Ça reste encore à peu près convenable !

imgresEn reproduisant ici cette phrase prononcée par Luc Poignant, syndicaliste policier de Unité SGP FO police, lors de l’émission « C dans l’air » sur la 5, le 9 février 2017, j’éprouve le devoir d’afficher mon indignation et d’accompagner celle-ci de quelques réflexions.

Lors d’un reportage, au cours de l’émission, une jeune fille déclare qu’il est fréquent que les policiers les traitent de « Bamboula».Questionné par Caroline Roux, l’animatrice, sur ce genre de paroles, Poignant eut cette réponse : « Bamboula, ça ne doit pas se dire, mais ça reste encore à peu près convenable ». Ce à quoi l’animatrice répond « non » sur un ton péremptoire et définitif. Quel âne ce syndicaliste ! Ne s’est-il pas rendu compte que le sujet portait sur des actes inadmissibles commis par quatre gardiens de la paix à Aulnay-sous-Bois. Les faits sont graves et ne peuvent en aucune manière être atténués et encore moins excusés. Que le travail des policiers dans ces banlieues soit difficile et souvent ingrat, est une réalité, mais rien ne justifie de telles violences physiques. Il est évident que la banalisation de ce type de propos est forcément générateur de dérives beaucoup plus graves. On ne peut être respecté que si soi-même on respecte.

Dans cette administration, il est particulièrement significatif de constater que le poids des syndicats a pris des proportions hors normes. Les médias sont en partie responsables de cet état de fait. Dès qu’un événement survient les journalistes recueillent systématiquement le témoignage de délégués syndicaux. Ceux-ci qui ne savent rien, qui n’ont rien vu et qui ont encore moins participé à l’enquête, se permettent de phraser et d’énoncer des truismes qui n’apprennent rien à quiconque. Ajoutons à cela qu’en leur qualité de détachés permanents, il y a bien longtemps qu’il n’exercent plus le métier de policier. Mais pour un journaliste c’est plus facile parce que plus rapide ; les syndicalistes sont libres de parole tandis que les véritables intervenants policiers ne peuvent s’exprimer en public qu’avec l’assentiment de leur hiérarchie ; cela demande du temps.

Libres de paroles en effet au point que le nommé Luc Poignant cité plus haut ne risque aucune sanction disciplinaire pour les propos qu’il a pu prononcer lors de cette émission télévisée. Pourtant il porte tort à son syndicat qui a pris ensuite la sage précaution de le désavouer. Et encore, si ce n’était que cela, mais il porte tort à l’institution policière dans son ensemble parce qu’en voulant atténuer la gravité de ces violences inadmissibles, il laisse entendre auprès des habitants de la banlieue concernée, et des autres d’ailleurs, que les policiers quoiqu’il fassent, quoiqu’ils disent méritent d’être compris voire excusés. Cette forme de complaisance renforce l’idée que ces fonctionnaires d’autorités appartiennent à une catégorie d’intouchables et peuvent se permettre beaucoup de choses. Il faut cependant dire, parce que c’est la vérité, que cette bavure constitue une exception. Souhaitons qu’il n’y ait jamais plus exception de ce genre.

Le politique, et surtout un politique, doit être considéré comme responsable d’un certain nombre de dérives. En supprimant la direction de la formation dans la police, Sarkozy n’a pas permis le recyclage périodique des fonctionnaires sur des sujets aussi essentiels que la déontologie. Ce même ministre de l’intérieur a également réduit en nombre, dans des proportions considérables, la hiérarchie policière qui est pourtant garante du bon fonctionnement des services. Mais il l’a fait parce qu’il fallait permettre des avancements au relationnel plutôt qu’au professionnel. Et enfin jamais autant que sous le règne de celui qui se donnait l’image d’une main de fer, les syndicats n’ont été autant écoutés et pris en considération. Renforcer l’audience des syndicats dans cette administration où la discipline est une nécessité, ne peut se faire qu’au détriment de la hiérarchie. Il se dit que la véritable autorité dans la police est syndicale. On pourrait également parler de l’abandon de la police de proximité qui pourtant avait pour principale préoccupation de rapprocher la police de la population. On pourrait dire que la fusion des Renseignements Généraux (RG) avec la Direction de la Surveillance du Territoire (D.S.T.) a affaibli la capacité de recueil du renseignement ce qui n’est pas rien surtout dans un contexte terroriste.

