Jardin d’Éden

Mes sentiments vous importent peu, et je ne peux vous en blâmer. Aussi, j’essaierai de relever leur évocation par une réflexion plus citoyenne.

Hier lundi le soleil brillait encore de façon vive, et cela réjouissait le cœur de profiter de cet été prématuré. Aussi, pour prolonger les bienfaits de la randonnée de la veille sur des crêtes enneigées, j’avais proposé à ma compagne d’aller nager au stade nautique. Elle avait accepté et avait approuvé mon choix d’y aller à pied. Ses cheveux blonds brillaient au soleil et elle m’avait pris la main. Ce jour me semblait être un des plus beaux jours de ma vie. Quand nous débouchâmes dans la rue Emile Ginot, il nous sembla être entrés au paradis et qu’un tapis de fleurs se déroulait sous nos pieds. Ce n’était pas qu’une illusion : les cerisiers du Japon avaient disposé sous nos pieds une partie de leur floraison rose et le spectacle était enchanteur.

Lorsque nous sortîmes du stade nautique dans l’avenue Nitot, une même pensée nous vint en voyant l’air désabusé d’un employé de la mairie qui balançait son souffleur sans conviction. Il parvenait à pousser quelques feuilles dans le caniveau, mais on sentait bien que le cœur n’y était plus. En fait il avait terminé sa tâche. Effarés, nous constatâmes que notre tapis de pétales avait disparu, sauf aux pieds de quelques cerisiers !

Je me pris à me demander quel pouvait être le mobile du responsable qui avait ordonné un tel saccage. N’y avait-il pas de travail plus pressant dans la ville ? Le service des employés ne pouvait-il pas être destiné à des fins plus utiles ? Certes, le sujet est bien mince pour mener une réflexion sur l’efficience des services publics. Mais si vous regardez autour de vous, peut-être trouverez-vous des actions inutiles, des négligences, des installations désuètes ou inutilisées. Parfois en est-il ainsi avant même la mise en service. L’exemple d’une nouvelle traversée pour piétons des allées Condorcet à quelque 50m du rond-point de la Commune vous aura peut-être frappé. Mais comme vous êtes sûrement plus raisonnable et bienveillant que moi, vous avez sans doute approuvé ce choix en vous disant qu’il était favorable à la sécurité et vous m’avez laissé le poil à gratter.

Paul