Refus de plainte

La mésaventure de ce SDF, Kip, qui, à Pau, a été agressé, a reçu l’écho de nombreux organes de presse nationaux. Il aurait été préférable que l’image de notre ville soit plus honorable. Cependant cet événement serait-il significatif du désengagement d’un service de l’État ?

On pourrait, en effet, dresser la liste des organes de presse qui ont évoqué cet événement : 24 H matin. Fr – France Bleu Béarn, La République des Pyrénées, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, France-Soir, Le Parisien, La Provence, Ouest-France, La Dépêche et Sud Ouest. Excusez du peu !

Les faits sont simples mais méritent d’être rappelés. Kip, selon son surnom est un SDF connu. Le samedi 24 février 2018, il est victime de violences, dans la rue, par un individu qui s’acharne sur lui. Il est blessé et, le lendemain, dimanche, il décide de se rendre, dans la matinée au commissariat pour y faire enregistrer sa plainte. Là premier refus, on lui dit qu’il est trop tôt. Deuxième tentative un peu plus tard, là, deuxième refus au prétexte qu’il n’a pas de certificat médical. Le troisième refus sera motivé par le fait qu’il ne connaît pas son agresseur. Et le quatrième refus pour un autre motif.

Ça fait beaucoup. Surtout que les raisons invoquées n’ont pas lieu d’être. Rien n’interdit à la police d’accompagner une victime à l’hôpital, par exemple, pour qu’il lui soit délivré un certificat médical. S’il faut connaître l’auteur de l’infraction dont on est victime, il n’y aura plus de plainte contre inconnu. Pourtant c’est bien au service enquêteur de rechercher l’auteur. On ose imaginer que c’est parce qu’il s’agit d’un SDF que la police n’a pas voulu recevoir la plainte. Mais c’était sans compter sur la présence d’un journaliste qui a su donner à cette affaire une suite médiatique. A partir de là la directrice départementale a parlé d’un « loupé ». La formule est bien complaisante. Enfin ce SDF a ensuite été reçu comme il se devait par des policiers qui, « honteux et confus », lui ont offert des croissants.

Personnellement j’ai eu à connaître d’une autre affaire qui s’apparente à celle-ci. Il s’agit d’une personne âgée (90 ans), un peu sourde, qui constate chez elle la disparition de bijoux. Il n’y a pas eu d’effraction et elle n’explique pas ce qu’elle considère comme un vol. Je lui conseille d’appeler la commissariat et de suggérer qu’un relevé d’empreintes pourrait se révéler utile. Le lundi 5 mars 2018 au matin elle appelle la police et là on lui dit qu’elle doit se déplacer rue O’Quin. Elle répond que son état de santé ne le lui permet pas. Elle entend mal et sans doute a-t-elle fait répéter son interlocuteur. En tout état de cause, sans autre forme, on lui raccroche au nez.

La meilleure façon de faire baisser les statistiques sur la délinquance est certainement de ne pas enregistrer les plaintes et de dissuader les plaignants. Mais au moment où on nous vend cette nouvelle police dite : « police de la sécurité au quotidien » il est permis de s’interroger sur le sens que l’on veut donner aux mots et surtout au mot proximité.

Pau, le 13 mars 2018

par Joël BRAUD

Crédit image : soccemascouche.com

Ça reste encore à peu près convenable !

imgresEn reproduisant ici cette phrase prononcée par Luc Poignant, syndicaliste policier de Unité SGP FO police, lors de l’émission « C dans l’air » sur la 5, le 9 février 2017, j’éprouve le devoir d’afficher mon indignation et d’accompagner celle-ci de quelques réflexions.

Lors d’un reportage, au cours de l’émission, une jeune fille déclare qu’il est fréquent que les policiers les traitent de « Bamboula».Questionné par Caroline Roux, l’animatrice, sur ce genre de paroles, Poignant eut cette réponse : « Bamboula, ça ne doit pas se dire, mais ça reste encore à peu près convenable ». Ce à quoi l’animatrice répond « non » sur un ton péremptoire et définitif. Quel âne ce syndicaliste ! Ne s’est-il pas rendu compte que le sujet portait sur des actes inadmissibles commis par quatre gardiens de la paix à Aulnay-sous-Bois. Les faits sont graves et ne peuvent en aucune manière être atténués et encore moins excusés. Que le travail des policiers dans ces banlieues soit difficile et souvent ingrat, est une réalité, mais rien ne justifie de telles violences physiques. Il est évident que la banalisation de ce type de propos est forcément générateur de dérives beaucoup plus graves. On ne peut être respecté que si soi-même on respecte.

