L’actualité n’est pas toujours déplaisante à voir. Elle nous offre des spectacles qui, dans d’autres circonstances, seraient censurés. Mais quels enseignements peut-on tirer de cet événement ?
Dans un premier temps, à la télévision, on nous montre cette manifestation d’un parti politique qui rend hommage à Jeanne d’Arc, soit ! Ensuite il semble y avoir comme un flottement entre papa et sa fille. L’un vêtu de rouge, (pourquoi rouge d’ailleurs ?) vient s’adresser au peuple avec des mouvements saccadés et théâtraux tandis que la fille attend devant un micro de pouvoir en placer une.
Puis Papa se retire et la fille s’adresse à ses chers concitoyens lorsque subitement trois femmes à la poitrine dévoilée s’exposent à la foule depuis le balcon d’un hôtel. Elles ont déroulé des banderoles et miment le salut nazi. A cette mise en scène soigneusement orchestrée, ces trois blondes, au physique plutôt honorable, ont préalablement inscrit sur leurs poitrines leur identité de « Femen ».
Alors les caméras se détournent de l’oratrice qui bredouille quelques propos que plus personne n’entend, pour se fixer sur cette exposition avantageuse. Et c’est là que tout se joue et que le principal enseignement du reportage de cette séquence trouve sa place.
Trois gros bras au crâne aussi rasé que peu rempli, obéissant sans aucun doute à des ordres venus d’en haut, comme on dit, viennent avec un manque de délicatesse et de tendresse qui ne correspond pas à ce qu’on pourrait attendre, saisir à bras-le-corps ces délicieuses aux seins nus pour les plaquer au sol et les soustraire à la vue du bon peuple. Nul doute d’ailleurs qu’il s’est trouvé dans la foule certains pour regretter la fin du spectacle. C’est pas tous les jours en effet…
Et la cérémonie reprend.
Mais cette interpellation musclée interpelle (c’est le cas de le dire) tout habitué du Droit et de son respect républicain. Ces jeunes femmes avaient loué une chambre d’hôtel et c’est depuis le balcon de celle-ci qu’elles apostrophaient le rassemblement de la rue. En Droit (avec un D majuscule s’il vous plaît) cette chambre constituait leur domicile puisque légalement louée. Cette intrusion correspond à ce que le pénal qualifie de violation de domicile. Ajoutons à cela que les violences exercées sur leurs personnes ne sont pas ce qu’on pourrait considérer comme totalement légitimes et que dans notre République la liberté de manifester est inscrite au chapitre des libertés fondamentales.
Ça fait beaucoup pour un premier mai et surtout cela en dit long sur le respect des lois de la part de certains qui postulent aux plus hautes responsabilités dans la gestion de notre Pays. A moins que, par ce spectacle, ils aient choisi de définitivement se disqualifier.
Pau, le 2 mai 2015
Par Joël BRAUD