SOS l’administration ne répond plus.

Voici ici la mésaventure d’un Palois de mes connaissances. Elle illustre, à mon avis, le comportement de l’administration, je devrais dire des administrations, à l’égard de certains citoyens qui entrent pourtant dans la catégorie de ceux qui sont respectueux des lois et des règlements. Alors plusieurs questions : est-ce aussi exceptionnel que ça ? N’y a-t-il pas dans cette façon d’ignorer les administrés une des causes principales du mouvement des gilets jaunes.

Venons en au fait. Il y a maintenant quelques mois, notre homme propriétaire d’une maison individuelle à Pau, envisage des travaux qui déboucheront sur une extension de son habitation. Pour cela et afin de se conformer aux obligations qui lui incombent, il adresse à la mairie de Pau une demande d’autorisation. Son dossier est complet, il a pris au préalable la précaution de le vérifier. Très vite la mairie lui répond en lui précisant que son dossier devant être soumis à une autre réglementation, le délai habituel d’un mois est porté à deux mois pour savoir si l’autorisation lui est accordée ou pas. Il lui est même écrit : « Si passé ce délai vous n’avez pas reçu de réponse de l’administration, vous bénéficierez d’une autorisation tacite et vous pourrez commencer les travaux en affichant la présente lettre sur le terrain pendant la durée du chantier selon les modalités détaillées plus bas. Vous pourrez également par une simple demande obtenir de la mairie un certificat attestant de l’autorisation tacite ».

Eh bien justement, après que le délai est dépassé (de quelques jours, mais dépassé quand même), notre homme reçoit de la mairie de Pau, un refus d’autorisation. L’argument développé est que l’architecte des bâtiments de France a fait savoir que sa maison se situait dans un périmètre protégé. Tiens, tiens, comme c’est bizarre se dit ce Palois. En effet quelque temps auparavant (moins d’un an) pour d’autres travaux sur la même maison située au même endroit, il avait fait une autre demande pour améliorer l’extérieur de son habitat. Et là pas de problème, aucune réticence de l’architecte des bâtiments de France n’avait été formulée. Ce dernier s’était même fendu d’une note où il était précisé que cet immeuble ne se situait pas dans un périmètre protégé. Nous avons tous entendu parler de la dérive des continents, mais nous ne savions pas qu’à Pau, les bâtiments se déplaçaient.

Donc ce brave Palois honnête et sérieux écrit une lettre au maire en lui demandant de bien vouloir lui délivrer, comme cela lui a été proposé, un certificat attestant de l’autorisation tacite. Il argue pour cela d’une part du retard apporté par les services de la mairie, la date est en effet dépassée de plusieurs jours, et d’autre part des avis contradictoires de l’architecte des bâtiments de France. Il va même, car il connaît un peu les règles administratives, jusqu’à écrire au Préfet qui est chargé du contrôle de la légalité des décisions municipales pour lui demander d’annuler l’arrêté du maire, portant refus d’autorisation des travaux. Et puis modestement il demande à l’architecte de bien vouloir, au vu de ses avis divergents, lui dire quel est celui qui doit être pris en considération.

Eh bien savez-vous ce qu’il s’est passé ? Au bout de deux mois, ni le Préfet, ni le maire, ni l’architecte des bâtiments de France n’ont daigné fournir une réponse à sa demande. Ils ont honte ou quoi ? En tout cas pour avoir participé à plusieurs « Grands débats palois » je puis vous dire que plusieurs intervenants ont reproché à François Bayrou de ne pas répondre à leurs courriers.

A force d’ignorer le petit peuple, il finit par descendre dans la rue… avec son gilet jaune !

Pau, le15 avril 2019

par Joël Braud

Pau, le plan de reconquête républicaine

C’est à partir de ce principe ambitieux que se décline une coopération entre la Police nationale et la police municipale de Pau. Cela se passait le 12 avril 2018 dans les locaux de la mairie où le Préfet et la Procureure de la République étaient venus pour donner de l’éclat à une disposition voulue par le maire. Que faut-il attendre de cette annonce très médiatisée ?

