Vélo – Le diable est dans les détails

9168396-trottoir-piste-cyclableLes inconvénients de la décentralisation telle qu’elle est pratiquée en France, ont été largement commentés – création de baronnies, empilement administratif, multiplication des emplois par clientélisme, explosion des coûts, etc… Un aspect m’est récemment apparu qui est l’atomisation des compétences : on est passé des services structurés de l’état, la DDE par exemple, dotés de puissants bureaux d’études, de laboratoires, de nombreux ingénieurs qui pouvaient y faire carrière, à des « agences techniques départementales » aux moyens limités, au recrutement incertain, dont l’ambition première semble être de faire original.

Ce qui m’a conduit à cette réflexion n’est qu’un détail, un bien modeste ouvrage, une piste annoncée comme « cyclable » qui, à Ciboure, longe la baie de St Jean de Luz. La largeur de la chaussée existante a été réduite pour créer un large trottoir défendu par une bordure agressive à angles vifs. Sur ce trottoir, on mélange vélos, poussettes, piétons, bacs à fleurs, au plus profond mépris du code de la route, sans la signalisation ni la délimitation des zones attribuées à l’un ou l’autre mode de déplacement exigées par le code (qui n’est qu’une règle de bien vivre ensemble sur l’espace public). Les cyclistes responsables, qui connaissent le code de la route, ne s’aventurent pas sur ce trottoir et empruntent la chaussée rétrécie où ils se trouvent en plus grand danger qu’avant les travaux, réalisés par des entreprises espagnoles comme il se doit. Le maire et le sous-préfet, alertés, ne semblent pas vouloir réagir. Un peu plus loin, à proximité d’Hendaye, un autre tronçon de piste a été réalisé dans des conditions équivalentes, mais interdit aux cyclistes tant la glissière de sécurité la délimitant est agressive : reste la chaussée rétrécie à se partager entre automobiles et cycles. Un peu plus loin, on retrouve les mêmes errements qu’à Ciboure. Puis on arrive enfin sur l’aménagement de la commune d’Hendaye, généreux et confortables, respectant les dispositions du code de la route.

Il est certain que, confiés à une administration centrale, ces travaux auraient respecté les dispositions du code de la route, et apporté un supplément de confort et de sécurité aux usagers auxquels ils sont destinés. On peut conclure en outre que sur les ouvrages départementaux, certaines parties du code de la route ne s’appliquent pas, la « principauté 64 » réinventant l’eau chaude en se créant des règles propres. Et enfin que les autorités de tutelle ne veulent vexer personne…

– par Nicolas des Ligneris

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