Pau, le plan de reconquête républicaine

C’est à partir de ce principe ambitieux que se décline une coopération entre la Police nationale et la police municipale de Pau. Cela se passait le 12 avril 2018 dans les locaux de la mairie où le Préfet et la Procureure de la République étaient venus pour donner de l’éclat à une disposition voulue par le maire. Que faut-il attendre de cette annonce très médiatisée ?

Tout d’abord, il peut paraître étonnant de voir que le représentant de l’État dans le département d’un côté et la procureure de la république de Pau de l’autre, se rendent à la mairie de Pau pour soutenir le maire dans une démarche dont on perçoit l’objectif électoral. Autrement dit, voilà de belles déclarations d’intention confortées par des fonctionnaires d’État. On n’ira pas jusqu’à dire qu’ils sont venus servir la soupe, mais il y a dans les images diffusées par les médias comme une hiérarchisation des rôles. Le maire de Pau a su, en la circonstance, bien s’entourer. Notons également que la responsable départementale de la police nationale est restée dans l’ombre. Faut-il en conclure que son influence sur le fonctionnement de la police nationale est moindre que celle de la procureure de la république ?

Mais bien évidemment là n’est pas l’essentiel. L’objectif est de lutter contre la délinquance et de faire en sorte que les services de la police qu’elle soit nationale ou municipale deviennent plus présents et plus disponibles pour la population. Les statistiques de l’année 2017, comparées aux chiffres de 2016 traduisent une évolution de certaines rubriques. Ainsi les vols avec effraction qui, on le sait, sont les délits qui ont le plus fort impact sur le sentiment d’insécurité, sont en augmentation de 7,9%. Ce n’est pas rien ! « On pourra faire beaucoup mieux ensemble que ce qu’on faisait insuffisamment séparément » déclare François Bayrou. Attendons les résultats de ce plan de reconquête républicaine pour savoir ce qu’il en adviendra. Nous jugerons le moment venu.

L’autre donnée statistique concerne les violences faites aux personnes qui, elles, sont en progression de 6,6%. A ce propos le maire de Pau a cette formule : « Un plus grand dépôt de plaintes ne veut pas dire plus de violences. Depuis les campagnes de sensibilisation, les femmes osent déposer plainte ». Et revoilà la théorie du chiffre noir. Ce chiffre qui signifie que toutes les infractions ne sont pas portées à la connaissance des services enquêteurs ; qu’elles sont certainement plus nombreuses qu’on ne le considère habituellement. Le problème est évidemment de faire un raisonnement à partir d’une inconnue. Mais l’autre aspect de cette déclaration est que maintenant les politiques se sentent habilités à commenter les chiffres de la délinquance. On entrevoit bien de quelle manière, au moment des bilans, nous sera vendue la marchandise.

Enfin c’est à cette occasion que nous apprenons que la police municipale de la ville de Pau dispose de moyens en matériels et en effectifs qui doivent faire baver d’envie les policiers de la police nationale. Pensez-donc, deux unités canines ont été créées, un système de vidéo surveillance (65 caméras) qui, paraît-il, fournit des moyens supplémentaires aux enquêtes judiciaires, a été installé. Un « mur d’images de caméras vidéo » qualifié de bluffant, sera mis en fonctionnement prochainement. Également la ville doit initier un système dit de « voisins vigilants ». Ce concept qui n’est pas nouveau, n’a jamais donné les résultats escomptés.

La « police de sécurité du quotidien » sera forcément une réussite puisque ce seront les politiques qui commenteront les statistiques de la délinquance. Déjà les autres villes de la communauté d’agglomération réclament qu’elle soit étendue et devienne une sorte de police municipale intercommunale. Quand il s’agit de courtiser l’électeur !

Pau, le 16 avril 2018

par Joël Braud

Crédit photo : francebleu.fr

Les policiers contestent la légitimité de leurs syndicats

imagesLe mouvement des policiers qui descendent dans la rue ne s’estompe pas malgré les promesses faites par le président de la République. Débloquer de l’argent c’est bien beau, mais ce n’est pas tout. La grogne a dans le fond une autre ampleur. De source « bien informée » voilà un aperçu des reproches formulés. C’est grave docteur ?

Les syndicats sont politisés bien qu’ils s’en défendent. Ce n’est un secret pour personne de savoir qu’Alliance est de droite, SGP-FO et UNSA Police sont de gauche, Synergie Officiers de droite et le SNOP (syndicat national des officiers) de gauche

Les délégués de ces syndicats, au niveau national, ont bénéficié soit de retraites dorées (Conseil économique social et environnemental – peu importe d’ailleurs si des poursuites sont engagées pour détournement de fonds) soit de jolis hochets de la part de Sarko (Ordre national du mérite et Légion d’honneur) soit enfin d’une nomination de sous-préfet avant d’être élu maire d’une ville du 93, toujours à la diligence du même Sarko.
Les délégués de province ne sont pas non plus oubliés. Non contents d’obtenir des détachement permanents pour « représenter » leurs collègues, ils se voient gratifiés d’avancement au grade supérieur et ce en priorité.

C’est vrai dans cette administration, les syndicats sont représentatifs car 85 % des policiers votent aux élections professionnelles tandis que le taux de syndicalisation est de 50% ; la plus forte proportion de la fonction publique. La raison en est simple : sans syndicat, inutile d’espérer figurer au tableau d’avancement, même si le mérite et l’ancienneté sont réunis. L’administration a délégué ce pouvoir aux syndicats qui sont dans le bon créneau politique du moment. Les policiers se sentent pris en otage.

