J 29 et 30 : Etapes La Soula-Viados-Pinieta : Retour dans les vallées

Viados et son charme bucolique
Viados et son charme bucolique

7h du matin : Photo souvenir de Connie, Jérôme, Iñigo et l’intello sur un « wagonnet » de la centrale électrique de La Soula. L’ambiance est à la détente. Pour 48h, la neige, les glaciers et la haute-montagne sont laissés de côté.

Pas tout à fait, car il s’agit d’abord de monter au col d’Aygues-Cluses qui est tout de même à 2700m. La neige sera discrète, à part un passage assez long et pentu sous le col. Les crampons restent dans les sacs.

La vallée d’Aygues-Cluses est intelligemment mise en valeur. Á intervalles réguliers, de sobres poteaux modernes, de forme rectangulaire, donnent des informations thématiques précises. Ils sont répartis, dès la sortie du bois au-dessus de La Soula, jusqu’au col lui-même. Les thèmes abordés, gravés sur des plaques en acier, sont variés : les grands « découvreurs » des Pyrénées, les glaciers, la marmotte, le « tychodrome échelette », les amphibiens d’altitude, la mémoire des échanges entre les peuples du nord et du sud de la chaîne, la contrebande etc.

Poteau contrebande au col d'Aygues-Cluses
Poteau contrebande au col d’Aygues-Cluses

Une sortie à recommander, tout particulièrement à ceux qui connaissent peu l’univers Pyrénéen. Les autres se rafraîchiront la mémoire en relisant, par exemple, que les marmottes ont été introduites dans le massif, en mai 1948, par Marcel Couturier ou encore, découvrir le tychodrome échelette**, dit aussi « oiseau papillon ». Un bel oiseau aux ailes noires, tachetées de rouge sang, que l’on rencontre à haute altitude, voletant rapidement face aux parois rocheuses. Le tychodrome est reconnaissable de suite par l’originalité de son vol.

Tichodrome échelette
Tichodrome échelette

Pour atteindre le dernier poteau, situé au col lui-même, il faut tout de même grimper plus de 1000m de dénivelé avec un final « costaud ».

Passé le col, retour en Aragon et descente régulière, mais longue, dans le vallon d’Añes Cruces. La végétation devient de plus en plus « champêtre ». Des champs entiers d’iris accueillent la cuadrilla. La vue sur le massif des Posets, deuxième massif des Pyrénées par sa hauteur (3375m), est belle, surtout à la tombée de la nuit depuis le refuge de Viados qui lui fait face. 19h, instant de magie : Tous les randonneurs sont dehors, silencieux, à regarder les derniers rayons du soleil caresser les Posets. Un beau moment et surtout une vue magnifique pour ce refuge qui tous les soirs propose un nouveau spectacle lumineux à ses résidents.

Quant au refuge lui-même : douche à 2 euros (!), bon dîner, partie de « concombre » acharnée, chambrée de 4 très correcte. Petit-déjeuner à base de produits pré-emballés Auchan. En montagne, il ne faut pas demander la lune.

De Viados (1749m) à Bielsa (1032m), une fois sortis du bois, une longue montée attend la mule et les 4 randonneurs pour atteindre le col de Pardinas (2260m). Elle traverse des champs à l’herbe dense et haute (hauteur : mi-cuisse) qui ne se terminent jamais. Le vent fait onduler le tout. Une estive riche, vide de vie animale ! Où sont-donc les vaches et moutons ?

Pollen et parfums divers agressent les organismes. Le col de Pardinas est enfin atteint. L’air devient plus « respirable ». Le massif du Mont Perdu commence à se dévoiler : « Same, same but différent » des autres massifs que sont ceux de la Pica d’Estats, de la Maladetta, du cirque du Portillon, des Posets etc. Là-bas, demain, il faudra attaquer la redoutable montée « verticale » au col d’Aniscle qui mène au Mont Perdu.

La descente sur Bielsa se fait essentiellement sous un bois. Une bonne nouvelle car l’étape Viados-Bielsa compte 21,1 km et surtout, il fait très, très chaud : 38° au camping à l’entrée du village. Une température rare à de telles altitudes. Les organismes sont mis, à nouveau, à contribution.

A Bielsa, la « cuadrilla » rompt avec le protocole : « Dans la traversée des Pyrénées, ne jamais prendre une voiture ». D’un commun accord, il est décidé de prendre un taxi car 12 kilomètres de route sont à parcourir pour aller de Bielsa au refuge de Pinieta. Sans le taxi, l’étape du jour aurait fait plus de 33 km, et comme il fait 38°…

Une brèche acceptable pour l’intello qui, à deux reprises déjà, est reparti dans la traversée des Pyrénées en faisant des « sauts arrières », à Batère et à Aulus-les-Bains.

La chauffeur de Taxi, saisonnier roumain de Transylvanie, expliquera, lors du trajet, qu’en 3 mois de saison à Bielsa, il gagne suffisamment pour vivre « au pays », sans travailler les 9 mois restants, et ainsi s’occuper de sa femme et de ses enfants. Un retour brutal sur terre pour l’équipe !

– par Bernard Boutin

Nota :
– Le verdict du GPS :
J 29 La Soula-Refugio de Viados : 3,4 k/h, 4h39 de marche, 7h18 de rando, 15,9 km parcourus, 1084m de dénivelé positif
J 30 Viados-Camping de Bielsa : 3,5 k/h, 6h de marche, 8h04 de rando, 21,1 km parcourus, 787m de dénivelé positif. (plus Bielsa-Refugio de Pinieta : Taxi)
– * J 29 et 30 de la traversée des Pyrénées d’est en ouest de la « mule et l’intello ». Les précédentes étapes, c’est ICI
– ** Le tychodrome échelette sur wikipedia : C’est ICI
– Crédit photo : Bernard Boutin

J 28 – Le glacier des Gourgs Blancs : Tout schuss du Luchonnais vers la Bigorre !

