Lettre ouverte aux élu(e)s de la nouvelle Aquitaine et du Béarn

Madame, Monsieur,

Notre Association souhaite, en ce début d’année, faire un point et alerter tous les élus concernés sur l’état du Béarn et parfois, plus généralement, du bassin de l’Adour et du piémont pyrénéen, dans 5 domaines : le fer, la route, l’air, le tourisme et le numérique.

A titre d’information, nous vous adressons ci-dessous, une première lettre consacrée à l’état des liaisons ferroviaires et à un, ou des, futur(s) possible(s) dans ce domaine.

Elle analyse successivement la situation au Nord puis au Sud, enfin dans l’entre deux.

Vous remerciant de votre collaboration dans le cadre de ce sujet.

Cordialement.

Pierre SAUBOT

Président de BAP

Lettre ouverte aux Elu(e)s de la Nouvelle Aquitaine et du Béarn.
M. le Président de la Région Nouvelle Aquitaine
Mesdames et Messieurs les Conseillers Régionaux
M. le Président du Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques
Mesdames et messieurs les Conseillers Départementaux
Messieurs les Présidents des Communautés de Communes et d’Agglomération du Béarn
Mesdames et Messieurs les Maires des Communes du Béarn

Notre Association souhaite, en ce début d’année, faire un point et alerter toutes et tous les élu(e)s concerné(e)s sur l’état du Béarn et parfois, plus généralement, du bassin de l’Adour et du piémont pyrénéen, dans 5 domaines : le fer, la route, l’air, le tourisme et le numérique.
Cette première lettre est consacrée à l’état des liaisons ferroviaires et à un, ou des, futur(s) possible(s) dans ce domaine. Elle analyse successivement la situation au Nord puis au Sud, enfin dans l’entre deux.
1) au Nord
Depuis le 1er juillet 2017, Bordeaux est à 2h02’ de Paris : soit pour une distance de 630km, une vitesse de 310km/h.
Dans le même temps Pau est à 2h17’ de Bordeaux : soit pour une distance de 235km, une vitesse de 103km/h.
L’arithmétique suggère qu’en termes de vitesse un(e) Bordelais(e) vaudrait 3 Palois(es).
Et que signifie l’égalité des Territoires, chère à nos principes républicains ?
D’autant que les GPSO qui prévoyaient la réalisation de lignes à grande vitesse (LGV) à partir de Bordeaux vers Toulouse d’un côté, vers Mont-de-Marsan, Dax et Hendaye de l’autre, sont suspendus voire arrêtés.
Pourtant la mise en service de la LGV entre Tours et Bordeaux a eu une influence positive sur le trafic voyageur en gare de Pau et sans doute dans d’autres gares telles Bayonne, Tarbes et Lourdes. Alors que le nombre de voyageurs en gare de Pau diminuait régulièrement, passant de 1 million en 2011 à 740 000 en 2016, soit une baisse de 26%, en 5 ans, on observe une remontée du trafic (+ 85 000 passagers dans les 3 mois suivant cette mise en service).
Malgré cela, rien à espérer à moyen terme au Nord. Reste sans doute l’espoir du long terme dont on sait ce qu’en pensait John Maynard Keynes.
2) au Sud
Des réalisations, avec la réouverture, le 1er juillet, 2016, de la liaison ferroviaire entre Oloron et Bedous (25km). Et des projets avec la signature, le 1er décembre 2017, d’une convention pour un programme d’études relatif à la réouverture de la liaison entre Bedous et Saragosse par Canfranc dans le cadre du MIE (Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe).
Des sommes non négligeables sont engagées pour des études (7,355M€ côté français pour le tronçon Bedous – Canfranc, long de 33km) ou pour des mises aux normes européennes d’écartement des voies (72M€ côté espagnol pour une partie du tronçon Huesca – Canfranc).
Tout cela avec une perspective de réouverture complète de la liaison Pau – Saragosse, soit 306 km, en 2027 au plus tôt et une dépense estimée a minima entre 250M et 300M€ pour la seule remise en service du tronçon français long de 33km.
3) et entre les deux ?
Le constat est clair : entre les deux, rien, aucun projet à court ou même à moyen terme.
C’est pourtant dans cet entre-deux que se trouve une très importante demande : celle des voyageurs des Landes, du pays Basque, du Béarn et de la Bigorre, qui se chiffrent par millions chaque année.
Où est la logique ? Où est la cohérence de ces choix publics?
4) les demandes et propositions de BAP
Notre Association demande la réactivation des GPSO, en particulier concernant le tracé Bordeaux/ Captieux/Mont-de-Marsan/Dax. Et elle demande une programmation de ces travaux sur une période de 10 ans.
Dans cette perspective elle propose que soit étudiée la possibilité d’une liaison plus courte que celle passant par Dax et Puyoô pour relier les gares de Pau, Lourdes et Tarbes.
Cette proposition consiste à utiliser au mieux l’emprise de lignes existantes mais non exploitées entre Mont-de-Marsan et Saint-Sever (21km) et entre Saint-Sever et Hagetmau (15km) puis à prolonger par une ligne à créer entre Hagetmau et Orthez (30km environ) pour rejoindre le réseau existant.
Une telle solution, en raccourcissant la distance entre Bordeaux et Pau, actuellement de 235km par la voie ferrée, et en mettant à profit la LGV entre Bordeaux et Mont-de-Marsan, pourrait faire gagner 1h00 sur les trajets depuis et vers Bordeaux et mettre Pau à 3h15’ ou 3h20’ de Paris.
On objectera sans doute que la Loi portant réforme ferroviaire du 4 août 2014, interdit à la SNCF de créer de nouvelles lignes tant que la dette de SNCF Réseau ne se réduit pas. Une perspective lointaine en l’état actuel des choses ! Et une interdiction surprenante infligée à un Etablissement Public Industriel et Commercial dont la vocation est d’investir à long terme d’autant que les taux d’intérêt extrêmement bas actuellement sont précisément très favorables à ce type d’investissement.
A cela nous répondons qu’il s’agit d’un choix politique, que l’Allemagne a fait le choix inverse d’alléger la dette de son entité portant les infrastructures ferroviaires, et que tout choix politique peut être remis en cause.
Nous appelons toutes et tous nos élu(e)s à se mobiliser au nom de l’égalité des Territoires et de la défense de l’intérêt public et à intervenir, ensemble et unis, auprès du Comité d’Orientation des Infrastructures, pour que soit :
– activée et programmée la réalisation du GPSO sur le tracé Bordeaux/Captieux/Mont-de-Marsan/Dax,
– étudiée la faisabilité d’une liaison plus courte vers le Béarn et la Bigorre utilisant les emprises existantes entre Mont-de-Marsan et Hagetmau puis prolongée jusqu’à Orthez pour se raccorder au réseau actuel.
Il y a urgence !

