Une élection absurde !…

cahier de doléances 1 (1)Le Conseil Général, créé en 1789, est une de nos plus vieilles institutions administratives.
Ses compétences couvrent une bonne partie des services de proximité (aide sociale, voirie, éducation, culture, aide au développement, tourisme, …) ce qui en fait, normalement, avec la Municipalité, l’un des deux organismes les plus proches de nos préoccupations quotidiennes. Et pourtant !… Les élections cantonales n’ont jamais mobilisé les foules et le taux d’abstention ne cesse d’augmenter (53% en 2011 et au moins 60% en 2015 !…)

A la méfiance grandissante des citoyens envers le monde politique, s’ajoutent l’incompréhension et le doute sur le fonctionnement opaque, le coût exorbitant et l’utilité réelle de nos institutions :

  • Il faut supprimer le Sénat, il ne sert plus à rien…
  • Il faut réduire le nombre de députés, 577 c’est 3 fois trop !
  • Il y a trop de couches dans notre millefeuille !…Il faut regrouper les régions, supprimer les départements et les cantons, regrouper les communes…
  • On pourrait économiser quelques milliers de parlementaires, d’élus, de conseillers municipaux, généraux, communautaires, … plus tous le personnel qui les entoure, plus tous les systèmes matériels et humains qui assurent la communication entre tous ces gens !…
  • Sans compter les multiples structures qui entourent le gouvernement ou le Parlement : Conseil économique social et environnemental, Commissariat général à la stratégie et à la prospective, Conseil supérieur de l’économie sociale, Commissariat général à l’égalité des territoires, Conseil de l’insertion par l’activité économique, Conseil national de la vie associative, etc… soit quelques milliers de conseillers, tous grassement payés pour pondre des rapports sérieux et documentés, mais que ni les ministres ni les députés n’ont le temps de lire !… (cf. Sud-Ouest du 24/02)

Et les payeurs, c’est nous !…

Heureusement, la réforme territoriale est en cours ! Ouf ! Il était temps !… Voilà enfin l’occasion rêvée :

  • de regrouper les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées qui ont beaucoup de points communs aux niveaux culturel, industriel, agricole, et de développer la coopération avec les provinces espagnoles voisines,
  • de supprimer les assemblées départementales en redistribuant les compétences entre un conseil régional disposant d’un réel pouvoir décentralisé et des communautés de communes affranchies des caprices du Parlement de Navarre,
  • de supprimer la clause de compétence générale qui permet à chaque assemblée de se mêler de tout et à nos élus d’accorder des subventions sur des lignes qui sortent de leur compétence, tout en réduisant l’aide aux crèches « pour faire des économies !… »
  • de supprimer 4000 sièges de conseillers départementaux,
  • de répartir le personnel départemental entre les services régionaux (pouvant disposer d’antennes locales) et les services municipaux ou communautaires,
  • de n’avoir en 2015 que les élections régionales avec des compétences précises et connues.

Au lieu de cela, sans aucune concertation préalable des intéressés (nous, pas les élus !…), on décide de :

  • regrouper Aquitaine avec Limousin et Poitou-Charente, en espérant que nous pourrons ainsi nous enrichir de nos différences…
  • conserver les départements mais en changer les compétences; « les nouvelles compétences ? on en décidera plus tard !… Mais ne vous faites pas de souci, le budget a déjà été voté par l’assemblée sortante !… « 
  • regrouper les cantons selon un nouveau découpage qui paraît logique à la majorité sortante et totalement illogique à l’opposition… mais, sous prétexte de parité, il y aura dorénavant 2 conseillers par canton au lieu d’un, ce qui fait que, malgré le regroupement, il y aura au total plus de conseillers qu’avant : « Tu parles d’une économie alors que Manuel Vals annonçait en avril 2014 la suppression prochaine des départements !… »

Conclusion : « Un découpage incohérent et une élection absurde » ( cf. Sud-Ouest : « Tribune libre de François Hulbert géographe, professeur à l’Université de Lorraine).