Pour conclure il faut rappeler que plus que toutes les autres administrations, la police nationale est un service public au service du public et que lorsqu’elle est en conflit avec la population qu’elle est chargée de protéger elle se marginalise, voire elle se disqualifie.

Pau, le 15 février 2017
par Joël Braud

Les policiers contestent la légitimité de leurs syndicats

imagesLe mouvement des policiers qui descendent dans la rue ne s’estompe pas malgré les promesses faites par le président de la République. Débloquer de l’argent c’est bien beau, mais ce n’est pas tout. La grogne a dans le fond une autre ampleur. De source « bien informée » voilà un aperçu des reproches formulés. C’est grave docteur ?

Les syndicats sont politisés bien qu’ils s’en défendent. Ce n’est un secret pour personne de savoir qu’Alliance est de droite, SGP-FO et UNSA Police sont de gauche, Synergie Officiers de droite et le SNOP (syndicat national des officiers) de gauche

Les délégués de ces syndicats, au niveau national, ont bénéficié soit de retraites dorées (Conseil économique social et environnemental – peu importe d’ailleurs si des poursuites sont engagées pour détournement de fonds) soit de jolis hochets de la part de Sarko (Ordre national du mérite et Légion d’honneur) soit enfin d’une nomination de sous-préfet avant d’être élu maire d’une ville du 93, toujours à la diligence du même Sarko.
Les délégués de province ne sont pas non plus oubliés. Non contents d’obtenir des détachement permanents pour « représenter » leurs collègues, ils se voient gratifiés d’avancement au grade supérieur et ce en priorité.

C’est vrai dans cette administration, les syndicats sont représentatifs car 85 % des policiers votent aux élections professionnelles tandis que le taux de syndicalisation est de 50% ; la plus forte proportion de la fonction publique. La raison en est simple : sans syndicat, inutile d’espérer figurer au tableau d’avancement, même si le mérite et l’ancienneté sont réunis. L’administration a délégué ce pouvoir aux syndicats qui sont dans le bon créneau politique du moment. Les policiers se sentent pris en otage.

Le maillage est complet, dans tous les services il y a des délégués syndicaux. Ceux-ci traitent directement avec les « patrons » (commissaires) pour savoir quelles sont les bonnes décisions à prendre. Les exemples existent d’officiers écartés de leurs fonctions par des délégués syndicaux qui sont pourtant d’un grade inférieur.

Les centrales parisiennes organisent des stages de formation pour leurs « délégués ». Ils y apprennent des éléments de langage, une dialectique spécifique, comment proposer ou accepter les réformes selon les gouvernements en place. Un syndicaliste policier parle comme un homme politique et plus comme un flic.

De leur côté, les gendarmes n’ont pas de syndicats, ils sont pourtant mieux servis que la police : prime OPJ plus élevée, à grade égal un gendarme est mieux payé. Faut-il croire que les syndicats constituent un obstacle à l’amélioration des conditions de travail ? Sans doute pour la majorité tandis que pour les délégués syndicaux…

La poussée du Sarkozisme entre 2002 et 2012 a mis en évidence la politique du chiffre !  à croire qu’avant Sarko, les policiers dormaient ! En conséquence les primes aux résultats ont été mises en place. Pour le corps des gradés et gardiens de la paix elles s’élèvent à environ 500 euros par an ; pour les officiers elles sont assez importantes, mais celles qui scandalisent les policiers du terrain, ceux qui sont à la manœuvre, ce sont les primes octroyées aux commissaires. De véritables chefs d’entreprise qui, en plus de leur traitement, se mettent dans la poche entre15 000 et 45 000 euros par an. Leur calcul se base sur les chiffres de la délinquance, les économies de papiers, de lumière etc… Ainsi sont nées des vocations pour l’écologie.

Nul doute que si ces primes étaient consacrées à l’amélioration des conditions de travail les commissariats ne seraient pas dans un tel état. On n’en finit pas à ce propos d’entendre dire que les ampoules ne sont pas remplacées, que les meubles sont cassés, que le papier toilette manque et que les travaux de peinture sont assurés par les fonctionnaires de base. Et pendant ce temps là le commissaire compte ses sous !