Dans cette administration, il est particulièrement significatif de constater que le poids des syndicats a pris des proportions hors normes. Les médias sont en partie responsables de cet état de fait. Dès qu’un événement survient les journalistes recueillent systématiquement le témoignage de délégués syndicaux. Ceux-ci qui ne savent rien, qui n’ont rien vu et qui ont encore moins participé à l’enquête, se permettent de phraser et d’énoncer des truismes qui n’apprennent rien à quiconque. Ajoutons à cela qu’en leur qualité de détachés permanents, il y a bien longtemps qu’il n’exercent plus le métier de policier. Mais pour un journaliste c’est plus facile parce que plus rapide ; les syndicalistes sont libres de parole tandis que les véritables intervenants policiers ne peuvent s’exprimer en public qu’avec l’assentiment de leur hiérarchie ; cela demande du temps.

Libres de paroles en effet au point que le nommé Luc Poignant cité plus haut ne risque aucune sanction disciplinaire pour les propos qu’il a pu prononcer lors de cette émission télévisée. Pourtant il porte tort à son syndicat qui a pris ensuite la sage précaution de le désavouer. Et encore, si ce n’était que cela, mais il porte tort à l’institution policière dans son ensemble parce qu’en voulant atténuer la gravité de ces violences inadmissibles, il laisse entendre auprès des habitants de la banlieue concernée, et des autres d’ailleurs, que les policiers quoiqu’il fassent, quoiqu’ils disent méritent d’être compris voire excusés. Cette forme de complaisance renforce l’idée que ces fonctionnaires d’autorités appartiennent à une catégorie d’intouchables et peuvent se permettre beaucoup de choses. Il faut cependant dire, parce que c’est la vérité, que cette bavure constitue une exception. Souhaitons qu’il n’y ait jamais plus exception de ce genre.

Le politique, et surtout un politique, doit être considéré comme responsable d’un certain nombre de dérives. En supprimant la direction de la formation dans la police, Sarkozy n’a pas permis le recyclage périodique des fonctionnaires sur des sujets aussi essentiels que la déontologie. Ce même ministre de l’intérieur a également réduit en nombre, dans des proportions considérables, la hiérarchie policière qui est pourtant garante du bon fonctionnement des services. Mais il l’a fait parce qu’il fallait permettre des avancements au relationnel plutôt qu’au professionnel. Et enfin jamais autant que sous le règne de celui qui se donnait l’image d’une main de fer, les syndicats n’ont été autant écoutés et pris en considération. Renforcer l’audience des syndicats dans cette administration où la discipline est une nécessité, ne peut se faire qu’au détriment de la hiérarchie. Il se dit que la véritable autorité dans la police est syndicale. On pourrait également parler de l’abandon de la police de proximité qui pourtant avait pour principale préoccupation de rapprocher la police de la population. On pourrait dire que la fusion des Renseignements Généraux (RG) avec la Direction de la Surveillance du Territoire (D.S.T.) a affaibli la capacité de recueil du renseignement ce qui n’est pas rien surtout dans un contexte terroriste.

Pour conclure il faut rappeler que plus que toutes les autres administrations, la police nationale est un service public au service du public et que lorsqu’elle est en conflit avec la population qu’elle est chargée de protéger elle se marginalise, voire elle se disqualifie.

Pau, le 15 février 2017
par Joël Braud

Zénith, une file d’attente dangereuse

imagesLe courrier des lecteurs dans les journaux locaux, La République et l’Éclair, est, dans certaines circonstances, particulièrement instructif. Ceux qui écrivent font part de leur préoccupations citoyennes parfaitement louables. Ici deux écrits attirent notre attention sur un problème grave celui qui concerne la sécurité. En ce temps d’état d’urgence, il revêt un relief bien particulier.

Le premier document date du 11 janvier 2017. Il est signé de Madame Lucie Abadia et s’intitule : « Fausse note au concert du nouvel an ? ». Elle ne critique pas le concert, lui-même qui, dit-elle, était parfait, mais elle décrit « La fausse note visible avant l’entrée dans l’enceinte sécurisée du Zénith, dans l’interminable queue formée par les milliers de spectateurs qui traversait le parking. Une queue si longue et si dense qu’elle touchait au boulevard du Cami Salié ». C’était le dimanche 8 janvier 2017 à 10 h 30 et cette file d’attente était constituée de familles avec enfants et de personnes âgées. Devant cette description, comme l’a fait l’auteur de ce courrier, on pense à Nice, mais également à Berlin, à Jérusalem et plus récemment à Melbourne.

Les contrôles et les fouilles étaient organisées non pas à l’intérieur de la grille mais à l’entrée de celle-ci. On aurait pu en effet s’organiser autrement surtout à une époque où notre pays a mis en place des dispositifs soi-disant draconiens dictés par l’ « État d’urgence ». C’est vrai qu’on ne peut penser à tout, mais dans ces circonstances particulières et en regard de certains drames, il faut s’obliger à prévoir le pire, savoir s’adapter.