Le maillage est complet, dans tous les services il y a des délégués syndicaux. Ceux-ci traitent directement avec les « patrons » (commissaires) pour savoir quelles sont les bonnes décisions à prendre. Les exemples existent d’officiers écartés de leurs fonctions par des délégués syndicaux qui sont pourtant d’un grade inférieur.

Les centrales parisiennes organisent des stages de formation pour leurs « délégués ». Ils y apprennent des éléments de langage, une dialectique spécifique, comment proposer ou accepter les réformes selon les gouvernements en place. Un syndicaliste policier parle comme un homme politique et plus comme un flic.

De leur côté, les gendarmes n’ont pas de syndicats, ils sont pourtant mieux servis que la police : prime OPJ plus élevée, à grade égal un gendarme est mieux payé. Faut-il croire que les syndicats constituent un obstacle à l’amélioration des conditions de travail ? Sans doute pour la majorité tandis que pour les délégués syndicaux…

La poussée du Sarkozisme entre 2002 et 2012 a mis en évidence la politique du chiffre !  à croire qu’avant Sarko, les policiers dormaient ! En conséquence les primes aux résultats ont été mises en place. Pour le corps des gradés et gardiens de la paix elles s’élèvent à environ 500 euros par an ; pour les officiers elles sont assez importantes, mais celles qui scandalisent les policiers du terrain, ceux qui sont à la manœuvre, ce sont les primes octroyées aux commissaires. De véritables chefs d’entreprise qui, en plus de leur traitement, se mettent dans la poche entre15 000 et 45 000 euros par an. Leur calcul se base sur les chiffres de la délinquance, les économies de papiers, de lumière etc… Ainsi sont nées des vocations pour l’écologie.

Nul doute que si ces primes étaient consacrées à l’amélioration des conditions de travail les commissariats ne seraient pas dans un tel état. On n’en finit pas à ce propos d’entendre dire que les ampoules ne sont pas remplacées, que les meubles sont cassés, que le papier toilette manque et que les travaux de peinture sont assurés par les fonctionnaires de base. Et pendant ce temps là le commissaire compte ses sous !

Il sont loin et sans doute oubliés les Broussard, Leclerc, Ottaviolli, Cancès et Chenevier pour n’en citer que quelques uns. Ils étaient sur le terrain, eux, et attentifs à leurs hommes. Aujourd’hui les fonctionnaires de police sont abandonnés par les patrons.

Un fonctionnaire de police traduit devant un tribunal pour une affaire de légitime défense n’est jamais soutenu par le commissaire, alors qu’un officier de gendarmerie, en tenue, ira soutenir « son gendarme ». C’est ainsi que l’on a vu le Directeur général de la Gendarmerie défendre un gendarme à la télé, au 20h, suite à l’affaire de Sivens !

Les Policiers qui font usage de leur arme dans le cadre de la légitime défense, sont placés en garde à vue ! Aucune hiérarchie ne les soutient et il se retrouve seul devant le juge pour s’expliquer. Les Commissaires vivent dans leur tour d’ivoire et ne veulent ni vagues ni remous pour gravir les échelons, agrémentés de quelques primes…

Conséquence : aucun policiers de terrain ne considère les Commissaires comme des collègues de travail, la méfiance est permanente ! La police et la gendarmerie sont deux mondes différents….

Les raisons de ce ras le bol généralisé sont évidentes, une hiérarchie inexistante, inhumaine qui s’engraisse sur le dos des subordonnés, des syndicats qui font la pluie et le beau temps, qui favorisent leur petits copains et des policiers de terrain abandonnés…

Les politiques peuvent, grâce à des prébendes, acheter le silence de la hiérarchie et des syndicats, ils n’obtiendront pas pour autant le silence de la base.

Pau, le 3 novembre 2016
par Robert CONTRUCCI

Crédit photo : Le Figaro

Ras l’képi !

imagesDepuis maintenant une semaine, le forces de police manifestent leur mécontentement dans la rue. Tout le monde savait bien qu’elles sont en première ligne sur plusieurs fronts : les migrants, l’état d’urgence, les banlieues, le terrorisme. Mais l’administration, la hiérarchie et les syndicats ont été débordés, ils n’avaient pas vu venir le mouvement ni estimé son ampleur. Quelle signification faut-il donner à cette contestation partie de la base ? Quelles en sont les causes ?

Comme toujours dans ce genre de mouvement spontané, il est difficile d’identifier ces revendications au contour flou. Mais les déclencheurs sont connus. Outre le surcroît de travail qui leur est demandé, les policiers ont à l’esprit les assassinats de Magnanville et la tentative d’assassinat de Viry-Chatillon. Ils se sentent en insécurité.
Pour ce second événement, dramatique et qui aurait pu avoir des conséquences mortelles, certains se sont interrogés pour savoir si les éléments de la légitime défense étaient réunis. Question tout à fait justifiée et à laquelle on peut répondre par l’affirmative. En s’en tenant à ce que la presse a rapporté, à Viry-Chatillon, les policiers ont été victimes d’une tentative d’assassinat avec cette double circonstance aggravante qu’elle était commise en réunion et à l’encontre de personnes investies d’une autorité. Alors pourquoi n’ont-ils pas tiré ? Personne n’a de réponse à cette question, pas même les victimes.

En utilisant leurs armes à feu en direction de leurs agresseurs, les policiers auraient été en légitime défense. La loi fixe trois conditions :
–  Que l’agression soit actuelle ;
–  Qu’elle soit injuste ;
–  Que la riposte soit proportionnée à l’attaque.

