à l’heure, je m’en excuse » – »J’aurais pu d’ailleurs vous le demander !».- « Tenez, voici ma carte de visite» – « mais nous avons deux noms qui se ressemblent : je m’appelle : de Lasteyrie ». Elle nous confirme que nous pouvons repasser demain pour prendre des photos. «Est-ce-que onze heures vous conviennent ? »

Pour dîner nous choisissons de revenir au café-restaurant qui nous avait indiqué l’objet de mon désir. Je dîne d’une pipérade.  Je remarque la tête de nègre corse qui se trouvait aussi dans le café sur la Place centrale (quel rapport entre la Corse et le pays basque ?).

Le lendemain à onze heures moins cinq la voiture est sur le chemin avant l’entrée ! A l’heure pile nous sonnons, avant qu’on ouvre nous remarquons un Monsieur qui pousse une brouette. Madame de Lasteyrie nous ouvre, on cause, je lui dis que je me souviens d’avoir vu mes parents dans un lit à colonnes SAM_3596torsadées. Mais oui, il y avait deux lits à colonnes mais il n’en reste plus qu’un je vais vous le montrer. Le lit et la pièce sont deux fois plus petits que dans mon souvenir mais c’est bien eux. Elle nous fait visiter toutes les pièces de la maison, et elles sont nombreuses, avant de nous faire asseoir dans la salle à manger. A ce moment Monsieur de Lasteyrie entre et se joint à nous. Il nous offre l’apéritif et la conversation, alerte, s’installe, les dames partent un moment pour les photos, les messieurs refont le monde. Deux choses remarquables émergent : le mur-tronic et le Général de Gaulle.

La villa Galarreta ; souffrait de murs très humides. Ils ont fait venir des techniciens qui ont installé un dispositif mystérieux appelé MUR-TRONIC. C’est la première fois que j’en entends parler, comme je sais que la molécule d’eau est un nano-aimant, je peux vaguement imaginer que sa remontée par capillarité puisse être liée à un champs électromagnétique périodique. Ce champ est reçu par un dispositif génial qui renvoie un champ identique en opposition de phase. Les deux champs s’annulent et l’eau cesse de monter. Le dispositif est contenu dans un boîtier de l’ordre de 30 cm et ne reçoit aucun apport d’énergie. Le résultat est là, la villa Galarreta est bien sèche.

Et maintenant, le Général de Gaulle. Il a dîné à la villa dans une circonstance tout-à-fait intéressante. Voici l’histoire (on pourrait mettre un H), après la défaite de 1940,

Une personnalité, appelons la XX, a tenté d’ouvrir un second front, non en Angleterre mais en Afrique du Nord, voir en Afrique noire. XX et le Général ne se sont pas entendus durant la guerre. Comme «le temps est un grand maître» au cours de l’année 1954, à peu près, quelqu’un a organisé une rencontre entre ces deux hommes, où ça ?

À la villa Galarreta !

Tout le village s’est mis en quatre pour offrir un dîner somptueux dans la salle-à- manger où nous sommes en train de prendre l’apéritif !

Le Général de Gaulle aurait-il couché dans le lit à colonnes où mes parents ont dormis durant l’été 39 et où je les ai vus un matin, très satisfaits l’un de l’autre ?

Ce souvenir me permet d’introduire le flash-back suivant :

« Mes parents habitent Alger avec leurs trois enfants et la grand-mère (mémé).

Ils ont convenus avec  tonton M. et tante Z. de passer l’été 39 au pays basque. Mes cousines : A., C. et V. ainsi que mon cousin A. sont plus grands que moi, (pourtant aîné de mes deux frères P. et Y.). Donc pendant quelque temps je passe du statut (lourd) d’aîné à celui (rafraîchissant) de petit cousin.

Les deux familles se sont réunis à Bordeaux, ou à côté. C’est là qu’on m’offre ma première lampe électrique, que je goûte au chocolat blanc et à une portion de miel brut, avec la cire qui craque. Mon cousin  A. s’est blessé au genou,  vigoureusement soigné sur le lavabo il crie  très fort.

Je suis très impressionné.

Une partie de la famille prend le train pour rejoindre le fameux pays basque. Je suis dans un compartiment avec mémé, les pins défilent, on m’explique la saignée des pins pour la résine et une dame du compartiment offre à mémé une de ces grosses pommes de pin qui ont des pignons.

