Un été bleu.

imageLes problèmes environnementaux ont rempli les pages des journaux locaux  cet été. Ils ont même fait la Une. S’agissait-il de meubler le ralentissement de l’activité en période de vacances ? Ou s’agit-il d’une prise de conscience locale de l’importance de l’environnement ? Les vents et les pluies d’automne, aidés par la Coupe du Monde de Rugby, la reprise du Top 14 ou les élections régionales vont nettoyer tout cela et le renvoyer vers notre oubli. Néanmoins, la qualité des sols, de l’air ou de l’eau a été largement passée en revue.

Les terres agricoles sont polluées par les nitrates et les pesticides. C’est notamment le cas du Nord-Ouest du département. Les organisations agricoles se sont mobilisées au premier semestre puis ont manifesté contre les Directives Européennes traitant des produits phytosanitaires, des nitrates, du stockage de l’eau ou des zones vulnérables et autres normes.
Seule la Confédération Paysanne aborde ces problématiques avec sérénité (La République du 11/05). Elle y verrait même des opportunités.

Des décharges sauvages sont régulièrement découvertes en Béarn. Cet été, Poey de Lescar, Bougarber ou Idron ont allongé la liste des sites impactés.
Ces pratiques confirment que la nature n’impose aucun respect et que  la recherche d’un gain financier est toujours la cause de ces forfaits, quelle que soit d’ailleurs l’importance socio-économique des contrevenants.

La qualité de l’air a été particulièrement médiocre dans la vallée du gave, notamment lors de la période de canicule. Actuellement les nuisances se prolongent dans la zone de Lacq avec un feuilleton au suspense insoutenable sur l’origine de fumées bleues.
La gestion de cette affaire par les autorités me rappelle celle de la pollution de l’air intérieur du collège d’Artix en 2013, imputable à la présence excessive de composés organiques volatils.
A Lacq comme à Artix, le traitement médiatique et également officiel de cette affaire ressemble à ceux d’un autre siècle, avec un côté mystérieux voire démoniaque qui pourrait prendre des allures de chasse aux sorcières. On parle d’effet cocktail, pas encore d’hallucinations.
Les traitements médiatiques m’ont d’ailleurs remis en mémoire une affaire  de feux follets survenus dans les années 70 dans un village de l’Est du département (rappelée récemment sur la radio du Béarn nommée bleu).
Cette affaire avait tenu en haleine tout le Béarn jusqu’à ce que le laboratoire Kaplan, installé à Serres Castets, identifie des traces de phosphore provenant d’allumettes sur les tissus brûlés.
La gouvernance de la surveillance de la pollution du bassin de Lacq a besoin d’être reconsidérée.

La qualité de l’eau n’est pas davantage réjouissante. Les rivières font pratiquement office de caniveaux et constituent des milieux presque abiotiques. Les taux de nitrates, de pesticides, de phosphates y sont élevés et les matières fécales sont difficilement métabolisées.
Les rivières sont généralement inaptes à la baignade. Seuls les plans d’eau, comme Baudreix ou Biron, sont aptes à la baignade. Toutefois une algue toxique, également bleue, a proliféré cet été. Le plan d’eau de Biron, où se situe un restaurant, a vu une interdiction momentanée de la baignade. Au lac de Mazerolles, la consommation du poisson pêché est toujours déconseillée.
(*)
L’accroissement du débit des rivières est la solution principale appliquée pour réguler les étiages et diluer les rejets. (**). Ralentir la vitesse d’écoulement et traiter plus efficacement les rejets, voire les limiter, serait également utile.

Le Béarn s’honore de la qualité de ses paysages et de la qualité de vie. Mais le Béarnais ne fait pas grand-chose pour développer, voire préserver la qualité de ses sols, de l’air ou de l’eau.
Va-t-il prendre conscience que la qualité résidentielle est aussi un facteur crucial de développement ?


                                                                                                                                        –  par Larouture

(*) : http://www.federation-peche64.fr/information-recommandations-sur-le-lac-de-layguelongue/.
(**) : Voir les pages 28 et 34 à 37 par exemple, http://www.institutionadour.fr/adour_files/pdf/institution_adour/PGE/PGE%20Luys%20Louts_Protocole%202013.pdf .