Bilan de la sécurité dans le département

Comme tous les ans à la même période, la préfecture communique ce qu’elle appelle cette année le « Bilan de la politique de la sécurité et de la lutte contre la délinquance ». Ce rapport qui comporte pas moins de 17 pages n’apporte pas une réponse à toutes les questions que l’on est en droit de se poser dans ce domaine.

L’an passé d’ailleurs, ce document était intitulé « Bilan de la lutte contre la délinquance et de la sécurité routière dans le département des Pyrénées Atlantiques ». Il faut donc en conclure que cette année 2016 revêt un caractère plus politique. Mais qu’importe.

D’autres questions demeurent, ainsi :
– Ceux qui parce qu’ils sont domiciliés à Pau ou dans une grande ville du département, sont soucieux de savoir quel est le bilan que l’on peut tirer sur l’évolution de la délinquance dans leur commune n’ont qu’à se résigner, c’est circulez, il n’y a rien à voir. Le bilan est départemental, un point c’est tout.
– Ceux qui parce qu’ils sont d’un naturel curieux ou parce qu’ils sont un peu au fait du sujet posent des questions sur l’évolution de l’usage ou du trafic de drogue n’ont qu’à aller se rhabiller. On ne parle pas de la drogue. Là encore circulez, il n’y a rien à voir.
– Ceux qui parce qu’ils sont des contribuables, sont soucieux de connaître l’efficacité des services de l’État payés par leurs impôts, n’auront aucune information sur les résultats. On ne vous parle pas ici du nombre d’individus interpellés ni du taux d’élucidation.
Restons dans le flou et souvenons-nous que « Quand c’est flou c’est qu’il y a un loup ».

Par souci d’une simplification technocratique ont été retenues trois grandes catégories d’infractions :
AVIP : les atteintes volontaires à l’intégrité physique des personnes ;
AAB : les atteintes aux biens ;
EIEF : les escroqueries et infractions économiques et financières.

Et à côté de cela on a choisi de vous exposer des résultats qui sont particulièrement positifs.
– En 2015, les AVIP qui étaient en progression de 7,23% sont en diminution de 2,27% en 2016. Un écart de 9,50% qui traduit un sacré coup de collier.
– En 2015, les AAB qui étaient en baisse de 2,28% sont encore, cette année 2016, en baisse de 4,86%. Bravo mais soulignons tout de même que les cambriolages de résidences secondaires et de locaux industriels et commerciaux sont en hausse respectivement de 8,9% et de 13,5%.
– Enfin en 2015, les EIEF qui étaient en augmentation de 18,77% sont en baisse de 8,95% en 2016. Là encore une magnifique performance qui entraîne un écart de 27,72%. Faut le faire !

Inutile d’ajouter que ces résultats mériteraient quelques précisions qu’on se gardera bien de vous fournir. Circulez…

Cette année 2016 comme le dit son titre, le bilan revêt un caractère politique, c’est ainsi que par certains côtés et au fil des 17 pages qu’il comporte, on pourrait le qualifier de propagandiste. Les plans départementaux sont légions : réseaux de surface (sic) ; lutte contre les cambriolage ; contre l’immigration irrégulière ; en faveur de la sécurité des personnes âgées ; sécurisation des transports ; contre les vols liés aux véhicules. Il n’y manque rien. Ils sont accompagnés d’actions qui se nomment : vigicommerce ; vigicambri64 ; alerte SMS ; proxiprév ; prévention de la radicalisation violente. Autant de brillants dispositifs dont personnellement je n’avais jamais entendu parler mais qu’on se rassure, ils existent. Ah quand les technocrates prennent le pouvoir tout devient beau et rassurant !

Ce document ressemble à un organe de propagande à la gloire de ceux qui sont en charge de notre sécurité. On y trouve également le souci de ne pas trop nous en dire afin de ménager notre inquiétude.

Récemment un article intitulé « Zénith, une file d’attente dangereuse » paru dans Alternatives Pyrénées, observait qu’à l’occasion d’un spectacle, une longue file d’attente s’était formée et qu’on n’y voyait aucun policier. Dans le centre ville de Pau en fin de semaine dernière avait lieu la braderie de printemps. Je n’y ai vu aucun flic, juste une herse en haut de la rue Serviez. Il est certes plus spectaculaire, voire médiatique -et pas forcément inutile- de simuler une hypothétique catastrophe au Zénith que d’assurer une présence constante et effective des forces de l’ordre sur la voie publique.

Pau, le 9 mars 2017
Joël Braud

Crédit photo : Sud Ouest

Sécurité publique et routière en 2013

imgresLe mardi 28 janvier 2014, le Préfet Pierre André DURAND accompagné de Jean Christophe MULLER, procureur de la République près le tribunal de Grande Instance de Pau, du commissaire divisionnaire Thierry ALENDE, directeur départemental de la sécurité publique, du colonel William VAQUETTE, commandant le groupement de gendarmerie des Pyrénées Atlantiques et du commissaire principal Jean-Philippe NAHON, directeur départemental de la police aux frontières, établissait devant la presse le bilan de la politique de sécurité pour l’année 2013 dans les Pyrénées Atlantiques.

