Le vote blanc

A l’occasion du Grand débat palois qui s’est tenu le 6 février 2019 à Pau, a été évoquée la possibilité de prendre en compte les votes blancs en les considérant comme des suffrages exprimés. Il s’agit là d’une revendication insistante des gilets jaunes. Mais en dépit des apparences ce dispositif nouveau ne serait pas aussi simple que cela et soulève un certain nombre de réflexions.

Tout d’abord, lors de ce débat, le professeur droit public, Philippe Terneyre a eu l’occasion de s’exprimer sur ce sujet. Il a dit qu’il était pour considérer que les votes blancs devaient être intégrés dans les suffrages exprimés, parce que, à son avis, il s’agit d’une expression citoyenne. Il n’en a d’ailleurs pas dit beaucoup plus. Les avis sur ce point, sont en réalité partagés et beaucoup parmi les juristes ou sociologues, estiment au contraire que ne rien dire n’est pas une façon de s’exprimer. Lorsqu’on n’a pas d’opinion et qu’on ne peut pour cette raison faire un choix, on se tait et on vote blanc. Ils parlent alors d’expression taiseuse.

Actuellement lors des élections en France du Président de la République, des députés et des conseillers départementaux, le vote est uninominal à deux tours (sauf pour les départementales où il est binominal, mais cela ne change rien). Le principe est relativement simple pour être élu au premier tour, il faut que le candidat obtienne la majorité absolue des voix, c’est à dire, la moitié des suffrages exprimés plus un. Ne peuvent se maintenir au second tour, lorsqu’il y a lieu d’y recourir, que les candidats qui ont obtenu 12,5% des suffrages exprimés. Qu’en sera-t-il lorsque les votes blancs intégreront les suffrages exprimés ? Il est fort probable que très peu de candidat sera élu dès le premier tour et que beaucoup ne pourront accéder au second. Il est tout aussi probable que les scores de certains élus seront modestes au point que pourra, se poser la question de la représentativité. On peut également s’interroger sur l’incidence qui pourra résulter de cette intégration lors des scrutins à la proportionnelle.

Un autre point, plus matériel celui-ci, est de considérer que le vote blanc devra être possible par la création d’un bulletin de vote spécifique, un bulletin ne comportant aucune inscription. Cela ne constituera-t-il pas une sorte d’incitation à l’usage du vote blanc ? La question mérite d’être posée d’autant que nous Français, de tempérament frondeur et contestataire nous avons une tendance marquée à chercher des moyens de manifester notre mécontentement. Rappelons pour illustrer cela, que lors du second tour de l’élection présidentielle de 2017, le pourcentage des votes blancs et nuls était de 11,20%, ce qui n’est pas négligeable.

Autre illustration, en revenant sur l’élection présidentielle de 2017 qui, par parenthèses, est celle pour laquelle les Français se mobilisent le plus, les résultats pourraient être modifiés de la façon suivante si les votes blancs avaient été intégrés :

Le président Macron n’aurait pas obtenu 24,01% des suffrages exprimés au premier tour mais 23,57% (et seulement 18,19% des inscrits). Au second tour, il n’aurait pas obtenu 66,10% des suffrages exprimés mais 58,59% (et seulement 43,59% des inscrits). Si les différences ne sont pas énormes pour ce qui concernent l’élection présidentielle, elles le seront vraisemblablement davantage pour les autres élections. Les taux d’abstention en France sont relativement élevés, ainsi pour la présidentielle, il est de 22,23% et 25,44% ; européennes : 57,57% ; législatives : 51,30% et 57,36% ; régionales : 50,09% et 41,59%, départementales : 49,83% et 50,02%.

Une réforme du mode électoral est-elle aussi opportune que certains le prétendent ? Si oui, ne devrait-elle pas s’accompagner de l’obligation de voter ? La question n’est pas simple.

Pau, le 18 février 2019

par Joël Braud

NB : Le prochain grand débat palois se tiendra le vendredi 22 février sur le thème de la transition écologique.

Crédit image : parti du vote blanc.fr

Le discours de la méthode

hélène fromentLes événements de ces semaines ont bousculé bien des choses et ébranlés des certitudes. Ils ont fait beaucoup réagir sur Altpy.