Il sont loin et sans doute oubliés les Broussard, Leclerc, Ottaviolli, Cancès et Chenevier pour n’en citer que quelques uns. Ils étaient sur le terrain, eux, et attentifs à leurs hommes. Aujourd’hui les fonctionnaires de police sont abandonnés par les patrons.

Un fonctionnaire de police traduit devant un tribunal pour une affaire de légitime défense n’est jamais soutenu par le commissaire, alors qu’un officier de gendarmerie, en tenue, ira soutenir « son gendarme ». C’est ainsi que l’on a vu le Directeur général de la Gendarmerie défendre un gendarme à la télé, au 20h, suite à l’affaire de Sivens !

Les Policiers qui font usage de leur arme dans le cadre de la légitime défense, sont placés en garde à vue ! Aucune hiérarchie ne les soutient et il se retrouve seul devant le juge pour s’expliquer. Les Commissaires vivent dans leur tour d’ivoire et ne veulent ni vagues ni remous pour gravir les échelons, agrémentés de quelques primes…

Conséquence : aucun policiers de terrain ne considère les Commissaires comme des collègues de travail, la méfiance est permanente ! La police et la gendarmerie sont deux mondes différents….

Les raisons de ce ras le bol généralisé sont évidentes, une hiérarchie inexistante, inhumaine qui s’engraisse sur le dos des subordonnés, des syndicats qui font la pluie et le beau temps, qui favorisent leur petits copains et des policiers de terrain abandonnés…

Les politiques peuvent, grâce à des prébendes, acheter le silence de la hiérarchie et des syndicats, ils n’obtiendront pas pour autant le silence de la base.

Pau, le 3 novembre 2016
par Robert CONTRUCCI

Crédit photo : Le Figaro

Ras l’képi !

imagesDepuis maintenant une semaine, le forces de police manifestent leur mécontentement dans la rue. Tout le monde savait bien qu’elles sont en première ligne sur plusieurs fronts : les migrants, l’état d’urgence, les banlieues, le terrorisme. Mais l’administration, la hiérarchie et les syndicats ont été débordés, ils n’avaient pas vu venir le mouvement ni estimé son ampleur. Quelle signification faut-il donner à cette contestation partie de la base ? Quelles en sont les causes ?

Comme toujours dans ce genre de mouvement spontané, il est difficile d’identifier ces revendications au contour flou. Mais les déclencheurs sont connus. Outre le surcroît de travail qui leur est demandé, les policiers ont à l’esprit les assassinats de Magnanville et la tentative d’assassinat de Viry-Chatillon. Ils se sentent en insécurité.
Pour ce second événement, dramatique et qui aurait pu avoir des conséquences mortelles, certains se sont interrogés pour savoir si les éléments de la légitime défense étaient réunis. Question tout à fait justifiée et à laquelle on peut répondre par l’affirmative. En s’en tenant à ce que la presse a rapporté, à Viry-Chatillon, les policiers ont été victimes d’une tentative d’assassinat avec cette double circonstance aggravante qu’elle était commise en réunion et à l’encontre de personnes investies d’une autorité. Alors pourquoi n’ont-ils pas tiré ? Personne n’a de réponse à cette question, pas même les victimes.

En utilisant leurs armes à feu en direction de leurs agresseurs, les policiers auraient été en légitime défense. La loi fixe trois conditions :
–  Que l’agression soit actuelle ;
–  Qu’elle soit injuste ;
–  Que la riposte soit proportionnée à l’attaque.

Pour en revenir à ces manifestations spontanées organisées par des policiers dans plusieurs grandes villes de France, il faut observer plusieurs éléments qui sont inhabituels et qui, par leur caractère, donnent une idée de la gravité du malaise.