 Comme toujours, dans ce genre d’exercice, le Préfet prend la parole et présente de façon très schématique un bilan qui, après tout, n’a pas trop mauvaise mine. Afin de ne pas rendre les choses trop simples la présentation se fait par agrégats. En effet, trois agrégats sont définis :

 1)     Les atteintes volontaires à l’intégrité physique.

Sur l’ensemble du département ces infractions sont en augmentation de 5,44% passant de 2679 en 2012, à 2825 en 2013. C’est la zone police qui supporte la plus large part de ces crimes ou délits ; 26% sont enregistrés par la gendarmerie et 74% par la police. En secteur police l’augmentation de ce type d’infraction est de 6% tandis que chez les gendarmes, elle n’est que de 3%.

A noter la particularité des violences intra familiales qui elles, sont en augmentation de 8,72%. M. le procureur y voit un signe positif : les victimes déposent plus facilement plainte.

Les violences sexuelles connaissent une progression de 21,5% ce qui est important (226 faits en 2013 contre 186 en 2012).

 2)      Les atteintes aux biens.

Les atteintes aux biens ont globalement diminué sur le département passant de 16763 en 2012 à 16464 en 2013, soit une baisse de 1,78%. Cependant il faut noter que, dans notre département comme au plan national, les cambriolages sont en augmentation : + 7% en secteur police et + 2% chez les gendarmes. Comme toujours, ce sont les résidences principales qui sont le plus touchées et viennent ensuite les locaux industriels ou commerciaux. Rappelons toutefois que durant les deux années précédentes, ces vols avec effraction avaient été en baisse (-3% en 2011 et -4% en 2012).

Personne ne fournit d’explication à cette évolution.

 3)     Les atteintes financières.

Sont comptabilisés dans cette rubrique les escroqueries, abus de confiances et autres infractions financières. Elles sont en augmentation, tant du côté police que du côté gendarme, de 7%, passant sur l’ensemble du département de 2100 en 2012 à 2253 en 2013.

 En se livrant à un calcul qui ne nous a pas été présenté, nous constatons que le total des trois agrégats de l’année 2012 est égal au total des trois agrégats de 2013, soit 21542 infractions de toutes natures, au chiffre près. Etonnant non ! Comme l’écrit le Préfet, la hausse est effectivement contenue.

 Le taux d’élucidation.

Il s’agit de l’indication qui seule peut permettre d’évaluer l’efficacité des services.

Ainsi pour ce qui concerne les atteintes aux biens, les gendarmes affichent un taux de 42,17% alors que sur le plan national il n’est que de 29%. La police de son côté affiche ce taux à hauteur de 14,13% alors que le panel des circonscriptions comparables se situe à 14,4%.

Ce taux varie bien évidemment en fonction de la nature des agrégats :

–        Pour les atteintes aux personnes il passe de 63% en 2013 à 65% en 2013.

–        Pour les atteintes aux biens, il passe de 16% en 2012 à 15% en 2013.

–        Pour les infractions économiques et financières, il passe de 61% en 2012 à 47% en 2013.

La baisse d’efficacité de la troisième rubrique, trouve son explication par le nombre d’escroqueries commises à l’aide d’internet.

Enfin, les interpellations  d’étrangers en situation irrégulière, domaine de compétence de la police aux frontières, sont en baisse de 3,5%. 1940 étrangers ainsi en infraction ont été interpellés principalement d’ailleurs sur le « vecteur frontalier » et accessoirement sur le vecteur ferroviaire.

 A souligner que, comme pour les années précédentes, les chiffres de la sécurité ville par ville ne nous ont pas été fournis.

 La sécurité routière.

Dans ce domaine, les clignotants sont au vert. Le nombre de morts est passé de 47 en 2012 à 26 en 2013, soit une baisse de 45%. Ce niveau de décès par accident de la route est le plus bas depuis 18 ans.  Sur le département ce chiffre est meilleur que celui constaté au plan national. En effet au niveau national la baisse est de 11%.

Le nombre des accidents lui-même (avec blessé ou mort) diminue de 12%.

Les causes principalement retenues sont :

1-     Les jeunes ;

2-     L’alcool et les addictions ;

3-     Les usagers vulnérables (2 roues, séniors, piétons) ;

4-     La vitesse et les comportements ;

 L’analyse des accidents mortels fait ressortir que :

–        Les victimes et les auteurs sont majoritairement des hommes

–        Les accidents mortels sont plus nombreux en campagne qu’en ville.

–        Ils se produisent surtout entre 6 h 00 et 8 h 00 et entre 14 h 00 et 19 h 00.

Le procureur de la République tient à souligner qu’en 2013, tous les auteurs d’accidents mortels ont été condamnés à de la prison ferme.

                                                                                                                      Pau, le 28 janvier 2014

                                                                                                                      Par Joël BRAUD