Le second document est un autre courrier des lecteurs dans la publication de Pyrénées Presse datée du 19 janvier 2017. Il est signé par Madame Marie-Anne Michaud, directrice du Zénith de Pau. Elle fait référence à l’écrit de Lucie Abadia et souhaite apporter quelques précisions « à la mise en cause de l’organisation ». Il est important ici d’en citer les termes : « L’ensemble des actions de vigilance, de surveillance et de contrôle est appliqué lors de chaque manifestation pour la sécurité de chacun ». Voilà une phrase d’une portée très générale qui manque de précision. Quelles sont donc ces actions de vigilance, de surveillance et de contrôle ? Obligent-elles ou non, à prendre en considération la constitution d’une file d’attente si importante ? « Que ce soit pour un concert de musique classique ou de variétés, nous adaptons les dispositions en fonction de chaque événement. (…) Nous constatons cependant qu’une grande partie du public rejoint le Zénith très peu de temps avant le début du spectacle. Cela a pour conséquence de créer une file d’attente plus importante voire même un départ retardé du spectacle. Quand les spectateurs échelonnent leur arrivée, la fluidité de contrôle s’opère sans difficulté permettant un début de spectacle conforme à l’horaire indiqué dans le respect des artistes ». Retenons que, selon elle, si les spectateurs étaient plus disciplinés, voire mieux organisés, on ne rencontrerait pas ce genre de problème. Autrement dit : ce n’est pas sa faute, c’est la leur ! Retenons également que l’essentiel des préoccupations de Mme la directrice, se situe dans le respect à la fois des horaires et des artistes. Bon, et les autres !

Alors Madame la directrice, avec tout le respect qui vous est dû, avez-vous imaginé qu’il pouvait s’organiser par vos soins, ou par les soins du service de sécurité, une file d’attente en serpentin à l’intérieur des grilles ? Il semble qu’alors le danger potentiel serait moindre. Vous faites, Madame, par vos propos, un constat qui en aucun cas ne constitue une justification.

Mais il y a plus grave. Lorsque j’ai demandé à plusieurs témoins s’ils avaient observé la présence de la police (nationale ou municipale), ils m’ont répondu par la négative. Sauf à considérer qu’ils sont de mauvaise foi ou qu’ils ont des problèmes visuels, cela paraît inconcevable. On sait que la police nationale se montre dans notre ville de plus en plus discrète. Mais on sait par ailleurs que notre maire à décidé de doter la police municipale d’armes à capacité létale en arguant du fait que ce qui s’était passé à Nice était pour lui la raison incontournable.

Les forces de l’ordre ne doivent-elles pas se trouver là où existe un danger réel ou potentiel ?

Pau, le 25 janvier 2017
Joël Braud

Coup de gueule !

imageDernièrement, dans «Jusqu’où et jusqu’à quand ?(2) », M.Braud intervenait sur le forum : «je retiens deux choses, d’une part les reproches adressés à la hiérarchie qui est accusée de carriérisme et l’impotence des syndicats et des politiques qui ont été surpris et dépassés par un climat qu’ils n’ont pas su détecter.»
Il touchait un point sensible !
Pour moi, il ciblait deux problèmes de fond qui sont présents depuis très très longtemps, toujours étouffés, et qui sont entrain d’exploser par le ras le bol de ceux qui sont au contact de la réalité qui s’aggrave.
Naturellement, la politique s’en empare, c’est misérable, car cela sème la discorde, le discrédit…, sur la réalité et la justesse de ces malaises exprimés. Les extrémismes explosent.
Comme c’est la police qui réagit, l’attention est grande mais le problème n’est pas limité aux policiers, il est général dans toutes les sphères ou règne une hiérarchie qu’elle soit publique ou privée.
Je me limiterai à la sphère enseignante où je me sens légitime pour pouvoir témoigner, du fait d’une certaine expérience.
>Avant de développer, je me permettrai de substituer, dans le texte, pour les syndicats, entre autres, le terme de «su détecter» par «voulu détecter» car ils sont encore plus près de la base que la hiérarchie, les délégués syndicaux du personnel, à la différence des «inspecteurs», sont des enseignants en activité. Ils n’ignoraient rien, mais eux aussi ont des problèmes de hiérarchie verticale donc de filtration aux différents niveaux. Les syndicats sont de plus en plus rejetés car ils sont de moins en moins la courroie de transmission des besoins des acteurs de la base.
>Je peux témoigner, pour avoir vécu tout au long de ma carrière, parfois, au contact d’enseignants en difficulté, dans leur classe et en dehors, et de la  façon dont ils étaient perçus et traités.
De l’aide ? Il ne fallait pas trop y compter. De la compassion ; parfois hélas, un sourire sur les lèvres! Bien des collègues souhaitaient intervenir mais comment ? C’est difficile, d’autant plus que l’intéressé, en souffrance, fuit, gêné, n’osant pas se livrer.