Pour en revenir à ces manifestations spontanées organisées par des policiers dans plusieurs grandes villes de France, il faut observer plusieurs éléments qui sont inhabituels et qui, par leur caractère, donnent une idée de la gravité du malaise.

En premier lieu, lorsqu’ils sont interrogés, les manifestants répondent que les syndicats sont du même côté que l’administration et qu’ils se démarquent d’eux. Quand on sait que la police est l’administration la plus fortement syndiquée (même avant l’Éducation nationale) on constate une critique qui constitue une première dans le genre. Les syndicats ne seraient donc plus en phase avec la base. Voilà un reproche gravissime de nature à disqualifier les nombreuses organisations qui se prétendent représentatives. Mais il faut aller plus loin et comprendre qu’à force de donner trop d’audience aux représentations syndicales les politiques ont fini par porter atteinte à la hiérarchie policière. Elle n’est pas si loin l’époque où un ministre de l’intérieur, sans doute le plus incompétent, promouvait au grade de préfet certains délégués syndicaux et même son garde du corps ; où malgré la formule qui prônait l’avancement au mérite, il valait mieux d’abord et avant tout se préoccuper de sa carrière ; où il était particulièrement mal vu pour un chef de service d’entrer en opposition avec une délégation syndicale. Maintenant les syndicalistes complétement déconnectés du métier de policier de terrain parce qu’ils bénéficient de détachements permanents, tentent de reprendre la main. Ils laissent croire qu’il suffit d’améliorer le matériel et d’augmenter les effectifs pour satisfaire les revendications. Dans la police, les syndicats ne rêvent que d’une chose, faire de la cogestion et imposer les règles d’emploi. Elle serait longue la liste des missions abandonnées parce que considérées par eux comme charges indues. Ils n’ont pas réalisé que ces missions justement rapprochaient les policiers des citoyens et leur donnaient cette proximité indispensable à une plus grande efficacité. Peut-il y avoir une police sans proximité ?

Les politiques devant cette situation ne savent plus vers qui se tourner et sont bien en peine d’apporter une réponse à ceux qui demandent d’abord et avant tout une plus grande considération. Alors fidèles à leurs principes ils promettent des vêtements ignifugés, de renouveler un parc automobile vieillissant, de décharger les policiers de missions que seuls les syndicats considèrent comme indues etc. Ils ne voient pas que le problème n’est pas là. Ils ne voient pas que malgré les applaudissement qui sont adressés aux flics qui manifestent, la population n’accorde pas vraiment son soutien à sa police. Son attitude n’est que de circonstance. En permettant, comme ils n’ont cessé de le faire, la promotions des polices municipales, les politiques ont donné aux élus locaux des moyens démagogiques. Il est en effet très porteur sur le plan électoral de dire regardez, je suis préoccupé par votre sécurité. Il n’y a que les politiciens pour croire et faire croire qu’en développant, comme à Nice, les caméras de vidéo surveillance, en augmentant sans cesse les effectifs de la police municipale et en leur donnant des armes à pouvoir létal, on se protège de tout drame. Elle n’existe plus l’époque où dans les stades l’ordre public était confié à la police nationale, maintenant il y a des stadiers, où les sorties d’école étaient du ressort de cette même administration, maintenant ce sont des ASVP municipaux etc. La sécurité est une mission régalienne de l’État ; permettre de partager cette responsabilité essentielle conduit à marginaliser cette administration centrale.

Enfin lorsqu’on les interroge sur leur hiérarchie, les manifestants disent que celle-ci est carriériste. Ce serait donc une hiérarchie qui n’est plus à l’écoute de ses équipes qui ne perçoit plus ce mal vivre professionnel. Il se dit souvent, à ce niveau, qu’il vaut mieux être relationnel que professionnel, la formule, aussi facile soit-elle, en dit long sur un état d’esprit. Ce souci de recherche d’avancement fait le beau jeu des intrigants, des courtisans et donne aux responsables politiques le pouvoir de trouver facilement des affidés. Il faut dire que les chefs de service, généralement du niveau commissaire, face à l’autorité des magistrats du parquet ou de l’instruction, qui sont les véritables dirigeants des enquêtes judiciaires, constatent qu’ils sont court-circuités et s’intéressent alors à d’autres missions. Cette hiérarchie devient silencieuse. Devant la presse, elle ne parle pas, ce rôle est réservé soit au procureur soit aux délégués syndicaux qui sont eux libres de parole. Cette situation témoigne d’une évolution qui ne peut à terme qu’affaiblir l’institution.

« Albert Camus dans la pièce « Les Justes » fait dire à Skouratov le représentant de la police : « C’est pour cela d’ailleurs que je me suis fait policier. Pour être au centre des choses. » La police est au centre des rapports sociaux parce que son organisation, son fonctionnement et ses pratiques concrètes, en expriment une vérité essentielle, celle des usages sociaux. Le jour où elle ne sera plus au centre des choses que deviendra-t-elle ?

Pau, le 25 octobre 2016
par Joël Braud

Crédit photo : liberation.fr

Le sentiment d’insécurité

imgresL’actualité immédiate offre des éléments de réflexion. Une starlette américaine, Kim Kardashian, vedette des émissions de télé-réalité, a été victime d’un vol à main armée. En soi cela ne devrait émouvoir que ses fans, mais les conséquences sont plus importantes que ne l’indique cette seule information.

