Un peintre facétieux inspiré par le Tour de France a écrit sur le bitume du boulevard Tourasse à Pau, « et le vélo ? ». L’interrogation est bien sûr chargée de sous-entendus et laisse entendre qu’il s’agit là d’un reproche formulé à l’encontre de l’équipe municipale en place.
Il faut dire que porter des inscriptions ainsi sur la voie publique constitue une infraction prévue et réprimée par le code pénal. Mais passons, parce que, après tout, c’est quand même la ville de Pau qui avait peint la première partie de la phrase : « Pau aime le Tour ». L’intention était de faire en sorte que les photos prises depuis les hélicoptères permettent d’identifier la ville de Pau. C’est pas génial, génial, mais au mois de juillet, lorsque cette épreuve vient chez nous, il convient d’afficher ce genre de formule, cela se fait ailleurs.
Maintenant puisque reproche il y a, essayons de voir si la ville de Pau est en matière du vélo réellement sous équipée. Mais si vous le voulez-bien commençons par réviser nos fondamentaux. Il ne faut pas confondre vélo et bicyclette. Il n’y a pas sur un vélo de garde-boue, de sonnette ou d’éclairage, ces ustensiles existent sur les bicyclettes. Et comme l’affirme Philippe Delerm, « on n’est amoureux qu’à bicyclette » et jamais vraisemblablement en vélo. Second point à préciser, il ne faut pas confondre piste cyclable et bande cyclable. Si l’une et l’autre sont exclusivement réservées à la circulation des deux roues non motorisées, la piste cyclable est séparée des voies utilisées par les motorisés par un terre-plein, tandis que la bande cyclable est un espace de circulation matérialisé par une peinture au sol.
Le peintre facétieux qui s’affuble du nom de Kriss Vroome (très drôle) semble reprocher un manque d’équipements préjudiciable à la circulations des vélos (ou bicyclettes) dans la citée royale. Pourtant les travaux actuels motivés par le projet du BHNS (bus à haut niveau de service) ont le souci de mettre en place, en parallèle de l’itinéraire dévolu au futur transport en commun, des pistes cyclables. Ainsi allées Condorcet et avenue Dufau. De même que boulevard de la Paix et boulevard Hauterive. Peut-être que ces nouveaux équipements sont en-dessous des promesses électorales faites par le maire de Pau, mais vous en connaissez beaucoup, vous, des politiques qui tiennent totalement leurs promesses ?
Il est difficile de faire un état des lieux objectif dans ce domaine car il faudrait mesurer les distances des équipements consacrés. Alors tournons-nous vers une étude qui ne vaut que ce qu’elle vaut et qui émane de la Fédération des usagers de la bicyclette. Cette fédération a édité un baromètre de la « cyclabilité ». Parmi les villes de 50 000 à 100 000 habitants, Pau se classe au 38ème rang sur 59 villes, avec la note de 2,74 sur 6 (plutôt défavorable). Cette étude qui date de mars 2018 n’a qu’une valeur très relative. Mais il faut s’en contenter en l’absence de toute autre étude.
Sous cette agitation médiatique on sent poindre la célèbre association « Pau à vélo». C’est tout à son honneur que d’œuvrer pour le bien-être des adeptes de la petite reine, félicitons là donc en la circonstance. Cependant il serait utile, indispensable et incontournable etc. de rappeler que lorsqu’on se déplace en bicyclette (ou en vélo) on sait bien que le principal danger vient des voitures et que les ronds-points sont des pièges. Alors l’éducation des automobilistes, à qui il convient de rappeler non seulement les règles du code de la route, mais les principes du savoir vivre ensemble doit être organisée.
La difficile cohabitation pourrait ainsi évoluer et nous permettre de nous comparer à cette région des Pays Bas, la Hollande.
Pau, le 8 août 2018
par Joël Braud