Tout d’abord, il peut paraître étonnant de voir que le représentant de l’État dans le département d’un côté et la procureure de la république de Pau de l’autre, se rendent à la mairie de Pau pour soutenir le maire dans une démarche dont on perçoit l’objectif électoral. Autrement dit, voilà de belles déclarations d’intention confortées par des fonctionnaires d’État. On n’ira pas jusqu’à dire qu’ils sont venus servir la soupe, mais il y a dans les images diffusées par les médias comme une hiérarchisation des rôles. Le maire de Pau a su, en la circonstance, bien s’entourer. Notons également que la responsable départementale de la police nationale est restée dans l’ombre. Faut-il en conclure que son influence sur le fonctionnement de la police nationale est moindre que celle de la procureure de la république ?

Mais bien évidemment là n’est pas l’essentiel. L’objectif est de lutter contre la délinquance et de faire en sorte que les services de la police qu’elle soit nationale ou municipale deviennent plus présents et plus disponibles pour la population. Les statistiques de l’année 2017, comparées aux chiffres de 2016 traduisent une évolution de certaines rubriques. Ainsi les vols avec effraction qui, on le sait, sont les délits qui ont le plus fort impact sur le sentiment d’insécurité, sont en augmentation de 7,9%. Ce n’est pas rien ! « On pourra faire beaucoup mieux ensemble que ce qu’on faisait insuffisamment séparément » déclare François Bayrou. Attendons les résultats de ce plan de reconquête républicaine pour savoir ce qu’il en adviendra. Nous jugerons le moment venu.

L’autre donnée statistique concerne les violences faites aux personnes qui, elles, sont en progression de 6,6%. A ce propos le maire de Pau a cette formule : « Un plus grand dépôt de plaintes ne veut pas dire plus de violences. Depuis les campagnes de sensibilisation, les femmes osent déposer plainte ». Et revoilà la théorie du chiffre noir. Ce chiffre qui signifie que toutes les infractions ne sont pas portées à la connaissance des services enquêteurs ; qu’elles sont certainement plus nombreuses qu’on ne le considère habituellement. Le problème est évidemment de faire un raisonnement à partir d’une inconnue. Mais l’autre aspect de cette déclaration est que maintenant les politiques se sentent habilités à commenter les chiffres de la délinquance. On entrevoit bien de quelle manière, au moment des bilans, nous sera vendue la marchandise.

Enfin c’est à cette occasion que nous apprenons que la police municipale de la ville de Pau dispose de moyens en matériels et en effectifs qui doivent faire baver d’envie les policiers de la police nationale. Pensez-donc, deux unités canines ont été créées, un système de vidéo surveillance (65 caméras) qui, paraît-il, fournit des moyens supplémentaires aux enquêtes judiciaires, a été installé. Un « mur d’images de caméras vidéo » qualifié de bluffant, sera mis en fonctionnement prochainement. Également la ville doit initier un système dit de « voisins vigilants ». Ce concept qui n’est pas nouveau, n’a jamais donné les résultats escomptés.

La « police de sécurité du quotidien » sera forcément une réussite puisque ce seront les politiques qui commenteront les statistiques de la délinquance. Déjà les autres villes de la communauté d’agglomération réclament qu’elle soit étendue et devienne une sorte de police municipale intercommunale. Quand il s’agit de courtiser l’électeur !

Pau, le 16 avril 2018

par Joël Braud

Crédit photo : francebleu.fr

Réorganisation territoriale, ça gronde dans les rangs

imagesA peine le Préfet des Pyrénées Atlantiques avait-il rendu sa copie sur le projet de réorganisation territoriale du département (le 29 septembre 2015) que certains voulant aller plus loin font des contre propositions et que d’autres animés d’un esprit de clocher font valoir leur opposition. La fusion entre les intercommunalités et communautés d’agglomération est loin d’être acquise.

Il n’aura pas fallu que s’écoulent quinze jours pour que les élus de la Vallée d’Ossau affichent leur opposition aux propositions du préfet (La République du 10 octobre 2015). Et là place à la langue de bois, ces propos qui ne signifient rien et que l’on entend si souvent. « Élus pour un mandat de six ans, nous avons un projet de territoire visant à nous permettre de répondre au mieux aux besoins des habitants tant en termes de service à la personne que de développement économique » Ben voyons, y-a-t-il une personne dans la salle qui aurait l’idée saugrenue de dire que ce projet n’est pas bon ? Mais à la vérité ce qui les contrarie ces braves élus c’est qu’ils n’admettent pas que le préfet puisse choisir pour eux. Et si le vrai problème était là : la contestation de l’autorité de l’État.