En premier lieu, lorsqu’ils sont interrogés, les manifestants répondent que les syndicats sont du même côté que l’administration et qu’ils se démarquent d’eux. Quand on sait que la police est l’administration la plus fortement syndiquée (même avant l’Éducation nationale) on constate une critique qui constitue une première dans le genre. Les syndicats ne seraient donc plus en phase avec la base. Voilà un reproche gravissime de nature à disqualifier les nombreuses organisations qui se prétendent représentatives. Mais il faut aller plus loin et comprendre qu’à force de donner trop d’audience aux représentations syndicales les politiques ont fini par porter atteinte à la hiérarchie policière. Elle n’est pas si loin l’époque où un ministre de l’intérieur, sans doute le plus incompétent, promouvait au grade de préfet certains délégués syndicaux et même son garde du corps ; où malgré la formule qui prônait l’avancement au mérite, il valait mieux d’abord et avant tout se préoccuper de sa carrière ; où il était particulièrement mal vu pour un chef de service d’entrer en opposition avec une délégation syndicale. Maintenant les syndicalistes complétement déconnectés du métier de policier de terrain parce qu’ils bénéficient de détachements permanents, tentent de reprendre la main. Ils laissent croire qu’il suffit d’améliorer le matériel et d’augmenter les effectifs pour satisfaire les revendications. Dans la police, les syndicats ne rêvent que d’une chose, faire de la cogestion et imposer les règles d’emploi. Elle serait longue la liste des missions abandonnées parce que considérées par eux comme charges indues. Ils n’ont pas réalisé que ces missions justement rapprochaient les policiers des citoyens et leur donnaient cette proximité indispensable à une plus grande efficacité. Peut-il y avoir une police sans proximité ?

Les politiques devant cette situation ne savent plus vers qui se tourner et sont bien en peine d’apporter une réponse à ceux qui demandent d’abord et avant tout une plus grande considération. Alors fidèles à leurs principes ils promettent des vêtements ignifugés, de renouveler un parc automobile vieillissant, de décharger les policiers de missions que seuls les syndicats considèrent comme indues etc. Ils ne voient pas que le problème n’est pas là. Ils ne voient pas que malgré les applaudissement qui sont adressés aux flics qui manifestent, la population n’accorde pas vraiment son soutien à sa police. Son attitude n’est que de circonstance. En permettant, comme ils n’ont cessé de le faire, la promotions des polices municipales, les politiques ont donné aux élus locaux des moyens démagogiques. Il est en effet très porteur sur le plan électoral de dire regardez, je suis préoccupé par votre sécurité. Il n’y a que les politiciens pour croire et faire croire qu’en développant, comme à Nice, les caméras de vidéo surveillance, en augmentant sans cesse les effectifs de la police municipale et en leur donnant des armes à pouvoir létal, on se protège de tout drame. Elle n’existe plus l’époque où dans les stades l’ordre public était confié à la police nationale, maintenant il y a des stadiers, où les sorties d’école étaient du ressort de cette même administration, maintenant ce sont des ASVP municipaux etc. La sécurité est une mission régalienne de l’État ; permettre de partager cette responsabilité essentielle conduit à marginaliser cette administration centrale.

Enfin lorsqu’on les interroge sur leur hiérarchie, les manifestants disent que celle-ci est carriériste. Ce serait donc une hiérarchie qui n’est plus à l’écoute de ses équipes qui ne perçoit plus ce mal vivre professionnel. Il se dit souvent, à ce niveau, qu’il vaut mieux être relationnel que professionnel, la formule, aussi facile soit-elle, en dit long sur un état d’esprit. Ce souci de recherche d’avancement fait le beau jeu des intrigants, des courtisans et donne aux responsables politiques le pouvoir de trouver facilement des affidés. Il faut dire que les chefs de service, généralement du niveau commissaire, face à l’autorité des magistrats du parquet ou de l’instruction, qui sont les véritables dirigeants des enquêtes judiciaires, constatent qu’ils sont court-circuités et s’intéressent alors à d’autres missions. Cette hiérarchie devient silencieuse. Devant la presse, elle ne parle pas, ce rôle est réservé soit au procureur soit aux délégués syndicaux qui sont eux libres de parole. Cette situation témoigne d’une évolution qui ne peut à terme qu’affaiblir l’institution.

« Albert Camus dans la pièce « Les Justes » fait dire à Skouratov le représentant de la police : « C’est pour cela d’ailleurs que je me suis fait policier. Pour être au centre des choses. » La police est au centre des rapports sociaux parce que son organisation, son fonctionnement et ses pratiques concrètes, en expriment une vérité essentielle, celle des usages sociaux. Le jour où elle ne sera plus au centre des choses que deviendra-t-elle ?