C’est à n’y rien comprendre et je me pose la question : Faut-il aller voter ? A quoi ça sert ?…
J’avoue que je n’en sais rien et je ne suis pas le seul… Selon les derniers sondages, 60% des électeurs ont l’intention de s’abstenir et 30% souhaitent le succès du Front National. Si l’on admet que, galvanisés par ce succès prévisible, tous les électeurs du FN iront voter et que ce sont surtout les électeurs des autres partis qui s’abstiendront, les résultats prévisibles pourraient être : votants=40% des inscrits; FN=30% des inscrits soit 75% des votants; FN élu au 1er tour dans 24 des 27 cantons des Pyrénées Atlantiques !… Bien sûr personne n’y croit, mais il faut reconnaître que cela est mathématiquement possible et ce n’est pas mon idée de la démocratie.

Alors, je déciderai plus tard si je vais voter et pour qui, mais, en attendant, je vais aller aux réunions publiques des candidats de mon canton et je leur poserai des questions du genre :

  • pourquoi êtes-vous candidat ? pour servir la collectivité ou par ambition personnelle ?
  • voulez-vous continuer à rajouter des couches à notre mille-feuille administratif ou œuvrer à sa simplification ?
  • voulez-vous œuvrer dans le sens d’un équilibre budgétaire et d’une réduction de l’endettement ?
  • êtes-vous pour ou contre la suppression de la clause de compétence générale ?
  • êtes-vous décidé à respecter le non cumul des mandats ?
  • êtes-vous décidé à respecter une totale transparence sur l’utilisation de l’argent public, qu’il s’agisse de marchés publics, de subventions ou de frais de représentation ?
  • que ferez-vous si, à court terme, les départements sont supprimés et les assemblées départementales dissoutes ?

Je viendrai ensuite commenter ici les réponses que j’aurai obtenues.
Au final, si je décide d’aller voter à cette élection absurde, au moins je saurai pourquoi et pour qui !…

Et j’invite tous ceux qui me lisent, quel que soit leur département, à faire comme moi dans leurs cantons respectifs, et à revenir nous faire part sur ce site de leurs réflexions.

– par  JYS

Révolution !

alain-rousset-president-de-la-region-aquitaine-a-droite_2266503_800x400Il est des matins où l’on pense que l’on va pouvoir boire son café paisiblement. C’est sans compter sur le comportement honteux de nos élus.

Sud Ouest de ce matin sur la future région unique Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes :

« Ils ont également accepté en commun l’idée que cette nouvelle région ne sera ni « une juxtaposition, ni une fusion-absorption », mais un « mariage » comme l’a souligné Gérard Vandenbrouck. Autrement dit, chacun conservera ses biens (ses hôtels de région), ses bureaux et surtout l’ensemble du personnel, même si l’exécutif se trouvera bien « à Bordeaux ».

Emploi public préservé

Les trois présidents se sont ainsi montrés rassurants. « L’emploi public sera préservé », a répété Alain Rousset, président aquitain. « Il n’y aura pas de mutations sous la contrainte » a renchéri Gérard Vandenbrouck. « Ce mariage ne se fera pas au détriment de l’emploi public », a rajouté Jean-François Macaire, président de Poitou-Charentes. Pas de diminution de personnel, donc pas d’économies à attendre de ce mariage, comme on le savait déjà.

