Racisme et eugénisme mêlent fréquemment les argumentaires des défenseurs de ces idéologies ; chauvinisme, machisme, ……., même combat !!
Les «ismes», hélas, nous envahissent de plus en plus.
Le mot race est un terme créé et utilisé par les systématiciens du vivant pour caractériser un groupe d’individus, appartenant à la même espèce, présentant un certain nombre de caractères communs transmissibles, que n’ont pas d’autres individus de la même espèce ; c’est une subdivision dans l’espèce et un moyen de s’y reconnaître dans la diversité. Et rien de plus !
Elle a même été poussée plus loin ; on parle en botanique et mycologie de sous-espèce, de race, de variété ; maintenant on nomme des taxons.
>Les races domestiques ont été créées en organisant les reproductions pour sélectionner des qualités. La vocation est commerciale. Appliquée à l’homme, c’est l’idéologie des eugénistes.
>Le concept de race naturelle ne s’applique pas aux humains faute de critères permettant de classer tous les individus en groupes homogènes séparés. Les diversités génétique et physique y sont plus fortes entre les individus d’une même population qu’entre les populations.
Sur le site de l’Express on peut lire:
«Jusque dans les années 50, on distinguait les groupes humains en fonction de critères d’apparence physique : couleur de peau et de cheveux, taille, forme du visage… La génétique a totalement remis en question cette vision simpliste. Chaque enfant est le produit d’un tirage au sort entre deux «jeux d’instructions» mélangés et recombinés au hasard. On pourrait ainsi définir des races fondées sur les groupes sanguins, les caractéristiques du système immunitaire, la présence ou l’absence de l’enzyme lactase…..!».
Si cette notion fait problème aussi, c’est qu’elle a été utilisée, au nom de supposés fondements scientifiques, par certains auteurs qui ont développé à la fin du XIXe siècle, une idéologie nouvelle : la supposée « théorie » d’une hiérarchie des races.
Une échelle hiérarchique impose de classer une succession de «meilleurs »!
Jadis, F. Bayrou définissait sa politique «Je prendrai les meilleurs de chaque parti!»
Qu’est-ce que le meilleur ? Pour quoi ? Pour qui ?? Juppé était «le meilleur d’entre nous» ! Qui, nous ? Je trouve que le poulet est meilleur que la mandarine !!!!! Chacun d’entre nous est le meilleur quelque part ! Cette gestion de notre société entraîne des dérapages car, qui dit meilleur, dit supérieur. Le supérieur hiérarchique est-il «meilleur» que son inférieur appelé hypocritement «collaborateur» ? (penser au principe de Peter!). Appliquer au vivant, on parle d’animaux inférieurs. En quoi ?
En quoi les abeilles sont-elles inférieures à l’homme ? Elles peuvent vivre sans l’homme ; l’homme ne peut pas vivre sans les abeilles !
Doit-on supprimer le mot race du dictionnaire ? Absolument pas ! Son existence et son histoire font partie de notre patrimoine culturel, comme, hélas, la torture et l’esclavage !
«En mai 2013, les députés français ont adopté une loi qui supprime le mot « race » de la législation française, dans neuf codes et dans 13 lois non codifiées. Il s’agit notamment du Code pénal, du Code de procédure pénale, ainsi que de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse». «En décidant de supprimer la catégorie juridique de races, notre Assemblée contribue à faire avancer notre société au plan idéologique et pédagogique» Atlantico.
En fait, la disparition du mot race appliquée à l’homme ne supprimera absolument pas le contenu de la pensée que «le racisme» véhicule car elle est bien plus ancienne que le mot «race» lui-même.
Or, ce contenu est très vaste et infiniment varié ; il s’appuie sur deux critères :
>Le premier, biologique, résumons-le en «peur de l’autre», s’est imposé il y a des milliards d’années quand la première cellule a développé une stratégie de protection contre les éléments extérieurs agressifs et mortels : la perméabilité sélective de sa membrane. La cellule sélectionne ses échanges dans les deux sens afin d’assurer sa protection et son équilibre. Par la suite, les tissus, organes, organismes ont répercuté cette méfiance d’autrui en développant, grâce à l’ADN, les réactions immunitaires.