Pau, le 25 octobre 2016
par Joël Braud

Crédit photo : liberation.fr

Coup de gueule !

imageDernièrement, dans «Jusqu’où et jusqu’à quand ?(2) », M.Braud intervenait sur le forum : «je retiens deux choses, d’une part les reproches adressés à la hiérarchie qui est accusée de carriérisme et l’impotence des syndicats et des politiques qui ont été surpris et dépassés par un climat qu’ils n’ont pas su détecter.»
Il touchait un point sensible !
Pour moi, il ciblait deux problèmes de fond qui sont présents depuis très très longtemps, toujours étouffés, et qui sont entrain d’exploser par le ras le bol de ceux qui sont au contact de la réalité qui s’aggrave.
Naturellement, la politique s’en empare, c’est misérable, car cela sème la discorde, le discrédit…, sur la réalité et la justesse de ces malaises exprimés. Les extrémismes explosent.
Comme c’est la police qui réagit, l’attention est grande mais le problème n’est pas limité aux policiers, il est général dans toutes les sphères ou règne une hiérarchie qu’elle soit publique ou privée.
Je me limiterai à la sphère enseignante où je me sens légitime pour pouvoir témoigner, du fait d’une certaine expérience.
>Avant de développer, je me permettrai de substituer, dans le texte, pour les syndicats, entre autres, le terme de «su détecter» par «voulu détecter» car ils sont encore plus près de la base que la hiérarchie, les délégués syndicaux du personnel, à la différence des «inspecteurs», sont des enseignants en activité. Ils n’ignoraient rien, mais eux aussi ont des problèmes de hiérarchie verticale donc de filtration aux différents niveaux. Les syndicats sont de plus en plus rejetés car ils sont de moins en moins la courroie de transmission des besoins des acteurs de la base.
>Je peux témoigner, pour avoir vécu tout au long de ma carrière, parfois, au contact d’enseignants en difficulté, dans leur classe et en dehors, et de la  façon dont ils étaient perçus et traités.
De l’aide ? Il ne fallait pas trop y compter. De la compassion ; parfois hélas, un sourire sur les lèvres! Bien des collègues souhaitaient intervenir mais comment ? C’est difficile, d’autant plus que l’intéressé, en souffrance, fuit, gêné, n’osant pas se livrer.

Dans une classe, on est seul(e).

S’il y a un problème de discipline, il est du ressort de l’administration ; le renvoi d’un ou plusieurs élèves d’une classe est soumis à un contingentement (!) dans le temps, car on ne sait qu’en faire et ce n’est pas «pédagogique» ! Il faut vivre avec.  Le rejet de l’établissement ou le changement de classe ne fait que déplacer le problème !
Depuis, «pour arranger les choses», les surveillants qui circulaient pour « surveiller », et rentraient dans les classes pour relever les absents par exemple, ont été supprimés ; si les parents d’élèves interviennent, l’administration s’efforce d’étouffer l’affaire, se retourne souvent sur «le ou la responsable !», conseille éventuellement une prise de congé, l’absentéisme diraient certains !
Surtout, pas de vague, si la hiérarchie apprend quelque désordre, cela retombe sur le chef d’établissement, et ainsi de suite en remontant, alors : motus et bouche cousue !
Je pourrais multiplier les exemples d’agression d’enseignants dans leur classe ou à l’extérieur : dans un collège professionnel, à Toulon, un enseignant avait invité, un samedi soir, des collègues d’éducation physique, pour «réceptionner» des élèves de troisième dont il prévoyait la visite à son domicile !
Dans un collège du Var, c’est une enseignante d’espagnol qui s’est suicidée ; conclusion de la direction : «elle était fragile !».

Les policiers seraient-ils aussi fragiles !
Faut-il, pour diffuser la connaissance et apprendre à vivre ensemble, ne plus avoir des têtes bien faites mais des corps bien musclés ?

Les injures verbales, ou gravées sur les tables, ou écrites sur les murs des couloirs, ou envoyées par courrier anonyme, les pneus crevés, les crachats ou les jupes soulevées dans les escaliers…., sont les comportements habituels dans certains établissements, (depuis le port du pantalon pour les femmes s’est généralisé !).
Tout ceci, naturellement, avec une défense absolue, là aussi, d’utiliser «des armes personnelles» : une bonne gifle ou un coup de pied aux fesses !
Comme chez les fonctionnaires de police, la peur au ventre décrite par les manifestants policiers, à C dans l’air, existe aussi chez des enseignants ! le « ressenti » par la population n’est pas le même !
Certains, plus au courant que d’autres, soutiennent qu’il faut, dans la formation (de plus en plus sommaire car c’est coûteux) des enseignants, apprendre à imposer une autorité !
Après la guerre d’Algérie et les conséquences du boum des naissances, l’éducation nationale s’est trouvée en déficit de professeurs de maths et de physique ; on a alors recruté, au lycée de Toulon, en première et terminale, des officiers de marine (ils y étaient nombreux !). Je n’ai jamais entendu pareil chahut dans les classes d’un officier d’artillerie de marine !

