Jean Lassalle a brillamment obtenu ses parrainages et le voilà candidat à la présidentielle. Dans cette campagne détestable l’honnêteté des candidats est souvent mise en doute. Qu’en est-il de notre Béarnais ?
Dans la course à l’Elysée, c’est la chasse aux casseroles qui prend le pas sur les idées et les programmes. Les journalistes de gauche, très majoritaires dans l’univers médiatique, épluchent et rabâchent les errements de nos politiciens professionnels élus à vie, de préférence lorsqu’ils sont de droite. On se demande bien pourquoi ce travail n’a pas été suffisamment fait depuis des années, à froid, dans le calme, pourquoi il faut attendre une campagne présidentielle pour être informé de ces malversations.
Il faut reconnaître pourtant que certaines de ces pratiques ont été dénoncées dans le passé, sans que cela ne soulève l’indignation populaire. On a souvent parlé de l’IRFM (Indemnité Représentative de Frais de Mandat) d’un montant de 5372,80 Eur net (qui s’ajoute à d’autres indemnités de fonction) en plus de la fourniture par l’Assemblée de nombreux moyens : déplacements, repas, lignes téléphoniques,…etc.
http://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/role-et-pouvoirs-de-l-assemblee-nationale/le-depute/la-situation-materielle-du-depute
Cette IRFM est acquise sans que l’élu n’ait à justifier quoi que ce soit. C’est en soi scandaleux, mais vous avez compris que ce sont les députés et sénateurs qui font les lois… Et cette indemnité a donné lieu à de nombreuses malversations insuffisamment dénoncées. L’une d’entre elle consiste à faire payer l’appartement, voire la maison qui sert de permanence électorale, par cette indemnité… C’est évidement totalement illégal sur le fond et constitue un enrichissement personnel. Une indemnité pour frais correspond à une dépense vers un tiers pour laquelle il n’y a pas de « retour » vers le bénéficiaire. On peut d’ailleurs aussi imaginer que l’élu paye un véhicule en leasing et conserve le véhicule après sa mandature, ou bien d’autres montages que des petits malins auront sans doute utilisé… C’est en fait ce qu’a fait Jean Lassalle avec sa permanence oloronaise :
« Selon l’association « Pour une démocratie directe », ils sont 24 députés à avoir acheté un local de permanence avec leur indemnité pour frais de mandat.
Parmi les députés épingles, Jean Lassalle. Pour l’achat d’un bâtiment en 2003, rue Saint-Grat à Oloron. « A l’époque c’était totalement légal et cela l’est encore aujourd’hui, réagit le député aspois. Je suis toujours prudent sur ces aspects là et on m’avait assuré qu’il n’y avait aucun problème. Et je n’ai pas pensé un seul instant qu’il pouvait y en avoir un. » (La République du 28/1/2015)
Oh, Jean Lassalle qui fait les lois pense qu’il n’y a aucun problème à se constituer un patrimoine avec une indemnité, qui évidemment comme toute indemnité en plus n’est pas imposable ! C’est quoi l’enrichissement personnel ? Il est clair que ce bien devrait revenir en fait à l’Etat…
Jean Lassalle est aussi attaqué sur ses assistants parlementaires par Médiapart selon Mediabask :
« Selon une enquête de Mediapart, le député de la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques utiliserait ses crédits parlementaires pour rémunérer des personnes, bien connues dans le département, ne travaillant pas pour lui à l’Assemblée. Une affaire qui tombe mal pour celui qui se présente à la présidentielle comme le chantre de la « politique autrement ». »
« Mais pour Antton Rouget qui signe une enquête au vitriol dans Mediapart, « derrière le visage sympathique du centriste montagnard, se cache un piètre élu local ».
En cause, l’utilisation des 9.561 euros mensuels alloués à chaque élu pour payer ses assistants parlementaires. De l’argent public censé répondre à des missions extrêmement variables en rapport avec le mandat de député. Or, en se basant sur la déclaration d’intérêt et d’activités réalisée par le député en 2014, document obligatoire depuis l’affaire Cahuzac, le journaliste dénonce « un système clientéliste servant à rétribuer les soutiens politiques ». Des soutiens qui seraient très éloignés des activités relatives au Palais Bourbon tandis que nombre de stagiaires assureraient les missions d’assistant.