Dans une classe, on est seul(e).

S’il y a un problème de discipline, il est du ressort de l’administration ; le renvoi d’un ou plusieurs élèves d’une classe est soumis à un contingentement (!) dans le temps, car on ne sait qu’en faire et ce n’est pas «pédagogique» ! Il faut vivre avec.  Le rejet de l’établissement ou le changement de classe ne fait que déplacer le problème !
Depuis, «pour arranger les choses», les surveillants qui circulaient pour « surveiller », et rentraient dans les classes pour relever les absents par exemple, ont été supprimés ; si les parents d’élèves interviennent, l’administration s’efforce d’étouffer l’affaire, se retourne souvent sur «le ou la responsable !», conseille éventuellement une prise de congé, l’absentéisme diraient certains !
Surtout, pas de vague, si la hiérarchie apprend quelque désordre, cela retombe sur le chef d’établissement, et ainsi de suite en remontant, alors : motus et bouche cousue !
Je pourrais multiplier les exemples d’agression d’enseignants dans leur classe ou à l’extérieur : dans un collège professionnel, à Toulon, un enseignant avait invité, un samedi soir, des collègues d’éducation physique, pour «réceptionner» des élèves de troisième dont il prévoyait la visite à son domicile !
Dans un collège du Var, c’est une enseignante d’espagnol qui s’est suicidée ; conclusion de la direction : «elle était fragile !».

Les policiers seraient-ils aussi fragiles !
Faut-il, pour diffuser la connaissance et apprendre à vivre ensemble, ne plus avoir des têtes bien faites mais des corps bien musclés ?

Les injures verbales, ou gravées sur les tables, ou écrites sur les murs des couloirs, ou envoyées par courrier anonyme, les pneus crevés, les crachats ou les jupes soulevées dans les escaliers…., sont les comportements habituels dans certains établissements, (depuis le port du pantalon pour les femmes s’est généralisé !).
Tout ceci, naturellement, avec une défense absolue, là aussi, d’utiliser «des armes personnelles» : une bonne gifle ou un coup de pied aux fesses !
Comme chez les fonctionnaires de police, la peur au ventre décrite par les manifestants policiers, à C dans l’air, existe aussi chez des enseignants ! le « ressenti » par la population n’est pas le même !
Certains, plus au courant que d’autres, soutiennent qu’il faut, dans la formation (de plus en plus sommaire car c’est coûteux) des enseignants, apprendre à imposer une autorité !
Après la guerre d’Algérie et les conséquences du boum des naissances, l’éducation nationale s’est trouvée en déficit de professeurs de maths et de physique ; on a alors recruté, au lycée de Toulon, en première et terminale, des officiers de marine (ils y étaient nombreux !). Je n’ai jamais entendu pareil chahut dans les classes d’un officier d’artillerie de marine !

L’autorité ne fait pas tout !

Les inspecteurs sont là pour imposer des méthodes pédagogiques conçues dans des centres de recherche par des  intellectuels qui n’ont aucune idée «du terrain». On juge l’application de la méthode, on note, et rien de plus !
Naturellement, il ne faut pas généraliser cette obscure clarté ; comme pour la police, les enseignants ne sont pas agressés dans tous les quartiers ni dans tous les établissements scolaires ; certains sont mieux situés que d’autres et d’autres trient !
Non la hiérarchie n’a jamais vraiment soutenue ses troupes, elle s’est soutenue elle-même ! Depuis, le fossé s’est creusé entre ce qu’on appelle la base qui agit et la tête qui pense à autre chose : la rentabilité, les chiffres, le pouvoir, la reconnaissance, la promotion dans la carrière….

A trop tirer sur la ficelle un jour  elle se coupe !

Signé: Georges Vallet.
Credit photos:www.icem-pedagogie-freinet.org

Jusqu’où et jusqu’à quand ?

imagesA VIRY-CHATILLON, le 8 octobre 2016, quatre policiers sont attaqués par une bande de voyous qui brûlent leurs véhicules. Deux sont gravement blessés et l’un serait encore entre la vie  et la mort. Le fait n’est malheureusement pas banal puisqu’à entendre le maire de la commune et même un ministre, il en serait ainsi depuis une vingtaine d’années. Une vingtaine d’années ! Mais qu’ont donc fait nos gouvernants. Ils ont laissé faire par lâcheté, incompétence, incurie.  » Responsables , mais non coupables « . On connaît la formule.

Pendant le premier semestre 2016, 3267 policiers ont été blessés en service. A travers eux c’est la France qu’on attaque. Les forces du désordre l’emportent sur les forces de l’ordre.