Installation dans la villa Galarreta où parfois je récolte avec A. des plumeaux pas encore sortis de leur gaine verte, donc bien brillants, et nous les mettons dans des boites en cartons,  nous nous disons: « on dirait que se sont des queux de renards argentés » .

Un jour nous allons cueillir des feuilles de noyer, c’est bon de les mettre sous le matelas contre l’humidité. Nous courons dans la descente et mes deux cousines me tiennent par la main, je soulève mes genoux, je ne touche plus terre, les cousines crient « youpi ! ».

Un autre jour nous rendons visite à une ferme où une truie a donné des petits. Je fais un dessin de six petits cochons tétant leur mère.

Et puis on va visiter Hendaye, je vois pour la première fois des TAMARIS, on m’offre un JOKARI (une boite en bois, une balle attachée à une ficelle élastique). La mer et la montagne, venant de derrière les montagnes espagnoles j’entends le son sourd du canon. Tonton M., officier, me dit «Il y a la guerre civile en Espagne **».

La guerre, en effet, Hitler …….

Avant l’été 39, papa, qui avait fait son service militaire dans les transmissions, avait installé sur la terrasse de l’immeuble, à Alger, une antenne capable de capter la station d’émission allemande de BADEN-BADEN, et j’ai entendu avec lui les vociférations de Hitler, je n’entends pas l’allemand, ça ne m’empêche pas de comprendre que ça va aller très mal. J’entends mes parents parler du « fureur » et même mémé dire : « ah !,ah !, le fourreur des dames ».

Le mois de Juillet avance et tonton M. doit rejoindre son corps d’armée***. Il y a une scène d’adieux devant la villa Galarreta. Les deux familles ne vont pas tarder à se séparer. Mes parents avec leurs trois enfants, mais sans mémé, rentrent à Alger par Port-Vendres. Il y a une foule très dense sur le bateau, sans doute, toutes les cabines sont déjà pleines car c’est un exploit pour mon père de trouver une chaise longue pour ma mère, je le vois  la brandissant au dessus de la tête des gens.

C’est ma dernière vision de l’été 39

Avril 2015, le temps est beau et doux à Sare. Nous avons acheté un très beau livre (60 Euro) sur les maisons de Sare, la villa Galarreta y est bien sûr décrite. Nous décidons de rester une nuit de plus au Pikassaria. Nous allons faire un tour en voiture vers Vera. Nous visitons la grande église avec ses balcons de bois et sa voûte remarquable  Nous observons un troupeau de moutons s’échappant de leur près en sautant sur le mur d’enclos de presque 1 mètre, le mouton basque doit être mâtiné de chèvre !  Le paysage vu de Sare, autant que l’on se tourne c’est collines, puis montagne, c’est un petit monde à lui tous seul. C’est un lieu apprécié par beaucoup de randonneurs français et étrangers.

Un chemin de pierres a ses pierres tassées verticalement, cela me rappelle, que j’avais dit à mon père «on devrait mettre les pierres à plat, on aurait besoin de moins de pierres » « arrête avec tes souvenirs » dit D.

 

SAM_3603 - Copie

 

 PAU, le 12 Avril 2015

 Jean-François de Lagausie

 

 

 

* Le petit oratoire dédié à Saint Eloi, Galarretako Kapera, s’appuie sur le mur de la propriété, contre les lauzes du chemin – dans « Maisons de Sare », Editions KOEGUI.

**  Avril 1939  entrée de Franco à Madrid.

***  Septembre 1939  la France déclare la guerre à l’Allemagne

 

 

 

La Soule ultime province béarnaise ?

 timthumb.phpEn ces temps de rassemblement monsieur Pyc fait dans la provocation.
Peut-être pour attirer 5.000.000 de lecteurs sur un sujet terriblement périphérique qui ne parle même  pas de la piétonnisation du boulevard des Pyrénées ou de la montée au firmament  de l’archange de Bordères.
Non pas, évidemment, pour se désolidariser des terribles événements qui frappent le pays mais, seulement, pour égratigner nos amis basques.
Cela en s’intéressant à la province de Soule dont la morphologie et surtout l’architecture sont très peu différentes de celle du Béarn comme une excroissance du susdit Béarn, voire un quartier haut-béarnais au large de Saint-Pée.

 De quoi parle-t-on ?