En effet après cet événement dont le préjudice en bijoux est évalué à 9 millions d’euros, le ministre des Affaires Étrangères, excusez du peu, y est allé de son conseil : « Il ne faut pas céder à la panique » a t-il dit. La maire de Paris, de son côté, a voulu rassurer : « Un acte très rare qui ne remet pas en cause la sécurité de la capitale ». Ces politiques, par ces propos, veulent s’attaquer au sentiment d’insécurité qui, après les attentats survenus en France, a provoqué une forte baisse du tourisme. Celui-ci a été en berne durant cette année 2016. Il importe donc de limiter ces conséquences économiques.

Pourtant les statistiques (officielles celles-ci et qui se veulent objectives) démontrent que la délinquance est en baisse à Paris. Mais ces données sont inconnues des potentiels touristes. Le sentiment d’insécurité prédomine. Il ne repose pas sur des données impartiales, mais sur un sentiment diffus qui obnubile les esprits.

Il s’agit d’un ressenti qui a bien d’autres conséquences que la seule diminution du tourisme. Il est exploité par les politiques toujours à l’affût de répondre de façon démagogique aux inquiétudes de leurs électeurs. Le développement des polices municipales en est la démonstration. Leurs effectifs augmentent, il est question, comme à Pau, de les équiper d’armes létales, de leur donner les moyens de contrôler et verbaliser les excès de vitesse. Bientôt leurs compétences judiciaires seront comparables à celles de la police nationale. L’essentiel pour un politique est de prendre une mesure susceptible de rassurer l’électeur, peu importe son efficacité. Le pire serait de ne rien faire.

L’efficacité de toutes ces mesures que sont les caméras dans les lieux publics, l’essor des polices municipales, leur équipement en armement et en moyens de contrôle, n’est que symbolique sur la prévention de la criminalité. Nice par exemple est sans doute la ville de France où la police municipale est la plus nombreuse, la mieux équipée où la vidéo surveillance fleurit à tous les carrefours et pourtant un drame s’y est produit, il a provoqué la mort de 86 personnes. On pourra toujours affirmer que ces événements tragiques auraient été plus nombreux et pires si de telles dispositions n’avaient pas été prises. Il s’agit là d’un argument facile parce qu’indémontrable. Qui peut se vanter de chiffrer la prévention et la dissuasion ?

La police, la sécurité, relève de la mission régalienne de l’État. Force est de reconnaître qu’actuellement celle-ci semble de plus en plus en retrait. Pau en est un exemple. Faudrait-il y voir une conséquence de la place de plus en plus importante prise par les polices municipales ? Auquel cas il s’agirait d’un effet induit qui au départ n’était ni envisagé ni souhaité. Les polices municipales sont présentes et disponibles. Dans le même temps, la police nationale se dégage d’un certain nombre de missions. Une forme de décentralisation qui ne dit pas son nom. Ainsi le pouvoir central réalise des économies.

Pour confirmer ce qui n’est pas qu’une impression, il n’existe plus maintenant un seul centre commercial qui ne soit muni de services de gardiennage. Dans les stades la sécurité est assurée par des stadiers. On pourrait citer d’autres exemples. Les organes privés chargés de la sécurité connaissent une expansion qu’ils n’osaient espérer. Elle est loin l’époque où seule la police nationale assurait ces missions. Il faut admettre que ces entreprises de sécurité sont créatrices d’emplois.

Ces évolutions trouvent leur justification dans ce sentiment d’insécurité. Celui-ci est la conséquence d’une peur face à des événements que même les mesures les plus drastiques ne peuvent permettre d’éviter. Le sentiment d’insécurité réunit ces deux conséquences opposées, d’une part économique par la baisse du tourisme et d’autre part un niveau encore jamais atteint de dispositifs de sécurité.

Mais méfions nous de nos sentiments, ils peuvent être trompeurs ; la plupart du temps ils ne reposent que sur des impressions.

Pau, le 5 octobre 2016
par Joël Braud

Indigne bouffonnerie

imgresIl n’y a pas de mots assez forts pour qualifier le comportement de certains politiques qui profitent du drame de Nice pour se lancer dans une vaste campagne de démago-politicaillerie. Les politicards avancent tous d’un pas supplémentaire vers la déconsidération la plus totale de la part des citoyens français. Mais où cela va-t-il nous conduire ?

Qu’il y ait eu des défaillances dans le dispositif de sécurité mis en place à l’occasion du feu d’artifice du 14 juillet sur la promenade des Anglais, personne n’en doute. Que la coordination entre la police nationale et la police municipale doive être repensée d’un façon générale et au plan national, cela devient un impératif. Que la mise en place de caméras de surveillance n’ait pas permis de détecter le premier embryon d’une folie qui a conduit à ce massacre, on le savait. Mais enfin il y a les douleurs des familles et des proches des 84 morts qu’il faut respecter. Le temps n’est pas à ces ridicules chamailleries qui n’ont pour but que de rechercher un avantage électoral à partir d’un drame. Le moment est venu de tirer un enseignement et nourrir une réflexion afin de diminuer les probabilités de voir se renouveler une telle catastrophe.

Alors réfléchissons sur ce qui devrait être entrepris pour se prémunir efficacement de telles catastrophes.