Attention à une hausse des coûts

Alain Rousset a au contraire plutôt mis en garde contre le risque d’une « aggravation des coûts de fonctionnement », ce qui serait tout à fait possible avec une harmonisation des conditions sociales des agents par le haut, et de la nécessité de réussir cette union pour que cette nouvelle région soit efficace dans ces domaines de compétences comme le développement économique, l’enseignement supérieur et la recherche. »

 A la fin de cette lecture je me suis demandé dans quel pays je vivais et qui sont les comiques qui veulent nous diriger. Rousset avait eu quelques instants de lucidité ( « Rousset enfin illuminé » AP du 18/11/2014) Il faut croire que la pression de ses collaborateurs a été trop forte. En fait Rousset n’a pas tout dit, compte tenu de l’organisation qu’il propose il sera indispensable de créer une entité de coordination nécessitant l’embauche de 200 personnes…(humour noir …)

On doit aussi s’interroger sur le rôle de la presse lorsqu’elle se contente de rapporter de telles énormités, sans faire le moindre commentaire.

On voit bien que cette réforme des régions est une vraie révolution. Attention cependant, le risque d’en voir une bien réelle, avec les citoyens contribuables dans la rue approche à grands pas…

par Daniel Sango

Le système de pôle régional est-il pernicieux ?

Le treillage EuropéenCet ancien système de pôle régional serait-il pernicieux ? Attirerait-il tous les intérêts économiques, au détriment du reste du territoire ? 

Les pôles (régionaux ou nationaux) attirent les intérêts économiques parce qu’ils constituent des « écosystèmes » particulièrement performants, capables d’interactions positives. Ils tirent profit de la mondialisation. Le développement se fait ainsi, partout dans le monde depuis des siècles.
Tous les territoires régionaux ne peuvent pas agglomérer toutes les compétences même si les vitesses sont accrues dans tous les sens ; ce qui est d’ailleurs une illusion. Dans les territoires, tout un ensemble de revenus (retraites, sociaux, publics, tourisme, loisirs par exemple) existent également. Il crée une économie souvent florissante. Les régions s’appliquent d’ailleurs à capter ces revenus sans trop se soucier de savoir comment ils sont produits.

Il est maintenant établi que revenus et création de richesses ne se localisent pas au même endroit. Les richesses créées dans les métropoles se retrouvent distribuées dans les provinces plus efficacement qu’on ne le pense généralement.
Le cliché de « Paris et le désert français » publié en 1947 et sa traduction par le dogme de l’égalité des territoires ont la vie dure. Les métropoles ont plutôt été affaiblies par plus de trente années de régionalisation. La réforme régionale dont le principal objectif est le « redressement productif », ne fait que corriger cette situation. Mieux vaut redistribuer des richesses créées dans le pays par des métropoles, naturellement  efficaces, que de continuer à emprunter.

Certes, il faut aussi tenir compte des effets de 20 à 30 ans de déficits publics, de remodelage du territoire (souvent délocalisations ou migrations à l’échelle du pays) ainsi que des effets négatifs de la mondialisation.  Des problèmes humains, des frustrations et des inquiétudes (bas salaires, emplois précaires, écarts de revenus, prix élevés du logement par exemple) existent. Ils demandent, à défaut de réponses impossibles à court terme, des perspectives ; parfois des boucs émissaires.  Cette « déprime » n’épargne pas non plus notre territoire qui n’est pourtant pas des plus mal loti.
En plus, nous dit-on, il faudra tenir compte du réchauffement climatique, de la fin de l’énergie bon marché, de la réduction de la biodiversité ainsi que celle des espaces agricoles et naturels. On nous annonce également la fin d’une situation de plein emploi (au sens encore actuel) et l’avènement de  la mobilité comme valeur dominante du XXIe siècle.

La réforme des régions donne la priorité à l’accroissement du « PIB dit compétitif ». Ainsi un réseau Toulouse- Barcelone- Marseille- Lyon sera vraisemblablement plus productif qu’un réseau Bordeaux- Bilbao- Saragosse.
Les autres problématiques nécessiteront peut-être une adaptation du schéma proposé.
Mais les élus suivent les évolutions davantage qu’ils ne les provoquent.
Aussi les territoires  devront montrer leur capacité à coopérer et non à se concurrencer ou encore à mettre en application des modèles territoriaux prospectifs ; mosaïques de projets (adapté aux pays de l’Adour), Interface entre métropoles et périphéries (adapté à Bordeaux ou Toulouse) par exemple.
En attendant, il est important que l’Etat assure le contrôle de l’application de la réforme actuelle, de ses effets ainsi que des corrections nécessaires.

