Ces jours-ci, dans ma boîte aux lettres se trouvait une carte postale à but publicitaire. Une agence immobilière, bien connue sur la plan national, avait choisi une photo de la place Clemenceau datant vraisemblablement des années 1950. Alors, je me suis pris à rêver.
L’objectif poursuivi par le commercial de cette agence était vraisemblablement de donner une image de notre ville plus sympathique, à dimension encore humaine. Et c’est vrai que lorsqu’on regarde attentivement la disposition des lieux on ne peut être que convaincu par leur côté convivial. Une place de forme circulaire avec un nombre important d’arbres, des magnolias, et surtout des bancs tout autour. Comme si les Palois avaient l’habitude de s’y retrouver pour échanger.
Mais, parce que bien évidemment il y a un mais, quelques rares voitures ainsi que des bus sont stationnés autour de la place. Alors ce seul élément de l’envahissement automobile doit nous faire relativiser cette époque et nous conduire à limiter la comparaison. Le calme qui se dégage de cette photo ne serait certes plus possible aujourd’hui.
Pourtant au delà de l’aspect chaleureux et attirant de ce quartier à l’époque, il faut regarder ce qu’est aujourd’hui devenu la place Clemenceau. Un espace vide et froid où pour donner un semblant d’activité on a laissé s’implanter un manège ou plus exactement un carrousel. Il n’y a que de rares bancs publics, plus d’arbres et de verdure en son centre. Les piétons passent sans réellement s’y arrêter. Ce ne sont pas les quelques commerces ambulants qui attirent les chalands.
Alors fallait-il transformer cette place de cette manière ? Les politiques à l’origine de ce choix ont-ils agi dans l’esprit d’une ville où les habitants doivent pouvoir se rencontrer, se retrouver ? N’ont-ils pas été trop influencés par des promoteurs qui ont une idée froide et mercantile de l’urbanisme ? Tout indique que leur principal objectif a été de rénover avec tout ce que ce mot comporte de convenu et d’impersonnel. Le pratique l’emportant sur l’humain. L’autre objectif et pas le moindre que recherchent ces décideurs a été de de pouvoir dire : « J’ai laissé mon nom. C’est moi qui ai réalisé ces transformations. » C’est ainsi, les acteurs de la vie politique possède un ego démesuré.
Au moment où on s’interroge sur une nécessaire « redynamisation » du centre ville de Pau, il n’est pas hors sujet de réfléchir à l’utilité de ces novations. Au moment où le gouvernement incite avec fermeté les collectivités territoriales à faire des économies, on s’interroge sur la réelle opportunité de tous ces changements. La nostalgie est-elle bonne conseillère ?
Pau, le 27 juin 2018
par Joël Braud
Crédit photo : celtaquatre.fre.fr – fr.wikipedia.org