D’abord, comment faire en sorte que le renseignement soit récolté et exploité ? Sur ce plan, les torts sont partagés chez les politiques surtout lorsqu’on revient vers les années 2008. C’est à cette date en effet que les renseignements généraux ont été démantelés pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec l’intérêt général. La fusion de deux services, DST et RG, a échoué. La démarche de proximité qui était faite d’une présence sur le terrain et de recrutement d’informateurs a été oubliée. La police de proximité si précieuse pour être à l’écoute et sentir certaines évolutions ou dérives a été rayée de la carte. Il importe maintenant de réorganiser la récolte du renseignement. D’inciter les citoyens à signaler tout comportement qu’ils jugent inquiétants en regard de la menace terroriste. Et surtout que les fonctionnaires chargés du recueil des ces signalements soient à l’écoute de leurs concitoyens.

Ensuite réfléchir à une meilleure coopération entre police nationale et polices municipales. Certaines données, vraies ou fausses, sur le drame de Nice laissent comprendre qu’entre ces deux unités, une véritable coordination n’a pu être mise en place lors de l’organisation du service d’ordre. Ces deux polices ne sont pas réellement complémentaires, l’une dépend de l’État, l’autre est placée sous l’autorité de politiques. Ces derniers ont plus tendance à l’instrumentaliser en en faisant un argument électoral, qu’à lui confier des missions à la hauteur des enjeux actuels. Il y a d’ailleurs trop de polices municipales. Elles sont généralement bien mieux équipées que la police nationale. Cet état de fait entraîne un effet pervers dans la mesure où il n’existe aucune définition du partage des tâches. Il faudra, dans cet esprit, éviter les déclarations aussi imbéciles que tonitruantes, laissant croire que les caméras de surveillance sont le remède absolu.

La procédure pénale accumule les contraintes depuis plusieurs années, au point maintenant de se montrer chronophage et ainsi de limiter la disponibilité des policiers. Ceux-ci sont empêtrés dans la gestion des procédures, elles deviennent très compliquées et souvent sont perçues comme des tracasseries inutiles et au seul l’avantage des mis en cause. Ce sont les politiques, qui, par un souci de protection des libertés individuelles, sont à l’origine de cette complexification. Il s’en suit une véritable démotivation des enquêteurs avec comme corollaire que certains services qui étaient jugés comme prestigieux peinent à étoffer leurs effectifs. Des postes restent vacants. Le législateur ne doit pas seulement polariser ses décisions sur la seule protection des libertés individuelles mais doit impérativement prendre en compte la faisabilité des lois et règlements dans un contexte particulier.

Repenser la partition libertés – sécurité à la lumière de l’état de guerre dans lequel nous nous trouvons maintenant. Il est certain que l’état d’urgence, qui est aussi qualifié d’état de guerre entraîne, qu’on le souhaite ou qu’on le rejette, une modification de l’exercice des libertés individuelles. Notre dispositif législatif est-il adapté ? Ces nouvelles données sont-elles prises en compte par la justice dans l’application des peines et des mesures de restriction des libertés ? Il ne s’agit pas d’empêcher que les libertés fondamentales puissent s’exercer mais il faut toujours avoir à l’esprit qu’elles comportent des risques. Il conviendra donc d’organiser les rassemblements qu’ils soient festifs, syndicaux, cultuels ou politiques avec cette contrainte que des mesures particulières de sécurité s’imposeront désormais.

Réorganiser les services de sécurité doit enfin être envisagé. La fusion des RG et de la DST, présentée comme permettant une plus grande efficacité n’a pas donné les résultats espérés. Les politiques encore une fois dans ce domaine se sont trompés. Les missions et les cultures professionnelles de ces deux entités font que la mayonnaise n’a pas pris. Il faut en tirer les conséquences. Pourtant cela n’a pas été fait et, au lieu de conserver la structure « direction centrale » du renseignement intérieur, on en a fait une direction générale. Cette administration est maintenant placée au même plan que la Direction générale de la police nationale ou de la Gendarmerie nationale. On divise, on segmente les services au lieu de les regrouper et ce faisant on doublonne. Il faut en réalité constituer un maillage qui fait remonter vers une entité unique ce qu’il est convenu d’appeler les « signaux faibles ». Une organisation centralisée est la seule chance de faire en sorte que ces informations du bas de l’escalier récoltées par une police à l’ancienne, parviennent à des spécialistes formés à l’analyse et par conséquent à leur exploitation.

Nous sommes dans une situation de guerre qui selon les spécialistes est appelée à durer pour la raison qu’en face se trouve une idéologie. Celle-ci a une visée expansionniste ? Aucun dispositif de sécurité ne sera jamais parfaitement étanche. Nous ne devons pas perdre nos valeurs de démocratie, de liberté et de laïcité ; la folie sécuritaire ne doit pas nous diviser. Mais certains politiques, qui ne sont guidés que par une surenchère électoraliste en cette période de primaires, se comportent comme des minables, des petits, des diviseurs, des vecteurs de conflit. Ils ne se rendent même pas compte que leurs propos portent en germe les bases d’une guerre civile.

La sécurité, notre sécurité, est une chose bien trop sérieuse pour continuer à être confiée à des politiques. Ils se sont d’eux-mêmes disqualifiés.

Pau, le 28 juillet 2016
par Joël Braud

Pau, stationnement réservé ?

imagesDepuis maintenant quelque temps, certains syndicats de la police nationale font pression sur le maire de Pau pour obtenir la gratuité du stationnement des véhicules personnels des policiers. Étrange sollicitation de la part de ceux qui sont les garants du respect des lois et de la sécurité des citoyens.