L’autorité ne fait pas tout !

Les inspecteurs sont là pour imposer des méthodes pédagogiques conçues dans des centres de recherche par des  intellectuels qui n’ont aucune idée «du terrain». On juge l’application de la méthode, on note, et rien de plus !
Naturellement, il ne faut pas généraliser cette obscure clarté ; comme pour la police, les enseignants ne sont pas agressés dans tous les quartiers ni dans tous les établissements scolaires ; certains sont mieux situés que d’autres et d’autres trient !
Non la hiérarchie n’a jamais vraiment soutenue ses troupes, elle s’est soutenue elle-même ! Depuis, le fossé s’est creusé entre ce qu’on appelle la base qui agit et la tête qui pense à autre chose : la rentabilité, les chiffres, le pouvoir, la reconnaissance, la promotion dans la carrière….

A trop tirer sur la ficelle un jour  elle se coupe !

Signé: Georges Vallet.
Credit photos:www.icem-pedagogie-freinet.org

Pau, stationnement réservé ?

imagesDepuis maintenant quelque temps, certains syndicats de la police nationale font pression sur le maire de Pau pour obtenir la gratuité du stationnement des véhicules personnels des policiers. Étrange sollicitation de la part de ceux qui sont les garants du respect des lois et de la sécurité des citoyens.

Devant le commissariat de la police nationale, rue O’Quin à Pau, le stationnement des véhicules individuels est payant dans les mêmes conditions d’ailleurs que dans les autres rues de la ville. Mais les policiers de la Police nationale ne l’entendent pas de cette oreille et considèrent, en vertu d’arguments plutôt spécieux, qu’ils doivent bénéficier d’un régime dérogatoire. Ils demandent donc au maire de Pau de faire exception et de décider que le stationnement de leurs voitures personnelles soit gratuit et en conséquence ne soit pas verbalisé, par la police municipale.

Le maire de Pau, à juste raison, nous semble-t-il, refuse. Il fait valoir que la place de Verdun, située seulement à quelques encablures, est apte à recevoir les véhicules personnels de ces fonctionnaires. Alors la pression se fait insistante et les membres des forces de l’ordre expliquent qu’ils se sentent en insécurité. Oui, ceux qui sont chargés de la sécurité de leurs concitoyens, estiment que tout n’est pas fait pour les protéger eux-mêmes. Il faudrait, toujours selon ces demandeurs, que la rue du commissariat soit piétonne sauf évidemment pour leurs propres voitures. Ils évoquent l’assassinat de Magnanville pour signifier qu’ils seraient menacés. Tout cela est bien exagéré et relève un tantinet de la paranoïa.

Le maire maintient sa position et pour cela il ne manque pas d’arguments. Parmi ceux-ci, le principe de l’égalité de tous devant la loi et les règlements. Il serait en effet illégal qu’une exonération puisse bénéficier à certains usagers de la voie publique. D’ailleurs à en juger par les disposition du code général des collectivités territoriales (art. L 2213-3) le stationnement ne peut être réservé à des particuliers ou à ceux qui ne répondent pas à des critères limitativement énumérés. Les exceptions concernent exclusivement les handicapés, les transports de fonds, les taxis, les véhicules d’urgence et de secours, mais pas plus.

Alors il est étonnant, voir surprenant, de constater que des policiers dont on attend qu’ils montrent l’exemple à ceux qu’ils sont susceptibles de sanctionner, sollicitent ainsi, pour eux-mêmes, des privilèges contraires à la loi. Il a même été rapporté, mais cela est aussi étonnant que peu crédible, que la hiérarchie de la police nationale est elle-même intervenue auprès de l’édile dans le même sens. Il s’agissait sans doute de satisfaire aux exigences syndicales.

Est-il admissible que ceux qui sont en charge du respect de la loi incitent, par des demandes réitérées, le maire à se placer dans l’illégalité ?

