Qui va limiter la vitesse ?

Lors d’une interview récente accordée à France bleu Béarn, le sénateur Max Brisson s’est dit particulièrement réjoui par le projet du Sénat de donner la possibilité aux départements ou aux préfets de relever la vitesse à 90 km/h à la place de l’État. Faut-il partager le même enthousiasme ? Quelles seront les changements que l’on peut espérer ou craindre ?

Nous sommes maintenant en plein débat sur l’opportunité de la limitation de vitesse à 80 km/h. Les gilets jaunes sont vent debout contre cette mesure au point d’avoir saboté nombre de radars fixes afin de les rendre inopérants. La conséquence ne s’est pas faite attendre : les accidents mortels sont en notable augmentation (sauf dans notre département rassurez-vous). L’enjeu semble être politique. En enfonçant un coin entre le premier ministre, initiateur de cette nouvelle limitation à 80 km/h, et le chef de l’État qui est, sur ce sujet, plutôt nuancé, la préoccupation principale n’est pas vraiment sécuritaire.

Mais tout d’abord essayons d’y voir plus clair en listant les différentes limitations de vitesse qui, selon le code de la route, peuvent s’imposer aux conducteurs :

130 km/h est la vitesse maximum autorisée sur autoroute ;

110 km/h est la vitesse maximum autorisée sur autoroute par temps de pluie ;

90 km/h est une limitation autorisée soit sur les routes dont les deux axes de circulation sont séparés par un terre-plein central, soit sur les routes à quatre voies même lorsqu’elles ne sont pas séparées par un terre-plein central. A noter que sur les routes à trois voies sans terre-plein central, le 90 km/h est permis uniquement sur l’axe muni de deux voies (vous suivez ?) ;

80 km/h est la limitation qui s’impose partout ailleurs. Elle remplace la limitation à 90 km/h ;

70 km/h est une limitation qui s’applique sur les voies qui présentent un danger particulier ;

50 km/h est la limitation normale en agglomérations ou quand la visibilité est inférieure à 50 m.

30 km/h est la limitation décidée par les maires dans certains secteurs urbains ;

20 km/h est la limitation destinée à favoriser les rencontres en secteur urbain..

Et tout cela sans tenir compte des conditions particulières qui s’appliquent aux jeunes conducteurs.

Les partisans de ce transfert de responsabilité agitent comme toujours, l’argument de la proximité sur l’air de : nous qui sommes d’ici, nous savons mieux ce qu’il convient de faire. Bon ! on verra bien si toutefois cet amendement du sénat sera également adopté par l’Assemblée nationale. Mais que ces tenants d’une décentralisation à tous crins sachent que la responsabilité de la sécurité routière pèsera alors (lourdement) sur leurs épaules dans les départements. Il ne faut pas exclure également que ces élus locaux, toujours disposés à satisfaire les doléances de leurs électeurs, multiplient les limitations comme c’est actuellement le cas sur la route Pau/Oloron ; on y dénombre pas moins de 32 panneaux de limitation de vitesse (si mes comptes sont exacts). Alors il y aura des commissions et on discutera et débattra à l’envi.

Mais cela n’est-il pas un débat qui porte principalement sur la décentralisation. Notre pays serait selon certains encore trop jacobin. Les élus locaux se disent dépossédés de nombre de leurs responsabilités et on besoin de reconnaissance. Plus qu’une préoccupation sécuritaire, une volonté d’élargir les pouvoirs des élus de terrain, viendrait fausser le débat.

Pau, le 1 avril 2019

par Joël Braud

Crédit photo : Seine-Maritime.gouv.fr

Il y a TOP et TOP ?

troubles2Un véritable tsunami s’abat sur le monde politique, élus ou pas, ainsi que sur le secteur publique : caste, gabegie, ambition, pouvoir, cumulard, oligarque, grassement payé, opacité, inaction à 90%, profiteur, dilapidateur à gogo et gaspilleur de l’argent des impôts, incapacité, gestion calamiteuse.., aucun comportement n’est jugé sérieux.

Nettoyage et suppression sont les deux mamelles de la résurrection:

Sénat, parlementaires, départements, cantons, députés, communes, Conseils, Commissariats, fonctionnaires, suppression de tout salaire, frais et autres, pour les élus…. (en ne citant que des propos tenus sur le site !).

Il n’est absolument pas dans mon intention de porter un jugement de valeur sur ces affirmations, j’en laisse la responsabilité à leurs auteurs. Je souhaite seulement faire quelques remarques :

Première remarque :
On est passé de l’esprit critique enseigné à l’Ecole : salutaire, améliorant et constructif, à l’esprit de critique, hypercritique même, diffusé dans les médias et les réseaux sociaux : néfaste et destructeur.