Alors que retenir ?
– les attentats de Paris ?
– la montée subséquente (mais pas que) du FN ?
– les élections régionales qui ramènent aux deux sujets précédents ?
– la sextape entre Valbuena et Benzéma ( qui est devant qui est derrière ) ?
– la COP 21 qui s’est terminée hier soir ?
– Le gentil SMS de Marie-Magdeleine la petite déesse des baronnies l’amour disparu (enfuie ? montée aux cieux ?) de votre vie. Et qui a accusé réception des chocolats de la maison Artigarède que vous aviez joints à de jolies affaires de femmes qu’elle avait laissées à la maison. (cf les chroniques un rien monomaniaques et dominicales (mais pas que) et largement ouvertes à la question des attentats) du 08/11 du 22/11, du 30/11 et du 07/12. La preuve bien ténue mais qui vous a néanmoins empli de bonheur que vous existiez pour elle. Que tous les liens n’étaient pas définitivement rompus.

Résolument monsieur Pyc choisit les deux derniers items.

Non pas sur le fond mais sur la méthode.

La COP 21 dont on peut douter de l’ambition et des résultats annoncés mais également de la réalité même du contenu des engagements pris par chacun des pays. Notamment les plus gros pollueurs à savoir les Etats-Unis, la Chine, l’Inde et, indirectement, les monarchies du Golfe.

Néanmoins on doit retenir que cette fois-ci la méthode est bonne soit réunir tous les pays, sur un pied d’égalité, pour arriver à un texte unanime même si le texte est bien trop peu ambitieux et le réchauffement induit tout à fait catastrophique… Et que des pans entiers comme les transports maritimes ou par avions sont passés à la trappe. Et que dans vingt ans il n’y aura plus d’oignons à Trébons ni de pommes de terre dans la somptueuse plaine de l’Adour et que les paons de Marie-Madeleine se croiront revenus aux Indes… leur partie d’origine….

Cela dit des rendez-vous sont pris et il est loisible de penser que les forces économiques vont enfin s’engouffrer dans la brèche.

Mais surtout les opinions publiques et, beaucoup, les collectivités locales (pas seulement les grandes villes) vont s’impliquer par la pression des opinions et donc des électeurs. Cela parce qu’elles sont à hauteur d’hommes et gèrent beaucoup de questions concrètes comme les transports, les déchets, les déplacement, l’urbanisme la protection des terres agricoles les cantines etc etc etc.

Bien sûr tous les partis sont ici impliqués pas seulement les écologistes. On doit penser qu’une forte émulation se fera sur cette question tout à fait essentielle. Bien sur la gauche et l’UMPS mais pourquoi pas aussi le FN dont on attend, avec intérêt qu’il nous dévoile son programme sur la question.

A cet égard on peut inviter les lecteurs et autres chroniqueurs d’ Altpy à suivre ces sujets qui ne me peuvent pas laisser indifférents.

Nous nous permettons de suggérer qu’une telle méthode pourrait être appliquée au contrôle du nombre des hommes. Une méthode négociée et précise ; pays par pays, ou plutôt par région voire par continent. Une planète, même vertueuse au plan écologique, ne pourra survivre si elle est submergée d’homo plus ou moins sapiens ou même sapiens sapiens. Et en définitive les hommes seront balayés par les guerres et les pollutions… et la planète partira sur un nouveau cycle…

Et alors Rubens et alors Hélène Froment sa muse son modèle sa femme à la ville et sa petite femelle dont l’admirable portait illumine ce texte un rien austère : quel rapport au delà de mettre une jolie image ?

Rubens, l’archange non du Béarn, mais de la contre réforme catholique a laissé d’Hélène Froment plusieurs portraits dont celui-ci est le plus connu mais d’autres avec leurs enfants.(en tapant Hélène Froment et Rubens sur un moteur de recherches on trouve ses portraits pleins de délicatesse et de tendresse). Des portraits beaucoup en décalage avec son style puissant, incroyablement virtuose, mais parfois à la limite du pompier. Sauf les peintures religieuses dont les admirables descentes de croix dont celle jointe à notre denier article. Des sortes d’hommages du grand peintre à sa femme dont certains traits et la douceur de la carnation peuvent rappeler ceux de Marie-Madeleine même si Hélène et un rien un peu plus enveloppée. Et que l’été sous l’effet du soleil de Murcie sa peau se hâle délicieusement. Mais même si les Flandres on été hispaniques le soleil n’est pas le même.