Quelques jours plus tard, c’est François Bayrou qui vient ajouter son grain de sel, en l’occurrence le grain de sel est plutôt gros (La République du 13 octobre 2015). Il lance son grand projet de Pays de Béarn. Il faut reconnaître qu’ici c’est le préfet qui a commencé. Quelle idée il a eu de ne faire qu’une seule et même communauté du côté basque ? Il fallait s’y attendre, en Béarn où fleurissent pas moins de huit communautés de communes, il y a comme une jalousie. Pourquoi eux et pas nous. Mais comme cela ne peut être seulement argumenté ainsi, François Bayrou fait appel à ses connaissances d’historien : « Pays de Béarn, ce n’est pas juridique ou administratif. C’est l’Histoire. C’est le mot qu’utilisait Gaston Fébus, il y a presque 700 ans quand il disait : Je ne tiens mon Pays de Béarn que de Dieu et de mon épée ». A n’en pas douter, cette référence à Gaston Fébus s’imposait. S’il savait l’ancêtre l’usage que l’on fait de lui. Et dans la foulée, allons-y évoquons Tucoo-Chala et Christian Desplat. Alors de là à imaginer François à la tête de cette nouveauté, « Le Pays de Béarn » qui, comme Gaston, sera investi de droit divin, il n’y a qu’un pas que les plus mal intentionnés franchiront sans hésiter. En résumé, François Bayrou est contre la suppression des départements, contre la modification du découpage des régions et pour l’épaississement du millefeuille. Tout le contraire de ce que souhaite le pouvoir central.

Et ce n’est pas fini, la contestation existe aussi ailleurs, à Mauléon par exemple (La République du 14 octobre 2015). Il y a les partisans d’une intercommunalité unique en pays basque, c’est à dire le regroupement des dix communautés de communes actuelles et ceux qui s’y opposent en choisissant un système fédératif des dix communautés existantes. On ne voit pas très bien où est la différence mais l’important c’est d’avoir une opinion. Ici, il faut l’observer, l’unanimité n’existe pas.

Du côté du Pays de Nay (La République du 15 octobre 2015), 25 maires sur 28 se sont prononcés pour le maintien en l’état du pays de Nay. Autrement dit, laissez-nous tranquilles, on ne veut personne d’autre chez nous et pas les communes d’Ousse-Gabas. Les arguments sont toujours du même niveau, ne nous précipitons pas, nous n’appartenons pas au même bassin de vie (SIC).

Lacq-Orthez se dit intéressé par la proposition de François Bayrou (La République du 20 octobre 2015) qui est considérée comme une fédération d’intercommunalités. Mais la forme de cette nouvelle structure ne semble pas être clairement définie, entre fédération, pôle métropolitain, ou syndicat mixte on hésite. Le président Jacques Cassiau-Haurie y va de son envolée lyrique : « C’est un espace de réflexion qu’il nous faut. L’entité ne sera pas dotée de moyens financiers, mais nous allons mettre sur pied un outil pour fédérer autour de l’image du Béarn ». On verra par la suite mais il y a fort à parier qu’il faudra quand même quelques sous.

Salies-de-Béarn a tenu de son côté à afficher son opposition au projet péfectoral (La République du 20 octobre 2015). Mais quelques voix dissonnantes se font entendre dans les rangs du conseil municipal. Le maire, Claude Serres-Cousinet persiste : « J’ai milité pour les lois de décentralisation pour rapprocher les décisions des habitants. Cette recentralisation pénaliserait les communes rurales. On passe à côté de l’histoire. Le préfet nous demande notre avis, il serait dommage de ne pas profiter de cette occasion ». C’est beau comme de l’antique, et toujours cet argument dont personne ne connait la réelle signification : la proximité.

Il fallait s’y attendre les élus sont divisés et pour la plupart freinent des quatre fers. Il y a même ceux qui, pour embrouiller les pistes et le débat, ajoutent une complication, une strate supplémentaire.

Personne ne sait, Monsieur le Préfet, si vous avez une obligation de moyens ou de résultats. En tout cas bon courage !

