Touche-pas à ma meuf ! (2)

Bien que ce titre ne me plaise pas, je l’utilise à nouveau. Cet article n’est plus sociologique comme l’article précédent traitant du phénomène « me-too », mais politique.

Son point de départ concerne aussi avant tout les femmes. Car la question des pensions de réversion concerne principalement les femmes, pour deux raisons. D’une part leur longévité moyenne est supérieure à celle des hommes ; d’autre part leurs ressources sont en général plus faibles que celles des hommes et leur retraite moindre. Sans pension de réversion, un grand nombre d’entre elles seraient dans un grand dénuement. Aussi, la rumeur qui a couru de leur suppression est-elle odieuse. Elle a été démentie, mais d’autres scénarios peu engageants ont apparu. Il a été question notamment d’instaurer une cotisation spécifique, ce qui aurait pour effet de diminuer le nombre de bénéficiaires et aussi de seuils de montants. La veuve d’un préfet, assassiné ou mort dans la fleur de l’âge serait directement impactée ; mais plus généralement, la femme d’un homme ayant eu de lourdes responsabilités et en ayant pâti en assumant un surcroît de charges domestiques serait pénalisée.

Cet exemple montre le rôle délétère de rumeurs ou d’annonces mal maîtrisées. Il en a été de même avec l’instauration de l’impôt à la source et avec l’annonce d’une réforme des retraites. Il n’est pas certain que les craintes des contribuables qui emploient une personne à domicile pour de l’aide-ménagère, des soins ou des gardes d’enfants soient calmées sur le premier point. Quant à la réforme des retraites, le remplacement des trimestres par des points apportera sans doute une simplification mais cette simplification pourra être utilisée pour geler la valeur du point. Par ailleurs, cette unification ne prendra pas en compte les spécificités de chaque branche en termes de pénibilité et de niveau de salaire et conduira vraisemblablement à un départ en retraite plus tardif. Ce dernier point n’est pas absurde, puisque l’on vit plus vieux et que l’on commence à travailler plus tard. Les citoyens de ce pays ne sont pas des Gaulois rétifs à toute adaptation.

Mais ils ont dû accepter d’avaler bien des couleuvres. Mener des guerres regrettables (Suez, Algérie, Lybie…). Financer des chantiers de prestige, comme le Concorde, qu’il a fallu ensuite abandonner. Tout miser sur le nucléaire, sans savoir ce qui pourra être fait des déchets. Opter pour le diesel, moteur réputé plus résistant et plus économe et maintenant voué à être condamné. Jouer la carte des métropoles régionales et maintenant constater la désertification des campagnes. La liste pourrait être longue.

Aussi les citoyens ne font plus guère confiance aux belles paroles, surtout quand on vide leurs poches, tandis que l’on va laisser filer la Grande Bretagne qui doit 43 ou 47 milliards d’euros à l’Union européenne. A ce propos, quitte à s’attaquer aux Celtes, pourquoi ne pas demander à Mme May qu’elle emmène avec elle l’Irlande (ou que celle-ci cesse son dumping fiscal). Cela résoudrait le problème de la frontière avec l’Irlande du nord dans lequel les discussions pataugent ? Proposition incongrue ? Irréaliste ?

Un autre cadeau qui sera pris dans la poche des contribuables concerne le remboursement de la dette de la SNCF. Pas moins de 35 milliards ! Pourtant la SNCF a des actifs, pas toujours très …actifs, comme des terrains ou des bâtiments qui se dégradent. Là, nous rejoignons les questions locales comme la réhabilitation des locaux du SERNAM. A moins que l’on réactive cette dernière : ce ne serait pas un mal pour la planète et nos poumons de réduire le transport par camions (6.000 par jour traversent la Manche rien qu’à Calais, et 90.000 arrivent à Rungis). Hélas, nos enfants sont aussi touchés par toutes ces questions.

Paul Itaulog

Sifflet de fin de partie

La contestation de la loi ORE et de Parcoursup n’est pas terminée. Mais, fort heureusement les blocages se libèrent ; c’est que la majeure partie des étudiants veut passer les examens et ne pas connaître d’empêchement pour s’engager dans un travail d’été, vital pour financer ses études dans bien des cas. On lit bien des cris d’orfraie du genre « parcoursupercherie ». parce que 400.000 étudiant(e)s n’ont pas encore obtenu une place dans l’enseignement supérieur. C’est considérable, certes, mais ce n’est pas dramatique dans la mesure où la situation n’est pas figée : des places vont se libérer au fur à mesure que des étudiants auront fait leur choix.

Le système est lourd et complexe, certes. Mais il importe de rendre plus efficace le passage dans l’enseignement supérieur. Faire perdre du temps à des jeunes et les rendre amers après des échecs n’est pas bon pour la nation. Il est préférable de détecter leurs capacités et leur motivation. Celles-ci devraient être plus apparentes sur leur dossier. Il est dommage d’avoir abandonné la possibilité pour le lycéen de classer ses choix ; tout au contraire, il serait judicieux qu’il puisse les pondérer afin que l’on puisse distinguer les choix très marqués des choix hésitants, par exemple en les affectant d’un chiffre de 1 à 5, le total ne devant pas dépasser 10. Pour ce qui est des capacités, il conviendrait aussi qu’elles soient clairement distinguées sur les dossiers remplis par les enseignants. A l’heure où les performances énergétiques des bâtiments sont classées au moyen de lettres de A à E et où les consommateurs attendent un affichage clair et coloré des qualités des produits qu’ils achètent, il serait paradoxal que les chances de réussite des jeunes soient cachées. Le tirage au sort et le classement en tous ex-æquo ne doivent plus avoir cours ! Ou qu’on l’applique en premier lieu aux footballeurs…

