Le 5 Janvier, dans mon village situé à 35 km de Pau, avait lieu la présentation des vœux par la municipalité. Le maire s’est réjoui de l’accroissement de la population confirmé par la dernière estimation de l’INSEE : 224 habitants et des pavillons sont toujours en construction.
Le maire vient de vendre le dernier de ses 4 lots constructibles et d’autres terrains sont disponibles. La comparaison avec l’évolution de la population dans l’agglomération paloise montre que l’étalement urbain continu de plus belle.
Mais en préalable aux interrogations que pose cette situation, l’évolution de la population de mon village, telle que représentée en illustration, mérite quelques commentaires. En effet, cette représentation condense toute l’histoire socio-économique de notre pays sur deux siècles.
D’abord, on peut noter l’effet de l’essor économique qui a suivi le premier empire. Ensuite, on constate le basculement qui s’est produit à l’avènement du IIe empire. La décroissance est pratiquement linéaire jusqu’au début des années 1960 ; soit une perte de plus de la moitié de la population en un siècle. La révolution industrielle, le développement des villes et aussi l’attrait des Amériques ont contribué à vider le village.
Si cette tendance s’était maintenue, la fin de mon village aurait dû se produire autour de l’an 2040. Or la démographie s’est stabilisée depuis les années 1960 jusqu’à la fin du XXe siècle.
A noter que l’amorce de stabilisation coïncide, entre autres, avec la mise en application de la PAC, le développement de la filiaire agroalimentaire, le développement du bassin de Lacq et aussi celui du parc automobile. La confirmation de cette stabilisation correspond également la période des chocs pétroliers et au début de l’endettement du pays.
L’accroissement de la population qui démarre avec le présent siècle provient essentiellement du développement du bâti pavillonnaire. La demande soutenue de terrains constructibles a pu être satisfaite grâce à l’arrêt de nombreuses exploitations et l’absence d’installations de jeunes agriculteurs. En 13 années de ce début de siècle, environ 25 pavillons ont vu le jour (soit environ 60 personnes supplémentaires et près de 300 trajets motorisés par jour ouvré supplémentaires).
J’ajouterais que cette transition rompt avec l’attachement viscéral du monde paysan à sa terre.
Actuellement le village est devenu un lieu de résidence plus qu’un lieu d’activité (43 emplois pour 104 actifs recensés en 2009 ; 14 exploitations agricoles recensées en 2010 mais les exploitations pérennes ne constituent que quelques unités). Les déséquilibres entre propriétaires fonciers et résidents ne peuvent que s’accentuer.
Il ne faut pas être très perspicace pour voir, d’abord que cette dynamique a ses bénéficiaires, notamment la filière immobilière, mais surtout qu’elle sera source de tension et de problématiques nouvelles. Elles nécessiteront des solutions innovantes, complexes et coûteuses.
Certes Pau a des problèmes pour caler un modèle d’urbanisation adapté sa taille de ville moyenne qu’elle a du mal à assumer ainsi qu’aux exigences du siècle (croissance économique, développement social et respect environnemental). Mais sa périphérie aura tout autant de problèmes, même si sa population augmente.
En fait, les problèmes de la ville centre, de l’agglo et de la périphérie sont interdépendants.
Quels sont les candidats capables de gérer au mieux cette interdépendance ? Certainement pas ceux qui contestent le rééquilibrage territorial au bénéfice de la France réelle, tenté par les réformes territoriales actuelles.
– par Larouture
Bibliographie : Stéphane Cordobes, Romain Lajarge, Martin Vannier ; La prospective d’un tiers espace, le Périurbain ; Territoires 2040 ; DATAR ; 2me semestre 2010