Les personnes mises en cause sont toutes issues du « petit monde qu’est celui du centrisme » dans le département. Angèle Caset, d’abord, femme de l’ancien conseiller général du canton d’Iholdy Jean-Louis Caset et mère de Christelle Caset-Urruty, suppléante du sénateur Jean-Jacques Lasserre. Cités également Monica Agest, son ancienne suppléante au Conseil général, le conseiller départemental Jean-Pierre Mirande ou encore l’inénarrable Barthélémy Aguerre, son suppléant aux dernières législatives, par ailleurs maire de Luxe et conseiller régional ainsi que son épouse. » (Mediabask.eus Bénédicte Saint André 10/10/2016)
Le problème lorsqu’on veut regarder le problème des assistants parlementaires c’est qu’il faut avoir un historique sur des décennies et que les employés changent. Aujourd’hui les assistants parlementaires déclarés sont : Mme Lysiane Palacin, Mme Catherine Marques, Mme Yvette Germain, Mme Marthe Aguerre, M. Christophe Cousin, Mme Malgorzata Mathis Mazurczak. On retrouve donc l’épouse de Barthélémy Aguerre, son suppléant, ainsi que Mme Malgorzata Mathis Mazurczak, qui est aussi (curieusement) assistante parlementaire de Jean Claude Mathis Deputé Les Républicains de la 2eme de l’Aube (et qui a peut-être un lien avec ce député puisqu’on retrouve son nom …) Est- ce que tout est parfaitement clair dans ces situations ? Bien difficile de se prononcer. On se doit de le supposer.
Pour prolonger cette utilisation scandaleuse voire illégale de l’IRFM, il faut signaler qu’on retrouve dans ces fraudeurs « à l’insu de leur plein gré » le grand donneur de leçon d’extrême gauche : Jean Luc Mélenchon !
« Le candidat du Front de Gauche, sénateur de l’Essonne vingt années durant, a en effet usé d’une pratique souvent dénoncée mais tolérée.
A côté de son indemnité parlementaire mensuelle de 5.388,72 euros net, un député comme un sénateur perçoit une indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) de 6.037,23 euros net. L’IRFM permet à l’élu de couvrir les dépenses liées à ses fonctions, et en premier lieu le loyer de sa permanence.
Mais nombre de parlementaires préfèrent acheter au lieu de louer. « Le bien leur est évidemment acquis et le restera une fois leur mandat terminé », relève Vincent Quivy dans son livre « Chers élus » (Seuil). Mélenchon l’a depuis vendu et s’est servi du fruit de cette vente pour financer sa campagne. Une somme dont l’intéressé sera remboursé s’il dépasse la barre des 5% au premier tour. » (Blog l’Obs 5/04/2012)
Scandaleux.
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/les-off-politiques/20120404.OBS5465/les-deniers-pas-tres-personnels-de-melenchon.html
« D’autres parlementaires ont acheté leur permanence avec l’IRFM : on peut citer les députés Bernard Depierre (UMP), Pascal Terrasse (PS), Jean-Jacques Urvoas (PS), Jean Lassalle (MoDem), les UDI François Sauvadet et Jean-Christophe Lagarde ou encore les anciens sénateurs Jean-Luc Mélenchon (PG) et Hélène Lipietz (EEVL). Mais globalement, il est difficile de donner un chiffre et encore moins une liste de noms exhaustive. Pourquoi ? «Parce qu’on ne sait tout simplement pas comment les parlementaires utilisent leur IRFM», déplore à nouveau Hervé Lebreton. Versée chaque mois, cette enveloppe, «destinée à couvrir les frais inhérents à l’exercice des fonctions parlementaires», ne fait l’objet d’aucun contrôle. Personne ne sait, en dehors des élus concernés, comment cet argent est dépensé. Donc, comment la permanence a été achetée. » (Le Figaro 27/01/2015)
Bien évidemment ces pratiques sont détestables mais les informations données, trop ciblées, ne donnent pas une vision claire de l’ampleur des phénomènes. Les « canards » visent le tirage de leur journaux, pas l’exhaustivité des informations. Cela n’est pas à mettre à leur crédit.
Et Jean Lassalle ne rejoindra pas François Fillon ou Marine Le Pen pour faire la une des media, c’est un bien trop petit poisson.
Daniel Sango