Deuxième remarque :
A l’inverse de la considération de la Technologie où on ne conserve que le supposé positif, ici on ne conserve que le négatif !

Troisième remarque :
Ces «besoins !!!!»une fois appliqués, c’est la fin de la Constitution, de la démocratie représentative, peut-être même de la République !

Que mettre en place après le grand nettoyage ?

Avant de tout détruire, ce qui est toujours très facile, ne faudrait-il pas trouver la même détermination et le même consensus pour construire un projet alternatif ? Or, ce n’est pas abordé, et ce n’est pas gagné, tant les affirmations péremptoires sont différentes et parfois contradictoires :

démocratie directe, tirage au sort des représentants, anarchie, totalitarisme……?

Quatrième remarque :
Même si des critiques sont justifiées, l’hyperactivité destructrice de ce déferlement continu d’une telle ampleur, débouchant fatalement sur le «tous pourris», ne peut que satisfaire certains qui profitent de ce désarroi pour enfoncer le clou, gonfler un électorat potentiel inconscient, et ouvrir l’espoir d’un faux vrai avenir serein. J’ose espérer que ce n’est pas le cas et que l’objectif est plus noble, celui de monter la société vers le haut (lu sur le site). Comme cela ne transpire vraiment pas dans les propos des médias et les réseaux sociaux, je suis inquiet; il serait temps d’y réfléchir !

Cinquième remarque :
Encore une fois, on veut traiter un problème particulier en ignorant ou en voulant ignorer le problème général.
On s’attaque, séparément et en désordre, à : l’inégalité, le logement, les impôts, l’âge de la retraite, l’école, le harcèlement scolaire, le chômage, l’exode fiscal, la délocalisation, l’immigration, la violence, le terrorisme, l’anti-sémitisme, l’anti-islamisme, le Diesel, le réchauffement, les inondations…..,

l’incapacité coupable des politiques.

Avant, c’était identifiable et corrigeable localement, maintenant c’est planétaire et tout se tient ; il faut donc changer de raisonnement.

Dans un combat aussi général, renforcer un front en négligeant les autres fronts,
vouloir morceler pour résoudre le général,
ce n’est pas la solution.

Tous ces hommes et toutes ces femmes, engagés dans des fonctions publiques ou privées, politiques ou pas, souvent bénévolement dans les communes, sont issus de notre société, désignés même, pour les élus ; ils en sont la copie conforme ; ils ont les mêmes qualités, les mêmes faiblesses, les mêmes défauts.

Ils ne sont donc pas la cause du dysfonctionnement, ils en sont la conséquence.

Le problème mis en exergue résulte du fonctionnement général de notre société ; le changement passera par la volonté de «la base», donc de chacun, d’œuvrer pour un nouveau développement et la mise en place d’un autre projet de société.
La priorité à combattre est le culte de la compétition, de l’individualisme, du meilleur, du plus beau, du plus riche, puissant, du plus fort, du plus astucieux, du plus filou, des relations hiérarchiques et dominantes, de la compétitivité, de l’élimination du plus faible…. Tous les défauts relevés, toutes les critiques réalisées, sont présents autour de nous et facilement transposables partout ailleurs : commerce, finance, entreprises, pharmacie, médecine, secteur du bâtiment, professions libérales,…..On y trouve la même opacité, les mêmes profiteurs et cumulards, les mêmes oligarques, les mêmes incompétents….

En ce qui concerne l’opacité, des domaines s’avèrent aussi coûteux, si ce n’est plus, sur le budget de l’Etat, que le dysfonctionnement du millefeuille et de nos politiques, ce sont les conséquences de :

  •  L’absence totale d’une volonté de transparence sur les causes, afin d’y remédier, de la pollution : chimique, physique et psychologique, du réchauffement…..L’absence totale de transparence sur la gestion des grandes entreprises du CAC 40. Cash investigation sur France 2, mardi dernier, a ouvert une petite brèche dans l’univers très fermé de «Sanofi», «Les pages jaunes», les dessous vraiment pas clairs de la fermeture de l’usine«Samsonite»à Hénin-Beaumont.
  • Pour Sanofi par exemple, en 2013 :
    >6 milliards de bénéfices.
    >3638 milliards versés aux actionnaires.
    >125 millions versés par l’Etat dans le cadre du CICE et du crédit d’impôt recherche.
    >4000 emplois supprimés dans le domaine de la recherche !
    + Le financement des 125 millions est assuré par nos impôts.
    + Le remboursement par la Sécurité sociale des médicaments fabriqués par Sanofi pour soigner les conséquences pathologiques : physiologiques et psychologiques, sur les licenciés, est également pour nous.
    + Tout emprunt public requis pour financer le régime d’assurance chômage doit faire l’objet d’une garantie de l’État.
  • Areva, le fleuron du nucléaire français, affiche 4,9 milliards d’euros de pertes en 2014 ; l’Etat détient 87% des parts !
    Heureusement, le nucléaire, c’est moins cher !