A la SNCF la grève s’éternise et tétanise le pays. Les cheminots ont fait la preuve de leur rejet d’un nouveau statut. Mais si leur entreprise se met en si mauvaise posture qu’elle ne puisse pas effectuer de recrutements, qu’auront-ils gagné ? Ne devraient-ils pas voir qu’un statut décidé il y a tant de décennies devient obsolète avec l’allongement de la durée de vie moyenne qui fait peser une lourde charge pour payer les retraites. Certes, il faut sauvegarder la sécurité des passagers et ne pas retarder le départ des conducteurs. Mais il n’est pas inconcevable que les conducteurs puissent occuper d’autres postes dans l’entreprise, éventuellement de manière progressive.

Le coût de ces conflits est considérable et touche bien d’autres catégories de personnes que les personnes concernées. Chez Air France, on met en place une carte senior à 59 euros qui financera les augmentations de salaire par une ponction sur des retraités qui n’ont pas tous les moyens des pilotes, loin de là. A la SNCF, il ne serait pas étonnant que l’on monte de 60 ans à 65 ans l’avantage consenti à ces titulaires de cartes. Ainsi les voyageurs seront doublement pénalisés : par des hausses de tarifs (souvent plus élevés que les tarifs aériens, ce qui est un comble!) et par les impôts qui serviront à combler la dette.

Il est temps d’arrêter !

Paul Itaulog

Coagulation, suppuration

Les conflits à la SNCF, Air France et dans certaines universités n’ont pas donné lieu à une « coagulation » ou une « convergence ». Ils présentent cependant certaines similarités : hormis chez Air France, les revendications ne portent pas sur les intérêts directs de ceux qui les formulent : les cheminots en place conserveront leur statut et les étudiants dans les facs ont franchi l’entrée. Ils comportent tous des dangers pour les structures : Air France et la SNCF vont traverser une passe difficile, et les facultés les plus turbulentes risquent aussi une certaine désaffection. Les universités plus petites et plus calmes comme celle de Pau en profiteront-elles ? Ce n’est pas impossible, à l’instar des compagnies de cars et du co-voiturage.

Mais les dégâts sont importants. Du point de vue économique d’abord, avec de nombreuses journées de travail perdues ou perturbées, et souvent dans des secteurs qui n’avaient pas partie prenante aux conflits. Du point de vue de la renommée ensuite : imaginons-nous que les touristes étrangers vont se précipiter vers un pays aussi enclin aux colères et aussi peu fiable ?

Une autre conséquence porte sur la planète et sur la santé des humains. Reporter durablement vers le transport routier les déplacements ferroviaires représente une dégradation potentielle de la qualité de l’air. La citation de ce que j’écrivais dans une précédente tribune a anticipé la révélation que plusieurs milliers de personnes meurent chaque année en France de la pollution ; dans le monde se sont sept millions de personnes qui disparaissent du fait de la mauvaise qualité de l’air.

« Le gouvernement précédent avait bien vite cédé aux bonnets rouges et aux camionneurs. Ne conviendrait-il pas que le gouvernement présent rétablisse un fret ferroviaire fiable et efficace en imposant des normes de conteneurs passant facilement du rail à la route et inversement ? Il est scandaleux que des convois interminables de camions traversent le pays au grand dam de la qualité de l’air et de la santé des populations. Si l’Etat ne veut pas se hasarder à taxer le transport routier, que les régions s’en chargent. La Nouvelle Aquitaine qui s’étire tant du sud au nord est bien placée pour enclencher un tel processus. »

Ne nous attardons pas sur la suppuration, je veux dire sur les débordements causés par les casseurs du 1er mai. Ils ne sont pas plus importants que ceux de certaines fêtes que ce soit la fête nationale ou le jour de l’an, avec des centaines de voitures brulées. Mais on peut se demander si la violence qu’a connu le site de N.D. des Landes n’a pas cristallisé une révolte. Etait-il bien nécessaire d’agir avec une telle brutalité évoquant des scènes d’émeute et une telle précipitation (fort coûteuse pour les contribuables) pour dégager une petite départementale ? Mais, plus profondément, on peut s’interroger sur l’opportunité de certaines mesures comme la hausse de la CSG alors que l’impôt sur la fortune était abrogé de moitié. Ces orientations n’ont-elles pas contribué à briser l’image d’un mouvement fédérateur et novateur ?

Le médecin, ses internes et infirmières ont-ils eu le tact et l’empathie que le pays attendait ? Certaines mesures comme les dédoublements de classes, la suppression annoncée de la taxe d’habitation compenseront-elles les effets dévastateurs de certaines décisions et des passages en force les accompagnant ? Sûrement pas si la suppression de la taxe d’habitation est soumise à des restrictions et si la loi ORE sur l’orientation à l’entrée de l’université n’est pas amendée sur certains points. Il faudra revenir sur ces médications.

Paul Itaulog

Réformer, réformer, qu’ils disaient ! Alors, réformons les réformes !

Je pense que tout le monde est d’accord là-dessus: tout évolue, dans la nature et dans la culture, provoquant des déséquilibres ; il devient indispensable, au bout d’un certain temps, de les combattre, pour établir une situation adaptée au nouveau milieu.