Ce dispositif de survie s’est poursuivi au niveau culturel grâce au développement des lois, des clôtures, des frontières, des douanes….
>Le deuxième résulte de l’évolution culturelle de l’espèce humaine qui est un long fleuve de larmes, de souffrances, du fait des crises environnementales ininterrompues : volcans, tempêtes, inondations, désertification, séismes, maladies, famines….Par la suite, les crises n’ont fait qu’empirer par l’ajout des guerres, épidémies, feux, pillages, massacres, crises économiques et financières….
La résurgence de l’idéologie est associée à l’intensité des crises.
Au début, les dieux, les oracles, les gourous, les chamans, Dieu lui même par l’intermédiaire de ses saints, les processions et les messes….géraient les problèmes et fournissaient des explications ; le résultat n’était pas toujours satisfaisant mais le support de l’irrationnel confortait la victime.
Le siècle des Lumières va apporter un frein à l’influence du supranormal ; le doute s’empare des esprits, il faut désormais trouver d’autres causes et le remède aux misères du monde. Comme il n’est pas question d’envisager, car trop contraignant, complexe, long et coûteux, de suivre le seul raisonnement efficace qui mène le monde, biologique comme culturel, à savoir le raisonnement systémique, multi-causal, on se dirige tout naturellement vers le raisonnement simpliste, linéaire, réducteur qui désigne :
le bouc émissaire.
La liste des responsables est alors infinie ; dans le plus grand désordre : les juifs, les musulmans, les protestants, les italiens, les portugais, les arabes, les patrons, les fonctionnaires, les cheveux blonds, les yeux bleus, les femmes, les jeunes, les seniors, les retraités, les étrangers, le voisin, les habitants de la commune voisine, le diesel, l’étranger qui vient vider «nos» poubelles à Paris, tel ou telle responsable politique, les dépenses publiques, le millefeuille administratif !…
Chacun, séparément, devient le cœur du problème alors que collectivement ils sont la solution.
Et on s’étonne que tout échoue !
Pour justifier l’indispensable disparition du responsable les chiffres sont là pour ça ; les sondages, incontournables, sont soigneusement programmés ; le résultat de la moyenne des «français» est déterminant. Le sort du désigné «responsable» est entre les mains du classement des Français. Classer, arbitrairement surtout, les hommes en groupe d’inégales valeurs, c’est du
racisme lato sensu.
Cessons d’écouter ses trompettes de la renommée médiatique et politique et suivons les conseils de ces millions de chercheurs anonymes dispersés dans le monde.
Le «racisme ou ses dérives» est partout ; lutter contre, c’est lutter contre l’ignorance ; l’instruction et la science sont les deux mamelles de la réussite.
La peur de l’autre a toutes ses raisons d’être pour les fragiles organismes des espèces solitaires soumis aux agressions permanentes d’un environnement hostile.
Par contre, le développement de la vie en société a généré un immense pouvoir potentiel de protection et un transfert de cette immunité de l’organisme au groupe ; des communes, des provinces, des régions… à la nation. Ainsi se sont construits tous les grands pays. Ainsi se sont construites les fédérations d’états ; qu’on le souhaite ou pas l’Europe est en train de vivre cette dynamique , avec, c’est vrai, encore bien des «vrais progrès» à faire.
Petite plaisanterie annexe :
Signalons, à ceux qui l’ignorent ou l’auraient oublié, que la distinction des espèces d’insectes est basée sur la morphologie et la taille de l’édéage, ou sexe, du mâle.
Voilà un argument scientifique sur lequel les promoteurs de la notion de races humaines peuvent s’appuyer !
La très précise et complète étude analytique réalisée par Pierre Perret sur la morphologie et le comportement de l’édéage humain est une source très précieuse pour appuyer leur thèse et définir de nombreuses races !!! Cependant :
- Chez les insectes, la morphologie de l’édéage est un bon critère car il reste identique tout au long de la vie et même après la mort. Chez l’homme, cela peut varier de nombreuses fois au cours de la journée !
- Quel serait alors le critère permettant d’établir l’échelle hiérarchique ? L’un d’entre eux existe déjà, c’est le critère culturel issu de la modification rituelle et religieuse chez le très jeune garçon.
– par Georges Vallet
Crédits photos: crif.org