Devant le commissariat de la police nationale, rue O’Quin à Pau, le stationnement des véhicules individuels est payant dans les mêmes conditions d’ailleurs que dans les autres rues de la ville. Mais les policiers de la Police nationale ne l’entendent pas de cette oreille et considèrent, en vertu d’arguments plutôt spécieux, qu’ils doivent bénéficier d’un régime dérogatoire. Ils demandent donc au maire de Pau de faire exception et de décider que le stationnement de leurs voitures personnelles soit gratuit et en conséquence ne soit pas verbalisé, par la police municipale.

Le maire de Pau, à juste raison, nous semble-t-il, refuse. Il fait valoir que la place de Verdun, située seulement à quelques encablures, est apte à recevoir les véhicules personnels de ces fonctionnaires. Alors la pression se fait insistante et les membres des forces de l’ordre expliquent qu’ils se sentent en insécurité. Oui, ceux qui sont chargés de la sécurité de leurs concitoyens, estiment que tout n’est pas fait pour les protéger eux-mêmes. Il faudrait, toujours selon ces demandeurs, que la rue du commissariat soit piétonne sauf évidemment pour leurs propres voitures. Ils évoquent l’assassinat de Magnanville pour signifier qu’ils seraient menacés. Tout cela est bien exagéré et relève un tantinet de la paranoïa.

Le maire maintient sa position et pour cela il ne manque pas d’arguments. Parmi ceux-ci, le principe de l’égalité de tous devant la loi et les règlements. Il serait en effet illégal qu’une exonération puisse bénéficier à certains usagers de la voie publique. D’ailleurs à en juger par les disposition du code général des collectivités territoriales (art. L 2213-3) le stationnement ne peut être réservé à des particuliers ou à ceux qui ne répondent pas à des critères limitativement énumérés. Les exceptions concernent exclusivement les handicapés, les transports de fonds, les taxis, les véhicules d’urgence et de secours, mais pas plus.

Alors il est étonnant, voir surprenant, de constater que des policiers dont on attend qu’ils montrent l’exemple à ceux qu’ils sont susceptibles de sanctionner, sollicitent ainsi, pour eux-mêmes, des privilèges contraires à la loi. Il a même été rapporté, mais cela est aussi étonnant que peu crédible, que la hiérarchie de la police nationale est elle-même intervenue auprès de l’édile dans le même sens. Il s’agissait sans doute de satisfaire aux exigences syndicales.

Est-il admissible que ceux qui sont en charge du respect de la loi incitent, par des demandes réitérées, le maire à se placer dans l’illégalité ?

Pau, le 20 juillet 2016
par Joël Braud

Pau, la police nationale laisse la main à la police municipale

imgresÀ l’occasion des réunions hippiques qui se déroulent en hiver sur l’hippodrome de Pau, les automobilistes se montrent égaux à eux-mêmes, c’est à dire incapables de respecter les règles du stationnement. C’est bien connu, seule la répression est en mesure de modifier des comportements de ceux qui n’ont aucun respect des autres. La répression oui, malheureusement, mais par qui et comment ?

Récemment, des riverains des différentes rues situées à proximité de cet hippodrome, fierté des Palois, se sont plaints en disant que les véhicules des spectateurs stationnaient soit dans des espaces privés soit de façon à les empêcher de pouvoir sortir de leur domicile avec leur propre véhicule. Généralement, ces encombrements conséquence d’un individualisme forcené se déroulent le dimanche. Ils sont d’autant plus inadmissibles que les parkings du Zénith et du Palais des sports ne sont que très partiellement occupés. Excédés, les dits riverains, après, semble-t-il avoir agité diverses sonnettes, se tournent vers la presse.

Il s’agit sans aucun doute du plus sûr moyen d’être entendu. Et là on apprend que ces jours de rassemblement, aucun service d’ordre n’est présent sur les lieux comme pourtant l’usage et l’actuel état d’urgence le prescrivent à titre préventif. On apprend que le commissariat de la police nationale argue du fait qu’elle ne dispose pas de moyens suffisants et ne peut répondre aux appels. On apprend enfin que la même police nationale prétend que cette mission est du ressort de la police municipale et pas du sien.

Par là tout est dit sur la façon du service de l’État de concevoir son rôle. Sauf que l’existence d’une police municipale ne modifie en rien ses propres compétences tant sur le plan de l’ordre public que sur le plan pénal et plus précisément du code de la route. Il reste à savoir si ce choix résulte du désengagement programmé de l’État, de la volonté des chefs ou plus simplement de l’opinion d’un subordonné qui n’a pas vraiment mesuré la portée de ses propos.

La nature ayant horreur du vide, d’où qu’il vienne d’ailleurs, il ne faudra pas s’étonner que la police municipale croisse pour prochainement atteindre l’effectif de soixante éléments. Le maire de Pau l’a bien compris qui organise pour ce dimanche 7 février, jour de grande affluence, une présence effective de la police municipale. Déjà des panneaux avertissant d’un dispositif répressif ont été installés. La police municipale a pris la place d’une autre police défaillante.

La sécurité étant un sujet particulièrement sensible chez les citoyens électeurs de la ville de Pau, on ne pourra reprocher aux élus d’afficher leur investissement dans ce domaine. Mais le contribuable se demandera, lui, si cette dépense est vraiment indispensable et si elle ne résulte pas davantage du désengagement d’un service de l’État que d’une réelle nécessité.

Pau, le 8 février 2016
par Joël Braud

Pau, la police municipale dresse son bilan.

imagesComme dans toutes les villes française d’égale importance, la police municipale est en pleine évolution. Ses effectifs vont prochainement passer de 25 à 35 éléments. Comment comprendre ces résultats ? Et pendant ce temps-là, que devient la police nationale ?