Pierre SAUBOT, Président.

Association BEARN ADOUR PYRENEES – CCI Pau Béarn – 21 rue Louis Barthou – BP 128 – 64001 PAU Cedex
Tel : 05 59 82 56 40 – Email : bap@pau.cci.fr – Site : http://www.bap-europe.com Facebook : http://www.facebook.com/bap.europe

Journée Nationale de l’Ingénieur : la feuille blanche de François BAYROU

Logo JNI 2015-RVB HDLa JNI, tenue à l’EISTI le jeudi 2 avril, a été l’occasion d’entendre François BAYROU s’exprimer sur le métier d’ingénieur.

Pressé par un conseil communautaire, le maire de Pau avait tenu à passer pour ouvrir la JNI. D’entrée, François BAYROU a rappelé que, quand il était ministre de l’Éducation Nationale, il avait aussi en charge la recherche, territoire d’excellence technique et scientifique.

S’affirmant comme un fervent défenseur des écoles d’ingénieurs et de cette spécificité française qu’est l’ingénieur qui n’a pas d’équivalent à l’étranger. En bon lettré, il revient sur l’étymologie du mot ingénieur et rappelle le « génie » qui en fait partie et l’origine romaine « ingenium » qui veut dire talent.

A ce stade, l’auditeur pouvait se dire que tout cela était bien conventionnel. Arrive alors une critique de l’Education Nationale, qui laisse « trop de place à la reproduction et pas assez à la création ».

Et l’écrivain qu’est François BAYROU parle alors de sa pratique de la création. N’écrit-il pas des livres ? Sa méthode : pas de plan défini, ni arrêté d’avance mais bien une page blanche. Reste alors à avoir confiance et « se lâcher comme un funambule sur le fil ».

L’écrivain et l’inventeur ont cela en commun : ceux ne sont pas des gens qui reproduisent. Reste « à faire confiance en la source mystérieuse à l’intérieur de nous » et d’interpeller plus précisément les jeunes étudiants-ingénieurs présents : « Faites-vous confiance ! »  en les incitant à innover et de finir, en leur rappelant ce rôle précieux qu’ils ont dans la société.

François BAYROU quitte alors la JNI laissant la place à une table ronde sur « les interactions entre ingénieurs, scientifiques et décideurs publics afin de favoriser la compétitivité des industriels ». Une table-ronde, avec la participation de Jérôme PORFIRIO, Directeur du Pôle de Compétitivité AVENIA,  Christophe DERAIL, Vice-Président délégué à la valorisation et au transfert de technologie de l’UPPA et Youssef ERRAMI, professeur à l’ESC Pau, qui permit de découvrir comment ces interactions se développent notamment entre les laboratoires de UPPA et les industriels ou dans le cadre du Pôle de Compétitivité.

Les intervenants se retrouvent sur des mots clefs qui reviennent : rechercher l’excellence, faire du haut de gamme pour être compétitif, tirer vers le haut par l’innovation. Les professionnels et le politique se retrouvent : innover en permanence.

Mais, l’innovation, pour des motifs budgétaires est de plus en plus difficile à réaliser seul. Une solution d’avenir : développer le collaboratif comme s’y emploie le Pôle de Compétitivité qui est le seul en France a avoir la « compétence » géoscienses. (voir : le site)

Autre idée forte qui s’adresse aux étudiants présents : entreprendre. Les freins sont évoqués avec les difficultés de financement et cette propension qu’ont les jeunes diplômés à chercher la sécurité dans les grands groupes. Pourtant, selon Christophe DERAIL, ce sont souvent les PME où il y a le plus d’innovation. D’ailleurs, elles viennent de plus en plus travailler avec les laboratoires de l’UPPA qui a 11 à 12 millions d’euros de budget de recherche dont 5 millions de contacts de collaboration avec les industriels.