Glacier des Gourgs Blancs
Glacier des Gourgs Blancs

Au refuge du Portillon, des randonneurs viennent de rebrousser chemin alors qu’ils tentaient de rejoindre le refuge de La Soula. Motif : ils n’ont pas pu passer le gave de Caillauas, gonflé par la fonte de neiges. L’endroit se trouve juste sous le lac des Isclots (2398m). Problème : il s’agit de notre prochaine étape !

Bloqués, les randonneurs ont dormi sur place avant de revenir au Portillon le lendemain. Inquiet de ne pas les voir arriver pour la soirée, le gardien de La Soula a même alerté la protection civile qui est venue vérifier, en hélicoptère, ce qui se passait…
Une information qui inquiète Connie, Jérôme, « la mule et son intello », ainsi qu’Iñigo, Basque de Guernica, qui fait seul la traversée intégrale des Pyrénées de Banyuls à Hendaye. Vu les incertitudes du lendemain, il décide de se joindre à la « cuadrilla » pour cette nouvelle étape à la saveur incertaine.

Tout démarre très bien avec une montée facile au Tusse de Montarqué (2889m) et au col du Pluviomètre (2874m) situé à côté. A 360°, la vue est belle. Le soleil achève de se lever sur un univers de neige et de glaciers. Il y a partout des « 3000 ». Ils sont à portée de main.
La neige est omniprésente. Bien tassée, elle ne pose pas de problème dans la progression qui évolue, entre les cotes 2800 et 2900 mètres, en direction du col des Gourgs Blancs (2879m). Au col, vers l’ouest, le glacier des Gourgs Blancs**et les névès descendent d’une façon ininterrompue jusqu’au lac du Milieu (2510m). Ramasse à nouveau. Du plaisir, que du plaisir ! Tout schuss du Luchonnais vers la Bigorre.

Toute l’équipe avance à un bon rythme. Le lac des Isclots (2398m) est rapidement atteint. Chacun est impatient de découvrir le ruisseau de Caillauas qui a bloqué les randonneurs. Arrivé sur place, sa traversée ne semble pas compliquée même si le niveau d’eau est élevé. Petit exercice d’équilibre pour sauter de pierre en pierre. Les batons sont une aide très précieuse. Le ruisseau est passé. Aussi simple que cela !
La veille, les randonneurs ont-ils trouvé un niveau d’eau supérieur ? Ils sont arrivés tard,  vers 17h. Ce matin, la cuadrilla y est à 11h. La fonte des neiges est probablement inférieure à cette heure-là…
Après un ultime passage enneigé pentu, le lac des Caillauas (2160m) est en vue. Les premiers « juilletistes » sont là. La montagne devient « touristique ». Le refuge de La Soula est rejoint à 14h30 (1686m). Une étape bien menée.

Le refuge est installé dans un bâtiment de la SHEM (Société Hydroélectrique du Midi) qui a construit, à la confluence des Nestes (gaves) de Caillaouas et de Pouchergues, une centrale, mise en service en 1940. La « bande des 4 » vient d’arriver en Bigorre, dans le Val Louron. La mule sent l’écurie approcher. Elle est béarnaise.

Le refuge est un rien « kitch ». Une construction des années 30. WC sur les paliers, face aux escaliers en bois. A la cave, pour laver le linge, d’énormes bacs en ciments d’une autre époque sont à notre disposition. Efficace. Bonne douche chaude, dortoirs très propres et surtout excellent dîner fait de garbure bigourdanne (absolument pas différente de la béarnaise!), de saucisses de canard accompagnées de pâtes, particulièrement bien épicées, et de compote de pomme. Il y aura même du rab de saucisses et de garbure. Une première dans un refuge pour des plats autentiques et non des conserves réchauffées. Pain d’épice au petit déjeuner : un détail de plus. Bravo.

Un bémol toutefois : Des « escadrilles » de mouches envahissent la salle à manger. Elles sont vraiment trop nombreuses pour espérer pouvoir les chasser. Dommage.

Autour d’une agréable découverte locale, la « BIGOURD’ALE », Connie, Jérôme, Iñigo et l’intello finissent la soirée en jouant aux cartes. Au « concombre », plus exactement. Un jeu parfaitement maitrisé par les « Ariègois de l’étape » (Connie et Jérôme), où l’on gagne si l’on ne fait pas le dernier pli. Ils taillent des croupières au basque et béarnais-intello qui ont du mal à piger les arcanes du jeu. Prendront-ils leur revanche à la prochaine étape ?

– par Bernard Boutin

Nota :
– Le verdict du GPS : Portillon – La Soula : 3 k/h, 4h36 de marche, 6h58 de rando, 13,9 kms parcourus, 721m de dénivelé positif.
– * J 28 de la traversée des Pyrénées d’est en ouest de la « mule et l’intello ». Les précédentes étapes, c’est ICI
– ** Gourg, gorga en occitan a le sens de « lac profond ». On trouve au pied du pic, sur son versant espagnol, les lacs des Gourgs Blancs. On les appelait Gourgs Blancs à cause de leur couleur d’un bleu laiteux.
Source : https://fr.wikipedia.org
– Crédit photo : Bernard Boutin