Pau, le 20 juillet 2016
par Joël Braud

Aux urnes citoyens !

imgresNotre pays est malade – Il nécessite que nos gouvernants s’occupent efficacement de lui et une prise de conscience de la gravité de la situation par nos citoyens. Est plus que nécessaire.

Le traitement de la France est indissociable d’une vision globale de ses difficultés et de la connaissance des ressorts psychologiques de son peuple et de l’Histoire qui l’a façonné.
Tout d’abord un constat :
– Nous rétrogradons dans tous les classements économiques et sociaux mondiaux.
Ainsi à travers 3 exemples :
– Les investissements étrangers connaissent un recul préoccupant par rapport à nos voisins (signe d’attractivité…).
– Le nombre de jeunes Français s’exilant est dramatique pour l’avenir de notre pays (4 diplômés sur 5 de nos grandes écoles se disent prêts à partir !).
– Alors que la France a toujours été une terre d’accueil désirée par ses valeurs et l’espérance d’un emploi, les déracinés de ce monde ne veulent plus que traverser notre pays.
Pourquoi en sommes-nous là ?
A cela plusieurs explications :
– Une formation économique qui a longtemps été très incomplète dans notre système scolaire ;
– Une représentation nationale (députés, sénateurs etc.) souvent éloignée du contexte de la vie d’un entrepreneur ;
– Une tendance nationale à revendiquer des droits et oublier que la déclaration de 1789 stipule des droits et des devoirs.
– La peur nationale du changement et donc les réticences à toute réforme (la mondialisation, qui a toujours existé, et dans laquelle la France joue un rôle depuis fort longtemps, est anxiogène pour trop de Français).
Aussi quelle image négative envoie-t-on au monde entier !
– Si les Suisses ont refusé par référendum de passer aux 35 heures, c’est qu’ils ont su se poser la vraie question : comment un pays dans un monde de concurrence exacerbée peut-il tout seul décider d’une telle mesure ?
– En plein Euro de foot, voir certains citoyens appartenant à des catégories sociales, socio professionnels parmi les moins en difficulté (SNCF, pilotes…) prendre un pays en otage, nous pousse à nous interroger sur le sens de la solidarité nationale. D’autant que certains d’entre eux, pour défendre des privilèges à l’égard des autres, se sont servis dans les caisses de retraite du privé afin de maintenir « les avantages acquis »…
– Et le nombre de policiers agressés, alors qu’ils sont garants de l’ordre républicain (à nouveau déclaration de 1789).
– Le pouvoir exécutif actuel après avoir pendant 2 ans cassé le travail de ses prédécesseurs puis tergiversé au moment où de nombreux voisins prenaient des mesures courageuses et impopulaires, se décide à réaliser les réformes de fond nécessaires, mais s’étant depuis longtemps discrédité, a-t-il les reins suffisamment solides pour les faire passer dans un pays si difficilement réformable ?
Oui une entreprise a besoin de souplesse pour qu’elle puisse recruter plus facilement et contribuer à lutter contre le chômage. Regardons là encore nos voisins qui s’en sortent mieux que nous, en particulier sur le chômage des jeunes et demandons-nous pourquoi.
Le rôle des gouvernants est d’anticiper et d’accompagner les changements pour cela de s’appuyer sur tous les liens sociaux.
Tant qu’en France, nous ne réformerons pas en profondeur le monde syndical, nous en pâtirons. Car bien entendu, au sein de chaque entreprise et de chaque branche professionnelle, la concertation est essentielle, elle fait partie du management et est la clé de la motivation.
Les syndicats représentatifs ont un rôle essentiel dans les réformes à entreprendre. Il est peut-être encore temps de renforcer les mesures contribuant à un dialogue social digne de ce nom : en particulier comment rendre les syndicats plus représentatifs.
Force est de constater qu’au niveau international, le socialisme a échoué (le dernier exemple en date : le Venezuela), quant au capitalisme sauvage, il est dangereux.
En nous appuyant sur les leçons de l’Histoire, nous avons à construire un libéralisme social. La France se recroqueville dangereusement et permet-elle encore d’offrir des perspectives ambitieuses à sa jeunesse ?
La France a la chance d’appartenir à l’Union européenne, qui est garante de la paix depuis plus d’un demi siècle et, après le traumatisme des deux guerres mondiales, a largement contribué à ce que notre zone géographique redevienne le premier foyer économique mondial (l’Asie de l’est est en passe de nous doubler).
Oui à l’Europe qui nous pousse à nous réformer, contrairement à ce que les populistes des deux extrêmes lui reprochent.
Notre pays a toujours été un grand pays européen et grâce à l’Europe, on peut continuer à tenir un rang mondial, par une ambition partagée.
Alors d’ici quelques mois, nous allons voter. Il nous faudra être attentifs à plusieurs critères pour évaluer les candidates ou candidats :
– Connaît-il le fonctionnement d’une entreprise ?
– Est-il un partisan de l’Europe ? (seul moyen de rester avec les grands : « un pour tous, tous pour un »).
– Quel bilan a-t-il eu dans l’exercice de ses mandats précédents ? (dans quel état est sa ville, ou sa région…).
– A-t-il le souci de travailler en équipe (complémentarité des talents) ou souffre-t-il d’un ego surdimensionné ?
– Annonce-t-il les réformes structurelles nécessaires et la démarche sociale pour la réussir ?
– A-t-il du respect pour les personnes qui ne pensent pas comme lui ?
– Est-il fier de notre devise: Liberté – Égalité – Fraternité ?
Alors citoyens, aux urnes !