Vient alors le moment des témoignages : Ceux de Pierre CHIQUET et Guilhem CAUMETTE, ingénieurs chez TIGF qui  transporte, stocke et distribue du gaz naturel sur 15 départements du Grand Sud-Ouest. 5000 kilomètres de tuyaux, tous enterrés, deux aires de stockage souterrain, 560 salariés dont 350 à Pau. Des priorités : la sécurité, la régularité du service aux clients tout en étant respectueux du développement durable. Une société qui a sa propre R&D mais dont une partie est réalisée en collaboration avec l’UPPA; une collaboration de 10 ans avec le laboratoire de Chimie organique de l’université, celui de fluides complexes ou encore avec l’équipe environnement et micro-biologie. Derniers travaux en commun : la modélisation actuelle de la zone de stockage d’IZAUTE. (Voir : le site)

Manuel SILVA, Chef de Projet Recherche et Technologie de TURMOMECA nous fait entrer dans une autre dimension : Celle de TURBOMECA, le N°1 mondial des réacteurs pour Hélicoptères avec un tiers du marché. Filiale du Groupe SAFRAN, TURBOMECA emploie 2600 salariés à Bordes, 1544 à Tarnos, 498 à Toulouse (spécialisation : missiles) et 320 à Mantes. Pour rester en « pole position », le motoriste investit 15% du chiffre d’affaire en R&D. L’innovation est au coeur de la compétitivité pour l’entreprise qui développe actuellement 10 moteurs et a déposé 70 brevets en 2014. Pour maintenir le cap, « TURBO » bénéficie d’une force de frappe de 1000 ingénieurs. (Voir : le site)

Pour Manuel SILVA, l’importance des projets et donc de leurs financements, amène la société à faire de la recherche en partenariat… avec ses principaux concurrents.  D’ailleurs, quand l’Union Européenne lance des appels à projets, ils sont faits au niveau de l’Europe et non pas au niveau national. Bref, il vaut mieux y aller groupé… La compétitivité, il faut la chercher à plusieurs.

Pierre SAUBOT, la compétition, il la connait. Haulotte Group n’est-il pas devenu le numéro 1 européen et 3 mondial du « matériel d’élévation de personnes et de charges dont le cœur de la gamme est la nacelle et le chariot télescopique » ? (Voir : le site). Pour atteindre ce classement, 1.500 collaborateurs sont basés sur 6 sites industriels, 20 filiales et bureaux répartis sur 5 continents. Dans un environnement international, extrêmement compétitif, l’innovation est considérée comme le facteur-clé de succès. Pour innover, il faudra d’abord écouter « les utilisateurs pour anticiper les exigences et les besoins afin de concevoir les produits, les accessoires et les services qui répondent à la demande » et, ensuite se battre sans cesse sur les coûts de fabrication : « il n’y a jamais de limite à la baisse d’un prix de revient industriel ». La compétitivité se gagne aussi par les prix.

Pierre SAUBOT nous expliquera alors comment, à ses débuts, en mettant « la main à la pâte », il arrivait à créer des standards de productivité qui boostaient littéralement ses équipes.

Parmi ses méthodes : toujours rester au cœur de son métier et déléguer le reste. Mais aussi, veiller à rassurer en permanence un noyau dur de collaborateurs en leur donnant, ce qui aura été le deuxième mot-clef* de la soirée : confiance !

La JNI se termine par l’intervention de Nicolas DAGES, élève de troisième année à l’EISTI, qui projette sur écran une application de « cloud computing », développée dans le cadre de ses études. Sa caractéristique : permettre à des palois, ou des visiteurs dans la ville, de trouver, sur son i-pad ou son smart-phone, les cinémas, les places de parkings disponibles, les horaires d’ouverture des commerces etc. Une apps (application) particulièrement pratique !

– par Bernard Boutin

* Le premier étant « innover »

Les organisateurs de la JNI
– L’URISBA : Voir le site.
– Le Bureau Régional des Élèves-Ingénieurs Pyrénées : Voir le site.
– L’Ecole internationale des sciences du traitement de l’information : Voir le site de l’EISTI.

La JNI sur AltPy
– JNI 2015 : France : une compétitivité nationale fortement bridée
– JNI 2014 : Innover et Entreprendre

France : une compétitivité nationale fortement bridée

çasuitderriere-allemagne-competitiJeudi 2 avril, à l’EISTI (Ecole internationale des sciences du traitement de l’information) de Pau, se tiendra la « Journée Nationale de l’Ingénieur » avec un sujet de choix : « Les ingénieurs et scientifiques, architectes de la compétitivité et du redressement de la France » (le programme de la JNI est publié sous l’article). 

Il y a, pour simplifier, deux types de compétitivité, celle d’un pays (ou d’un territoire) et celle d’une entreprise. Si la compétitivité des entreprises dépend principalement de la R&D, de l’innovation, des « process » ou encore de la diminution des coûts, la compétitivité d’un pays dépend de données multiples, bien différentes de l’entreprise. Avant la JNI, qui traitera de la compétitivité de notre bassin de vie et de ses entreprises, penchons-nous sur la compétitivité de la France.

La France est classée 23ᵉ dans classement mondial de la compétitivité (Global Compétitive Index 2013/2014) du World Economic Forum, forum connu par sa très médiatique réunion annuelle de Davos. Un classement bien moyen d’autant plus que 11 pays européens se trouvent devant elle. La Suisse est première du classement, les autres : Finlande 4ᵉ, Allemagne 5ᵉ, Hollande 8ᵉ, Grande-Bretagne 9ᵉ, Suède 10ᵉ, Norvège 11ᵉ, Belgique 18ᵉ, Luxembourg 19ᵉ, Autriche 21ᵉ et France 23ᵉ.