Selon ce bilan (La république des Pyrénées du 7 décembre 2015) la police municipale est de plus en plus sollicitée par le public. Elle dénombre une augmentation des appels qui lui dont adressés de 25 % et une hausse de 49% pour ce qui est de la gestion des marginaux. Ce qui reste étonnant c’est que parmi ces appelant on compte la police nationale. La police municipale de Pau serait-elle devenue la sous-traitante de la police nationale ?

La police municipale, il faut le reconnaître, a pris la place d’une police de proximité qui avait vu le jour vers 2002 – 2003, mais qui avait été abandonnée, au seul prétexte que sa mise en œuvre provenait du clan politique d’en face et selon la volonté d’un ministre de l’intérieur regretté par personne. La nature ayant horreur du vide, et particulièrement de ce vide, on a vu ensuite fleurir très vite les polices municipales. Un besoin de proximité était né, les élus ont su s’engouffrer dans la brèche.

A Pau, il est facile de constater que les patrouilles à pied, en cyclomoteur, en scooter ou en bicyclette de la police nationale n’existent plus depuis longtemps. Pourtant si cette administration avait voulu conserver ce capital de sympathie de la population, elle aurait dû veiller avec une application jalouse à maintenir cette proximité avec le citoyen au service duquel elle doit se placer.

La police municipale a pris cette place et ne cesse d’élargir son domaine d’action tant en créant une équipe de nuit qu’en se chargeant de missions qui jusqu’alors n’entraient pas dans le champ de ses compétences. Prochainement la police municipale va d’ailleurs augmenter de façon significative ses effectifs et les faire passer de 25 à 35.

Il est évident que par ce moyen les élus de la ville de Pau cherchent, en affichant leur préoccupation pour les problèmes de sécurité, à plaire à l’électeur. L’attitude est en partie électoraliste, la sécurité ça marche toujours pour celui qui pense à sa réélection, surtout lorsque la population vieillit.

On ne peut ignorer que dans le même temps la police nationale délaisse un certain nombre de ses missions. Elle affirme pourtant être débordée. Mais ne serait-ce pas là un désengagement voulu des services de l’État ; il s’agit pourtant d’une mission régalienne.

Légitimement, le contribuable est amené à s’interroger sur le bien-fondé d’une dépense.

Pau, le 22 décembre 2015
par Joël Braud

Pau. La guerre des prunes n’aura pas lieu

imagesOn ne peut s’empêcher de penser aux vespasiennes de Clochemerle lorsqu’on apprend ce qui se passe ici, à Pau, chez nous. Figurez-vous que les policiers municipaux sont allés traîner leurs guêtres et exercer leur maléfique pouvoir répressif dans un fief considéré par certains comme un espace sanctuarisé.

 L’Affaire (avec un grand A) n’a pas vraiment été reprise par la presse locale, mais sachez qu’il y a quelques jours, par ce printemps qui devrait inviter à la bienveillance, les policiers municipaux sont allés verbaliser quelques véhicules automobiles particuliers stationnés rue O’Quin. Et là  en guise de bienveillance vous repasserez, des papillons ont été déposés avec toute la délicatesse qu’il sied en la circonstance, sur les parebrises de voitures propriétés de policiers de la police nationale. Sans doute parce qu’ils ignorent les horodateurs.

Vous ne vous rendez pas vraiment compte mais cet acte commis sans aucun discernement a soulevé l’ire d’un célèbre délégué syndical de la police nationale. Il trouvait cela inadmissible disant entre autres, sans rire et à l’aide d’une dialectique propre au syndicalisme, que ses collègues ne pouvaient interrompre leur service pour payer le stationnement, que leur demander de stationner leurs voitures sur la place de Verdun (distante de 300 mètres) les exposait à des représailles etc. etc.

Et les autres, les particuliers qui ont le tort de ne pas pouvoir se considérer comme des privilégiés en droit d’échapper à toute forme de répression, ils font comment ? Et puis, il y en a beaucoup des voitures particulières de policiers de la police nationale qui font l’objet de dégradations  par vengeance de la part de justiciables. N’y aurait-il pas là comme une forme de paranoïa ?  Le brave délégué syndical serait sans doute en peine de citer des exemples. Les policiers de la police nationale chargés également de la répression seraient-ils au dessus des lois ?

La mairie a confié à Jean-Paul Brin, maire adjoint, connu pour son sens de la diplomatie,  le soin de traiter le dossier. Il va recevoir le représentant syndical. Comment va-t-il s’y prendre ? La question mérite d’être posée parce que soit il dit qu’il va interdire aux policiers municipaux de « pruner » les policiers de la police nationale et ce faisant, il reconnaît en creux qu’il existe une catégorie de personnes qui peut échapper aux rigueurs de la loi ; aujourd’hui c’est la rue O’Quin et demain peut-être tel autre quartier en raison de ses tendances politiques ou d’autres considérations, qui sait. On peut imaginer beaucoup de choses… Soit il dit que la police municipale a l’obligation de respecter avant tout le principe absolu de l’égalité de tous devant les rigueurs de la loi. Et il reconnait ainsi qu’elle échappe à l’autorité des élus.