 Par Philippe GUILHEMSANS

L’Allemagne, un exemple !

Allemagne France   Le syndicalisme archaïque et les corporatismes bloquent les réformes en France, pourtant une majorité de français comprend bien où se situent les indispensables évolutions. Il suffit de regarder ce qu’ont fait nos voisins.

L’Allemagne est un exemple à suivre, elle a su se réformer profondément : compétitivité de l’industrie, positionnement sur des produits haut de gamme, modération salariale, gestion courageuse de la dépense publique (12 points de PIB de moins que la France, soit 240 milliards), …etc. Avec des résultats qui font rêver : balance des paiements outrageusement excédentaire, budget de l’Etat en équilibre, chômage réduit à un niveau incompressible, …etc. Et ceci dans un contexte très particulier, la nécessité ces 25 dernières années de remettre à niveau l’Allemagne de l’Est (coût environ 2000 milliards d’euro . Que serait la France si elle avait dû faire face à un tel problème ?). Ce parcours exemplaire se poursuit avec l’accueil de près d’un million de réfugiés et des augmentations de salaires récentes très significatives :

« Le syndicat IG BAU (Bâtiment et Travaux Publics) a obtenu 4,6% d’augmentation des salaires sur 22 mois pour les salariés du Bâtiment à l’Ouest du pays (ex-RFA) et de 5,3% à l’Est. Le 13 mai, le syndicat IG Metall avait donné le “la“ dans l’industrie en obtenant 4,8% d’augmentation sur 21 mois pour les 3,8 millions de métallos allemands. Ces derniers vont d’abord percevoir une prime de 150 euros par mois avec effet rétroactif d’avril à juin 2016, puis une augmentation de 2,8% à compter du 1er juillet. Ils percevront une nouvelle hausse de 2% au 1er avril 2017″.(Site FO)

Comme il n’est pas envisageable de voir CGT, FO, SUD, ou autres FSU, comprendre rapidement le sens dans lequel va le monde, il est indispensable que nos élus dépassent leurs basses tactiques politiciennes et prennent eux aussi exemple sur l’Allemagne gouvernée par une coalition gauche/droite modérée.

Cette loi travail, initialement la droite l’aurait votée. Bien sûr elle a perdu de son efficacité par les compromis faits à la CFDT, mais c’est un premier pas dans un domaine où il faudra à nouveau légiférer en 2017, il suffit de lire les programmes des candidats de droite… C’est du centre et de la droite que doit venir la solution à la chienlit actuelle qui coule un peu plus notre pays. Il y aura probablement un changement en 2017, mais il n’est plus possible d’attendre ce délai en regardant la France s’enfoncer dans le ridicule tout en laissant le FN prospérer. C’est aujourd’hui que les élus doivent agir, en deuxième lecture.

Le centre et la droite devraient voter la loi travail en l’état avec les socialistes.

En plus de donner son tampon démocratique à cette loi contestée à cause de l’utilisation de l’article 49 alinéa 3, cela montrerait aux grévistes de tous bords qu’une grande majorité d’élus souhaite cette évolution, tout en faisant un cadeau plutôt empoisonné au parti socialiste.

Daniel Sango

Crédit photo : fanzine.hautefort.com