Le Conseil Général, créé en 1789, est une de nos plus vieilles institutions administratives.
Ses compétences couvrent une bonne partie des services de proximité (aide sociale, voirie, éducation, culture, aide au développement, tourisme, …) ce qui en fait, normalement, avec la Municipalité, l’un des deux organismes les plus proches de nos préoccupations quotidiennes. Et pourtant !… Les élections cantonales n’ont jamais mobilisé les foules et le taux d’abstention ne cesse d’augmenter (53% en 2011 et au moins 60% en 2015 !…)
A la méfiance grandissante des citoyens envers le monde politique, s’ajoutent l’incompréhension et le doute sur le fonctionnement opaque, le coût exorbitant et l’utilité réelle de nos institutions :
- Il faut supprimer le Sénat, il ne sert plus à rien…
- Il faut réduire le nombre de députés, 577 c’est 3 fois trop !
- Il y a trop de couches dans notre millefeuille !…Il faut regrouper les régions, supprimer les départements et les cantons, regrouper les communes…
- On pourrait économiser quelques milliers de parlementaires, d’élus, de conseillers municipaux, généraux, communautaires, … plus tous le personnel qui les entoure, plus tous les systèmes matériels et humains qui assurent la communication entre tous ces gens !…
- Sans compter les multiples structures qui entourent le gouvernement ou le Parlement : Conseil économique social et environnemental, Commissariat général à la stratégie et à la prospective, Conseil supérieur de l’économie sociale, Commissariat général à l’égalité des territoires, Conseil de l’insertion par l’activité économique, Conseil national de la vie associative, etc… soit quelques milliers de conseillers, tous grassement payés pour pondre des rapports sérieux et documentés, mais que ni les ministres ni les députés n’ont le temps de lire !… (cf. Sud-Ouest du 24/02)
Et les payeurs, c’est nous !…
Heureusement, la réforme territoriale est en cours ! Ouf ! Il était temps !… Voilà enfin l’occasion rêvée :
- de regrouper les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées qui ont beaucoup de points communs aux niveaux culturel, industriel, agricole, et de développer la coopération avec les provinces espagnoles voisines,
- de supprimer les assemblées départementales en redistribuant les compétences entre un conseil régional disposant d’un réel pouvoir décentralisé et des communautés de communes affranchies des caprices du Parlement de Navarre,
- de supprimer la clause de compétence générale qui permet à chaque assemblée de se mêler de tout et à nos élus d’accorder des subventions sur des lignes qui sortent de leur compétence, tout en réduisant l’aide aux crèches « pour faire des économies !… »
- de supprimer 4000 sièges de conseillers départementaux,
- de répartir le personnel départemental entre les services régionaux (pouvant disposer d’antennes locales) et les services municipaux ou communautaires,
- de n’avoir en 2015 que les élections régionales avec des compétences précises et connues.
Au lieu de cela, sans aucune concertation préalable des intéressés (nous, pas les élus !…), on décide de :
- regrouper Aquitaine avec Limousin et Poitou-Charente, en espérant que nous pourrons ainsi nous enrichir de nos différences…
- conserver les départements mais en changer les compétences; « les nouvelles compétences ? on en décidera plus tard !… Mais ne vous faites pas de souci, le budget a déjà été voté par l’assemblée sortante !… «
- regrouper les cantons selon un nouveau découpage qui paraît logique à la majorité sortante et totalement illogique à l’opposition… mais, sous prétexte de parité, il y aura dorénavant 2 conseillers par canton au lieu d’un, ce qui fait que, malgré le regroupement, il y aura au total plus de conseillers qu’avant : « Tu parles d’une économie alors que Manuel Vals annonçait en avril 2014 la suppression prochaine des départements !… »
Conclusion : « Un découpage incohérent et une élection absurde » ( cf. Sud-Ouest : « Tribune libre de François Hulbert géographe, professeur à l’Université de Lorraine).
C’est à n’y rien comprendre et je me pose la question : Faut-il aller voter ? A quoi ça sert ?…
J’avoue que je n’en sais rien et je ne suis pas le seul… Selon les derniers sondages, 60% des électeurs ont l’intention de s’abstenir et 30% souhaitent le succès du Front National. Si l’on admet que, galvanisés par ce succès prévisible, tous les électeurs du FN iront voter et que ce sont surtout les électeurs des autres partis qui s’abstiendront, les résultats prévisibles pourraient être : votants=40% des inscrits; FN=30% des inscrits soit 75% des votants; FN élu au 1er tour dans 24 des 27 cantons des Pyrénées Atlantiques !… Bien sûr personne n’y croit, mais il faut reconnaître que cela est mathématiquement possible et ce n’est pas mon idée de la démocratie.
Alors, je déciderai plus tard si je vais voter et pour qui, mais, en attendant, je vais aller aux réunions publiques des candidats de mon canton et je leur poserai des questions du genre :
- pourquoi êtes-vous candidat ? pour servir la collectivité ou par ambition personnelle ?
- voulez-vous continuer à rajouter des couches à notre mille-feuille administratif ou œuvrer à sa simplification ?
- voulez-vous œuvrer dans le sens d’un équilibre budgétaire et d’une réduction de l’endettement ?
- êtes-vous pour ou contre la suppression de la clause de compétence générale ?
- êtes-vous décidé à respecter le non cumul des mandats ?
- êtes-vous décidé à respecter une totale transparence sur l’utilisation de l’argent public, qu’il s’agisse de marchés publics, de subventions ou de frais de représentation ?
- que ferez-vous si, à court terme, les départements sont supprimés et les assemblées départementales dissoutes ?
Je viendrai ensuite commenter ici les réponses que j’aurai obtenues.
Au final, si je décide d’aller voter à cette élection absurde, au moins je saurai pourquoi et pour qui !…
Et j’invite tous ceux qui me lisent, quel que soit leur département, à faire comme moi dans leurs cantons respectifs, et à revenir nous faire part sur ce site de leurs réflexions.
– par JYS