Laissons de côté le sens qui représente la mise en réforme de personnes, emplois ou objets ; cette acception est incluse massivement dans le contenu des grands bouleversements, soi-disant indispensables, qu’on nous impose, à la hussarde.

Pour le Larousse : «Réformer c’est faire subir à quelque chose des modifications importantes destinées à l’améliorer.»

Nous tombons dans le piège des mots car tout revient alors à définir ce qui est «bon», pour prendre les mesures adéquates afin que cela soit meilleur !

L’opinion de bon étant purement subjective, les avis sont partagés :

+ Pour le DR Qing Li c’est le shinrin-yoku, bain de forêt pour bénéficier du pouvoir des arbres, pratique médicale japo naise instaurée en troisième année de médecine. Elle démontre la réduction du stress (baisse du taux de cortisol et d’adrénaline), la stimulation de l’énergie, l’amélioration de la concentration et de la mémoire, la réduction de la tension artérielle, le renforcement du pouvoir immunitaire.

Qu’attendent nos politiques pour favoriser cette thérapie en permettant la création, dans nos forêts pyrénéennes de l’équivalent des «huit chemins d’Akasawa»!

Cela ne coûterait rien !

+ Pour la pensée unique actuelle, il faut s’enrichir, être puissant, dominer les concurrents ; la France et la planète se réduisent à la seule composante économique libérale.

C’est exorbitant !

Entre les deux mon cœur ne balance pas !

En fait la réalité est tout autre :

La France et la planète sont des systèmes complexes formés d’un très grand nombre d’éléments différents en interrelations et interactions non linéaires évoluant dans le temps et l’espace. C’est un ensemble où tous les éléments sont liés, interfèrent en réalisant un équilibre fragile. Or, les réformes considérées comme indispensables enrichissent certains en sacrifiant les autres ;

le résultat ne peut être qu’une déstabilisation globale et à la longue un feed back négatif !

La société, comme la vie, idéale pour un humain, n’existe pas mais, comme elle est construite par l’homme, elle peut devenir plus «humaine», c’est-à-dire meilleure ; c’est un but à atteindre ensemble et non organisé par quelques profiteurs intéressés.

Vouloir suivre, sous prétexte d’obligation économique immédiate, la politique mondiale et européenne actuelle, est irresponsable et à courte vue ; la consommation sans fin, la spéculation, la rivalité pour la domination…, conduisent, c’est d’actualité, à des situations conflictuelles locales et pré-conflictuelles guerrières mondiales comme le passé en a connues. Le «plus jamais cela» souvent proclamé, devient «ne plus jamais cette politique là». La pathologie des dirigeants ainsi que les «progrès» du potentiel destructeur les rendent capables de détruire la planète vivante.

Un minimum d’empathie pour nos enfants serait-elle un luxe trop coûteux !

Entre l’avenir qui s’évanouit et l’idéal qui est un rêve, je choisis l’utopie qui est un projet !

Oui, il est possible de suivre les directives européennes avec une autre politique, autrement qu’en sacrifiant une grande partie des citoyens, c’est une question de juste répartition des efforts entre tous, tout en orientant avec beaucoup plus de modération les ambitions très coûteuses de prestige.

Une énorme erreur est commise, celle qu’Aristote dénonçait dans le chapitre IX de «La Politique» : «Un bon gouvernement doit s’appuyer sur les classes moyennes ; on doit se garder de les appauvrir en donnant trop aux riches».

«Ainsi abandonnée, la «France qui gronde» risque (avec raison) de gronder encore plus fort» J-Cl Guillebaud

La dette de la SNCF, le statut des cheminots et les emplois publics inutiles ?????

Des broutilles, à côté du tonneau des Danaïdes de l’industrie nucléaire et du renouvellement à venir des forces stratégiques. «On parle de crédits passant de 3,9 milliards d’euros à 6 milliards par an, d’ici 2025.»  Sud Ouest du 13 mai 2018. Et encore, il n’est question que de modernisation des sous-marins et des missiles mer et air de nouvelle génération !

Sur ces dépenses publiques «motus et bouche cousue» !

La réforme «publique» ne doit pas être, de par son nom et ses objectifs affirmés, un projet individualiste obscur portant sur des domaines précis ; c’est une affaire globale qui concerne la collectivité et tous ses constituants, lesquels doivent activement participer au processus réformateur. C’est la raison pour laquelle la transparence, base du respect de chacun, des actions et des dépenses, doit être obtenue coûte que coûte, tant :

+ dans le domaine privé : composition des aliments et des objets fabriqués, nombre et nature des traitements réalisés sur fruits et légumes, composition des aliments donnés aux bêtes, comportement managérial dans les entreprises…

+ que public : publication des projets, réalisations, nominations, recettes et dépenses au niveau des communes, des régions…

Vouloir résoudre séparément le problème des banlieues, de la santé, de la SNCF, de la sécurité sociale, des retraites, d’Air France… est peut-être une façon de diviser pour mieux régner mais c’est une aberration thérapeutique.

Une maladie qu’elle soit microbienne, organique, physiologique, psychologique met en jeu un dérèglement de l’ensemble de l’organisme et doit faire intervenir une action concertée à de multiples niveaux afin de rétablir l’équilibre ; de plus en plus on constate que la déstabilisation est multifactorielle et passe par l’évolution des conditions environnementales: pollution, nourriture, milieu familial, professionnel…

Pas facile, mais à quoi ça sert que le numérique il se décarcasse !

Toute réforme, pensée et réalisée suivant un processus technocratique et autocratique, imposant un calendrier de changements, bloquant, avec mépris, toute expertise sociale, est vouée aux troubles, à la violence et à l’échec.

Quand peut-on considérer que des réformes publiques sont «bonnes» ?

Incontestablement quand elles sont capables de maintenir en équilibre dynamique, au cours des bouleversements évolutifs, l’ensemble des composants de la collectivité. Une telle possibilité n’est réalisable qu’avec un état riche d’un potentiel quantitatif et qualitatif de régulation intrinsèque (milieu intérieur donc national) ; extrinsèque(milieu extérieur donc international) ; cela implique une grande diversité de savoir, de compétence,  et une adhésion de l’ensemble de la population du fait du respect physique, psychologique et moral de tous.

Ce n’est pas chose facile car la balance entre le bon et le mauvais ne donne pas les mêmes résultats suivant ceux qui la manipulent. Ainsi, citons deux domaines :

+La production, transformation, consommation, par l’industrie et le commerce… sont une source de profits et de valorisation du PIB qui est «bon» pour certains et pour l’économie française qui exporte.

Par contre, c’est très mauvais pour l’état sanitaire, du fait de l’accumulation de déchets, pour l’ensemble des citoyens, y compris ceux qui en profitent, du fait des retombées néfastes sur la santé : obésité, maladies cardiovasculaires, respiratoires, cancers…

+En ce qui concerne «la terre», 82.000 hectares de terres agricoles ont disparu en moyenne chaque année entre 2006 et 2010 (en France).

Selon le Syndicat des jeunes agriculteurs, ce sont 26 m² de terres agricoles cultivables qui disparaissent en France chaque seconde. L’artificialisation des sols représente donc 820 millions de m² de terres agricoles en moins chaque année.

Planetoscope – Statistiques : Disparition de terres agricoles en France

https://www.planetoscope.com/sols/1370-disparition-de-terres-agricoles-en-france.html

La répétition du grignotage des terres agricoles est bonne pour l’économie quand les terres sont utilisées pour produire des biens de consommation, (surtout s’ils sont exportables), pour la spéculation, mais c’est très mauvais :

++ quand elles sont laissées polluées et à l’abandon après le départ d’une entreprise ou en attente de conclusion d’un projet d’urbanisme ou de zone industrielle qui n’aboutit pas.

++ pour les paysans qui disparaissent (chômeurs en ville), leur santé et la nôtre (pesticides, herbicides), pour la qualité des cultures de plus en plus intensives afin de compenser la surface par le rendement à partir d’intrants parfois toxiques. L’agriculteur n’est plus un paysan mais un industriel de l’économie mondialisée ; d’ailleurs, certains n’ont plus besoin de «terre», elle est devenue un «support» de plus en plus azotique dont on peut se passer (fraises, tomates. endives.., les intrants synthétisés à partir des énergies fossiles assurent la production.

++La biodiversité s’effondre, c’est la chute dramatique des insectes et des oiseaux qui participent à la fructification de nos récoltes, sources de notre alimentation en fruits et légumes, et de de nourriture pour les élevages de producteurs de viande, de lait d’œufs et de fromage, une immense partie de nos exportation !

Certains Français s’efforcent de renverser le bilan ; ils ont compris qu’il fallait se battre pour reconquérir les terres, les cultiver, produire, transformer, consommer et vendre autrement.

Alors, vraiment, il y a de nombreuses réformes à faire, mais sûrement pas celles qu’on entreprend !

Signé Georges Vallet

Crédit image : tenstickers.be

 

Service public

Le passage du secteur public au secteur privé prend une grande place dans l’actualité. Il ne s’agit pas seulement du départ de certains animateurs de la radio vers des stations privées, ni du passage prévu des cheminots de la compagnie nationale à des concurrents privés, ni même encore de l’éventualité de privatiser le fret ferroviaire.

Je veux parler du passage du chef de l’État dans les médias la semaine passée. Alors que le choix et la pugnacité (toute relative dans le cas de J.-P. Pernaud) de ses interlocuteurs ont été largement commentés, son passage sur des chaînes privées est resté assez peu souligné. Il peut choquer le contribuable qui paye pour la diffusion de chaînes publiques : pourquoi favoriser des chaînes concurrentes, déjà grassement entretenues par la publicité ? A ce propos, cherchant quel pouvait être le canal de BFMTV, je me suis égaré sur une chaîne d’information en continu qui m’a saoulé de publicités en tous genres pendant de longues minutes avant que je ne l’abandonne. Quel mauvais exemple pour la nation Monsieur le Président ! Voulez-vous marquer votre approbation d’une troisième coupure des films envisagée par TF1 ? Beau choix artistique !

Il ne sera pas question ici des partenariats public-privé, la question étant trop fournie. Les automobilistes savent en apprécier les conséquences lorsqu’ils empruntent l’autoroute Bordeaux-Pau.

Les automobilistes peuvent aussi avoir quelques inquiétudes à propos de la délégation à des sociétés privées de la surveillance des limites de vitesse par radars embarqués. N’est-il pas à craindre que, pour des raisons de profit , des endroits peu dangereux mais propices soient privilégiés ?

Une autre réforme peut questionner les citoyens : celle du prélèvement à la source de l’impôt. On peut comprendre que le gouvernement cherche à réduire la fraude fiscale. Mais on peut aussi se demander s’il est bien judicieux de répartir cette tâche vers les services financiers des entreprises dont le personnel n’est pas formé à cela et qui peut avoir d’autres objectifs : des entreprises plus concentrées sur leur production, ce sont aussi des rentrées fiscales plus importantes. Une simple information aux services fiscaux des salaires versés ne suffirait-elle pas ?

Mais je ne voudrais pas esquiver la question : le secteur public est-il au service du public ? On peut s’interroger lorsque l’on voit les longues queues dans bien des bureaux de poste. Ou bien l’avancée d’année en année de l’heure de la levée du courrier, qui est préjudiciable à l’activité du pays.

L’utilisateur reçoit alors l’impression que l’organisation de ces bureaux de poste répond plus aux souhaits du personnel qu’aux attentes des utilisateurs. Il en est de même à la SNCF lorsque l’on regarde les horaires, et notamment les correspondances à Toulouse pour passer de Pau à Marseille. Et ne parlons pas de la pénalisation de pans entiers de la population et de l’économie du pays infligée par la grève des cheminots.

Ce ne sont pas quelques actions à la Robin des bois faites par quelques employés des compagnies d’électricité qui pourront changer l’appréciation des citoyens.

Paul Itaulog

Parle-m’en

Je veux bien t’en parler, mais ce sujet m’a autant attristé qu’amusé. Il s’agit d’une séquence diffusée sur la chaîne 27 d’information publique en continu il y a quelques jours.

Les présentateurs avaient prévenu le téléspectateur : on allait bien s’amuser. A priori, la réforme constitutionnelle n’a rien de très affriolant. Mais il s’agissait de montrer la réaction du député béarnais Jean Lassalle. Certes, son accent rocailleux, sa truculence et son emphase ont de quoi susciter des sourires. Mais des sourires de parisiens, méprisants, fermés à toute différence, et de ce fait attristants. Pour certaines personnes, le contenu importe peu, seule compte la façon de l’exprimer. Ainsi, il suffirait de bien enrober des propos ignobles pour les rendre acceptables, voire attrayants.

Bien sûr, il n’échappe à personne qu’en s’opposant vertement à la réduction du nombre de députés, Jean Lassalle prêchait pour sa paroisse (ou sa prébende). Il n’a pas totalement tort en affirmant que la réduction du nombre de parlementaires va aboutir à une moins bonne représentation du corps électoral. Mais force est de constater que la représentation nationale n’est pas un reflet fidèle du pays en matière de couches sociales ou de tranches d’âge.

Mais ce qui importe avant tout n’est-il pas le travail parlementaire, la prise en compte des problèmes de la nation ? Ne faudrait-il pas inclure dans ce travail le toilettage de nos lois et le suivi de leur application afin de les rendre plus lisibles et plus efficaces ?

Pour cela, le nombre ne fait rien à l’affaire. Il peut au contraire ralentir le travail du parlement par une multiplication intempestive des amendements. Les Français sont majoritairement favorables à la réduction du nombre de parlementaires. En revanche, il serait bon d’établir des règles simples pour les élections des députés. Par exemple en désignant un député par département élu à la proportionnelle, soit un peu plus de 90 députés élus ainsi sur 400 ou 404, ce qui serait plus significatif que 15%, et plus conforme à des engagements pris par MM. Macron et Bayrou. Bien sûr, il faudrait des dispositifs pour que la péréquation soit équitable, par exemple en l’établissant sur une base nationale ou régionale, mais ce n’est pas le fond de la question.

Illustrons cette question du nombre de députés par l’exemple de ce lundi 9 avril : seuls 94 députés étaient en séance, soit environ 5 absents sur 6. Il s’agissait pourtant d’une question brûlante, celle de la SNCF, en ces jours où le pays est presque paralysé par la grève des cheminots. N’était-ce pas l’occasion de faire des propositions concrètes et constructives et d’éviter des ordonnances qui brusquent les parties concernées ? Par exemple en faisant un travail d’investigation sur les facteurs qui plombent les finances de la SNCF : le fait que seulement 41% des sommes affectées au réseau aille à l’investissement tandis que 59% aille aux intérêts financiers, le fait que les employés soient peu polyvalents par comparaison avec les employés du rail dans d’autres pays (alors que la diversité du travail pourrait être intéressante pour les travailleurs eux-mêmes). Sans compter qu’une enquête objective sur les avantages des cheminots éclairerait l’opinion publique, qui pourrait comprendre qu’en raison des troubles de la vie familiale, accorder des billets gratuits aux familles des cheminots soumis à des déplacements ou des horaires décalés ne serait que justice, surtout s’ils sont limités aux périodes hors des périodes de pointe (donc quasiment gratuits pour la SNCF). Quant aux départs à la retraite, bien plus pesants dans l’équilibre financier de la SNCF, ne devraient-ils pas tenir compte de l’évolution de la démographie, comme cela a été fait pour l’ensemble des salariés ? De plus, avec une réduction progressive des jours en déplacement au cours d’une carrière, on pourrait tenir compte des impératifs de sécurité et d’humanité (l’espérance de vie d’un cheminot n’est pas la même que celle d’un travailleur sédentaire) et recycler le personnel vers des tâches plus sédentaires pour faire diminuer la masse salariale et le coût des retraites.

Oui, je te parle de cela, car il y a du travail pour les députés, et encore plus avec les questions d’éducation, de justice, de santé et j’en passe!

Paul Itaulog

La fille aînée de l’Eglise ?

Disons-le, la conduite des affaires par le « grand timonier » qui tient la barre de notre pays est bien difficile à suivre par les temps qui courent. Les annonces se succèdent dans tous les sens et on en a le tournis. Les chantiers de la « modernité » s’ouvrent à une vitesse accélérée et plus personne ne s’y retrouve. En est-il conscient ? Sans doute est-ce pour cela qu’il entame une session d’explication tortueuse dans sa forme puisqu’elle démarre par le 13 heures de l’inamovible Jean-Pierre Pernaut et se poursuit par un match de catch annoncé face son ennemi intime (quoique !) Edwy Plenel qui ne devait pas s’attendre à une telle promotion, en compagnie de Jean-Jacques Bourdin, phénix de RMC. Exit le Service Public de l’Audiovisuel cette « honte de la république ». C’est plus qu’un symbole : c’est une indication…

Nous sommes donc perplexes voir sidérés devant tant de précipitations dans les réformes mais, rassurons-nous, la fameuse « pédagogie » devrait remédier à nos états d’âme. Hélas ! Nous ne sommes plus des enfants, nous apprenons par nous-mêmes et les explications ne sont pas toujours convaincantes… le hiatus pourrait donc se prolonger. Une sorte de désamour si nous constations que derrière Bonaparte des débuts se cachait un nouvel empereur autocrate et loin des préoccupations populaires.

Personne ne doute de la nécessité de réformer la SNCF. Un service public est fait pour les usagers qui, avant d’avoir souffert des grèves, ont été les victimes des défaillances de notre transporteur numéro un. Et l’on apprend, faut non seulement arriver en retard mais aussi payer deux fois, car l’Etat injecte des milliards pour faire marcher les trains… Donc une réforme oui dans ce secteur elle s’impose et pourquoi pas l’ouverture à la concurrence si cela devrait dynamiser le secteur. Pour autant, faut-il entamer un bras de fer sanglant avec les syndicats ? Faut-il vraiment les abaisser ? Qui va remplacer ces corps intermédiaires qui mettent l’huile dans la machine et parfois sur le feu quand c’est nécessaire. Tous les grands pays modernes : l’Allemagne (référence obligée) ou les Etats-Unis ont des syndicats puissants et respectés. Il y aura du sang sur les murs à l’issue d’un mouvement nécessaire certes, mais qui aurait pu se faire avec plus de douceur…

Ne parlons pas des facs car c’est un épiphénomène et la véritable réforme, celle qui s’attaque aux privilèges du système et de ses agents bien réels pour le coup, reste à faire. « Nous demandons la démission du président » disent la poignée d’occupants ; ils peuvent toujours demander… qu’ils laissent la majorité des étudiants passer leurs partiels. Il en est de même des Zadistes : la légalité républicaine s’applique à tous… la Commune Libre de Notre- Dame-des-Landes ne peut pas imposer son diktat contre la loi. C’est la logique.

Plus surprenante est la récente visite du président à l’épiscopat français pour «réparer», dit-il, un «lien entre l’Église et l’État» qui s’est «abîmé». On ne voit pas en quoi il s’est abîmé si ce n’est dans les tentatives forcenées et soutenues par la hiérarchie catholique de s’opposer au mariage pour tous avec la création du collectif « La Manif pour tous », menée par la militante catholique Frigide Barjot. On a bien vu, avec ces manifs répétées, très typées socialement, qu’il s’agissait de revenir non seulement sur un acquis adopté par de nombreux pays –les plus modernes- mais surtout de montrer ses muscles pour mettre en cause les piliers de la laïcité. Dans un premier temps de revenir par exemple sur le droit à l’avortement. Même si cela reste dans le domaine du non-dit. C’était l’électorat de Fillon et de Marine Le Pen auxquels les Français dans leur majorité ont tourné le dos pourquoi leur repasser le plat une seconde fois ?

En ces temps troublés, Macron s’en prend donc aux corps intermédiaires, les syndicats, les journalistes, mais plus grave, à la colonne vertébrale de notre société : la laïcité. Que vont penser en effet les musulmans de cette reconnaissance en fanfare des « cathos », après tout, si «la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation», qu’en est-il de la sève islamique ? Et celle surtout de la majorité des Français qui se disent et revendiquent athées. Pour ces derniers ce pas de clerc est pour le moins méprisant : ainsi la France serait à nouveau consacrée « fille aînée de l’Eglise » ? Non ! La réaction d’Emmanuel Valls en pointe sur ce sujet, désormais député apparenté la REM, est pleine de sagesse : «La laïcité c’est la France, et elle n’a qu’un seul fondement : la loi de 1905, celle de la séparation des Églises et de l’État. La loi de 1905, toute la loi, rien que la loi».

Bien sûr l’élection de Macron a déclenché un tel bing-bang politique faisant éclater les frontières, disparaître les clivages droite gauche dont les ultimes représentants se réfugient dans l’invective et l’excès qu’il ne peut y avoir de traduction politique à ces faux pas. Il en restera néanmoins des traces. Il faudrait donc se joindre au modèle anglo-saxon qui ne connaît pas la laïcité ? C’est faire fi de l’histoire de notre pays qui a eu ses Clemenceau, Gambetta et Combes et qui a su, par la fermeté, créer un modèle unique –ou presque- qui nous est envié partout dans le monde. Il place la religion dans le domaine de l’intime et laisse les prérogatives de l’État dans la neutralité. Cet acquis est un bien trop précieux pour le risquer dans un jeu politicien subtil : se mettre les cathos dans la poche –ce qui ne sera pas le cas- !

Pierre Vidal

A la conquête de l’opinion publique

Les réformes engagées ont un impératif besoin, pour être menées à leur terme, de s’appuyer sur le soutien de l’opinion publique. Actuellement tant dans le domaine de la SNCF que des institutions, le pouvoir en place mène une bataille de communication. Pas facile surtout lorsque ce sont des politiques qui sèment le trouble.

Considérons en premier lieu la SNCF. Ce conflit qui est organisé d’une manière inédite, ne recueille pas l’avis favorable de l’opinion publique. Un dernier sondage de l’IFOP pour le Journal du Dimanche, paru le 8 avril 2018, fait ressortir que 62% des sondés disent soutenir la position du gouvernement, ce chiffre était de 51% lors du précédent sondage. Prochainement le Président de la République va être interviewé sur une chaîne de télévision, il va préciser le sens de la réforme engagée. Il s’agit là d’une bataille de la communication, cependant nous savons tous que l’opinion publique est versatile.

Dans un autre domaine, le président du MoDem, président du pôle métropolitain du Pays de Béarn, président de la communauté d’agglomération de Pau Béarn Pyrénées, maire de Pau, président de l’Office palois d’habitat, président de la Béarnaise habitat, président du conseil d’administration de l’hôpital de Pau, président de l’office de tourisme de Pau, président du Centre communal d’action sociale de la ville de Pau (si je n’ai rien oublié) exprime son mécontentement haut et fort sur les médias nationaux. François Bayrou déclare que le chef de l’État ne tient pas ses promesses initiales. Il lui reproche en effet de limiter à 15 % au lieu de 25% le niveau de proportionnelle aux prochaines législatives et de ne rendre effective la limitation du cumul des mandats dans le temps qu’à partir de 2035. En affirmant « qu’il ne peut accepter ce qui est en train de se tramer », il lance lui aussi une bataille de la communication. Souvenons-nous que la proportionnelle avait été mise en place en 1986, et abandonnée très vite. On sait ce que cela avait donné. Le Front National avait suffisamment d’élus pour constituer un groupe. Souvenons-nous également que sous la quatrième République, le gouvernement connaissait une durée moyenne de vie de sept mois. Mais lorsqu’on est à la tête d’un petit parti, on sait que seule la proportionnelle permet d’augmenter le nombre de ses élus.

Même David Habib, député de la 3è circonscription des Pyrénées Atlantiques (La République des Pyrénées du 7 avril 2018), dénonce le projet de diminution du nombre de députés. Sous le titre « Le charcutage électoral est en marche » il se prononce contre une réforme institutionnelle qui réduirait le nombre de ces élus, les faisant passer de 577 à 400. Selon lui : « Où serait la proximité de ces élus avec les territoires ruraux ? » Il dit également que « le mode de scrutin mixte, proportionnel et majoritaire (…) ne fonctionne pas. Il instaure une double légitimité. Très vite un conflit apparaîtra entre ceux élus au scrutin majoritaire et ceux élus à la proportionnelle ». En cela, il s’oppose farouchement à la position de François Bayrou et se prononce pour le maintien du scrutin majoritaire. Rappelons qu’en 1962 (après l’indépendance de l’Algérie) le nombre des députés était de 482. La France était un pays rural et 95 députés de moins, n’avait pas entraîné une absence de proximité entre les élus et le peuple.

En cette période où plusieurs réformes sont engagées, les opinions divergent. La bataille de la communication ne fait que débuter. Les politiques sont à la manœuvre. C’est à celui qui parviendra à convaincre parce que l’opinion publique demeure une référence sur laquelle chacun cherchera à s’appuyer pour légitimer son point de vue. Mais celle-ci est fluctuante, évolutive, voire versatile.

Pau, le 10 avril 2018

par Joël Braud

Crédit image : ethiquejournalistique.wordpress.com

Sacrifices ou sortie par le haut ?

Le conflit à la SNCF est bien parti pour être un triple sacrifice. Oui, triple.

Celui des voyageurs, en tout premier lieu, eux qui n’ont pas forcément d’avis sur le statut des cheminots du futur et ne demandent qu’à pouvoir aller travailler. Le sacrifice probable du rail, à l’instar de ce qui s’est passé depuis les grèves de 1995 avec un naufrage du fret ferroviaire. Cette fois, pour éviter que le statut des employés de la SNCF évolue, il se pourrait fort bien que les futurs recrutements fondent comme une peau de chagrin, ce qui résoudrait la question du statut des nouveaux entrants. Un sacrifice de la planète, car une partie des usagers vont probablement se tourner de manière durable vers des transports alternatifs sur la route. L’effet sur la pollution de l’air ne sera pas nul.
Quant à l’effet sur l’économie du pays si la grève se prolonge comme prévu, il est clair qu’il sera important sur le PIB à travers des journées ou des fractions de journées perdues. Je laisse aux économistes le soin de l’évaluer.

Et si les partenaires ou d’autres faisaient preuve d’imagination ? Et aussi d’observation. D’autres secteurs fortement liés à l’État ont connu l’ouverture à la concurrence et une évolution du statut des nouveaux entrants. C’est le cas de l’audiovisuel, des télécommunications, de l’énergie. Cette évolution a-t-elle été heureuse pour les usagers ? pour les personnels ? Les avis sur les effets de cette transformation sont probablement contrastés. Pour ce qui est de la radio, force est de constater que l’irruption des radios « libres » a conduit à un émiettement de l’offre et à une baisse de sa qualité, même si des îlots de qualité subsistent. Et les changements de fréquence d’un lieu à l’autre, les interférences pénalisent l’auditeur. Pour ce qui est des télécommunications, on a assisté à une baisse importante des tarifs.

Mais la cause ne réside peut-être pas seulement dans les effets de la concurrence, mais aussi dans l’évolution des techniques et le recours aux satellites.

Et si le gouvernement et les syndicats comparaient l’effort fait ou à faire pour le transport ferroviaire avec les dépenses faites pour les infrastructures routières, la dette de la SNCF paraîtraient moins monstrueuse. Le réseau ferroviaire a un besoin urgent de modernisation, et c’est la région parisienne qui concentre les plus grands besoins.
Mais c’est aussi la métropole qui concentre le plus de richesses.  Ne faudrait-il pas prendre l’argent là où il se trouve afin de rénover le réseau et penser à une revitalisation plus équilibrée du territoire
national ?

Le gouvernement précédent avait bien vite cédé aux bonnets rouges et aux camionneurs. Ne conviendrait-il pas que le gouvernement présent rétablisse un fret ferroviaire fiable et efficace en imposant des normes de conteneurs passant facilement du rail à la route et inversement ? Il est scandaleux que des convois interminables de camions traversent le pays au grand dam de la qualité de l’air et de la santé des populations.

Si l’État ne veut pas se hasarder à taxer le transport routier, que les régions s’en chargent. La Nouvelle Aquitaine qui s’étire tant du sud au nord est bien placée pour enclencher un tel processus.

Paul Itaulog

SNCF : en quête d’efficience

sncf logo   Dans son article « Cheminots » JP Penot pose des questions connues, comme les réponses d’ailleurs, mais que nos politiciens démagogues refusent de traiter. Macron aura-t-il le courage de mettre la SNCF sur les bons rails ?

Le sujet est vaste et je me limiterai au seul point, majeur, celui de l’incapacité de cette entreprise à équilibrer son fonctionnement. Oublions les investissements et la cinquantaine de milliards de dette, c’est le contribuable qui en héritera. Oublions les TGV qui seuls bénéficient d’un coefficient de remplissage acceptable et qui pourront assez facilement limiter les pertes.

Le gros du transport est partagé entre SNCF (Intercités) et les TER des Régions (relire  » La SNCF déraille » AP du 6/12/2016). Le déficit des intercités est limité à moins de 500 millions d’euro, une maladie curable. Il n’en est pas de même pour les TER. Les coûts des trains régionaux s’élevaient en 2013 à 10,3 milliards d’euros dont 2,6 milliards à la charge des consommateurs. (UFC Que Choisir)

 » En cause, la dérive des coûts d’exploitation de la SNCF. Pour le TER, ceux-ci ont progressé de 87 % en 10 ans. Hors péages pour l’utilisation des rails, la SNCF a vu ses frais d’exploitation au kilomètre passer de 13,1 € à 18,5 €. Un emballement de 41 %, 2,3 fois plus élevé que l’inflation. Cette situation est d’abord la conséquence du monopole dont la SNCF jouit sur le transport ferroviaire régional. Ainsi protégée, l’entreprise a délibérément fait le choix de son intérêt propre avant celui de ses clients, en consacrant plus que la totalité de ses gains de productivité (baisse de14 % des effectifs entre 2003 et 2013) à l’augmentation de sa masse salariale (+ 16 %). Cette tendance est facilitée par l’opacité dans laquelle les régions sont maintenues, les empêchant de négocier au plus juste la rémunération de la SNCF.

Le service si cher payé n’est pourtant pas à la hauteur des attentes des consommateurs. Ainsi, en 2014, seulement 89,5 % des TER sont arrivés à destination avec un retard inférieur à 6 minutes, bien loin des performances de nos voisins européens comme l’Allemagne (94,9 %) ou l’Autriche (96,4 %). »  (UFC Que Choisir Etude du 26/5/2015)

En Allemagne les réformes ont été faites, à commencer par la suppression du statut de fonctionnaire et les résultats suivent :

. Productivité : 28% en plus depuis 1994 en Allemagne ; 20% en moins que ses concurrents pour la SNCF.

. Subventions : 19% en moins en dix ans en Allemagne ; 47% en plus en dix ans en France.

. Résultats : 500 millions d’euros de profits sur le réseau allemand en 2013 ; 3,2 milliards de pertes pour le réseau français. (Capital 28/9/2015)

Quant à l’avantage écologique du train, à propos des lignes à faible fréquentation, j’ai eu l’occasion d’en parler dans l’article « Mon cher TER pas si écolo que ça » AP du 18/01/2010 :

« De surcroît, le TER n’est pas un moyen de transport aussi écologique qu’il pourrait y paraître. 55% de l’énergie consommée par les TER vient du gazole car de très nombreuses lignes ne sont pas électrifiées. Et dans les 45% venant de l’électricité, une part vient du thermique (très importante aux horaires de pointe). Le bilan carbone par passager n’est pas bon, un autocar rejette 30% de moins que le TER en moyenne, et ce dernier est à égalité avec la voiture s’il y a 4 passagers… De quoi remettre en question bon nombre d’idées reçues. »

Et ne parlons même pas des trains qui transportent seulement quelques passagers, on connaît cela entre Pau, Oloron et Bedous…

Le problème du remplissage est majeur, et il ne pourra être résolu que si le train peut concurrencer financièrement la voiture individuelle et le bus, ce qui est très loin d’être le cas, alors que le passager ne paye pourtant aujourd’hui que 25% du prix réel !

Il faudra bien un jour que nos politiques aient le courage de dire la vérité aux citoyens : nous devrons limiter nos déplacements, et pour cela seule une augmentation vraiment très importante de la taxe carbone le permettra.

Daniel Sango