Et la suite c’est la méthode pour rappeler à soi et faire revenir à soi, au moins pour se parler et entendre son admirable accent bigourdan Marie-Madeleine, l’Hélène Froment des baronnies …plus petite, plus mince, plus rebelle et plus athlétique. Certainement aussi jolie..

notre sublime infirmière
bercée de Mozart et de confitures
rieuse et diabolique
naïve et profonde comme l’Adour
belle comme la promesse du jour

Vous lui écrivez une nouvelle longue lettre que vous savez dorénavant qu’elle lira. Vous lui proposez d’écrire un roman complet consacré à ses paons à ses grands arbres à sa son si vaste et belle maison fichée au pied du Pic du Midi ; quelque part aussi l’œuvre de sa vie depuis 200 ans dans sa famille.

Mais pour cela il convient non pas nécessairement qu’elle vous revienne mais qu’au moins elle vous parle et accepte de marcher avec vous. Sans son secours c’est trop compliqué et sans doute elle qui aime beaucoup les livres cela devrait l’amuser et piquer sa curiosité. Et même s’il est difficile de comprendre comment résonnent les anges de son espèce, parfois un rien lucifériens.

En effet Comme notre ami Karouge nous avons déjà accouché de deux romans complets et nous savons qu’à supposer qu’ils aient de l’épaisseur et de la qualité littéraire c’est un long voyage plein de difficultés. Un voyage qui demande de la constance et du courage ; et que des relations sont indispensables pour se faire éventuellement éditer.

Et pour cela vous avez besoin de son aide… de son amour pourquoi pas ?

Alors en dehors de ce que je lui ai dit et qui ne regarde qu’elle et moi, je lui dit :

Ingrédient 7 Le projet littéraire :

Ce qui caractérise ta maison et son jardin et tes nombreux animaux c’est, entre autres, son caractère romanesque.Un peu anglais aussi. Avec sa bibliothèque, son billard et son vaste jardin d’hiver. Et tous ces objets insolites qui font beaucoup penser au chateau de Moulinsart le château du capitaine Haddock dans Tintin.

Le thème du roman ce serait un voyage aux Pyrénées d’ouest en est. Une histoire de jumeaux qui se transforment en ours suivant les époques et les circonstances. Avec la possibilité d’exister sous deux espèces mâles et femelles un peu comme Jean-Michel et toi.

Un roman qui pourrait s’appeler : profonde et naïve comme l’Adour ou crime aux Baronnies ou de Mauvezin à l’Escaladieu histoire d’une passion ou Titus chez Marie-Magdeleine.

Mais le premier titre, plein d’émotion et tellement poétique, me convient assez.

Dans profonde et naïve comme l’Adour on trouverait les thèmes suivants :

  • Les paons certainement. Ce serait même le fil conducteur. Des paons dont l’ours Titus serait tombé amoureux après avoir voulu les dévorer.
  • Une sorte d’animal farm à la sauce pyrénéenne le livre de George Orwell que tu as sans doute lu, éventuellement moi, sous les deux espèces française et anglaise.Une fable politique qui convient certainement à tes opinions un rien conservatrices.
  • Une fable policière amoureuse et mystique dans mon cas.
  • Également on trouverait ce monde anglais et peu marginal qui gravite autour de toi avec ces histoires pleines d’humanité d’amour et de sexe qui en font l’universalité.

Avec les villes de Bagnères son côté thermal et touristique et son intense chaleur humaine et occitane. Avec les villes de Capvern et de Tournay souvent un peu tristes mais intensément poétiques par leur caractère minéral et leur ouverture sur la riche plaine de l’Adour ou se cultive les pommes de terre et les oignons de Trébons.

Peut être même votre papa qui faisait de vin et du cidre des cultures oubliées dans ces champs maintenant consacrés a d’autres cultures et, qui, jusqu’à son décès roulait à bicyclette. Certainement votre grand-mère, en vous réincarnée, dont on imagine aisément que vous héritez vos yeux myosotis, votre énergie, votre compassion et votre diablerie.