– par Larouture

PS : Article inspiré par les échanges entre MM. Sango et Lacanette, suite à l’article de
M. Boutin du 16/07/2014, «  Réforme territoriale : N’oubliez pas les Pyrénées-Atlantiques ! ».

Illustration : Le treillage Européen, ©R.Brunet,  Mappemonde 66 (2002.2)

Réforme territoriale : N’oubliez pas les Pyrénées-Atlantiques !

64De Hendaye, à la frontière avec l’Espagne, jusqu’à Bayonne, « à la frontière » avec le département des Landes, il y a, à vol d’oiseau, 27 kilomètres*. Le département des Pyrénées-Atlantiques baigne dans l’Atlantique sur une bien courte distance ! Toujours depuis Hendaye, mais au pied des Pyrénées cette fois, jusqu’à Pontacq, « à la frontière » avec le département des Hautes-Pyrénées, il y a 136 kilomètres à vol d’oiseau. Le département des Pyrénées-Atlantiques serait cinq fois plus pyrénéen qu’atlantique !

Le Béarn, principale composante du département avec 365.000 habitants, a comme unique toile de fond les Pyrénées pendant que le Pays Basque et la Soule, avec ses 290.000 habitants, ont soit l’Atlantique, soit les Pyrénées pour environnement immédiat. Le département des Pyrénées-Atlantiques apparait donc comme principalement pyrénéen, tant géographiquement que par sa population.

Depuis longtemps déjà, les Béarnais rappellent sans cesse, leur incompréhension d’être séparés de leurs voisins Bigourdans au territoire si proche et si semblable. Il n’y a que 40 kilomètres de distances entre Pau (région Aquitaine) et Tarbes (région Midi-Pyrénées). Les économies – industries aéronautiques, sidérurgie légère, maïs, tourisme de montagne etc. – ont les mêmes caractéristiques. L’Université de Pau et des Pays de l’Adour est présente à Pau et aussi à Tarbes. Et, si les uns ont en toile de fond, le Pic du Midi de Bigorre, les autres ont sous leurs yeux l’emblématique Pic du Midi d’Ossau et tous sont prêts à entamer d’une seule voix le célèbre « Aquéras Montanhas**« .

A l’heure où la région Aquitaine pourrait intégrer le Limousin et le Poitou-Charentes pour devenir une région avec une façade Atlantique de plusieurs centaines de kilomètres, le législateur ne doit pas omettre de se pencher sur le cas particulier du département des Pyrénées-Atlantiques, département avant tout de montagne.

La réforme territoriale doit être l’occasion de regrouper tout le piémont pyrénéen dans la région Midi-Pyrénées. Le premier bénéficiaire en serait toute la chaine pyrénéenne qui, dépendant d’une seule et même région, verrait sa promotion entre les mains d’un acteur unique aux moyens largement augmentés alors qu’ils sont aujourd’hui répartis entre 3 régions (Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon).

Autre intérêt : le crucial problème des axes traversants les Pyrénées, en direction de l’Espagne, serait alors géré par une seule autorité régionale. Cela mettrait un peu d’ordre, mais aussi de dynamique constructive, dans l’appréciation de ce qu’il convient de faire et à quel rythme ?

Les élus locaux sont conscients qu’une fenêtre de tir pourrait s’ouvrir avec la réforme territoriale en discussion. Problème : ils ne se sont pas mis d’accord (comme toujours) sur ce qu’il convient de faire. Pour les uns, soit seul le département, rejoint Midi-Pyrénées. Pour les autres, il convient de créer une région Grand Sud-Ouest, regroupement de l’Aquitaine et de Midi-Pyrénées. En tout cas, personne ne pense que la côte Charentaise a quoi que ce soit en commun avec les vallées pyrénéennes basques ou béarnaises.

