Selon Brassens, il y a des jours où Cupidon s’en fout. Pour ma part, il m’arrive de ressentir parfois le même abandon. Mon inspiration me délaisse et cette semaine du mois d’août, j’avoue que ma plume a besoin d’être particulièrement tancée pour parvenir à alimenter les colonnes d’Alternatives Pyrénées. Alors j’ai pris mon vélo, pardon ma bicyclette.
Ce qu’il y a de bien avec ce fringant coursier c’est que l’esprit vagabonde et ne se laisse pas distraire par ce qui l’entoure. C’était ce quinze août 2017, et j’avais projeté d’aller sur le boulevard des Pyrénées pour voir ce que la ville nomme « Boulevard en fête ». Cette manifestation que je trouve sympathique à plus d’un titre devait se dérouler entre 15 h 00 et 19 h 30. Oh n’exagérons rien, les artisans d’art qui exposent ne sont pas tous à proprement parler des artistes mais il arrive ici ou là de trouver quelques idées et aussi de s’inspirer pour réaliser des objets comparables. Pas toujours facile !
Alors en avant. Entre mon domicile et le centre-ville, il y a environ cinq kilomètres. C’est plat et, hormis quelques difficultés résultant des travaux et des ronds-points, il faut à peu près vingt minutes pour parcourir ce trajet, sans trop se presser.
Une anecdote : rue Carnot, je suis doublé par une voiture de police. De la police nationale s’il vous plaît ! Lorsqu’elle arrive au feu du carrefour de la rue Pasteur, celui-ci qui ne respecte rien, même pas l’autorité, passe au rouge et la voiture ne s’arrête pas. Pensez-donc, une voiture de police qui grille un feu rouge, ce 15 août vers 15 h 15, c’est un spectacle. Néanmoins je m’efforcerai de ne pas l’imiter, l’exemple ne vient pas toujours « d’en haut ».
Alors je continue, rue Serviez, place Clemenceau, rue Saint-Louis, place Royale et, enfin, le boulevard des Pyrénées. Et là, je vous le donne en mille, il n’y a pas plus d’artisans créateurs et de peintres que de beurre en branche. Imaginez ma déception ! Enfin soyons réalistes. Je suis étonné tout au plus. Pourtant, je n’ai pas rêvé ! Le site officiel de la ville de Pau, le journal Sud Ouest (15/8/2017 – page 16), le journal La République (15/8/2017 – page 31), à l’unisson nous annonçaient : « aujourd’hui, le boulevard en promenade, le long du boulevard des Pyrénées, exposition d’artisans créateurs et de peintres de 15 h à 19 h 30 sur fond musical gratuit ». Donc j’ai parcouru le boulevard jusqu’au parc Beaumont et suis revenu pour prendre un pot dans le centre de la ville. C’était calme, quelques magasins étaient ouverts, mais il n’y avait pas foule. C’est vrai qu’un quinze août…
Avec mon vélo, pardon, ma bicyclette, j’ai décidé de regagner mes pénates. Au fait pourquoi ai-je commencé mon récit en vous parlant de Brassens et de Cupidon ? Ah oui ça y est, c’est à cause de Philippe Delerm et de son livre « La première gorgée de bière » (Gallimard – collection l’Arpenteur). A la fin, il se trouve un chapitre intitulé : « La Bicyclette et le vélo». Après une comparaison bien sentie entre ces deux véhicules, il conclut : « On naît bicyclette ou vélo, c’est presque politique. Mais les vélos doivent renoncer à cette part d’eux mêmes pour aimer – car on n’est amoureux qu’à bicyclette ». Il est ici mon Cupidon !
Pau, le 16 août 2017
Joël Braud