De la plus petite des 7 provinces du Pays basque : environ 16 000 habitants soit nettement moins que le grand Oloron qui dépasse, allègrement, les 20 000 habitants… même sans compter le chat de PYC.

De la plus identitaire des provinces basques françaises avec une langue une variété, (une variation) ? euskarienne qui lui est propre. Ce qui n’est pas anodin dans un pays qui se définit par sa langue (Euskal Herria ).

Un Pays basque aux toits couverts exclusivement d’ardoises sauf le magnifique château d’Andurain couvert de bardeaux de châtaigniers. Le dit château fut édifié par Arnaud de Maÿtie, nommé évêque d’Oloron par Henri IV en 1598 avec pour mission de rétablir le culte catholique dans un diocèse à majorité protestante.

Un pays qui, historiquement et administrativement, est tourné sur Oloron et dont la sous-préfecture béarnaise est, sinon la véritable  capitale économique, du moins la pourvoyeuse d’emplois et de débouchés notamment pour ses artisans, sans parler, en matière de rugby, des transferts voire des transfuges entre le FCO et le SAM.

De plus la maternité d’Oloron qui, à la différence de celle d’Orthez, a su se préserver  voit naître les petits Mauléonais. C’est ainsi qu’Aurore Martin, la nouvelle Dolores Ibârruri, au patronyme terriblement franchouillard, la pasionaria du Pays basque nord, est née à Oloron un beau jour de 1979.

Le chemin secret qui unit les deux capitales :

Pour cela comme pour rejoindre Oloron à Lasseube et aller visiter notre ami  Pierre Bourdieu nous allons enfourcher, une fois encore, notre vélo notre beau Vitus argenté emperlé d’or et d’azur. Avec cette différence que c’est un itinéraire 1.000 fois emprunté  dont nous connaissons chaque recoin, chaque nid de poule,  chaque traîtrise souvent  augmentée par la force du rêve entraînée par l’effort et l’improbable beauté de certains recoins. De plus, la distraction dont PYC est parfois victime notamment quand il s’agit de trouver un sujet susceptible d’amuser tous ces grands intellectuels palois  qui écrivent sur  Altpy.

Pour cela nous allons passer par  la route la plus secrète, la moins évidente, celle qui emprunte, et ce n’est pas son moindre intérêt, la frontière mouvante et subtile qui court entre Basques et Béarnais où, d’une ferme à l’autre, on ne parle (on ne parlait ?) pas la même langue.

Depuis la ferme Rousseu et à l’arrivée à Esquiule au premier fronton on évite le cœur du village et on monte légèrement vers Chabalgoity puis Narbérburu sans forcément rentrer par Barcus qu’on peut laisser sur main droite. Puis  passer, sur le tout petit plateau,  le petit col, court mais casse-pattes, qui plonge vers Montory  sans même regarder le menu du restaurant CHILO (la meilleur table de l’endroit, du grand Béarn ?). Surtout en délaissant ce magnifique et prospère village très identitaire et très passionné. Une vraie merveille rurale dans ce vallon perdu où s’élaborent, aujourd’hui encore, les pastorales chantées en Souletin.

Et puis là, redescendu sur la nationale jusqu’à Mauléon sur le plus grand plateau et le plus petit pignon,  se croire coureur du Tour de France notamment en passant à Sauguis Saint-Étienne la patrie de Marcel Queheille même si le vélo est beaucoup plus plein de coureurs prestigieux  béarnais que de coureurs basques (1) (en oubliant évidemment le roi Miguel familiers de ces routes)  comme on peut le vérifier dans l’exposition permanente à la sortie d’Arette en montant vers Issor. Un autre itinéraire pour rejoindre Oloron à Mauléon en passant devant les châteaux d’Aramits et de Porthos… et dans les deux cas passer par Trois-Villes, Iruri en basque, et son château renaissance.

Mais là,  poussé par l’élan, la ferveur  et le vent favorable, on est déjà entré dans Mauléon, Maule-Lextarre   en Souletin, dont on perçoit ici la perméabilité aux racines gasconnes.

(1) Évidemment notre propos fait l’impasse sur le Pays basque sud ultime patrie du cyclisme ibérique.

Oloron, Mauléon, deux villes sœurs complémentaires et dissemblables :

Les dissemblances.

La taille sinon le caractère urbain et administratif ; un rapport de 1 à 4 en faveur d’Oloron. Mais les deux villes  font partie du même arrondissement et de la même circonscription celle de Jean Lassalle le plus célèbre des chanteurs pyrénéens.