Le reste restera entre nous…

Tournay le 13 décembre 2015 juste un mois après les attentats, une semaine après qu’elle  vous a envoyé une joli message, signé MF, qui vous bouleversé au delà de l’exprimable et que Swan son paon le plus proustien, empanaché d’or et de cobalt, a failli être écrasé par le voisin un rien chasseur comme une vulgaire galinette cendrée.

Par Pierre-Yves Couderc

Réflexions à partir de réflexions

imgresUn des derniers articles parus dans Alternatives Pyrénées porte le titre de « Démocratie à la française » il est signé de Daniel Sango. Il y est question de la gestion par les élus de certaines collectivités territoriales et principalement des Régions. L’auteur y fustige avec son style direct, le comportement de ceux qui n’ont d’autre ambition que d’être ré-élus. Le forum consacré à cette publication est particulièrement dense et comporte des réflexions d’un haut niveau. En premier lieu celle de M. Georges Vallet qui, me semble-t-il pose les questions fondamentales.

 Permettez donc M. Vallet, que conformément à un usage je cite vos phrases. Vous écrivez :

     – Les constats, répétés régulièrement, sont connus et partagés par la plupart des citoyens.

Il est exact de dire que ces constats sont répétés régulièrement, mais à mon avis, ils ne sont pas connus et partagés par la plupart des citoyens comme vous l’affirmez. Récemment je me trouvais en compagnie de différentes personnes que l’opinion situe généralement dans les classes moyennes, voire aisées et plutôt au fait de l’actualité. Il y avait là pour être plus précis, des médecins, des dentistes, des notaires, des fonctionnaires de la catégorie A.  Peu d’entre eux savaient ce qu’est la loi NOTRe. Peu d’entre eux savaient ce qu’est la compétence générale. Aucun ne savait à quelle date sont programmées les élections régionales et leur mode de scrutin. Une très faible minorité savait que le nombre des régions devait passer de 22 à 13. Je pourrais ainsi citer d’autres exemples de ces manques de connaissances. Ces gens réputés être informés le sont sans doute davantage que d’autres électeurs n’ayant pas un accès aussi facile  à l’actualité politique. Et pourtant tous votent ce qui est la règle démocratique et il faut s’en réjouir.

       – Pour avancer il faut aller au-delà. J’entends par proposition, non pas ce qu’il faudrait faire mais comment le faire !

Tout à fait d’accord avec vous. Mais la première démarche n’est-elle pas d’informer, de dire et de redire que le comportement des politiques qui promettent, s’engagent et ne tiennent ni leurs promesses ni leurs engagements doit être dénoncé. On peut, et sans doute doit-on, être des utopistes et imaginer que ces écrits polémiques, certes, ont une utilité dans la mesure où ils décilleront (dessilleront) les yeux des électeurs et éclaireront leurs choix. Le premier principe est certainement de se faire entendre par des écrits mais également par des participations à des réunions ou colloques. Le pire serait de se taire, de ne rien écrire et de se fondre dans la masse des indifférents qui ne se soucient que de leur confort personnel. Ces citoyens à courte vue sont ceux qui ont décidé que s’abstenir de voter était une réponse. C’est certainement l’attitude qu’il ne faut pas adopter car elle résulte d’un découragement.

     – Les propositions évoquées visent-elles à promouvoir une révolution ? En France, on sait faire, mais cela ne me semble pas un investissement à conseiller !

Alors que faire ? Nous avons maintenant une certitude c’est que les politiques sont conscients du sentiment de rejet que leur comportement est en train d’entraîner dans l’opinion publique. Pour autant il n’est pas raisonnable de fustiger tous les élus de la même manière, certains ont le sens de l’Etat, il serait souhaitable qu’ils soient plus nombreux. Pour ma part, je considère, vous le dites également, que la décentralisation doit être repensée et que l’autorité de l’Etat est actuellement insuffisante pour permettre une réforme de nos institutions. Sommes-nous des révolutionnaires ?

Que nous reste-t-il ? Sinon dénoncer, répéter pour convaincre et cela sans se décourager.

En tout cas Merci M. Vallet pour vos réflexions qui enrichissent notre publication.

Débattre c’est prendre le risque de changer d’avis. (Raymond Aron)

 

Pau, le 21 août 2015

Par Joël Braud