La région a t-elle un pouvoir ?

imgresEn matière économique la loi lui en reconnaît un. Mais aura-t-elle l’autorité nécessaire ?

En un temps d’incertitudes juridiques et administratives, on peut se permettre des approximations. On consacre beaucoup d’encre et de salive sur une proposition de déchéance dont on sait qu’elle n’aura aucune efficacité, sinon d’inciter des binationaux à se sentir un peu plus rejetés. On s’inquiète du rejet de la vaccination par de plus en plus de parents, mais la loi autorise la possibilité par un patient de ne pas se soumettre à une thérapeutique. On pourrait multiplier les exemples.

Les régions ont une responsabilité en matière économique. Qu’elles l’exercent ! La nouvelle Aquitaine s’étire sur une grande longueur, du Pays basque au Poitou. Et sur les routes qui la traversent, des files de camions s’étirent. Sait-on que 90.000 camions arrivent chaque matin à Paris. Et d’autres vont beaucoup plus loin encore. Quel gâchis d’énergie et quelle source de pollution !

Le gouvernement a renoncé à l’écotaxe et cédé aux transporteurs routiers. Belle façon de préparer la COP 21 ! Comme on peut douter qu’il revienne sur sa décision, même si le contexte a changé, les espoirs de changement ne peuvent provenir que des régions. J’écris « espoirs » car il est clair que d’autres modes de transport, comme le transport ferroviaire, fluvial ou maritime sont plus économes en énergie et moins polluants. Sans compter qu’une incitation par les prix à consommer plus local ne serait pas mal venue…
Le contexte économique a changé : la donne n’est pas la même avec un prix du baril de pétrole aux alentours de 30 euros que lorsqu’il était 4 fois plus haut il y a quelques mois. Les transporteurs n’ont plus les mêmes marges. Il n’est d’ailleurs pas question de les mettre au tapis, mais de les inciter à se recentrer sur des dessertes locales en utilisant le ferroutage pour les destinations lointaines en utilisant des conteneurs normalisés comme pour le transport maritime. Le produit de la taxe devrait être consacré au développement du ferroutage et au remboursement de l’indemnisation de la société Ecomouv, en droit de réclamer près de 800 millions d’Euros. Soulager les finances de l’État ne serait pas pour déplaire aux contribuables. Alain Rousset, trouvez des alliés dans d’autres régions !

Jean-Paul Penot

Développement économique : gabegie à tous les étages

Dessin-humoristique---Chaunu---Ouest-France-5-mars-2009

    S’il est un domaine dans lequel chaque homme politique veut montrer son implication, c’est celui du développement économique. La commune, l’intercommunalité, le Pays, le Département, la Région, l’Etat, et l’Europe, chacun y va de son bilan extraordinaire en faveur du développement économique. C’est en fait une immense gabegie.

 

Profitant d’une organisation territoriale unique au monde et totalement invraisemblable qui permet à chacune de nos strates administratives de s’occuper de tout, tous nos politiciens mettent en avant leur action déterminante dans le domaine du développement économique, thème sensible pour les électeurs dans cette période de chômage élevé.

Le Conseil Général des PA dont bien sûr le développement économique ne fait pas partie des compétences, nous délivre dans la dernière édition de son journal « publicitaire » « 64 » (que vous avez dû recevoir dans votre boîte aux lettres) cinq pages sur ce thème où, à l’en croire, il a une action déterminante. Cela fait sourire, mais ce sont quand même 24 millions d’euro qui ont été dilapidés en 2013 dans ce domaine, par un saupoudrage totalement inefficace. Evidemment il faut rajouter l’action ubuesque de ce même Conseil Général dans le domaine des stations de ski dont il est propriétaire/exploitant, à grand renfort de subventions.

Le Conseil Général à trop d’argent pour faire face à ses seules compétences, il en cherche d’autres, il faut s’en souvenir et leur demander de baisser les impôts locaux.