Dans l’immédiat, il y a urgence à rajouter les Pyrénées-Atlantiques dans la liste des départements à intégrer dans la réforme en gestation.

– par Bernard Boutin

* http://www.voldoiseau.com/64700-PYRENEES-ATLANTIQUES-HENDAYE/64100-PYRENEES-ATLANTIQUES-BAYONNE/

** https://www.youtube.com/watch?v=Q4FvCN9vleY

Quel avenir pour des régions occitanes ?

Statue de Vercingétorix A l’évidence la réforme territoriale, dans sa dimension régionale, passionne les lecteurs du présent site.
Il s’agit d’une reforme administrative censée engendrer des économies mais également, beaucoup, d’une réforme identitaire. Un de ses risques est de construire, au milieu des provinces, des métropoles d’équilibre obèses au détriment des villes et des bourgs dans lesquels la vie est la plus agréable et dans lesquels beaucoup aspirent à construire leur vie et celle de leurs enfants.

Pour cela monsieur PYC, enfin revenu des jupettes lilas de Garbiñe (et de ses hauts pamplemousses version Caracas) va s’intéresser aux régions du grand sud (du monde occitan si l’on veut) du monde en dessous de la Loire qui est la véritable césure dans la géographie française. Pour dire autrement des provinces purement romaines ou celles la zone non occupée. De l’ancien pays du « taupe 14 » qui, lui aussi, le pauvre, a des velléités de mondialisation métropolisée.

D’une certaine manière le risque, dans les provinces auxquelles nous nous intéressons, est de substituer à Paris et au désert français Bordeaux Toulouse Lyon et Marseille dans un grand désert sudiste.

Explicitement il s’agit de bâtir des régions autour de pôles mondialisés supposés dynamiser leurs hinterlands peuplés de bouseux et de rurbains… qui survivent très difficilement dans leurs villages démondialisés et infra millionnaires… les pauvres gens difficilement arrosés par fesse-boucs et autres twittos.

Partons, à cet effet, du maillage des villes, voire des fleuves et des massifs, en dehors desquelles il est difficile d’imaginer un projet cohérent : on trouve, en première division, Bordeaux, Toulouse Marseille, Clermont-Ferrand et Lyon. Pour filer la métaphore sportive, en seconde division, Montpellier Nice Grenoble et Limoges. En division d’honneur ou en fédérale Pau Castres Perpignan Bayonne et Nîmes… Oloron Mauriac et Mauléon en première série.

Sauf pour Clermont le maillage était déjà valable sous césar et ses successeurs .Comme chacun sait Nice et Marseille les premières villes françaises sont antérieures et on été fondées par les grecs en même temps qu’Agde et Aléria en Corse. Donc construire les nouvelles régions autour de la première liste est tout à fait cohérent. Plus qu’en économie, en géographie humaine le temps dure longtemps.

Supprimer le Languedoc-Roussillon est une évidence. La région est sans queue ni tête tiraillée entre les Pyrénées et le massif central (la grande Auvergne…). N’en déplaise à Georges Frêche (paix à son âme) et à ses successeurs la Septimanie est une aimable plaisanterie, une ultime manie pré-sénile, qui ne faisait rire que lui et la ville est trop proche de Toulouse pour ne pas être absorbée. Quant à Nice elle est trop périphérique et trop focalisée tourisme… avec un avenir éventuel de pont avec toutes les Italies.

Le cas Auvergnat :

Pour nous, en mettant de coté le cas particulièrement épineux du haut-Béarn à rattacher, ou non, à la Soule méridionale, l’option de régions agrandies autour de Bordeaux Toulouse et Marseille peut s’entendre avec des Alpes autour de Lyon qui pourraient annexer, pourquoi pas, le Jura voire la Bourgogne.