La place de 23ᵉ, sur 144 pays analysés, n’est que la résultante de la compilation de nombreuses données, classées par « socles ». Chaque socle (12 au total) a son propre classement et apporte son lot d’informations sur la compétitivité de la France dans des domaines très variés. Certaines données sont favorables à la France, d’autres franchement mauvaises…

Inventaire de ces socles, par ordre décroissant de compétitivité, pour terminer avec ceux sur lesquels la France devrait se « réformer en priorité », si elle veut regagner en compétitivité.

Ce qui va plutôt bien pour commencer :

1 et 2 – La France est classée 8ᵉ sur 144 pour son socle « Infrastructures ». Une force indiscutable. Nos routes, nos trains, nos services téléphoniques, notre approvisionnement en électricité sont jugés bons. Seules les infrastructures portuaires sont moins bien classées. La France est aussi classée 8ᵉ pour le socle : « Taille de son marché » qui prend en compte le marché national et sa part dans les marchés internationaux.

3 – L’accès à la technologie est aussi un atout de notre pays (17ᵉ). Elle serait le 4ᵉ pays au monde, pour les connexions fixes à internet pour 100 habitants.

4 – Le socle « Santé et l’éducation primaire » donne à la France la 18ᵉ position. Parmi les données prises en compte, la santé et l’espérance de vie sont bonnes (6ᵉ). Le primaire est moins bien évalué (24ᵉ).

5 – Socle « Innovation » : 19ᵉ. Parmi les données, on peut noter la qualité des instituts de recherche scientifiques (12ᵉ) et les dépôts des brevets qui donnent la quinzième place à la France. La collaboration industrie-université en R&D est jugée plus moyenne : 29ᵉ place.

6 – Le socle « Business sophistication » donne à la France la 22ᵉ place. La mauvaise note va à la capacité à déléguer d’un supérieur vers un inférieur (se reporter à l’annexe 1 pour voir la question posée en anglais) : 52ᵉ place.
Ceci n’est pas sans rappeler le phénomène de verticalité à la française mentionné dans « Démocratie verticale ou démocratie horizontale : Que voulons-nous ? ». En France, on délègue mal. On verra plus loin, que les relations management-salariés sont aussi très mal évaluées. La France, un pays où la population communique mal (politiques inclus) ! Dans ce socle, l’état du développement des clusters (Pôles de compétitivité) est jugé insuffisant (Annexe 2) : 32ᵉ place.

7 – Le socle du « marché financier » situe la France à la 23ᵉ place. Rappel : 23ᵉ est la place moyenne du pays en termes de compétitivité.

A partir de ce socle, nous entrons dans la zone de qui « tire la France vers le bas » en matière de compétitivité.

8 – Le socle « Éducation supérieure et formation » est classé 28ᵉ. Si la France à un fort taux d’éducation dans le secondaire (11ᵉ), celui-ci tombe au 46ᵉ rang mondial dans le « tertiaire » (le supérieur). Au niveau qualitatif, le pays n’est que 34ᵉ pour la préparation des jeunes à un environnement compétitif. La France serait aussi au 55ᵉ rang mondial pour l’accès à internet dans les écoles. Certainement insuffisant.

9 – Les « Institutions » : 32ᵉ sur 144 pays avec un jugement particulièrement sévère pour les dépenses de l’État (72ᵉ) ou encore le poids des contraintes administratives (121ᵉ). La transparence à la française émarge à la 70ᵉ place. Les politiques n’ont pas la confiance des Français : 42ᵉ au classement du socle.

10 – « L’efficacité du marché » donne la 46ᵉ place à la France. L’effet de l’impôt sur les décisions d’investissements est jugé catastrophique et place la France en 135ᵉ position (Annexe 3) et en 132ᵉ position pour le taux de taxation global ( 4). La France est au-bas du tableau. Comme vu précédemment, trop de dépenses de l’État (et de mauvaises dépenses) font trop d’impôts !

A ce stade, nous pouvons nous demander ce qui est pire encore pour la compétitivité de la France !

11 – Freine la compétitivité du pays : « L’efficacité du marché du travail » où la France n’est classée que 61ᵉ. Sont mis en avant comme freins : « la coopération dans les relations de travail employeurs-salarié » : 129ᵉ au classement (Annexe 5) ou encore les  « pratiques d’embauches et de licenciement » trop régulées : 134ᵉ (Annexe 6).

12 – Le dernier socle « Environnement macroéconomique » décerne à la France la 82ᵉ place. Il prend en compte le déficit budgétaire, l’épargne, l’endettement de la Nation. Des éléments connus mais qui projettent la France loin derrière dans le classement.

Trop d’État, trop gourmand, dépensant mal. Trop d’impôts à tous les niveaux. Des comptes nationaux calamiteux. Un marché du travail trop rigide. Pas assez de dialogue entre les politiques et les citoyens, entre les patrons et leurs salariés. La France était 3 ou 4ᵉ puissance mondiale au lendemain de la guerre. Les institutions de la Vᵉ république auraient-elles précipitées le déclin de la France et continueraient-elles à le faire ? Les « 30 glorieuses » ne camouflaient-elles pas en fait le « chant du Cygne (gaulois) » ?

– par Bernard BOUTIN

*Le programme de la « Journée Nationale de l’Ingénieur » du jeudi 2 avril à compter de 16h à l’EISTI située sur le campus palois. Entrée gratuite et libre pour tout le monde. Venez y nombreux. Le sujet est extrêmement actuel.