Les meilleures justifications de ces agresseurs, dont certains sont soi-disant francais, serait le manque de considération dont ils sont victimes (contrôle d’identité, discrimination à l’embauche, perquisitions brutales).

Pourquoi pas. Au demeurant comment identifier des citoyens  au visage encagoulé ? Ils savent très bien que la cagoule leur assure une totale impunité. N’est-il pas temps d’imposer de vivre publiquement à visage découvert, sous peine de sanction pénale.

Discrimination ? Comment embaucher des candidats qui ne parlent qu’un salmigondis ?

Et les perquisitions ? Faut-il y procéder en apportant le café et les croissants ?

La France n’est donc pas pour eux une bonne mère. Mais les mêmes phénomènes se produisent en Belgique, en Allemagne et ailleurs en Europe, notamment en Suède où la communauté juive est régulièrement l’objet d’agressions à Malmö, troisième ville du pays dont la population autochtone n’est plus majoritaire.

Partout se sont créées des zones de non-droit quoi qu’en dise notre premier ministre qui ne doit pas le penser.

La solution ? Inutile de multiplier le nombre de policiers qui ont surtout l’ordre de ne pas se servir de leurs armes. Leur multiplication ne sert à rien.

On a tout essayé depuis des décennies et de nombreux coins de France sont colonisés, sont occupés. Les forces de l’ordre n’y sont pas les bienvenues, parce que la France n’y est pas chez elle.

Nos gouvernants ne sentent-ils pas monter comme un vent de révolte? Car au bout du compte, ce sont bien nos impôts qui aident à entretenir cette anti-France !

 

Pierre ESPOSITO

Avocat honoraire.

Crédit photo : Europe 1

Assassinat d’un flic.

imagesLe lundi 13 juin 2016, en soirée, devant chez lui, devant sa maison familiale, à Magnanville, un policier est sauvagement assassiné. Sa compagne est ensuite elle-même tuée d’une manière horrible à l’intérieur de leur habitation.

Devant une telle lâcheté on ne peut que ressentir un profond dégoût et une incompréhension totale sur les motivations d’un tel acte dicté par les convictions extrémistes d’un individu manipulé. Le terrorisme a frappé une fois de plus un policier. Il faut respecter la mémoire des victimes et adresser à leurs proches ses sentiments de soutien et sa sympathie.

Mais par cet acte odieux à l’encontre de deux fonctionnaires, l’un policier du grade de commandant l’autre secrétaire administrative dans un même commissariat des Yvelines, une étape est franchie. En effet il n’y a pas à ce jour de précédent connu où un tel crime ait été commis au domicile des victimes. La sphère privée n’est plus respectée. Autant les policiers, les gendarmes et les militaires acceptent en toute connaissance de prendre des risques dans l’exercice de leur profession, autant ils ne peuvent accepter que, de cette façon, les leurs et eux-mêmes soient menacés dans leur cadre familial.

Comment se résigner à craindre qu’un danger rode près de chez soi de façon permanente. Cet état de fait nouveau va créer un sentiment difficile à vivre chez tous les policiers. L’insécurité pour soi-même dans l’exercice d’un métier à risques est reconnue mais les proches ne doivent pas être soumis à une quelconque pression.

Au-delà de ces douloureuses considérations, nous vivons une période bien sombre. Tout s’accumule. Et si l’on entreprend de dresser la liste des événements qui portent atteinte à notre sécurité quotidienne, on ne peut que s’interroger sur les énormes moyens qui doivent être mis en place pour les gérer.

Il y a eu d’abord ces rassemblements de « Nuit debout » qui bien qu’eux mêmes d’un caractère pacifique, ont ouvert la porte à des rassemblements de casseurs qui ont fait des forces de l’ordre, policiers et gendarmes, leur cible privilégiée. Les manifestations syndicales qui durent maintenant depuis plusieurs mois ont donné l’occasion, de la même manière à des violences des mêmes casseurs qui paraissent impossibles à être totalement neutralisés. L’Euro de football oblige, lui, en plus de la protection des lieux de rencontres sportives à rétablir l’ordre public face à des débordements de rue de la part d’individus qui n’ont de supporters que le nom et qui sont à la recherche d’affrontements violents entre bandes rivales. Bientôt partira le Tour de France.

Et au dessus de tout cela, en France, plane la menace lourde et constante du terrorisme. Les forces de l’ordre sont sollicitées de toutes parts et maintenant menacées dans leur sphère privée.