Pau, le 22 octobre 2015
par Joël Braud

Réorganisation territoriale, le Préfet rend sa copie.

imgresHier, 29 septembre 2015, le Préfet des Pyrénées Atlantiques a rendu sa copie sur le projet de réorganisation territoriale du département des Pyrénées Atlantiques. Regroupement le mot prend de la résonance et correspond à la volonté du gouvernement de diminuer un tant soit peu ce mille feuille administratif d’un autre âge. Essayons d’y voir un peu plus clair.

Au niveau du département on passerait de 30 communautés d’agglomérations ou communautés de communes à 9 (20 pour le Béarn et 10 pour le Pays Basque). Le Béarn réduirait la voilure en diminuant de 20 à 8 ces groupements, le Pays basque deviendrait une seule et même entité. En l’occurrence le conditionnel est de mise puisque le préfet ne fait que des propositions ; avant la fin de l’année, les conseils municipaux des 547 communes du département devront s’être prononcés puis ensuite, en tenant compte de ces avis, le Préfet décidera de la réforme. Cela nous mène au début 2017. On n’est pas encore au bout du chemin et tout indique que la porte est grand ouverte à toutes les discussions, tergiversations, hésitations etc. Nous allons assister à un spectacle où chacun va tenter de tirer le meilleur afin de conserver son mandat et ses avantages.

Il serait trop long de reprendre ici les propositions faites pour ces dix intercommunalités dans ce projet de Schéma Départemental de Coopération Intercommunale (CDCI), retenons ce que pourrait devenir la communauté d’agglomération de Pau Pyrénées.

Actuellement elle est composée de 14 communes et rassemble 146 982 habitants. Elle passerait à 33 communes et 165 938 habitants. Viendraient s’y adjoindre :

  • 12 communes sur 14 du Miey du Béarn, soit 11.952 habitants ;

  • 5 communes sur 7 des Gaves et Coteaux, soit 4.001 habitants ;

  • 14 communes de l’actuelle CDAPP, soit 146.982 habitants ;

  • 2 communes : Soumoulou et Nousty, soit 3003 habitants.

Les communes de Momas et Caubios-Loos (Miey du Béarn), Assat et Narcastet (Gaves et coteaux) rejoindraient d’autres intercommunalités.

Déjà des opinions se sont exprimées elles sont comme toujours divergentes, face à ce projet, certains sont favorables, voire très favorables tandis que d’autres sont pour le moins réservés. Les raisons sont parfois inattendues et il ne faut pas exclure des luttes d’influences reposant le plus souvent sur des ego un peu surdimensionnés. On parle même d’un rattachement à la Bigorre de plusieurs communes de la communauté de Morlaàs-Lembeye.

Cette proposition, pour ceux qui à juste titre prônent une reconfiguration du découpage administratif de notre pays, va dans le bon sens, cependant n’oublions pas que la Chambre Régionale des comptes, dans sa délibération du 19 mars 2015, se prononçait pour une CDAPP à 39 communes, nous en sommes à 33, il en manque. Encore un effort, monsieur le préfet !

Pau, le 30 septembre 2015

par Joël Braud

Les maires du Béarn, pas décidés à se soumettre.

imgresLe lundi 7 septembre 2015, comme le veut la tradition, les maires du Béarn se sont retrouvés à la foire exposition de Pau pour leur réunion annuelle. L’occasion de se rencontrer et d’échanger sur les sujets les plus divers. Cette année, l’ambiance était différente à en juger par la forte représentation des édiles. Quelles en sont les raisons ?

La première tient à la baisse de la dotation de l’État. Certains maires, la main sur le cœur, jurent qu’ils ne pourront s’en sortir qu’en augmentant la fiscalité locale. Peu d’entre eux se montrent de fermes partisans de la réduction des dépenses, principalement de fonctionnement. On a ses habitudes et on ne veut pas vraiment en sortir. Alors on parle des doublons dans les compétences territoriales (Alain Rousset) qui coûtent cher.

Et puis l’actualité les inspirant, les maires ont parlé de l’accueil des migrants appelés maintenant, à l’exemple de l’Allemagne, les réfugiés. Alors là pas de divergences tout le monde affichant son esprit de générosité et voulant se donner bonne conscience, se déclare solidaire de l’élan humaniste. C’est aussi là l’occasion de redire que les moyens financiers manqueront pour satisfaire aux nécessités matérielles de cet accueil. A ce propos, autant les nobles intentions sont exposées au public pour recevoir ces réfugiés, autant d’un autre côté, ils se montrent particulièrement réticents pour se mettre en conformité avec la loi lorsqu’il s’agit de créer des aires d’accueil pour les gens du voyage. Il y a accueil et accueil.

