Radio France otage des syndicalistes

greve radio france   L’incroyable conflit de Radio France entre l’Etat et une poignée de syndicalistes est dans sa quatrième semaine. Il existe une information objective sur les sources et les solutions du conflit : le rapport de la Cour des Comptes. Citations.

« Ce rapport, qui procède principalement du contrôle de l’entreprise sur les exercices 2004 à 2013, s’appuie également sur des comparaisons avec des radios de service public étrangères qui se sont profondément transformées ces dernières années (BBC en Grande-Bretagne, DR au Danemark et RTBF en Belgique). »

Une fois de plus, la France est à la traîne, incapable de se réformer…

« Depuis dix ans, les antennes de Radio France connaissent un développement peu ordonné et dispendieux. Leurs budgets ont augmenté de 27,5 %, sans recherche de coordination des activités ni de mutualisation des moyens.

Malgré des débuts prometteurs et en dépit d’audiences encourageantes en termes d’écoute différée (podcasts), Radio France n’a pas achevé sa mue numérique. Si une forte impulsion a été donnée dans ce domaine en 2011, de lourds investissements et l’intégration du numérique dans la définition des métiers restent à réaliser.

Enfin, les quatre formations musicales, qui représentent 40 M€ de coûts directs et 2 M€ de recettes, nécessitent de voir leur place repensée au sein de Radio France. Avec l’inauguration, en novembre 2014, du nouvel auditorium, la coexistence de deux orchestres symphoniques (Orchestre national de France et Orchestre philharmonique de Radio France) pose question. »

« Avec 4 909 ETP en 2013, Radio France dispose d’effectifs importants. De 2000 à 2011, pendant que les effectifs de la fonction publique (État et établissements publics administratifs) diminuaient de 9,3 %, ceux de Radio France augmentaient de 14,3 %. Il en est de même pour la masse salariale, qui a crû de 18,8 % entre 2006 et 2013, soit deux fois plus que les dépenses du budget général de l’État. Le recours à l’intermittence, qui augmente à nouveau depuis 2009, a représenté 700 ETP et près de 12 % de la masse salariale en 2013.

 Enfin, Radio France se caractérise par un dialogue social intense, difficile voire conflictuel. Avec huit comités d’établissement et un comité central d’entreprise ou siègent six syndicats représentatifs, ce sont 388 personnes – soit environ 8 % des effectifs – qui bénéficient du régime des salariés protégés. »

Sur le chantier de réhabilitation de la Maison de la Radio :

« Radio France ne s’est pas dotée, pour conduire ce projet, d’une équipe, d’une organisation et de procédures adaptées. Le chantier a pris du retard et ses coûts ont dérivé. L’étendue de cette dérive, qui fragilise aujourd’hui les comptes de l’entreprise, n’est pas encore précisément connue, même s’il ressort de la dernière estimation communiquée à la Cour (avril 2014) que l’on s’achemine vers un doublement du coût : alors que l’opération a été engagée en 2004 sur la base d’un coût global prévisionnel de 262 M€ courants, cette dernière estimation prévoit un coût final à l’achèvement de 575 M€ courants. »

On pourra noter que dans ce conflit, il est très difficile d’obtenir tous les jours un chiffre des grévistes. Ils étaient de 5,5 % en début de semaine, c’est à dire moins que l’ensemble des syndicalistes « actifs » et protégés …

Jusqu’à quand durera cette gabegie ?

par Daniel Sango

Cour des Comptes : https://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Radio-France-les-raisons-d-une-crise-les-pistes-d-une-reforme

Illustration : extrait du blog de P Morelle