Cela ne signifie absolument pas qu’il faille se taire ou laisser faire nos politiques mais il conviendrait de prendre conscience du tout, de ne pas limiter les cibles et de respecter la hiérarchie des priorités.

Avec la même persuasion, persévérance et intensité, que nous critiquons : informons, éduquons, dénonçons et agissons, chacun suivant ses moyens, auprès de tous, en parallèle, pour activer «le grand nettoyage», dans les esprits et dans les faits, de l’essentiel, c’est-à-dire de la politique environnementale irresponsable, industrielle calamiteuse, économique chaotique et non durable, financière spéculative, sociale inhumaine : ambiante, nationale, européenne et mondiale.

Après, la politique suivra automatiquement.

Conditionnée par cet impératif d’être toujours au TOP, partout et tout le temps, je me demande si notre société, en pleine crise d’un humanisme adolescent, ne se trompe pas de TOP.
En effet, le trouble oppositionnel avec provocation (TOP), tel qu’il est décrit, est un
ensemble de comportements négativistes, hostiles ou provocateurs envers des figures autoritaires :

  • Contestation et colère souvent persistantes, tempérament difficile.
  • Fait porter à autrui la responsabilité des mauvais comportements ou des erreurs.
  • Hyperactivité.
  • Perception très négative de l’autorité.

Le rapport ne peut échapper à personne. Pathologie innée ou acquise ? C’est l’incertitude !

– par Georges Vallet

crédit photo: douance.be

Election au Sénat : Le FN rejoint le clan de l’UMPS. Le FNUMPS en prend la suite !

Il y avait ceux qui disaient que le Front National était différent. Certains, de plus en plus nombreux, voyait en lui une alternance possible : jusqu’à 25 % de la population française aux dernières élections européennes. Pour eux, le FN était tout sauf cette UMPS qui nous gouverne depuis si longtemps. Une UMPS aux politiques cumulards, avides de pouvoir, d’honneurs et d’indemnités.

Mais voilà, Marine le Pen vient de dévoiler ce qu’elle est : une « politicienne », comme les autres. Deux des candidats de son parti viennent d’être élus au Sénat et, comme, ils sont tous deux déjà maires – et qu’ils veulent le rester – les voilà donc cumulards. La tare première, que les Français donnent à la classe politique, est donc reprise « à son compte » par le FN, dès que l’occasion se présente à lui ! Le FN : same, same but not that different.

En fait Marine le Pen est politico-pragmatique, voire opportuniste. En novembre 2012, Marine Le Pen, reçue à l’Elysée, demande un référendum sur le non-cumul (source l’Express). C’est au moins clair comme demande. Plus de 90% des Français approuvant la fin du cumul des mandats, Marine le Pen vise plutôt pas mal. On ne peut que l’approuver.

Deux ans plus tard, sa formation voit élire ses deux premiers candidats au Sénat. Les deux sont en situation de devenir cumulards. Rebond de Marine le Pen sur le coup : « « Nous avons clairement dit que nous étions contre le cumul des mandats, mais nous appliquerons le non-cumul quand tous les autres se l’appliqueront aussi ». (source l’Express). N’avons-nous pas déjà entendu cette chansonnette ?

Le FN de Madame le Pen, à l’occasion des élections au Sénat, vient lui-aussi, de rejoindre le clan de « tous les mêmes ». Il se banalise au fur et à mesure qu’il pénètre sous les ors des palais de l’Etat. Est-ce une bonne nouvelle ?

L’UMPS disparait. De ses cendres renait le FNUMPS.

– par Bernard Boutin

crédit photo : sondage Alternatives-Paloises.com

A l’horizon 2021

imgres C’est en effet dans sept ans, selon, les engagements ou promesses du nouveau Premier Ministre, Manuel Valls, que l’inénarrable millefeuille français va connaître enfin une évolution. Sept ans, c’est long c’est surtout le temps qu’il faut pour que l’on risque oublier ce qui n’est encore qu’un projet aux contours mal définis. Pour y parvenir, beaucoup d’eau doit encore passer sous le pont.

 La première difficulté réside dans l’attitude des élus actuels qui ont déjà commencé à faire entendre leur voix. Je suis  élu  par la volonté du peuple et je n’en sortirai que … on connait la suite. Avec ce principe et ces réactions on comprend bien que le premier obstacle est de taille et qu’il n’est ni prêt d’être franchi ni prêt d’être contourné. Le Sénat va peser de tous son poids pour que ces « grands électeurs » à qui ses membres doivent leur mandat, ne disparaissent pas. De Gaulle avait raison en 1969, de vouloir dans un premier temps supprimer le Sénat dans son rôle législatif et ne lui donner comme mission que la gestion de la décentralisation. Il n’y était pas parvenu et désavoué, s’était senti contraint à la démission.