 Pau, le 14 juin 2016
 par Joël Braud

La drogue dans les établissements scolaires

imagesDans un article paru dans le journal « La République » de ce mercredi 13 janvier 2016, le journaliste, Bruno Robaly réalise une enquête intéressante sur l’usage de drogues dans les établissements scolaires. Le problème n’est pas nouveau, la question essentielle est de savoir comment on en est arrivé là. Réflexions…

Il y a bien longtemps maintenant que le débat sur la légalisation, dépénalisation, libéralisation du cannabis agite les beaux esprits. Il y a bien longtemps que l’usage de ce produit, sa détention et sa revente ne sont que très peu poursuivis par les services de police et de gendarmerie et que la justice n’applique la répression qu’avec une indulgence qui rend inopérant l’effet dissuasif de la loi pénale.

L’éducation Nationale a beau à l’aide de statistiques fort discutables, vouloir laisser entendre que le phénomène est en régression, plus personne ne mord à l’hameçon. Il n’est en effet pas très honnête de la part de cette administration de dire que les drogues, puisqu’il ne s’agit pas que du seul cannabis, ne se vendent et ne se consomment qu’à l’extérieur des établissements. La limite est la porte de l’établissement et ce qui se passe immédiatement au delà ne concerne plus les éducateurs. Curieuse façon de concevoir son rôle. Pour des raisons qui n’ont jamais été clairement avouées un chef d’établissement rechigne à alerter les services répressifs de ce dont il a connaissance. Faire savoir que dans ou aux abords immédiats du dit établissement se vend et se consomme du haschich peut nuire à la réputation et par le fait porter préjudice à ses responsables. Alors on gère cela en interne, pas de vague, pas de médiatisation.

De leur côté les services répressifs considèrent qu’ils remplissent leur mission en s’investissant davantage dans les actions d’information et de prévention que dans les surveillances et les interpellations des dealers ou usagers. A leur décharge la procédure pénale est devenue si exigeante, si tracassière que se lancer dans une enquête pour neutraliser les délinquants nécessite un investissement très lourd. La justice, elle, reconnaît que les infractions existent mais se donne bonne conscience en se limitant à des « ordonnances pénales ».

Alors il reste aux parents à voir leur enfant tomber dans la spirale de la drogue. Ils n’auront plus qu’à se morfondre et à constater avec douleur que celui-ci ne pourra s’en sortir qu’au prix d’un investissement dont tous ne sont pas capables. De toutes les manières les dégâts seront toujours irréversibles.

Pau, le 13 janvier 2016
par Joël Braud

La Gendarmerie se syndicalise

imgresDeux arrêts de la Cour Européenne des Droits de l’Homme en date du 2 octobre 2014 ont eu raison du silence de la « grande muette ». En effet la France a été condamnée pour son interdiction absolue du syndicalisme dans la Gendarmerie et dans l’Armée. Un syndicat encore appelé association professionnelle est né ces jours-ci chez les gendarmes. Une structure qui, au fil du temps ne pourra qu’évoluer. Etat des lieux.

 Commençons par une anecdote. Il y a à peu près une quinzaine d’année, les commissariats de police d’Oloron-Sainte-Marie et de Mourenx devaient être transférés de la Police à la Gendarmerie. Les syndicats de police voyant que certains de leurs adhérents devaient quitter leur affectation et la ville où ils étaient installés avaient fait connaître leur désapprobation. Ils avaient utilisé, parmi d’autres, cet argument qui consistait à dire que jamais les gendarmes ne géreraient aussi bien que les policiers les missions de sécurité. Alors le Colonel, commandant le groupement départemental de Gendarmerie, avait fait comprendre à la hiérarchie policière  que ces propos étaient indignes et qu’ils devaient cesser. Il n’imaginait pas, fidèle à sa culture militaire, que les syndicats de police parlaient librement et que leurs propos n’étaient aucunement inspirés par leur hiérarchie. Sa culture faite de son expérience militaire, lui avait appris que lorsque des associations de retraités de la Gendarmerie ou d’épouses de gendarmes prenaient publiquement la parole pour se plaindre de certaines conditions d’emploi, leurs propos étaient le plus souvent dictés par une hiérarchie cantonnée, elle, dans un devoir de réserve.