La richesse économique.

A Mauléon l’industrie historique, pas totalement anéantie, ce sont les espadrilles version semelles de corde et toiles cousues : un positionnement moyennement porteur et forcément très concurrencé par la production asiatique. Oloron c’est la ville qui fonctionne le mieux au plan économique sur tout le 64 avec le taux de chômage le plus faible notamment, et surtout, grâce à deux locomotives industrielles de première importance que sont les usines Messier (aéronautique de pointe) et les usines Lindt, leader très avancé dans le chocolat de moyen et de haut de gamme, plus de 800 emplois dans les deux cas sans compter la sous-traitance.

Bien sûr la culture basquaise voire abertzale dans un cas et béarnaise dans l’autre mais dans les deux cas de manière ouverte et assez modérée. Peut-être parce que, dans les deux cas, il s’agit de villes périphériques dont les rapports à la culture gasconne n’est jamais absente.

Les ressemblances et les complémentarités.

Deux villes ouvrières penchant nettement vers la gauche avec même une présence relativement forte du parti communiste, principalement à Mauléon, une rareté dans l’Aquitaine plutôt radicale et modérée.
Une présence ibérique, espagnole et portugaise, j’allais dire une communauté espagnole et portugaise importante. Mais le terme est impropre dans la mesure où il y a amalgame complet avec le reste de la population. A Oloron l’identité est au moins aussi influencée par l’Espagne que par mes vallées béarnaises. La spécialisation, historique et actuelle, dans le textile et les emplois induits, nombreux et assez peu rémunérés, n’est pas étrangère à cet état de fait.

 La morphologie urbaine.

Comme beaucoup d’autres villes, singulièrement celles du piémont pyrénéen, les villes sont construites et tournées vers le fleuve à savoir les gaves d’Ossau et d’Aspe réunis en le gave d’Oloron, d’une part, le Saison, de l’autre, la morphologie urbaine est très dissemblable.

Mauléon est une ville très classique  pourvue de deux chanteaux exceptionnels un château-fort du 11ème siècle au départ une motte féodale qui prit une importance singulière du fait que la Soule et la Navarre furent anglaises en tout cas sur la frontière entre les mondes français et anglais ; le château de Maytie sus évoquée une pure merveille de la renaissance qui est resté jusqu’à aujourd’hui dans la  famille Andurain.

Pas de château à Oloron seule de nombreuses maisons de maîtres. Mais, par contre, une modeste mais belle cathédrale ;  classée partiellement ; au patrimoine de l’humanité.

Mauléon est également dotée d’une vaste place sur laquelle donnent les deux châteaux et la mairie construite par Mansart et de vastes et beaux cafés comme on peut en voir dans le midi languedocien et avec, placés sur le pourtour, des bâtiments de style très classique et au milieu un grand fronton pour jouer à la grande chistera.

Rien de cela à Oloron construit sur des collines et des rues étroites mais avec, donnant sur les deux gaves, de remarquables constructions bardées d’ardoises et surtout des toits d’une infinie complexité. Des toits  qu’on peut le mieux admirer depuis  l’église Sainte-Croix.

Mais le plus remarquable à Oloron c’est le site, tout à fait unique et très romantique, qui fait apparaître la ville comme elle est vraiment c’est à dire surgie des deux gaves avec la très haute montagne pour décor.

Ces deux villes ont donc beaucoup de points communs même si un certain complexe de supériorité du côté basque participe à ériger une vraie frontière culturelle. Une frontière pas forcément plus forte que celle que l’on trouve, une fois franchi le col d’Osquich,  en sortant de Mauléon par Ordiap pour entrer en Basse-Navarre (capitale Saint-Jean-Pied-de-Port). On  se trouve alors dans  un Pays basque de poupée avec ces toits de tuiles canal et ses vastes linteaux dont la seule ressource, au demeurant très bien exploitée, est la manne touristique. Après pour rentrer à Oloron le mieux est de passer par l’Hôpital-Saint-Blaise  et sa charmante église mozarabe, puis dépasser la nationale et rentrer par l’autre côté du gave par Saucède et Lédeuix  ….

PS 1 :

En écrivant ce petit texte PYC est  tombé, par le plus grand des hasards, sur une livre de 1976 « Passeport pour la Corée» aux éditions Marrinpouey à Pau,  de Célestin Coyos.