La deuxième difficulté est d’ordre constitutionnel. L’existence des départements est en effet inscrite dans la constitution et les supprimer doit obligatoirement passer par une réforme constitutionnelle. On le sait, il existe deux moyens possibles pour réformer celle-ci, le référendum ou la convocation du parlement en congrès à Versailles. Rappelons que le parlement est la réunion des membres de l’assemblée Nationale et de ceux du Sénat. Si c’est ce moyen qui est choisi, rien n’assure que la réforme sera entérinée. Il y a 577 députés et 348 sénateurs, la majorité n’est pas acquise. Par contre un référendum aurait plus de chances d’aboutir tant les Français, comme ils viennent entre autres de l’exprimer par leur vote aux municipales,  sont opposés à cette superposition de strates qui coûtent cher. Une grande part de leur défiance vis-à-vis du monde politique, on le sait par les sondages, vient de là.

La troisième difficulté vient du temps, du temps à s’écouler entre ce discours d’un premier Ministre visant à obtenir la confiance et le moment où sera mise en musique cette disparition annoncée des départements. Sept à huit ans, c’est le temps d’un oubli pour l’électeur moyen, mais c’est surtout le temps  d’une autre majorité au pouvoir  qui ne se sentira surtout pas tenue par les promesses de ses prédécesseurs.

Les départements vont-ils totalement disparaître ? Pas si sûr. Déjà et c’est une bonne chose, la compétence générale des départements et des régions qui avait été abandonnée par la majorité précédente puis remise en vigueur en décembre 2013 par l’actuelle majorité vient à nouveau d’être abandonnée. Ainsi ces chevauchements coûteux pour les contribuables devraient disparaître.

Et notre département des Pyrénées Atlantiques, il sera rattaché à quelle région ? Voyez, le simple fait de poser cette question prouve que l’on n’est pas encore disposé à oublier l’échelon départemental.

 

Pau, le 10 avril 2014

Par Joël BRAUD

P

Le Sénat se moque de ce que nous pensons

logoIl ne se passe pas de jour où les révélations politiques ne se trouvent en décalage avec l’opinion publique… et encore celle-ci ne sait pas tout ! Parmi les plus récentes, le refus par le bureau du Sénat de lever l’immunité parlementaire d’un sénateur qu’un juge d’instruction souhaite interroger.

Ce qui devrait nous heurter n’est pas cette décision. C’est le fait qu’un parlementaire n’est pas un citoyen comme les autres ! Ce qui conduit à accroître la défiance des citoyens envers les élus, ce sont les multiples privilèges que leur confèrent les institutions.

En l’occurrence, c’est l’article 26 de notre Constitution qui est l’instrument de l’immunité parlementaire. Ce texte stipule, en effet, qu’ « aucun membre du parlement ne peut faire l’objet, en matière criminelle ou correctionnelle d’une arrestation ou de toute autre mesure privative ou restrictive de liberté qu’avec l’autorisation du Bureau de l’assemblée dont il fait partie » ( sauf en cas de crime ou délit flagrant ou de condamnation définitive, hypothèses exceptionnelles).

Cette disposition, qui constitue indiscutablement un privilège, serait, selon ses défenseurs, un instrument destiné à assurer aux parlementaires l’indépendance et la liberté nécessaires à leur mission.

Argument insoutenable, car il ne s’agit pas de poursuivre ceux-ci pour leurs dires ou leurs écrits dans le cadre de leur mandat mais pour toute action punie par la loi pénale, comme tout autre citoyen. Et puis la liberté et l’indépendance sont aussi nécessaires à la mission des juges. Ceux-ci n’en ont pas pour autant un tel privilège. Mais le Sénat semble se moquer de ce que nous pouvons penser puisque la majorité de ses membres considère que le non cumul des mandats ne doit pas les concerner, invoquant n’importe quel argument pour justifier ce privilège.

Pas surprenant qu’un mouvement se dessine pour demander la suppression de cette assemblée dont l’utilité avait été contestée par le président Charles de Gaulle qui en avait souhaité la disparition. On peut se demander comment nos élus ne sentent pas la défiance qu’ils inspirent aux électeurs. La meilleure preuve en est l’abstention dont tout le monde sait très bien qu’elle sera très importante dans les scrutins à venir, sa cause la multiplication de situations ou d’affaires qui choquent la morale la plus élémentaire, son remède la fin d’un carriérisme politique.

– par Pierre Esposito

credit photo : http://www.senat.fr