 Maintenant l’évolution fait que la Gendarmerie va expérimenter ce que la Police connaît depuis longtemps, un syndicat qui n’est encore qu’une association professionnelle appelée Gen XXI. Est-ce parce que la Gendarmerie est placée pour emploi sous les ordres du ministère de l’intérieur qu’elle se lance dans cette aventure ou plutôt parce que l’Europe, encore elle, est venue fourrer son nez dans notre organisation militaire ? Rappelons que la Police, classée catégorie spéciale en raison du fait qu’elle est soumise au devoir de réserve et qu’elle ne dispose pas du droit de grève, est syndiquée à hauteur de 71%. Par comparaison, le taux de syndicalisation des autres administrations oscille entre 10 et 15% tandis que dans le privé ce taux se situe entre 5 et 8%. Le syndicat est donc une force et sa tendance naturelle est de chercher par tous les moyens à exercer une cogestion. Les revendications, les détachements permanents et les comités techniques paritaires  chargés de l’avancement et de la discipline des policiers seront très prochainement copiés par les syndicats/associations de gendarmerie. Que leur hiérarchie ne se fasse aucune illusion elle rencontrera les mêmes situations tout simplement parce qu’une association ou syndicat vit des cotisations de ses adhérents et que pour récolter des fonds il faut que ceux-ci soient nombreux. Cela s’appelle le clientélisme ; il passe davantage par la défense des intérêts particuliers que par le souci de l’intérêt général et de l’efficacité. C’est ainsi !

 La hiérarchie de la Gendarmerie qui, il faut le reconnaître, a toujours su se montrer très attentive aux conditions de travail de ses subordonnés* va maintenant être mise en concurrence avec ces associations qui affirmeront mieux défendre les militaires que ne le font les officiers ou sous-officiers. Récemment le Directeur Général de la Gendarmerie est monté au créneau pour soutenir les gendarmes concernés par l’affaire du barrage de Sivens. Au risque de déplaire aux politiques, il a su affirmer haut et fort qu’il n’y avait pas eu de faute de la part des militaires. Une autre culture qui va sans aucun doute changer l’image de l’arme avec la forte probabilité que cette structure dite actuellement association se transformera inévitablement, à terme, en une organisation syndicale très comparable aux autres. Et comme en France, à la différence des autres pays d’Europe, les syndicats sont plus dans la contestation  que dans la collaboration, il faudra craindre un affaiblissement de la hiérarchie. Les syndicats se multiplieront et entreront en concurrence les uns avec les autres.

 Et la Gendarmerie qui a su fortement progresser dans le domaine des enquêtes judiciaires depuis ces dernières années, devra alors apprendre à s’accommoder d’un mode de fonctionnement qui, encore actuellement, n’appartient ni à sa culture ni aux traditions de l’arme.

 

            Pau, le 7 janvier 2015

Par Joël BRAUD

 

*Lire à ce propos l’article « Le chef militaire, responsable syndical, une solution au problème du syndicalisme dans les armée. » par le Général (2S) Jacques BOYE, ancien Inspecteur général de  la Gendarmerie nationale. Revue Avenir et gendarmerie n° 86 de janvier 2015.

Sarkozy l’illusionniste.

imagesSarkozy revient ces jours-ci dans un nuage de poussière. Il prétend à l’élection de la présidence non pas de la République Française, c’est trop tôt, la place est occupée, mais à celle de son parti politique. L’arrière pensée de se positionner pour le challenge de 2017 ne fait l’ombre d’un doute pour aucun d’entre nous. A l’époque où il n’était encore que ministre de l’intérieur, il s’était rendu à Pau…

 En effet c’était en septembre 2003. Le bureau de police de la police nationale, situé boulevard de la Paix avait été volontairement incendié par des jeunes du quartier de l’Ousse des Bois. Tout une symbolique à cette époque où une réputation sulfureuse entourait  cette zone. La lutte contre les violences urbaines remplissait encore les esprits et agitait ceux chargés de la politique de la ville. La police de proximité venait pourtant d’être abandonnée  par le nouveau pouvoir en place.

Sarkozy s’était donc déplacé à Pau pour cette circonstance. Dans ses propos, et avec son style bien à lui, il avait engagé le budget de l’Etat pour subvenir à la mise en place d’un autre bâtiment. Les plus hautes instances locales avaient applaudi et s’était réjouies de voir que l’Etat s’intéressait ainsi à une ville de province de moyenne importance.

Et puis le temps a passé et beaucoup qui y croyaient commençaient à s’interroger et à se demander si cet engagement n’avait pas cette cruelle saveur de la formule d’Henri Queuille. Les promesses des politiques n’engagent que ceux à qui elles sont faites.

 Eh bien ceux là justement qui avaient reçu bouche bée cette promesse, ne voyant rien venir, ont décidé d’agir par eux-mêmes. La municipalité s’est donc avisée qu’elle possédait un terrain avenue du Loup et qu’elle pouvait à son niveau investir en y plaçant des mobile homes, genre Algeco. Ce qui fut fait. Il ne restait plus qu’à organiser une cérémonie pour l’inauguration de ce nouveau bureau de police.

Et le même ministre de l’intérieur s’est gaillardement invité afin de plastronner lors de ce moment qui a de nouveau réuni tous les importants. Alors, une fois les discours et la cérémonie  terminés, André Labarrère a eu cette formule percutante comme il en avait le secret :

Je croyais que Sarkozy était un magicien, je me suis trompé, c’est un illusionniste.