Mais supprimer l’Auvergne et l’annexer à Lyon nous paraît une hérésie qui ne fortifiera pas le monde alpin et qui affaiblira et humiliera l’Auvergne. De fait l’Auvergne, la patrie de Vercingétorix d Alexandre Vialatte de Bibendum et de Raymond Poulidor est, tout à la fois, la matrice des pays français et celle du monde occitan. Un château d’eau, une réserve montagneuse, un imaginaire qui ancre dans le granit les provinces autour d’elle. Au nord elle enfante et elle tangente le plus important des fleuves français la Loire ; au sud elle lance ses pseudopodes vers la méditerranée au travers des Cévennes et de la  Montagne noire.

A cet effet,  elle (la susdite Auvergne) pourrait être le prototype des régions équilibrées vers lesquelles va notre préférence soit un réseau de villes puissantes gravitant effectivement autour d’une capitale qui porterait (ou, mieux, aurait été une fonction de tête de réseau) un certain nombre (mais pas toutes)  d’institutions administratives culturelles et universitaires sans, pour cela, aspirer dans des banlieues indéfiniment repoussées des population mal dans leur peau et définitivement mondialisées…

Pour cela l’Auvergne avec son complément évident, le Limousin (ci-devant chiraquien et hollandais mais fort peu poitevin), s’appuierait sur Clermont mais aussi Saint-Étienne et son pôle industriel, mais aussi Limoges bien situé sur l’axe nord-sud (Paris Toulouse Barcelone) et, dans un second temps, sur des villes plus modestes comme Aurillac Brive ou Vichy.

Certes ce ne serait pas la Californie la Lombardie ou la Bavière mais une région solidement posée sur ses assises et bien dans sa tête participant heureusement aux équilibres des mondes occitans français et européens.

Et là éventuellement un pont entre Toulouse et Lyon.

Un pays un Etat-continent ne se constitue pas de régions qui, toutes, veulent être plus grosses que le bœuf mais de régions dissemblables et complémentaires un peu sur le modèle italien ou allemand avec un profond surmoi culturel qui fait le lien au travers du temps.

Pensons enfin et surtout que les régions sont également les unités administratives au niveau européen et que, là aussi, au niveau de la visibilité, la cohérence culturelle et la logique géographique sont forcément des atouts.

 – par Pierre Yves Couderc
Oloron le 06/07/2014.

Quelle est la meilleure recette du millefeuille ?

sud ouest La décision du Président de la République de simplifier le millefeuille territorial avec suppression des Conseils Généraux et diminution du nombre de Régions a entraîné une vague de contestation parmi les élus concernés. La France s’arrêterait sans doute immédiatement de fonctionner sans cette organisation inextricable où personne ne sait qui fait quoi, surtout pas le citoyen qui ne peut donc juger de l’action des élus, ce qui est quand même un minimum en démocratie.

Puis, sans doute convaincus qu’il valait mieux être acteur du changement plutôt que de le subir, on a vu les politiques concernés se lancer dans diverses propositions, aux quatre coins de France.

C’est un grand progrès.

C’est le Président du Conseil Général qui nous a fait parvenir cette tribune sur ses propositions concernant le rattachement des Pyrénées Atlantiques à la Région Midi Pyrénées.

De son côté, Martine Lignières-Cassou dans une tribune en date du 28 mai et cosignée par David Habib et Nathalie Chabanne, propose une grande Région Sud Ouest mais ne dit mot sur la métropole qui en serait le siège…

Un grand débat en perspective car Bordeaux se verrait plutôt Chef de file d’une Région étendue vers Poitou Charentes…

– par Daniel Sango

Tribune libre

TERRES DU SUD

« Pourquoi je choisis Midi-Pyrénées… »

Qu’il me soit permis en rédigeant cette tribune de m’excuser auprès des responsables du monde coopératif de l’emprunt de ce « titre » ; mais il me paraît tellement adapté en cette période de « Réforme territoriale » que je l’ai fait mien pour tenter de le partager avec le plus grand nombre possible de lectrices et de lecteurs.