16H00 – Accueil
16H15 – Allocution d’accueil par Laurence LAMOULIE, Directrice de l’EISTI (Ecole internationale des sciences du traitement de l’information), Campus de Pau et par René BEAUSSIER, Président Union Régionale Ingénieurs et Scientifiques -IESF- du Bassin de l’Adour accompagné de Baptiste COMTE, Vice-Président Bureau Régional des Elèves-Ingénieurs Pyrénées
16H45 – Table ronde
 « Ingénieurs, scientifiques, décideurs publics : Des coopérations pour gagner en compétitivité » 
– ESC Pau : Youssef ERRAMI, Pr de Management
– AVENIA : Jérôme PORFIRIO, Directeur du Pôle de compétitivité
– UPPA : Christophe DERAIL, Vice-Président délégué valorisation de la recherche
17H45 – Réalisation d’un étudiant-ingénieur de l’EISTI, Nicolas DAGES, sur le Cloud Computing
18H00 – Témoignages d’industriels 
« Etre compétitif ! Oui, mais comment ?« 
– TIGF : Pierre CHIQUET, Ingénieur gisement et Guilhem CAUMETTE, ingénieur HSEQ
– HAULOTTE Groupe : Pierre SAUBOT, Président du Conseil d’Administration et Directeur Général
– TURBOMECA : Manuel SILVA, Chef de Projet Recherche et Technologie
19H45 – Cocktail

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Nota et précautions : Le « Global Compétitive Index 2013/2014 du World Economic Forum » est complexe à analyser et demanderait une « thèse ». La méthodologie ne m’est pas apparue clairement (par manque de temps). Il est annoncé 15.000 entrepreneurs sondés sur 144 pays. Je n’ai su trouver combien ont été sondés sur la France. Cet index est-il « statistiquement significatif à l’échelle d’un pays ? ». Ceci dit, nous pouvons retenir les grandes tendances ressorties des « socles ».

(Annexe 1) La question était : In your country, how do you assess the willingness to delegate authority to subordinates? [1 = not willing at all—senior management takes all important decisions; 7 = very willing—authority is mostly delegated to business unit heads and other lower-level managers].
(Annexe 2) In your country, how widespread are well-developed and deep clusters (geographic concentrations of firms, suppliers, producers of related products and services, and specialized institutions in a particular field)? [1 = nonexistent; 7 = widespread in many fields]
(Annexe 3) (In your country, to what extent do taxes reduce the incentive to invest? [1 = significantly reduce the incentive to invest; 7 = do not reduce the incentive to invest at all])
(Annexe 4) (Total tax rate,% profit :This variable is a combination of profit tax (% of profits), labor tax and contribution (% of profits), and other taxes (% of profits)
(Annexe 5) (In your country, how would you characterize labor-employer relations? [1 = generally confrontational; 7 = generally cooperative]
(Annexe 6) (In your country, how would you characterize the hiring and firing of workers? [1 = heavily impeded by regulations; 7 = extremely flexible]

crédit photo : http://www.ruedeschamps.net

Enquête LGV – BAP d’accord avec le projet de GPSO

imgresUne délégation de l’association Béarn Adour Pyrénées conduite par son président Pierre Saubot s’est rendue cette  semaine à Mont-de-Marsan pour y faire connaître son point de vue  à la commission d’enquête relative au projet  de Ligne à Grande Vitesse entre Bordeaux et Dax.

Les dirigeants de BAP, estiment  que ce projet qui ne  traite pas de la desserte du Béarn et de la Bigorre, les concerne malgré tout fortement. Ils ont déposé  un argumentaire  favorable  au GPSO  et par extension à un indispensable  barreau direct reliant Mont-de-Marsan à Pau puis à Tarbes. Ils considèrent notamment que l’Aquitaine, dans sa partie sud  doit bénéficier d’une LGV   et cela dans la logique de l’égalité des territoires. Alors  que les collectivités territoriales de l’Aquitaine, ont été mises à contribution  pour  la réalisation de la ligne Tours-Bordeaux,  il est choquant de voir que  la plupart des autres régions de l’Hexagone n’ont pas eu besoin de financer les infrastructures dont elles sont dotées.

 En développant tous les aspects,  en particulier socio-économiques du projet, les dirigeants de BAP manifestent leur désaccord  avec les observations de la Cour des Comptes, laquelle  juge trop faible la rentabilité des LGV mais omet de dire  que le taux moyen  de rentabilité des TER et Intercités  est , en moyenne négatif à 60%.  En conclusion d’accord donc pour le GPSO dans sa totalité mais  qu’y soit bien précisé la possibilité  de réserver l’emprise  du raccordement permettant la réalisation d’un barreau direct Mont-de-Marsan-Pau.

Par Pierre Saubot

Halte à la volonté pathétique de gâchis pour le Béarn

Capture d’écran 2013-06-22 à 07.40.02Pierre Saubot, Président de l’Association Béarn-Adour-Pyrénées qui milite pour le désenclavement du Béarn, nous livre ici un fervent plaidoyer pour la réalisation de l’axe routier Oloron-Lescar.
Il en appelle à la mise en place d’un partenariat public-privé pour réaliser les déviations de la RN 134 ainsi que la nouvelle route Oloron-Lescar sur fonds privés avec, en contrepartie des péages aux sorties des tunnels du Somport et d’Arbus, complété éventuellement par un abondement payé par l’Etat et le Conseil Général.
Il en appelle aussi à ceux qui veulent faire avancer le débat, à réagir sur le forum uniquement dans le cadre du sujet traité. 