Cemonsieur (ce monsrigneur ?) Coyos, natif de Mauléon, est un prêtre missionnaire. Il servit en Corée,  notamment pendant la guerre éponyme. Il raconte ses voyages en bateau en passant par les États-Unis, Hawaï et  le Japon pour atteindre le Corée. Avec toujours une référence à la Soule et  à Mauléon où il fit le collège et toujours pour exprimer les distances, une référence aux distances Mauléon-Tardets ou Mauléon-Oloron par exemple, pour quantifier la longueur des rues américaines. Un document extraordinaire  sur les mentalités et les valeurs des années cinquante dans les milieux basquisants, polyglottes,  ultra cultivés et ultra-catholiques. Tout à fait passionnant… Avec des photos en soutane  et cheveux en brosse et des yeux pétillants  de ce singulier personnage entre Tintin et le docteur Schweitzer …

PS2 :

Pour les courageux (ses) qui sont allé(e)s au bout de ce sujet très périphérique et plutôt cycliste… un petit jeu concours : trouver l’identité de la beauté en noir et blanc, native ni d’Oloron ni de Mauléon, qui illustre le sujet.

La récompense, pas n’importe quoi, une bise de Madame PYC...

– par  PYC

Oloron, le 25 / 01/ 2015.

Plaidoyer pour une région au Sud de l’Ouest de la France

OssauAprès un premier commentaire sur le forum d’AltPy, il y a quelques semaines, Romains l’Ossalois réagit à l’article d’Emmanuel Pène, « Aberrations politiciennes en Béarn ». Le cri du cœur, d’un homme jeune, 28 ans… l’analyse plus que pertinente de la situation des pays du piémont pyrénéen. Un appel à la mobilisation citoyenne face à la mollesse et au renoncement de nos élus. A lire impérativement, à lire ci-dessous.

Je suis largement d’accord avec M Pène.
Une nouvelle carte des régions sera donc validée mardi. Les deux grands ensembles qui émergent ne font qu’étirer les actuelles régions d’Aquitaine vers le nord (et sacrément!) et Midi-Pyrénées vers l’est. Vu d’ici, l’analyse est simple: amplification de ce que lesdites régions produisent depuis leur création il y a 30 ans. La coupure en deux et la marginalisation géographique, politique et économique de notre pays.

Notre pays? Certains l’appellent géographiquement Pyrénées, Sud-Ouest, d’autres plus locaux Béarn, Pays Basque, Bigorre, Landes, Armagnac, Comminges… « 3B » (pays Basque-Béarn-Bigorre) pour un ancien député, Pays de l’Adour pour une Université, Pyrénées-Gascogne, Adour-Pyrénées… les noms officieux abondent quand on a disparu des cartes officielles.

Notre pays a pour colonne vertébrale un espace qui échappe largement à l’influence directe de Bordeaux et de Toulouse et qui se caractérise par/

– une fraternité de tous les domaines avec le Pays basque, la Navarre et l’Aragon, que de Toulouse et de Bordeaux on n’abordera jamais que comme un froid partenariat,
– une prégnance de langues et de pratiques qui n’ont pas grand chose à voir avec ce qu’ailleurs on ne sait nommer que folklore,
– un réseau polycentrique de villes petites et moyennes qui n’a pas les mêmes besoins ni le même fonctionnement qu’une métropole nombriliste et hypertrophiée par essence,
– une dynamique et des marqueurs culturels, économiques et identitaires suffisants pour être identifiés et appréciés de l’extérieur par des partenaires de premier plan,
– un point de vue différent sur les grands chantiers et besoins en infrastructures et investissements.

Incapables de s’entendre, les deux sœurs rivales de la Garonne ont élargi leur aire d’influence. Les nouvelles régions seront leurs bras tout musclés de compétences élargies et de recettes renouvelées.

En leur sein, les départements auront un dernier choix à faire, avant que de disparaître ou de végéter: exercer ou non un droit d’option vers une région voisine.
Pourrons-nous alors réunir notre cœur de pays ?

Je ne vois pas Toulouse lâcher le Gers, ni Bordeaux les Landes. Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées tenteront-elles un rapprochement? Qu’elles optent pour Toulouse ou Bordeaux, elles seront en bout de ligne hélas.
Nous aurions pu faire cause commune, plus d’un million d’habitants entre l’Adour et les Pyrénées, proposer une collectivité d’avant garde fusionnant les compétences des régions et des départements, former un pack cohérent mais solide pour peser dans les débats, disposer de la taille critique pour parler à nos voisins, tout en gardant une précieuse proximité, une efficacité au contact du terrain que nous allons perdre définitivement. De vraies économies, quoi.