Les candidats aux municipales font aussi de l’emploi (et donc du développement économique) un domaine dans lequel les promesses, toutes plus fumeuses les unes que les autres, sont légion. Ils oublient quand même de dire que c’est l’intercommunalité qui a pour compétence obligatoire le développement économique…(15,7 millions d’euro pour la CDAPP en 2013)

C’est pourtant la Région qui a (aussi) cette compétence et donc il ne faut pas s’étonner de la voir en première ligne dans ce domaine. Avec 400 millions d’euro utilisés (30% de son budget) l’Aquitaine  cherche entre autres, à organiser les grandes filières. On peut douter de son efficacité, les grands groupes comme dans l’aéronautique se situant au minimum au niveau des Etats pour discuter de leur organisation et de leurs implantations.

L’Etat quant à lui est bien sûr un acteur majeur dans la recherche, l’organisation des filières et le sauvetage des entreprises en difficultés (Montebourg, Ministre du redressement productif).

Et que dire de l’Europe qui subventionne beaucoup de secteurs à commencer par la filière agricole.

Dans cette désorganisation inextricable et incohérente on imagine aisément les difficultés d’un patron de PME à la recherche de subventions, ou le nombre de postes de fonctionnaires qui pourraient être économisés.

Aux commandes de ce fouillis, nos élus ont en plus un handicap majeur, ils n’ont pour la plupart jamais travaillé, et encore moins dans l’industrie, même si le développement économique a aussi d’autres facettes.

L’exemple récent de la Bretagne montre bien que l’anticipation des problèmes n’est pas là, malgré tous ces politiques qui veillent sur notre développement économique…

La France est bien un bateau avec quatre rameurs et six passagers qui fait la course avec les autres pays qui ont six rameurs et quatre passagers, mais en plus les barreurs sont nombreux et ne connaissent  rien à l’aviron.

par Daniel Sango

« On coule! »  AP du 5/12/2013

« Courage fuyons! » AP du 10/11/2013

TER et décentralisation: on déraille!

TrainDans son dernier journal publicitaire, la Région Aquitaine nous explique les progrès qu’elle envisage pour la gestion des TER dont elle a en partie la charge, avec la SNCF et RFF.

 

Les citoyens savent que notre décentralisation est l’usine à gaz la plus complexe et inefficiente possible, mais connaissent-ils les coûts gigantesques des TER pour le contribuable?

Dans un des articles précédents « Mon cher TER, pas si écolo que ça… » du 18/01/2010, et a partir d’un rapport de la Cour des Comptes, on apprenait que le consommateur payait seulement 20% du coût réel du transport, les 80% restant à charge des Régions, donc du contribuable.

Cet équilibre scandaleux a deux causes principales: un remplissage très insuffisant (26% à l’époque) et des coûts trop importants de la SNCF et RFF.

Aujourd’hui donc, chaque région gère ses TER. Chaque région commande et paye ses nouvelles rames puis les transfère à SNCF.

Depuis 2002, début de cette décentralisation, les commandes passées par les Régions représentent 5,8 milliards d’euros pour 1500 trains commandés et les commandes en cours représentent 2,5 milliards d’euros.

Mais bien sûr, chaque Région fait sa petite commande dans son coin ! Vive la décentralisation à la française.

Elles se sont donc rendu compte qu’une organisation des achats pouvait être source de gain.

Ah ! la décentralisation centralise…

Elles créent donc une « Association d’étude pour la rénovation des modalités d’acquisition du matériel ferroviaire roulant »

L’usine à gaz, tel le cancer, s’étend…

On peut leur suggérer l’étape suivante, qui consiste à prendre en compte le fait que la  SNCF commande, elle aussi de son côté, nombre de rames de TGV et autres trains divers et variés, et créer avec elle une deuxième commission chargée de coordonner les coordonnateurs.

Evidement, le bon sens n’est pas la chose la mieux partagée.