Oui, BAP est pour la sauvegarde des emplois existants et le développement de nouveaux emplois afin de faire baisser le chômage dans notre région;
Oui, BAP est pour la diminution du nombre de morts sur les routes et la baisse de l’ appréhension des usagers;
Oui, BAP est pour la diminution de la production de CO2 et la baisse de la consommation de carburants.

En même temps BAP est attentif à l’évolution du contexte régional :

Heureusement, le tunnel du Somport a été réalisé;
Heureusement, l’autoroute A65 a été réalisée, entièrement financée sur fonds privés, ce qui devrait interdire à quiconque, sauf éventuellement les actionnaires du concessionnaire, de faire la moindre remarque sur l’intensité du trafic actuel;
Heureusement, l’autoroute de Saragosse vers Huesca et Jaca continue à se rapprocher du Somport;
Heureusement, les déviations de Sarance et de Bedous ont été terminées et quelques travaux trop lents sont en cours entre Pau et le Somport.

Il y a même maintenant un péage sur l’autoroute A63 entre Bordeaux et Bayonne.

Nous sommes parfaitement conscients du montant des déficits publics et de la dette de notre pays en ce moment.Faut-il pour autant mettre la tête dans le sable comme les autruches, brider notre imagination et stopper tous investissements porteurs de développement durable et donc d’avenir pour les générations futures, alors que l’argent est encore très bon marché ? Pour moi, non.

Je tiens donc à défendre les idées suivantes :

1) Il faut finir le travail commencé et réalisé à 90% entre Bordeaux et Saragosse et donc accélérer la sécurisation de la RN 134 entre le Somport et Pau, la réalisation des déviations en vallée d’Aspe et autour d’Oloron et de la nouvelle route Oloron Lescar pour désenclaver le Béarn et avoir la totalité des retombées attendues.
2) Il faut éviter un effet d’aubaine qui reporterait artificiellement une trop grande partie du trafic de la côte atlantique et de la côte méditerranéenne vers la vallée d’Aspe.
3) Il faut rapprocher la Soule et Oloron de Pau et de Lescar.
4) il faut rapprocher les touristes et les amateurs de neige du Haut Béarn par le nord et par le sud.
5) Il faut rapprocher la Bigorre et le Béarn de la plateforme logistique de Saragosse.

Pour cela je propose de lancer tout de suite un appel d’offre, dans le cadre d’un partenariat public-privé innovant et équilibré, pour réaliser le plus rapidement possible les déviations et la sécurisation de la RN 134 et la nouvelle route Oloron-Lescar sur fonds privés avec , en contrepartie un péage à la sortie du tunnel du Somport et un autre à la hauteur du tunnel d’Arbus, complété éventuellement par un abondement payé par l’Etat et le Conseil Général puisque les frais d’entretien du réseau existant diminueront mécaniquement, grâce à ces nouvelles infrastructures.

C’est plus facile de trouver une bonne solution pour toutes les parties en période de basse conjoncture: il faut donc faire vite pour être prêts et bien rebondir quand l’économie générale ira mieux.

D’après des calculs simples et vérifiables, la réalisation de ces projets , sans tenir compte de développements futurs , toujours hypothétiques donc contestables par des esprits chagrins, apporterait , peu de temps après leur mise en service, les économies suivantes:

– 40000 km parcourus en moins par an;
– 4 millions de litres de carburants consommés en moins par an;
– 8500 tonnes de CO2 produites en moins par an;
– 25 millions d’€ économisés par les usagers par an (en tenant compte du temps gagné, mais compensé partiellement par les péages).

C’est d’ailleurs parce que le retour sur investissement est excellent qu’il doit être facile d’obtenir un bon PPP.

Qui peut, de bonne foi, refuser d’étudier ces idées sans approche idéologique ?
Qui peut continuer à mépriser nos voisins aragonais en continuant à leur tourner le dos au moment où ils ont particulièrement besoin de nous et nous d’eux et en reniant nos engagements vis à vis d’eux?
Qui peut prendre le risque d’assumer cette indignité et d’insulter l’avenir?

Vis à vis de mes contemporains, de mes enfants et de mes petits-enfants, certainement pas moi.

 Merci de votre attention.

– par Pierre Saubot

PS : pour mieux faire avancer le débat, merci de réagir au sujet traité.
BAP et Pierre Saubot ont aussi beaucoup à dire sur d’autres sujets , de toutes tailles, en Bigorre et en Béarn, concernant la route, le fer, l’air et l’économie numérique et nous le ferons régulièrement. Merci de votre patience.

Béarn-Adour-Pyrénées et ses combats

IMG_2666 - Version 2Béarn-Adour-Pyrénées, association regroupant des socio-professionnels et politiques de tous bords, milite pour l’amélioration des infrastructures dans la région. BAP est déjà bien connu pour ses combats engagés : Le premier, le plus emblématique, fut celui de l’autoroute A65, Pau-Bordeaux. Gagné, l’énergie de l’association s’est retournée vers : la déserte directe par LGV du Béarn et de la Bigorre,  la mise en place d’un diffuseur sur l’A64 à Morlanne, la création d’un liaison la plus courte possible entre Lescar et la rocade d’Oloron, l’amélioration de la RN 134 entre Oloron et le Somport et le renforcement des co-opérations entre Béarn et Bigorre. Rencontre avec Pierre Saubot, président de BAP autour du diffuseur de Morlanne, la Lescar-Oloron et Béarn-Bigorre.