La politique est-elle si bien captée par les partis nationaux et leurs états-majors contrôlent-ils si bien les choses, que les responsables de mon pays… n’ont rien pu faire?
N’est-ce pas grâce à une culture politique différente que la Corse ou les Outre-mers ont échappé à cette histoire de grandes régions?
Ou est-ce qu’à moins d’être sur une île, aucun projet régional n’est viable sans métropole en son centre?

Pourtant, avec les mêmes partis et des métropoles tout aussi excentrées que Toulouse et Bordeaux le sont pour les Basques et les Gascons, les Bretons ont fait entendre leur voix. Ils arracheront peut-être même Nantes aux Pays de Loire.
D’une taille comparable à la nôtre et dans une position frontalière similaire l’Alsace a failli maintenir son autonomie.
Alors que n’avons-nous réagi quand Poitou et Limousin parvenaient à réorienter complètement Bordeaux vers le Nord? Quand Toulouse et Montpellier parlent de rebaptiser leur région Languedoc, faut-il se réjouir que la Gascogne se réduise à un conseil général du Gers privé de la moitié de ses compétences?

Les débats ont eu lieu au Parlement. Qu’ont fait nos parlementaires? C’est-à-dire les députés et sénateurs PS que nous portons de plus en plus majoritairement à chaque élection? Rien ou presque si l’on compare au PS Breton. Des élus Modem-UDI ou Radicaux de gauche vinrent quelques tentatives: amendements, « sauvetage » des conseils généraux…

Si l’atonie de la société civile fut à la hauteur (si j’ose dire), je ne comprends que l’armada d’élus du parti qui gouverne n’ait rien pu faire. Avons-nous les plus mauvais de France? Voulaient-ils en fait aboutir au résultat actuel?

Noun i endeni arré…

– par Romain, Ossalois, 28 ans.

 

Crédit photo : Bernard Boutin

Le feuilleton du découpage régional

le-difficile-decoupage-regional_1566483Une troisième édition du schéma de réorganisation des régions a vu le jour. Comme on pouvait s’y attendre, elle réjouit les uns et mécontente les autres. Les grandes nouveautés dans cette mouture concoctée par une partie de l’Assemblée nationale sont le passage à 13 régions, avec le regroupement de la Picardie avec le Nord-Pas de Calais, ainsi que le rattachement de la Champagne-Ardenne à l’Alsace-Lorraine et le rattachement du Poitou-Charente et du Limousin à l’Aquitaine.

L’Aquitaine devient ainsi une région très étendue et peuplée. Bordeaux devrait s’en trouver renforcée. La vocation côtière de l’Aquitaine se voit ainsi réaffirmée avec l’intégration de la Charente maritime. Mais le sud aquitain pourrait se sentir quelque peu délaissé. Ce ne sont pas seulement quelques femmes et hommes politiques qui regrettent un rattachement du Béarn à Midi-Pyrénées. Les arguments économiques et culturels développés dans la presse par ces élus restent valables. Ils mériteraient d’être repris.

Il est cependant douteux que les Basques se réjouissent d’être rattachés à Midi-Pyrénées. Dès lors on peut se demander si une scission des Pyrénées atlantiques n’aurait pas un sens. Ce serait dommage pour l’amitié des Basques et des Béarnais et aussi pour les régions intermédiaires. Mais il faut reconnaître que l’Aquitaine a vocation à regrouper toute la façade atlantique sud.

On peut se réjouir que la région Centre-Poitou-Charente-Limousin des précédents découpages ait fondu. Les commentateurs avaient attribué l’étendue de cette région projetée (près de 82000 km², soit le double de la région Aquitaine) au désir de satisfaire Ségolène Royal. On peut se demander si en fait François Hollande ne cherchait pas une position de repli pour lui-même après 2017. En tous cas, faire venir le Centre jusqu’aux portes de La Rochelle était exagéré, d’autant que le nord de la région Centre touchait les confins de l’Île de France. Le dernier découpage est plus équilibré. Cependant, on peut regretter que la Bretagne ne comprenne pas Nantes : historiquement et géographiquement, la Bretagne va jusqu’à Pornic.