Il existe pourtant une façon bien simple de gérer cette décentralisation merdique, c’est de confier la totalité des investissements à la SNCF, chose qu’elle a toujours faite et qu’elle sait faire.

Quant au rôle de la région, qu’il cogère l’organisation des TER dans son périmètre, en s’intéressant de plus près aux coûts de fonctionnement de la SNCF dans sa Région, et en relisant les rapports de la Cour des Comptes.

Mais évidement, la gestion des coûts de fonctionnement n’est pas une expertise de nos politiques, loin s’en faut!

Quand les citoyens s’éveilleront…

par Daniel Sango

Mon cher TER, pas si écolo que ça…

Train   Alors que les collectivités territoriales ne parlent que de transport par rail avec toujours plus de fréquences, la Cour des Comptes, dans son dernier rapport publié le 25 novembre dresse un tableau assez « contrasté » de la manière dont les Transports Express Régionaux sont gérés par les Régions depuis 2002. De quoi en avoir une vision assez différente…

Depuis 2002, la fréquentation des lignes s’est améliorée de 27% en nombre de voyageur.km. Comme l’offre, mais à quel prix ! Le prix payé par le passager est inférieur à 20% du coût réel. Le contribuable paye 4 fois plus que le passager ! Quand vous allez à Bordeaux, il vous en coûte 31€, et simultanément, un gentil contribuable paye 124€… Les causes de cette subvention exorbitante sont multiples : avant tout, taux d’occupation très faible (26% en moyenne) gestion SNCF peu performante, politique trop « volontariste » des Régions, …etc. (Par exemple, en Aquitaine, 400 millions € ont été votés pour le budget 2009 pour l’achat de matériel )

De surcroît, le TER n’est pas un moyen de transport aussi écologique qu’il pourrait y paraître. 55% de l’énergie consommée par les TER vient du gazole car de très nombreuses lignes ne sont pas électrifiées. Et dans les 45% venant de l’électricité, une part vient du thermique (très importante aux horaires de pointe). Le bilan carbone par passager n’est pas bon, un autocar rejette 30% de moins que le TER en moyenne, et ce dernier est à égalité avec la voiture s’il y a 4 passagers… De quoi remettre en question bon nombre d’idées reçues.

Les simulations faites par le service des politiques publiques de la DGTPE sur un certain nombre de Régions montre qu’un passage sur route, avec bus à hautes fréquences, de l’ensemble des TER, conduirait à une stabilité du trafic avec une réduction de 80% du coût public ! Un scénario plus « raisonnable » du passage sur route des réseaux les moins fréquentés (moins de 10 trains/jour) conduirait à une stabilité des trafics et une baisse de 20% des coûts.

Les propositions de la Cour des Comptes ne plairont pas à tous : passage du train au bus sur les lignes peu fréquentées, amélioration importante de l’efficience de la SNCF, politique plus économe des Régions, ouverture à la concurrence, augmentation des tarifs, …etc.

Car il faut bien garder à l’esprit que cette subvention énorme des transports en communs va à l’encontre d’un développement durable tant que nous n’utilisons pas des énergies renouvelables (il va sans dire que les budgets publics déficitaires ne sont pas, non plus, durables…).
Ce sont bien des économies d’énergie (et d’argent) qu’il faut faire, c’est donc moins de déplacements qu’il faut. Avant de vouloir plus de fréquences, il faut des trains beaucoup mieux remplis et ceci va à l’encontre de ce que l’on entend dans la bouche de nos politiques : toujours plus d’offre. Et avant tout, la taxe sur les carburants doit être bien plus importante pour rendre plus dissuasif l’utilisation de l’automobile.

On ne peut vouloir protéger l’environnement, et ne pas accepter des contraintes (tiens, cela me rappelle Copenhague…)

Ces points seront ils débattus dans la prochaine campagne des Régionales, car le transport reste une des compétence majeure de la Région ? Rien n’est moins sûr, il vaut mieux éviter les sujets qui fâchent.

par Daniel Sango