Mais le plus gros morceau, celui qui fâche et qui les place dans le doute quant à la pérennité de leur mandat, c’est bien sûr la réforme territoriale. La loi NOTRe (Nouvel organisation territoriale de la République) inquiète et fait peser sur eux comme un climat d’incertitude. Ce sujet est délicat, voire douloureux, jusqu’à Jean Lassalle qui affirme sur un ton aussi péremptoire que divinatoire que bientôt, tous ces maires n’existeront plus. Jean-Jacques Lasserre et François Bayrou affichent, eux, haut et fort leur hostilité au projet de regroupement des communes. D’autres à la tête de petites communes ont peur de ne pas faire le poids, de ne pas être entendus et on revient sans hésiter à cette notion, plutôt fictive, de proximité.

De son côté, le Préfet va son chemin et rappelle que notre pays compte trop de communes (36700), et qu’il va falloir renforcer l’échelon intercommunal. Il fait connaître sa volonté de réduire de moitié le nombre des intercommunalités. Lorsqu’on sait que le Préfet représente l’autorité de l’État on est tenté de croire que se trouve là une réelle détermination pour arriver à mener à terme ce projet. Mais face aux élus, l’expérience a démontré que l’autorité de l’État manque un peu de poids (la disparition programmée des départements a donné lieu à un flop lamentable). Dans son rapport, la Chambre Régionale des compte va dans le même sens de regroupement lorsqu’elle préconise l’élargissement de la CDAPP de 14 à 39 communes.

Nous verrons la suite, le Préfet doit rendre sa copie le 28 septembre prochain à l’occasion de la réunion de la commission départementale de la coopération intercommunale (CDCI). Il précisera les regroupements qu’il préconise, mais cette instance, aura à se prononcer. Les débats vont commencer et se poursuivre à n’en plus finir, une fois de plus les élus feront obstruction à toute forme de modification de l’organisation territoriale. Il est plus important de défendre son mandat que de se soucier de l’intérêt général.

L’autorité de l’État sera-t-elle assez forte pour ignorer ces tergiversations ?

Pau, le 9 septembre 2015

par Joël BRAUD

L’autorité de l’État

imgresEn réunissant les maires du Département des Pyrénées Atlantiques à Bidache le 11 avril dernier, le Préfet, représentant de l’État, a choisi cette occasion pour rappeler les impératifs de la réforme territoriale. Il n’a été que distraitement entendu et n’a que faiblement convaincu. Mais pourquoi l’autorité de l’Etat est-elle si peu considérée ?

 Il entre dans les fonctions du Préfet, représentant de l’Etat dans le département de mettre en œuvre la politique du Gouvernement français. Ce serait être bien ignorant de l’actualité que de ne pas prendre en considération ces réformes qui portent sur certaines institutions telles que les départements, les Régions, les intercommunalités et les communes. Nous savons maintenant que la suppression des départements qui était programmée pour 2017 a échoué, que le regroupement des régions a fait passer le nombre de celles-ci de 27 à 13 et que le projet de regroupement des communes ne parvient pas à prendre forme.

 C’est sur ce dernier point qu’il est demandé, ordonné devrions-nous dire, aux préfets de s’investir pour parvenir à un regroupement significatif. Le projet du préfet des Pyrénées Atlantiques fait ressortir que seulement huit intercommunalités devraient subsister. Il met donc en place un schéma des intercommunalités qui deviendra définitif début 2016. Les conseils municipaux auront à se prononcer à titre simplement consultatif et les communes voteront, leurs avis seront décisionnels. D’ici là que de discussions, échanges et palabres en vue qui n’aboutiront, il faut le craindre, que sur des  convictions divergentes.

 Rappelons pour bien situer l’enjeu quelques données chiffrées : Il existe en France 36 769 communes, 15 903 syndicats intercommunaux, 27 régions, 101 départements, 240 préfectures.  Tandis qu’elle ne représente que 12,8% de la population totale de l’Union Européenne, la France possède 40 % de ses collectivités.  Nos voisins ont depuis longtemps su se réorganiser, ainsi l’Allemagne, que nous citons si souvent en exemple, est passée de plus de 30 000 communes à 12 196 ; la Suède de 2 532 à 290 ; le Royaume Uni dispose de 409 « autorités locales » qui remplacent les communes et les régions ; l’Italie compte 8 101 communes ; la Belgique est passée de 2 739 à 589 ; l’Espagne, 8 109 ; les Pays-Bas  431 et la Finlande  326. Dans ces pays ces réformes ont pu être réalisées grâce à l’autorité d’un l’État fort.