Mais la principale question n’est pas dans la délimitation des régions. Plus fondamentale est la question du pourquoi et du comment. Cette course à la taille est-elle justifiée alors que des économistes ont souligné que « Small is beautiful » ? Les exemples de la République Sérénissime (Venise), des Pays bataves (Les Pays-Bas) qui ont été des états florissants semblent prouver le contraire. De nos jours le Luxembourg et la Suisse font preuve d’une belle santé malgré leur petite taille, ou en raison de celle-ci. N’est-il pas frappant qu’avec leur taille, les villes deviennent de moins en moins vivables et leurs habitants de plus en plus stressés ? Par ailleurs, la concentration rend tous les équipements plus coûteux et elle renforce le coût de l’habitat. Enfin, les déplacements de plus grande ampleur feront peut-être monter le PIB ; mais de façon nuisible, et pas de manière utile à notre compétitivité ou à la planète. A l’inverse, le dépérissement d’un maillage serré risque de renforcer les déséquilibres territoriaux.

Un autre problème va rapidement surgir : à quelle ville donner la gouvernance d’une région ? Ne faudra-t-il pas donner des compensations d’une sorte ou d’une autre aux villes déchues de leur rôle de capitale régionale ? Le dédoublement des services préfectoraux entre Bayonne et Pau laisse craindre que les regroupements restent bien théoriques, à moins que soit trouvé un mode de partage des responsabilités qui soit suffisamment habile. Or, force est de reconnaître que la réflexion sur ce point n’a pas été engagée, au moins en direction du grand public. La navette entre le Sénat et l’Assemblée nationale fera-t-elle avancer les choses sur ce plan ?

Jean-Paul Penot

Le débat sur les régions devient une grande comédie

Capture d’écran 2014-07-18 à 15.02.21C’est un piège et on va tomber dedans ! Il est énorme, visible depuis des mois mais rien n’y fait ! Je veux parler du redécoupage des régions. Nous avions dit que ça tournerait à la comédie et ça se confirme.
L’essentiel est ailleurs et il faut le répéter. L’essentiel est le pouvoir que l’on donnera aux régions avec les moyens financiers, budgétaires nécessaires à une vraie régionalisation. Il faut aussi une réforme fiscale approfondie pour donner des ressources fiscales aux régions. (un précédent article explique comment nous voyons les choses, notamment l’organisation institutionnelle qui nous paraît répondre au besoin de représenter les territoires infrarégionaux). Une fois ceci dit et redit comme étant la base on ne peut que commenter le feuilleton du redécoupage. Si l’on voulait dévaloriser la Région on aurait pas pu trouver mieux que ce débat et ces cartes qui se succèdent.

Malades du centralisme

Nous sommes malades du bonapartisme, du centralisme. Il faut y ajouter un refus têtu de prendre en compte l’Europe. Qu’il est pénible d’entendre à longueur de discours qu’il nous faut des régions « fortes » des régions « puissantes ». C’est quoi ce discours ? Que veut dire « régions fortes ? ». Même si vous additionnez nos régions riches vous n’en faites que des régions croupions. Vous pouvez marier les unes avec les autres dans tous les sens ça ne représente rien à l’échelle de l’Europe. Alors oui, le spectacle peut continuer et bientôt le centre, l’État central, avec ses mauvaises habitudes sifflera la fin de la récréation, avec le soutien d’une administration centrale bien rodée à ce genre de sport. Et vous pouvez compter sur les médias parisiens pour folkloriser le débat et pour dire que vraiment ces « provinciaux » sont incorrigibles et qu’il faut les surveiller comme des enfants dans une cour d’école. De toute façon ils n’ont jamais su ce qui était bon pour eux et une fois de plus on va le leur dire !
Bref on en arrive à vouloir marier la carpe et le lapin donc à faire une carte d’Aquitaine qui englobe Poitou-Charentes et Limousin. Chacun dessine sa carte.
Nous ne pouvons que redire une fois de plus que le refus de tenir compte des affinités culturelles et linguistiques est d’une bêtise sans nom. C’est ignorer les territoires et leur culture politique, leur histoire. Et croire que tout cela n’a pas ou plus d’importance est une façon de nier l’histoire. C’est ignorer les comportements politiques, sociaux et culturels qui prennent encore plus d’importance en période de crise.

