La France « découvre » que des générations entières de jeunes, issus des quartiers sensibles, sont en totale marginalité de notre société.
Les parents, assez fréquemment, n’y contrôlent pas leurs enfants et/ou ne sont pas en capacité de les aider à devenir des citoyens français « normaux ». L’Education Nationale envoie, dans les écoles et collèges des Réseaux d’Education Prioritaire (REP), souvent de jeunes instituteurs et professeurs sans l’expérience nécessaire pour faire face à des jeunes « compliqués » à gérer.
Face à cette affirmation, basée sur des témoignages entendus à la télévision, il serait intéressant de descendre dans le détail de la composition des enseignants des ZEP : Plutôt des plus jeunes, peu expérimentés ou plutôt des plus âgés, plus expérimentés ? Car de l’expérience dans les ZEP, il en faut ! Plus qu’ailleurs. AltPy a un certain nombre de rédacteurs et commentateurs qui doivent pouvoir apporter des précisions.
Il y a en France, selon le site du gouvernement, 350 REP+ et 739 REP qui représenteraient 19.8% des écoliers, et 20.5% des collégiens scolarisées.
Les moyens, financiers et humains, des Réseaux d’Education Prioritaire sont-ils suffisants ? En tout cas, ce qui a été fait jusqu’à présent semble plutôt être du domaine de l’échec total : 42,1% des jeunes de la tranche des 15 à 24 ans dans les « zones urbaines sensibles » étaient au chômage en 2013 contre 22,6% hors Zus pour la même tranche. Un rapport de 1 à 2. Mieux vaut étudier hors des zones urbaines sensibles et de leurs REP.
A Pau, j’ai eu l’occasion de me pencher, il y a plusieurs années, sur le travail de l’ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine) dans le quartier de l’Ousse des Bois. Au fil de interviews et des rencontres, j’avais observé la multiplicité des outils mis en place, dans de nombreux domaines. Les moyens financiers étaient considérables mais à l’arrivée, force est de constater que, si le quartier est maintenant en bien meilleur état que beaucoup de quartiers «normaux » palois, son chômage reste inacceptable. Il tournerait autour de 40% selon Sud Ouest du 17 juin 2015.
Le bâti a été indiscutablement rénové mais le travail sur les hommes n’a pas donné les résultats escomptés malgré la multiplicité de intervenants. Il faut dire que je croisais souvent des personnes jeunes (trop jeunes?), armées du désir de bien faire mais sans l’expérience et le recul des anciens.
A quoi bon des immeubles neufs, un environnement propre si les hommes restent ce qu’ils étaient. Les financements de l’ANRU doivent pouvoir être réorientés. Mieux vaut une tête bien faite qu’un immeuble bien mis.
A Malala, le mot de la fin : « avec des armes vous pouvez tuer des terroristes, avec l’éducation, vous pouvez tuer le terrorisme ».
– par Bernard Boutin
PS : Merci au forum de me corriger, reprendre, contredire etc. En écrivant sur l’éducation, je suis dans un domaine qui n’est pas le mien.