 Autant dire que nous figurons, au moins sur ce plan, parmi les mauvais élèves de la classe européenne.

 Et pour ne considérer que notre beau département, soulignons qu’ils s’y trouvent 545 communes dont 38 de moins de 100 habitants ; la plus petite est peuplée de seulement, tenez-vous bien, 32 habitants, il s’agit de Tabaille-Usquain.

Lorsque le Préfet, représentant de l’autorité de l’Etat, chargé de mettre en musique cette partie de la réforme territoriale, présente son projet,  il est accueilli par les élus avec circonspection (le terme est ici très atténué par rapport à la réalité des propos entendus). Certains, tel Jean Lassalle – maire de Lourdios Ichère 154 habitants – ne voit pas comment ces regroupements vont se faire, d’autres disent douter de l’efficacité des grands ensembles et enfin le président  du conseil départemental, par ailleurs sénateur, du haut de son promontoire récemment acquis, n’hésite pas à juger ce projet comme une fausse bonne idée.

 Nous en sommes donc là à constater que les élus qui craignent pour leurs mandats, leurs prérogatives et qui considèrent comme Mirabeau, qu’ils sont là par la volonté du peuple et qu’ils n’en sortiront que par la force des baïonnettes, vont freiner des quatre fers et tout entreprendre pour faire obstacle  au projet de l’État soutenu par le préfet.

 Notre décentralisation démontre maintenant qu’elle est en capacité de s’opposer à la volonté de l’État. De ce fait, la France est devenue irréformable.

 

Pau, le 21 avril 2015

Par Joël BRAUD

Faut pas rêver !

imagesLa suppression des départements, et, corollairement, le renforcement des intercommunalités découlaient, semble t-il, du bon sens le plus élémentaire. Du reste toute l’Europe l’a fait depuis des décennies.

Le couple HOLLANDE-VALLS, auquel les temps actuels ne prêtent pourtant pas toutes les vertus du monde, avait cependant, courageusement, mais apparemment naïvement, projeté de le faire. C’était sans compter avec le lobbying des « élus locaux » (et des autres qui ont généralement été d’abord des élus locaux ou continuent de l’être  sans trop d’état d’âme à propos du cumul des mandats !). Comment pour eux, en effet,  la France continuerait-elle d’être la France sans plus d’un demi-million d’élus. C’est à dire autant que tous ceux du reste de l’Europe ?

Alors on a voté !  Et une vague bleue a submergé une précédente vague rose. Et des milliers d’emplois de complaisance bleue vont s’ajouter à ceux de la précédente complaisance rose. Dans la situation financière actuelle de la France, c’est une très bonne idée !

Et, à propos « des intercommunalités », récemment, à Bidache, le Préfet, quant à lui,  a suggéré que, revenant aux principes qu’ils ont  invoqués à l’époque pour justifier leur création, les « élus locaux »  reviennent à la notion aussi fondamentale qu’économique de cohérence territoriale. Et ainsi, pour ce qui le concerne, il verrait bien une huitaine de « territoires béarnais ».  C’est à dire, exclue l’agglo de Pau, en gros le module européen.

En réponse ? Pitoyable réquisitoire d’élus locaux plus notables par leur capacité à flatter leur « clientèle » qu’ à affronter des réalités incontournables.

A ces jeux irresponsables, décréter le Front National d’indignité républicaine ou faire l’Europe un bouc émissaire, n’empêcheront pas beaucoup, et de plus en plus, de juger lucidement ceux qui depuis un demi siècle ont parasité la démocratie et ainsi contribué, alternativement et successivement, à cette faillite morale et économique qui nous accable tous aujourd’hui !

Juger puis, démocratiquement espérons-le, les rejeter ! Et alors ? Alors il ne faut pas rêver ! Quoiqu’il arrive. Ce ne sera pas facile de « réenchanter la France » !

 

                                                        Maurice Meireles – Pontacq