L’Exécutif de notre pays s’interroge sur la taille à donner aux régions (fusion simple entre territoires, détachement de certains départements, inclusions d’autres etc.…) Le Parlement aura à se prononcer sur des périmètres que tout le monde cherchera à rendre cohérents…du moins espérons le !

Les Pyrénées-Atlantiques ne resteront pas à l’écart de ce mouvement ; alors pourquoi ne pas anticiper. L’un des éléments clés pour l’adhésion à un projet de développement repose sur un sentiment d’appartenance à une entité. Basques et Béarnais, sommes attachés administrativement à la Région Aquitaine depuis la création des CODER (années 60) et politiquement depuis 1986 avec une collectivité élue au suffrage universel. La situation est-elle immuable ?

Aux Pyrénées, s’adosse une activité agroalimentaire puissante dont le maïs, les vignobles, les palmipèdes, le porc frais du Sud-ouest, etc…constituent l’armature sans oublier la filière ovin/lait porteuse d’une installation croissante de jeunes agriculteurs. Le comité du massif de Toulouse couronnant le tout ; c’est un outil tout comme l’Agence de bassin Adour Garonne (dont le siège est également à Toulouse) dans la mise en œuvre des politiques de l’eau, de l’environnement et de protection contre les catastrophes naturelles. La Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne de Tarbes (CACG) et la Société d’Equipement des Pays de l’Adour (SEPA) sise à Pau autant de SEM au service des collectivités locales tant rurales qu’urbaines. Elles accompagnent bien souvent les politiques de Pays dont le Val d’Adour (64-65-32) constitue la figure de proue.

FEBUS ABAN

De l’Ariège au Béarn nous revisitons régulièrement notre histoire et si l’Occitan « effraie » parfois, il se traduit plus facilement en Béarnais, apaisant ainsi les tensions ! En tous cas, la puissance des langues régionales, basque et béarnais, sans oublier le gascon, milite une fois encore en faveur des terres du Sud.

LES PISTES DU SUCCES

La fréquence des échanges nord/sud sur le corridor Atlantique trouve son pendant le long de l’autoroute A64, véritable poumon de Bayonne à Toulouse en traversant Pau et Tarbes.

Depuis des décennies on ne cesse de plaider pour la complémentarité des deux aéroports de Pau et de Tarbes. Le rattachement de notre département à Midi-Pyrénées lèverait un grand nombre d’obstacles en particulier celui de l’enclavement tarifaire avec Air France, et si l’on veut emprunter de longs courriers, Blagnac est aussi près que Mérignac !

Aviation d’affaire, aviation de tourisme, tourisme de montagne, qui aurait misé il y a 15 ans sur la réussite du concept « N’Py » assurant la promotion et la « vente » de produits liés au ski et aux sports d’hiver ? Point de frontière administrative, mais au contraire une dynamique commerciale favorable aux départements de la Chaîne.

LE TOP 50

Quand d’aucuns cherchent les éléments constitutifs d’une réussite mondiale, tout le monde pense ou rêve à Airbus. Le consortium international impacte très favorablement l’industrie aéronautique des Pyrénées-Atlantiques : dans le 64, ce sont 15 000 emplois et 120 entreprises rattachées à ce secteur majeur. Ajoutons-y 8000 emplois liés à la Chimie et à l’industrie pharmaceutique et vous aurez la recette du Développement. Recherche et Développement vont de pair.

Elle s’illustre en tout premier lieu autour de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. Un véritable enjeu pour 12 000 étudiants en quête toujours d’une alternative avec l’Université de Bordeaux, peu encline à tourner son regard vers le Sud.

Des politiques transfrontalières portées par la communauté de travail des Pyrénées (procédures POCTEFA, LEADER, INTEREG…) ou animées par le Département des Pyrénées-Atlantiques et un grand nombre de partenaires. La péninsule ibérique est à nos portes et elle nous offre de grandes opportunités avec l’Euskadi, la Navarre, l’Aragon et la Catalogne.

