Refus de plainte

La mésaventure de ce SDF, Kip, qui, à Pau, a été agressé, a reçu l’écho de nombreux organes de presse nationaux. Il aurait été préférable que l’image de notre ville soit plus honorable. Cependant cet événement serait-il significatif du désengagement d’un service de l’État ?

On pourrait, en effet, dresser la liste des organes de presse qui ont évoqué cet événement : 24 H matin. Fr – France Bleu Béarn, La République des Pyrénées, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, France-Soir, Le Parisien, La Provence, Ouest-France, La Dépêche et Sud Ouest. Excusez du peu !

Les faits sont simples mais méritent d’être rappelés. Kip, selon son surnom est un SDF connu. Le samedi 24 février 2018, il est victime de violences, dans la rue, par un individu qui s’acharne sur lui. Il est blessé et, le lendemain, dimanche, il décide de se rendre, dans la matinée au commissariat pour y faire enregistrer sa plainte. Là premier refus, on lui dit qu’il est trop tôt. Deuxième tentative un peu plus tard, là, deuxième refus au prétexte qu’il n’a pas de certificat médical. Le troisième refus sera motivé par le fait qu’il ne connaît pas son agresseur. Et le quatrième refus pour un autre motif.

Ça fait beaucoup. Surtout que les raisons invoquées n’ont pas lieu d’être. Rien n’interdit à la police d’accompagner une victime à l’hôpital, par exemple, pour qu’il lui soit délivré un certificat médical. S’il faut connaître l’auteur de l’infraction dont on est victime, il n’y aura plus de plainte contre inconnu. Pourtant c’est bien au service enquêteur de rechercher l’auteur. On ose imaginer que c’est parce qu’il s’agit d’un SDF que la police n’a pas voulu recevoir la plainte. Mais c’était sans compter sur la présence d’un journaliste qui a su donner à cette affaire une suite médiatique. A partir de là la directrice départementale a parlé d’un « loupé ». La formule est bien complaisante. Enfin ce SDF a ensuite été reçu comme il se devait par des policiers qui, « honteux et confus », lui ont offert des croissants.

Personnellement j’ai eu à connaître d’une autre affaire qui s’apparente à celle-ci. Il s’agit d’une personne âgée (90 ans), un peu sourde, qui constate chez elle la disparition de bijoux. Il n’y a pas eu d’effraction et elle n’explique pas ce qu’elle considère comme un vol. Je lui conseille d’appeler la commissariat et de suggérer qu’un relevé d’empreintes pourrait se révéler utile. Le lundi 5 mars 2018 au matin elle appelle la police et là on lui dit qu’elle doit se déplacer rue O’Quin. Elle répond que son état de santé ne le lui permet pas. Elle entend mal et sans doute a-t-elle fait répéter son interlocuteur. En tout état de cause, sans autre forme, on lui raccroche au nez.

La meilleure façon de faire baisser les statistiques sur la délinquance est certainement de ne pas enregistrer les plaintes et de dissuader les plaignants. Mais au moment où on nous vend cette nouvelle police dite : « police de la sécurité au quotidien » il est permis de s’interroger sur le sens que l’on veut donner aux mots et surtout au mot proximité.

Pau, le 13 mars 2018

par Joël BRAUD

Crédit image : soccemascouche.com

Bannis de la rue

mendianteIl ne fait pas bon être marginal actuellement … et du côté de Pau, il est possible de devenir un hors la loi malgré soi … il en est ainsi pour les sans-abri et autres SDF dont le modèle de vie fait tâche au sein de la royale cité tandis qu’arpentant les trottoirs de la ville … ces derniers s’y installent jusqu’à ce que la municipalité se fâche !
Depuis quelques mois déjà, sur certaines places et autres lieux préférés des miséreux plus rien ne se passe, plus de mains tendues, quelques-unes se voilant la face, plus de toutous couchés auprès de leurs compagnons de vie, certains d’entre eux plus bruyants quand d’autres semblent endormis … des zonards comme ils disent … ou encore des clochards … tout cela ne se voit pas ou de moins en moins, car occuper abusivement les trottoirs ou autres lieux publics est désormais verbalisé par les policiers !
Ne devenez pas pauvres messieurs-dames … ne vous hasardez pas seulement à être ce misérable ayant perdu son emploi ou qui, pour une quelconque raison indépendante de sa volonté se verra subir les affres d’une société où devenir un marginal est si vite fait, son doigt sur vous pointé !
Je ne me pose plus la question de savoir « mais dans quel monde vit-on » … je laisse cette question à d’autres qui n’ont rien remarqué, s’apercevant soudain qu’ils sont entourés de pauvres hères, de réfugiés, de misérables vieux qui n’ont plus rien, plus de famille, plus de pays, pas même les yeux pour pleurer si ce n’est un toutou ou deux pour combler le vide autour d’eux !
Nul ne peut savoir ce qu’il en est s’il n’a pas connu l’enfer de la rue… et pour qui n’a pas connu la misère, celle-là qui vous refoule jusque dans les ornières, ce qu’il se passe actuellement à Pau, nul ne peut dire vraiment combien cette souffrance que d’aucun nommeront la faute à pas de chance, peut devenir une meurtrière !
Outrance de précarité et sa pauvreté dont beaucoup se balancent … une misère ne manquant pas de vocabulaire pour l’exprimer… des mots usés jusqu’à la corde où quelques-uns se pendent à force d’être esseulés, rejetés ! Nous en soucions-nous seulement ?
La dèche se lèche les doigts noircis de mouise… présente et si constante qu’elle revêt plus d’un Français dans la galère … cette pente que l’on glisse sans y être invité, malingre, hirsute et mal fagoté … mais où va-t-elle à présent … se loger ?
Bien à vous.

                                                                                                                                                                               Samie Louve.