Tenir compte de l’envie de faire ensemble

Et cela ne signifie pas que l’on ne veut pas de solidarité ou de collaboration avec les autres mais cela signifie que l’on tient compte des affinités qui sont fruit d’un long parcours et qui sont des facteurs de dynamisme, d’envie de faire ensemble. Est-ce condamnable ? Cela ne signifie pas que l’on veut revenir en arrière comme certains le disent mais au contraire que l’on bâtit demain sur des réalités que d’autres veulent nier. Mais qu’ils disent pourquoi ils les nient pour certains et pas pour d’autres ! On ne touche pas à la Corse ? Pourquoi ? On ne veut pas d’une Bretagne avec Nantes dedans ? Pourquoi ? On veut marier l’Auvergne avec Lyon ? On ne veut pas reconnaître des entités qui ont une cohérence culturelle et linguistique ? Pourquoi ?
Parce que l’on a peur que la France éclate ! Mais c’est n’importe quoi !
Nous sommes encore dans le schéma de la méfiance, de l’absence totale de confiance. Et vous croyez que l’on bâtit un vrai contrat républicain avec ça ?
Quant à l’idée qu’il faut marier des riches avec des pauvres pour en faire des riches ça ne tient pas la route. Les régions ne mettront pas en place des frontières avec des barrières douanières et des octrois. Donc la circulation des marchandises, des personnes et des idées sera aussi libre qu’elle l’est aujourd’hui et qu’elle l’est d’ailleurs dans toute l’Europe. Ce ne seront pas des petits États puisque de toute façon nous serons encore bien loin de ce qu’est la réalité des régions d’autres pays européens.
C’est à se demander qui a vraiment envie de cette réforme.
Nous sommes quelques uns à la souhaiter, sincèrement, parce que nous sommes convaincus qu’elle pourrait être libératrice de forces d’innovation. Mais que l’on ne mette pas comme préalable implicite à cette réforme que de toute façon nous sommes incapables de gérer nos affaires sans qu’on nous tienne la main.

Quelle architecture institutionnelle ?

Cela amène à faire des propositions pour une nouvelle architecture institutionnelle. On peut imaginer que la région fonctionne avec deux assemblées afin que tous les territoires soient bien représentés, notamment les territoires ruraux, et afin d’améliorer la démocratie.
Nous souhaitons d’une part une assemblée citoyenne élue dans une circonscription régionale unique, telle que nous la connaissons aujourd’hui, d’autre part une assemblée représentant les territoires (les « pays», les nouvelles intercommunalités) issue, elle aussi, d’un vote de tous les habitants. Le gain démocratique est évident.
Ces deux assemblées, élues à la proportionnelle, seront sur un pied d’égalité et géreront les affaires de la région. Elles éliront un exécutif, distinct du bureau des assemblées, qui constituera gouvernement régional responsable devant les assemblées.
La simplification sera au rendez-vous. L’Aquitaine telle qu’elle est aujourd’hui compte  cinq assemblées départementales et un conseil régional. D’un total de six assemblées, on passerait à deux assemblées seulement, avec un véritable gain démocratique et une compensation intelligente de la perte des conseils départementaux. C’est cette proposition que j’ai exprimée au nom du groupe au Conseil Régional le 12 juin dernier lors d’une plénière consacrée au sujet.

Quelle carte ?

Sur le redécoupage lui-même j’ai déjà eu l’occasion de dire que si l’on étendait la Région Aquitaine jusqu’aux portes de la Vendée c’était inacceptable.
La proposition de se tourner vers Midi-Pyrénées peut s’entendre. On peut aussi imaginer une Aquitaine actuelle avec en plus la Bigorre et le Gers. La collaboration avec Midi-Pyrénées sera de toute façon une évidence. Je pense qu’il faut à ce niveau voir ce qu’en pensent les intéressés.
Quant au reste il semble possible de marier le Limousin avec l’Auvergne. Je fais partie de ceux qui pensent que les régions occitanes ont une cohérence.
Je note aussi que cette réforme est l’occasion de créer une collectivité propre au Pays-Basque et une autre propre à la Catalogne-Nord. La forme est à étudier.
Mais la priorité reste de parler des pouvoirs et des moyens dont disposeront les régions.

– par David Grosclaude
Conseiller régional d’Aquitaine
Président du Partit Occitan
Membre du groupe EELV

le 17 juillet 2014