AltPy – Le diffuseur de Morlanne, nom technique pour désigner l’intersection entre une route et une autoroute, est le serpent de mer de l’A64 à l’est de l’agglomération paloise. Pouvez-vous nous dire où il se situe et quels utilisateurs il concerne ?
Pierre Saubot – Sa position est historiquement très simple. Elle est située sur la route qui va de Pau vers Morlaàs. Après avoir longé le centre Féger de TOTAL, puis le rond-point de la rocade, la route de Morlaàs passe au-dessus de l’A64. C’est à cet endroit qu’il était prévu de réaliser le diffuseur, déjà inclus dans le cahier des charges lors de la réalisation de l’A64, ouvert en 1974 pour la section entre Artix et Soumoulou.  Il y a d’ailleurs sur place une zone industrielle qui s’appelle « zone de l’échangeur » à Berlanne-Morlaàs
Ce diffuseur est à deux pas du centre Féger avec ses 3.000 salariés et n’est pas éloigné de Turboméca, installé à Bordes, avec ses 5.000 salariés. Le diffuseur est proche du stade du Hameau et de la zone commerciale (Auchan/Leroy Merlin) et résidentielle de Pau-Est. Toute la zone a des besoins de désenclavement considérables.

AltPy – Quel pourrait-être le coût d’un tel échangeur et à quel rythme pourrait-il se réaliser ?
Pierre Saubot – Des estimations ont été faites mais je me méfie beaucoup d’estimations faites à des fins d’annonces soit dissuasives, soit pour préparer les esprits à un péage supplémentaire. Pour la sortie de Berlanne-Morlaàs, il y en a qui ont cour quand il s’agit d’un marché avec l’Etat, et d’autres quand il s’agit d’autofinancement amortis par des péages.
Je suis sûr que l’échangeur de Lescar qui a été réalisé par Aliènor sur ses fonds propres, n’a rien à voir en coût avec celui de Soumolou parce que le dessin n’est pas le même et que l’emprise au sol n’est pas la même. Le premier a du coûter beaucoup moins cher. Un chiffre de 10 millions d’euros a été dernièrement annoncé pour la sortie de Berlanne-Morlaàs. Il me semble probablement gonflé.
Les ASF ont un traité de concession jusqu’en 2034 qui prévoit que l’Etat peut être amené à demander à ASF de réaliser un certain nombre d’échangeurs. Les ASF sont donc engagés sur une base administrative et technique pour les réaliser si l’Etat le lui demande. Par contre, ASF n’est pas engagé sur le « Qui paye ? ». Ce contrat est ambigu et précis juridiquement. Dans l’esprit d’ASF, ce n’est pas à eux de payer.
Comme, ils n’ont aucune raison de la financer, il appartient au conseil général et à la communauté d’agglomération de considérer que, si c’est dans l’intérêt des populations de le réaliser, il faut alerter l’Etat qui est le point de passage obligé puisque le contrat est entre l’Etat et les ASF.  Et, c’est à ces deux collectivités de présenter à l’Etat le financement proposé.
Les deux collectivités sont conscientes que ce diffuseur doit se faire avant l’asphyxie de la rocade et de la vie économique dans le nord de Pau. La ville de Morlaàs est elle-aussi consciente de ce besoin puisqu’elle a commandité une étude qui conforte la nécessité de sa réalisation.
Là, où le débat est complètement ouvert c’est « qui fait quoi ? qui paye ? ». Cela devient plus compliqué quand on prend en compte que la rocade nord de Pau, financée par le Conseil Général, ne peut pas être élargie sauf à refaire tous les ponts et dégager la réserve foncière qui n’existe pas partout.
L’intuition de BAP, non vérifiée par des chiffres précis, est qu’il faut réaliser ce diffuseur et rendre gratuit l’autoroute, qui n’est pas saturée, entre ce diffuseur et celui de Pau-nord ou Lescar de façon à alléger le trafic sur la rocade et éviter des travaux d’élargissement de celle-ci.

AltPy – Dans ce cas-là : qui indemnise ASF ?
Pierre Saubot – Il faut chiffrer l’économie qui est faite sur l’élargissement de la rocade et la mettre dans la balance pour indemniser ASF sur la perte de péage. En premier lieu, c’est le Conseil Général mais il faudra faire probablement un tour de table avec la CDAPP et les communes proches directement concernées. Ce qu’il faut d’abord évaluer, c’est ce que couterait l’élargissement de la rocade pour éviter la trombose.
Cela nous semble une idée intelligente puisqu’elle n’est pas saturée et qu’elle peut ainsi absorber une partie du trafic de la rocade.

AltPy – Autre combat pour BAP, le projet de liaison nouvelle entre Lescar et Oloron. Le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques étudie une nouvelle hypothèse de tracé qui partirait beaucoup plus à l’ouest qu’initialement envisagé. Elle relierait  Arbus ou Tarsac à Oloron et ne prolongerait pas dans les faits l’A65.  Qu’elle est la position de BAP par rapport à ce nouveau tracé ?
Pierre Saubot – BAP a été très amusé de retrouver dans des archives anciennes qu’un débat similaire a eu lieu au milieu du 19e siècle au moment de la création du pont de Lescar. Nos ancêtres ont été plus intelligents que nous puisqu’ils ont décidé de faire le pont là où il est. C’est exactement le même débat actuellement.
BAP martelle, depuis des années, pour que l’on fasse le parcours le plus court possible entre Bordeaux et Saragosse. Ce tracé a été défini par les techniciens prenant en compte la réalisation de l’A65, le tunnel du Somport,  le début d’amélioration de la RN 134 entre le Somport et Oloron et l’amorce de la rocade d’Oloron. Nous demandons que ce tracé soit terminé par une route la plus courte possible entre l’échangeur de l’A64 et la rocade d’Oloron.
Nous ne demandons pas que tout soit fait en une fois mais souhaitons que cela soit phasé. Nous sommes conscients des contraintes budgétaires mais aussi que l’argent n’est pas cher. On doit pouvoir faire tout de suite avec des financements privés avec en contrepartie, un péage pendant une certaine durée.
us sommes prêts à faire avancer toutes les idées intelligentes pour que la route se fasse le plus vite possible et la plus courte possible.