De nombreux autres secteurs mériteraient d’être explorés pour étayer nos orientations mais mon propos est déjà trop long.

Alors Midi-Pyrénées oui ! C’est le choix du cœur, de la raison et de l’espoir !

Georges Labazée,   Président du Conseil général, Sénateur des Pyrénées-Atlantiques

 

Tribune réforme territoriale: pour une région Sud-Ouest

Les discussions sur la réforme territoriale avancent. L’architecture se dessine autour de régions fortes au périmètre élargi et aux compétences renforcées et des intercommunalités épousant les bassins de vie, taille qui serait pluspertinente pour fonder des politiques publiques de proximité. Les scenarii de rapprochement des régions s’amorcent déjà.

En ce qui nous concerne, le scénario envisagé en 2010 par la mission Balladur prévoyait une fusion des régions Aquitaine et Poitou-Charentes. Des élus, dont nous sommes, examinent un scénario de fusion de l’Aquitaine et de Midi-Pyrénées. Ces différentes hypothèses portent d’énormes enjeux d’aménagement du territoire qui méritent d’être largement débattues. A nos yeux, une fusion entre l’Aquitaine et Poitou Charentes renforcerait le développement de la métropole bordelaise et celui de la côte atlantique et, nous le craignons, au détriment du « reste » de l’Aquitaine : Landes, Dordogne, Lot et Garonne, et Pyrénées-Atlantiques.

En revanche, une fusion Aquitaine Midi-Pyrénées permettrait un développement plus équilibré, polycentrique du Sud-Ouest. Car une fusion entre l’Aquitaine et Midi-Pyrénées ferait exister l’identité « Sud-Ouest », un certain art de vivre, une culture commune. Cette fusion permettrait de traduire les coopérations et les liens déjà existants entre nos deux régions dans différents domaines tels que la culture avec la langue occitane, l’aéronautique avec le pôle de compétitivité aérospace valley, l’agroalimentaire avec la marque « sud-ouest », les transports avec l’enjeu des lignes LGV sud atlantique.

Une telle fusion permettrait d’avoir un développement et un aménagement du territoire plus équilibré entre la côte atlantique, le massif pyrénéen, les deux métropoles (Bordeaux, Toulouse) et les pôles territoriaux d’équilibre comme les pays de l’Adour et favoriserait les réseaux entre des villes moyennes (Agen, Mont de Marsan..), et les coopérations entre le monde urbain et rural.

Une région « Sud-Ouest-Pyrénées » permettrait d’optimiser le développement de plusieurs secteurs stratégiques pour notre territoire tels que :

– Le domaine universitaire, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour pourrait ainsi devenir le point de convergence entre les campus universitaires de Bordeaux, Toulouse et Saragosse et créer une réelle communauté universitaire européenne en mutualisant leurs moyens.

– Le domaine touristique, cette nouvelle région qui proposerait une gamme d’offres touristiques plus complète avec la côté atlantique, les Pyrénées, les villes et villages historiques, la gastronomie, les langues régionales, permettrait aux Pays de l’Adour d’occuper une place centrale dans ce nouveau paysage touristique.

– Les coopérations transfrontalières avec l’Espagne pourraient être optimisées et les Pays de l’Adour pourraient ainsi traduire leur rôle de carrefour économique entre Bordeaux Toulouse et Saragosse.

– La gestion et la mise en valeur du massif pyrénéen seraient renforcées.

La fusion des régions françaises doit se faire dans un esprit de coopération territoriale cohérent, équitable et durable correspondant à des flux et liens socio-économiques déjà existants entre différents bassins de vie.

Martine Lignières-Cassou, Députée de la 1ère circonscription des Pyrénées-Atlantiques,

Nathalie Chabanne, Députée de la 2ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques,

David Habib, Député de la 3ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques.