Tous les gouvernants sont dépassés; seuls les critiqueurs chroniques, qui ne gouvernent pas, prétendent avoir la solution!
En attendant:
> 454 SDF, dont 15 enfants, sont morts dans la rue, en France, en 2013.
> Les actionnaires se moquent des entreprises, ils vendent s’ils ne gagnent pas assez.
> L’obésité, les cancers, l’infertilité, l’asthme, les allergies, progressent; l’espérance de vie en bonne santé diminue.
> Le niveau de la mer monte, la banquise fond….La biodiversité animale et végétale est en régression catastrophique……
> Le premier semestre de l’année 2014, l’Italie a reçu 61500 migrants contre seulement 7900 pour la même période en 2013. Combien restent en mer?
> La violence verbale et physique devient la normalité des rapports humains.
> La guerre et ses atrocités est considérée comme la seule solution pour résoudre les problèmes. On tue et on viole dans les pays civilisés, on égorge et on décapite ailleurs.
> Les scandaleuses prestations des médias et des réseaux sociaux, le matraquage des sondages, les railleries et moqueries de soi-disant humoristes, deviennent, vis-à-vis du Président, un assassinat médiatique; c’est révoltant et gravissime. L’invective remplace la nécessité de construire, ensemble, un avenir meilleur!
> Les journalistes ont perdu, sous la pression de l’audience nécessaire à leur survie, tout sens de l’éthique: on lance sur «le marché» tout ce qui arrive, sans contrôle; les démentis sont journaliers et discrets, donc inaperçus; les rapports intimes d’un Président deviennent le motif d’un combat politique «normal» et une affaire commerciale! Beaucoup ont à gagner du fait de la diffusion numérique immédiate, elle permet de cueillir rapidement les fruits de la zizanie!
> Les jeunes, pleins d’espoir et d’énergie, avides de sens, sont en plein désarroi, diplômés ou pas; l’enseignement ne peut plus suivre l’évolution trop rapide des besoins technologiques. Même en se «battant» pour réussir, et ils n’en manquent pas, l’avenir leur est bouché. On n’a pas besoin d’eux, sauf s’ils consomment! Mais, avec quoi? Alors, certains, fragiles intellectuellement, incultes, croient aux sirènes des imams qui offrent un sens à leur vie! D’autres, pas plus équilibrés, mais plus diplômés en moyenne, s’imaginent que le Front National est une source d’espoir alors qu’il ne programme qu’un autre assassinat, celui de notre démocratie cette fois!
Même Oscar, le 28 août à 15h25 avait peine à croire qu’on n’était pas foutu!!! S’il reconnaît que le libéralisme ne peut plus faire le bonheur des peuples c’est que vraiment il est temps de changer de régime et de prendre une autre voie en menant une réflexion politique et sociale pour ce XXIème siècle!!!
Christine Marsan dans Les Echos.fr écrivait:
« La majorité de nos repères et des composantes de notre réalité sont soumis à la schize : inflation des informations et abêtissements des foules, rapidité technologique et besoin psychologique de ralentir, opulence de biens de consommation et augmentation de la pauvreté, surconsommation et surproduction de biens et raréfaction des ressources, crises à répétition et enrichissement des banques à l’origine des bulles et crashs financiers… Alors il n’est guère surprenant que les personnes se trouvent psychologiquement coupées en deux, entre un monde déclinant et qui pour le moment est toujours dominant (modèle moderne et libéral dérégulé), et un monde émergent d’alternative en tous genres.
Elle décrit finalement l’émergence d’une société schizophrène.
On peut voir en effet, dans les constats de l’actualité, les résultats de l’évolution d’un syndrome dissociatif sociétal avec symptômes schizophréniques. Rappelons quelques signes étiologiques qui correspondent bien :
Impression de retrait et de perte de contact avec la réalité.
Incohérence du discours et flou de la pensée comme la stéréotypies des réponses et la répétition des idées…
Troubles de la vigilance, anxiété majeure, prises de toxiques (cannabis, LSD….), dépendances multiples…
Dissociation motrice : comportement impulsif parfois très violent, conduite auto ou hétéro-agressive.…)
Cette dissociation de moins en moins contrôlable et maîtrisable peut trouver des explications dans l’examen d’une dynamique de la vie marquée par un gigantisme de plus en plus accusé de la complexité.
En effet, au cours de l’évolution, les exemples ne manquent pas, dans tout le règne animal, d’espèces atteintes de gigantisme qui ont disparu: ammonites, insectes divers, reptiles, oiseaux, très grands mammifères du quaternaire; les actuels sont en voie de disparition. Certains pensent à des pathologies hormonales. Encore la chimie! Ce gigantisme devient un handicap majeur entrainant une inadaptation motrice, relationnelle, nutritive…, au milieu.
Chez l’homme, ce gigantisme siège au niveau du cerveau (des milliards de neurones, des interrelations à l’infini), les retombées sont culturelles; super, hyper, méga, giga… submergent notre vocabulaire; il est partout présent: communications, relations, avis, ego, ambitions politiques ou autres: besoin d’être chef, le meilleur, le plus riche, le plus beau; tout s’hypertrophie: besoins énergétiques, industrie, urbanisme, agriculture, pollution, entreprises commerciales, banques, assurances, tankers, porte-conteneurs, armement, mille-feuille administratif, dette! Cette complexité n’est plus gérable.
Nicolas Hulot avait suggéré un ministère puissant permettant d’adapter l’économie aux nécessités de la biologie humaine. Il a échoué, neutralisé par un individualisme gigantesque, les exigences d’un immédiat économique surpuissant et l’incapacité, par le jeu de la politique mondiale et des lobbys corporatistes, de se projeter dans une vision raisonnable à court terme. Tout projet dans le bon sens est aussitôt démoli.
On assiste à une disparition rapide de ce qu’on peut appeler les biens communs, au profit d’un individuel (privatisation) qui accapare tout:
> Ce qui appartient à tous, de par la naissance même sur cette terre: ressources de la planète comme l’eau, les ressources minérales, l’air, les ondes, les forêts, les rivières… Le droit à polluer notre milieu de vie: terre, air, mer, est reconnu, alors que ces milieux sont le berceau de chacun d’entre nous et la source de notre vie.
> Notre bien intime, individuel: physiologique, psychologique ou structurel est «marchandisé».
> En ce qui concerne le vivant, pour pouvoir justifier son appropriation, il a été réduit à une matière première comme les autres. Le patrimoine héréditaire, bien commun de l’humanité, est devenu une ressource génétique lucrative pour l’industrie. Les gènes extraits et manipulés peuvent faire l’objet de brevet!!
Les droits de propriété sont déposés par des laboratoires sur des échantillons de plantes, de micro-organismes ou d’animaux, prélevés dans la nature ou dans les champs des paysans.
La bioprospection devient une forme de biopiraterie.
> «Europe à vendre» (Arte 26/08/14). Un tour d’Europe évalue la privatisation.
- Après les privatisations, en 2007, il ne reste plus rien du secteur public productif en France (à part les ventes d’armes!); or, les filières en difficulté, publiques ou privées, demandent des aides financières de l’Etat!!!.
- Le patrimoine administratif (terrains, infrastructures, immeubles, monuments historiques…environ 1100 milliards d’euros) est en cours de vente: patrimoine des Hôpitaux de Paris (hôpital Laennec, classé monument historique, et hôpital Boucicaut), immeubles du Quai d’Orsay à des fonds de pension américain, Imprimerie nationale vendue en 2004 à la société américaine Carlyle…..
- La protection sociale (assurance maladie, accidents du travail, retraites) est en grand danger, au profit de l’épargne individuelle et des assurances privées. Le chômage devient source de profits pour le privé, l’ANPE ayant perdu le monopole du placement que peuvent effectuer des agences privées.
- Les biens d’usage collectif (sites, espace public, eau, écosystèmes) subissent destruction et privatisation : le faible budget du Conservatoire du littoral a été divisé par trois en 20 ans, les députés locaux du bord de mer multiplient les demandes de dérogation à la loi du littoral pour permettre au privé de bétonner et défigurer les paysages, mainmise sur l’eau par des entreprises privées…
Eau, énergie, agriculture, industrie, éducation, culture, santé, services sociaux, de la sphère productive aux loisirs, tout est vendu ou à vendre. Il n’y a plus de biens communs.
Aristote définissait le bien commun comme ce qui est l’objet d’une délibération commune.
Le commun se définit par l’égalité, non seulement dans l’accès, mais aussi dans l’élaboration des buts de l’activité : le commun fait l’objet d’une décision collective qui nous engage et nous oblige, signification qui se trouve dans l’étymologie latine de: cum: «avec» et munus, idée de tâche collective et d’obligation mutuelle.
Elinor Ostrom est la première femme à recevoir en 2009 le «Prix Nobel» d’économie avec Olivier Williamson pour «son analyse de la gouvernance économique, et en particulier, des biens communs». Les travaux portent principalement sur la théorie de l’action collective et la gestion des biens communs et des biens publics (matériels ou immatériels). Ils s’inscrivent dans le cadre d’une « nouvelle économie institutionnelle ». Ces idées sont reprises par Pierre Dardot, philosophe, et Christian Laval, sociologue, dans: «Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle», à La Découverte.
– par Georges Vallet
crédits photos : en.wikipedia.org