Ce problème est d’envergure et pas simple à gérer. Jean-Paul Brin contacté à la mairie de Pau, a préféré rester taiseux en ne répondant pas à nos appels. Il a raison, dans ces circonstances moins on en dit …

Alors ce cadeau pour enrichir la réflexion des policiers de la police nationale, spécialement  celle du délégué syndical et plus généralement  celle de tous ceux qui ont un pouvoir répressif :

« Montrer l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre. C’est le seul ». Gandhi.

 

Pau, le 22 juin 2015

–  par Joël BRAUD

PAU. Des policiers municipaux la nuit

imagesLes habitants de Pau savaient que la ville organisait le recrutement de quatre policiers municipaux pour assurer une surveillance de nuit. Pour l’instant ils ne sont dotés que de Tasers, mais plus tard…  Alors si apparemment tout le monde s’accorde sur la nécessité de ce nouveau dispositif,  cela pose quand même quelques questions.

 L’histoire refait les mêmes parcours. En 1941, le gouvernement de VICHY étatise tous les services de police des villes de plus de 10.000 habitants. Aujourd’hui presque toutes les villes de plus de 10.000 habitants possèdent une police municipale.

 Une police municipale est-elle bien utile ? Cette question n’est pas nouvelle et elle renvoie évidemment à une décision des élus qui restent sur des poncifs pour la justifier. La ville de Pau est-elle à ce point dans une situation d’insécurité pour ajouter aux effectifs de la Police nationale des policiers municipaux ou bien, la nature ayant horreur du vide, est-ce pour pallier la défectuosité de la police nationale que la police municipale est devenue indispensable ?  Comme réponse il faut bien reconnaître que l’insécurité à PAU n’est que dans le ressenti de chacun et certainement pas dans la réalité des statistiques.  Conséquence inattendue ou effet pervers, depuis la mise en place d’une police municipale à PAU, la police nationale est bien moins présente sur la voie publique. Ainsi celle-ci à la différence de ce qui existait auparavant n’assure plus de patrouilles à pied, en VTT, en cyclomoteur. On ne la voit plus non plus sur les grandes manifestations. Elle a abandonné la mission répressive des infractions au stationnement. On pourrait également évoquer un transfert de charges administratives de la police nationale vers la  municipalité : sorties d’écoles, objets trouvés etc. En tout cas maintenant la répartition des tâches est différente.

 Est-ce que cela correspond à un désengagement de l’Etat ? Les effectifs de la police nationale ne sont pas en baisse dans la proportion que laissent entendre ses syndicats. L’administration affirme d’ailleurs que ces effectifs sont constants. Difficile de connaître exactement les chiffres, mais il est un discours des syndicats qui rend perplexe. En effet dans le même temps ils affirment que les effectifs sont en baisse dans des proportions importantes, et ils n’hésitent pas à se plaindre d’un commissariat palois trop étroit et à, l’espace insuffisant. Il y a là comme une antinomie. La vérité se trouve sans doute entre les deux. Les effectifs sont en légère baisse mais face aux complications toujours rajoutées des règles du code de procédure pénale il est évident que les procédures judiciaires deviennent lourdes et chronophages. Le respect des libertés individuelles a un coût. La police nationale ne peut plus consacrer autant de temps aux missions de voie publique. De son côté, la police municipale n’est pas soumise à cette contrainte parce qu’elle ne possède pas de compétence dans le domaine des procédures judiciaires.

 Comment s’articulent ces deux entités ? Les pouvoirs reconnus par le code de procédure pénale aux policiers municipaux sont très limités. Ils ont compétence pour traiter certaines infractions du niveau contraventionnel. Au-delà ils doivent faire appel et rendre compte de leurs interventions à la police nationale qui, de ce fait, bénéficie d’une image de supériorité. En effet la police nationale dispose d’OPJ (officiers de Police Judiciaire). La police municipale est placée sous l’autorité du maire mais sous le contrôle juridique du procureur de la République.  Ces hiérarchies, administratives et judiciaires qui s’entremêlent,  rendent peu lisibles l’organisation et la complémentarité de ces deux polices.

 Alors quel est le véritable intérêt ? Comme toujours, il se situe à un niveau dont on ne parle pas. La presse locale se fait l’écho de commerçants qui se réjouissent que des policiers municipaux soient maintenant présents la nuit comme si jusqu’alors la police nationale était absente. N’exagérons pas. Il n’est pas interdit de considérer que la police municipale est une source de rentrées financières non négligeables. En effet le montant de chaque amende entre pour sa presque totalité dans les recettes de la ville.  Le chiffre affiché était 1,9 million d’euros. Plus les policiers municipaux seront nombreux plus la verbalisation sera importante. Par ailleurs le sentiment d’insécurité ou sa représentation, étant plus important que la véritable insécurité, la mise en place d’une police municipale donne au maire le rôle de celui qui répond à des attentes. Sur le plan électoral l’impact est évident, les citoyens sont rassurés.

 Le débat qui consiste à savoir si la police municipale doit ou non être armée est un débat vieux comme son existence même. Il est certain que le petit veut ressembler au grand et que, dans un  temps  très prochain, il va demander à bénéficier des mêmes prérogatives judiciaires et du même équipement. Ce lien de dépendance lui pèse. Actuellement les policiers municipaux de Pau (à la différence d’ailleurs de ceux de Lons et Jurançon) ne sont pas dotés d’armes létales mais seulement de Tasers et de flash-ball. A mon avis la dotation d’une arme létale pour la police municipale est non seulement inutile mais ne correspond ni aux missions qui lui sont confiées, ni à l’esprit dans lequel elle doit assurer ses missions.

 

Pau, le 2 juin 2015

Par Joël BRAUD