AltPy –  Le projet par Arbus ou Tarsac se précise t-il ? Comment vous y opposez-vous ?
Pierre Saubot – Ce n’est pas notre projet. Nous dirons que c’est moins intelligent que la solution la plus courte préconisée depuis le début. Nous craignons forcément que ceux qui proposent d’autres solutions aient en fait, en arrière pensée, d’obtenir que rien ne se fasse.
C’est le cas de la déviation de Bedous qui a connu une forte opposition et s’est finalement faite dans les pires conditions possibles. Elle n’a qu’un mérite, c’est d’exister. Elle aurait pu être faite beaucoup plus vite… pour beaucoup moins cher.
Tous les gens qui ont compliqué la réalisation de Bedous, avec le secret espoir qu’il ne se fasse rien, ont finalement fait dépenser de l’argent en plus à la collectivité, fait perdre du temps à la collectivité, détruits de emplois, augmenté l’émission de gaz à effet de serre pour arriver à un résultat qui n’est pas mauvais mais qui a couté plus cher et est arrivé plus tard.
A partir de cet exemple, nous ne voulons pas que cela se renouvelle et nous comprenons très bien la méthode mise au point par certains : à savoir, dès qu’un bon projet existe, dans un premier temps, ils favorisent l’étude d’un autre, forcément moins bon, avec le secret espoir que le deuxième projet étant moins bon, on poussera à un troisième projet, qui sera à son tour moins bon. A ce moment-là, devant l’impossibilité de faire un bon projet, la décision sera de ne rien faire ou de ne pas réaliser forcément le meilleur projet.
Pendant ce temps là, on aura dépensé du temps, laissé des automobilistes se tuer sur les routes, consommé de l’énergie fossile et détruit des emplois. Il faut en finir avec cette méthode destructrice qui est très élaborée. Il est important que les opposants sachent que nous le savons.

AltPy – Les Basques du département demandent un statut particulier. On ne sait s’ils l’obtiendront mais cela aura eu le mérite d’attirer l’attention des Béarnais sur un risque d’isolement. Nombreux se disent que nous avons là une occasion pour se rapprocher de la Bigorre, notre voisine pyrénéenne, aux caractéristiques si proches de notre territoire. Comment BAP analyse cette situation nouvelle ?
Pierre Saubot – Il y a un tropisme naturel du Pays basque français vers le Pays basque espagnol. Il existe presque de fait une conurbation de Bayonne jusqu’à Bilbao qui pèse suffisamment lourd pour obtenir des « choses ». De l’autre côté, il y a Bordeaux, Toulouse et Saragosse. De deux choses l’une : Soit nous considérons qu’au milieu de ce carré, il n’y a rien, soit qu’il y a quelque chose, à savoir une conurbation incluant Tarbes, Lourdes, Pau incluant Oloron et Orthez. Cette conurbation devient le centre d’un carré au lieu d’être rien.

AltPy – Comment se crée cette conurbation ?
Pierre Saubot – Il faut se parler et parler encore. J’aime bien la pièce de Racine, Andromaque, où « Oreste aime Hermione qui aime Pyrrus qui aime Andromaque qui aime son fils Astyanax ». Chacun regarde de l’autre côté. Les Basques regardent vers les Basque espagnols, les Béarnais regardent vers les Basques qui ne nous regardent pas. Les Bigourdans regardent vers les Béarnais et nous ne les regardons pas… Si, nous nous mettions à les regarder, peut-être que les choses commenceraient à avancer ?
Notre message, soutenu aussi par Max Moreau, par les Présidents des CCI de Pau et Tarbes, par des acteurs de la société civile et… certains rédacteurs d’Alternatives Pyrénées, va déboucher sur une première réunion qui aura lieu à la CCI de Tarbes le 3 juillet pour commencer à discuter de ce rapprochement. Un point de départ. Il faudra être efficace et simplifier une situation complexe. Pourquoi pas créer un « conseil de développement » comme le suggère Gérard Trémège ?
A titre personnel et en tant que Président de BAP, je propose des choses simples. Le territoire Béarn-Bigorre a des atouts considérables. Notre pays est dans une situation dramatique. Fixons-nous comme objectif de tout mettre en œuvre pour que notre action commune se mesure par une diminution du chômage. Faisons tout ce qui est nécessaire pour cela.

– propos recueillis par Bernard Boutin

PS : Parmi les autres projets de BAP : celui de positionner le Béarn (vallée d’Aspe ou vallée d’Ossau) comme voie de passage de la future TCP par un tunnel de moyenne altitude.
Le site de BAP : http://bap-europe.typepad.com/
Crédit photo : Jean-Michel Guillot / L’équipe de BAP devant d’un des tunnels de la nouvelle route Lerida-Sabinaningo qui vient d’ouvrir en Aragon. Pierre Saubot est le troisième en partant de la gauche.