 Nous sommes aujourd’hui en 2014 et tout est forcément différent. Le personnage a changé, la preuve, c’est lui qui le dit.

 

                                                                                               Pau, le 23 septembre 2014

                                                                                               Par Joël BRAUD

La ville de Pau est un « repaire d’alcooliques ».

imagesPar ces fortes paroles prononcées le 7 août lors d’une audience correctionnelle, Jean-Christophe MULLER, procureur de la République à Pau, affirme que notre ville connait des problèmes de sécurité liés à l’alcool. Selon ce magistrat, on y voit en effet de nombreuses personnes accompagnées de chiens consommant sur la voie publique des boissons alcoolisées. Il n’est pas habituel qu’un Procureur de la République prenne position publiquement sur un tel sujet, quelle en est la raison ?

 Chacun sait que le procureur de la République appartient à l’administration de la Justice et qu’à ce titre, ne lui incombe pas la compétence de gérer ou diriger les services de sécurité. Tout au plus dans un cadre limité d’enquête judiciaire il dirige les investigations. Au niveau d’un département c’est le Préfet qui assume la fonction de direction des services de l’Etat. Ce magistrat viendrait-il donc sur les brisées de l’autorité préfectorale ? Et s’il se permet de le faire, cela ne sous entend-il pas qu’il se sent autorisé à faire connaître son opinion parce qu’il constate d’importants dysfonctionnements au niveau sécuritaire ?

 Alors quelle est la réalité ? Le commissariat de police fait valoir un certain nombre de statistiques en la matière. Ainsi, sur les sept premiers mois de 2014, comparées à la période correspondante de l’année précédente, les interpellations pour conduite en état d’ivresse  ont baissé de 60%. La comparaison des mêmes périodes fait également ressortir une baisse de 25 % des interpellations pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique. Dans le même temps les accidents corporels de la circulation ayant pour cause une imprégnation alcoolique  restent stables. Enfin il est constaté une baisse des interpellations d’individus en ivresse publique et manifeste sur la voie publique, de 14 %.

 Que penser des ces chiffres ? Contrairement aux apparences, ils plaident plutôt en défaveur de l’efficacité de l’action policière. Si l’on considère que ces infractions, conduite en état d’ivresse, conduite sous l’empire d’un état alcoolique et ivresse publique et manifeste sur la voie publique, n’existent que parce qu’elles résultent de la seule initiative des services de police, il faut bien admettre une moindre efficacité de ceux-ci. Les fonctionnaires de la rue O’Quin s’investiraient-ils moins dans leurs missions ? Si la réponse est affirmative, alors il faut reconnaître que les observations du procureur de la République sont justifiées.

 D’autres chiffres sont fournis, qui disent que le nombre des auteurs interpelés à la suite de violences, est en hausse de 4 %. Aussi les auteurs de ces mêmes violences se trouvant  sous l’emprise de l’alcool, augmente de 18%. Autrement dit, plus de violences commises et surtout plus de violences commises à cause de l’alcool. Selon le procureur, l’alcool augmente le risque de passage à l’acte dans un nombre important d’atteinte à la personne. A titre d’exemple, il cite les bagarres devant les boîtes de nuit, devant les bars et enfin les violences conjugales. S’il est évidemment très compliqué d’agir préventivement pour réduire les violences commises dans des lieux privés,  il n’en est pas de même pour celles commises sur la voie publique. Les statistiques, ici encore, confirment les déclarations du chef du parquet.

 L’implication des marginaux reste sinon exclusive du moins pointée du doigt. Le piéton palois est témoin de leur comportement à différents endroits du centre-ville, qui sont devenus habituels. Il faut, à ce propos, rappeler que certaines dispositions réglementaires interdisent la consommation d’alcool sur la voie publique et restreignent les conditions de la mendicité. Ces dispositions ne semblent pas vraiment respectées à Pau. La répression ne joue pas son rôle de façon efficace.

 Que dit le maire ? En rappelant qu’un arrêté municipal interdit la consommation d’alcool sur la voie publique,  il dégage sa responsabilité par rapport aux propos tenus par  le procureur. Mais il s’interroge pour savoir si les dispositions de l’arrêté sont effectivement respectées. Et de promettre que la police municipale va être renforcée ; que la « vidéoprotection » est en train d’être mise en place.  Dont acte, le contribuable paiera. Il financera également par son impôt le recrutement de 8 nouveaux policiers municipaux et l’extension de leur présence durant la nuit.

 Comme si un désengagement des services de l’Etat, la police nationale en l’occurrence, ne pouvait avoir comme seul corollaire que l’augmentation de l’effort financier du contribuable palois.

 

                                                                                               Pau, le 15 septembre 2014

                                                                                               Par Joël BRAUD