L’extension des lignes à grande vitesse progresse vers le sud. Dans quelques années Bordeaux, sera la grande banlieue parisienne et pour Pau, Bayonne ou Tarbes, le train deviendra un réel concurrent en termes de temps de parcours et de coût. Aujourd’hui Pau Paris prend un peu plus de 6h00, en 2013 ce sera moins de 5h00, moins de 4h30 en 2016 et moins de 4h00 en 2020. Ceci sans la construction du coûteux « barreau de Pau ».
Et que dire de l’impact écologique, l’avion consomme trois fois plus d’énergie que le TGV par passager transporté, cette énergie étant peu génératrice de CO2. Dans le même temps, les ressources en pétrole allant en diminuant, il est inéluctable que son prix…s’envole, renchérissant de manière très sensible le coût du transport aérien, malgré les progrès importants réalisés en termes d’efficience des moteurs.
Le déclin des lignes aériennes intérieures est pour demain. L’organisation des transports aériens, va se structurer sur les liaisons internationales et intercontinentales autour de « hubs » à grosse activité, les passagers nationaux y étant acheminés par trains rapides.
Il est clair que les aéroports de province confrontés à une baisse d’activité vont disparaître.
Quel est leur avenir dans notre région ? Avec des bassins de vie encore significatifs et aujourd’hui plusieurs millions de passagers par an, Bordeaux (3,3 millions), Toulouse (6,3 millions) et Bilbao ont encore un avenir. Il n’en est pas du tout de même pour nos petits aéroports. Leur classement 2009 est le suivant :
BAB 18ème avec 1 011 589 passagers (1 028 000 en 2008)
Pau 20éme avec 691 037 passagers (817500 en 2008)
Tarbes/Lourdes 21éme avec 658 531 passagers (679 000 en 2008)
A ces trois aéroports il est nécessaire d’y ajouter celui du Pays Basque (Fontarrabie) où transitent un peu plus de 400000 passagers/an, mais ce dernier devrait décliner très rapidement au profit de l’aéroport de Bilbao qui enregistre près de 4 000 000 de passagers/an.
En fait les questions posées sont simples :
Quelle stratégie pour gérer le déclin ?
Quel sera l’ordre de disparition de nos trois aéroports ?
Aujourd’hui, les collectivités territoriales ont pris les commandes de l’aéroport de Pau (Syndicat Mixte Présidé par un Vice Président du Conseil Régional, Sénateur des Landes…) mais il n’y a pas de visibilité concernant la stratégie, et ce n’est pas l’équipement « tous temps » de l’aéroport qui peut rassurer…
Pour Tarbes, la gestion a été déléguée à une société privée, un développement incertain y est envisagé avec la construction d’un accueil d’avions d’affaire pour 1 Million d’euros et une activité de démantèlement d’avions. Mais Lourdes possède un atout de poids : la foi.
Les coûts associés à l’existence de cette offre sur trois sites proches ne doit pas être supportée par la collectivité sous prétexte de leadership régional égoïste. D’ailleurs la guerre actuelle des subventions des compagnies « low cost » est scandaleuse, elle n’est plus compatible avec un comportement responsable en matière de développement durable (Voir « Vol Ryanair 1.4 au départ de Pau, embarquement immédiat » AP janvier 2010).
Nos politiques font aujourd’hui payer au contribuable leur incapacité à gérer le présent, à préparer convenablement le futur.
Pourtant, avec l’ouverture d’un échangeur à Lescar, il sera plus rapide de parcourir Tarbes/Uzein que gare de Pau/aéroport de Pau (Là encore quelle incapacité de nos élus à mener un projet, en discussion depuis 25 ans, enfantin et peu coûteux : le doublement sur 2km de la RD 834 dans le prolongement de la Nord/Sud !) L’aéroport de Pau Tarbes Lourdes existe : il peut être à Uzein !
Le thème des aéroports a fait l’objet d’un rapport de la Cour des Comptes (Les aéroports français face aux mutations des transports aériens, juillet 2008). Ses constats étaient clairs :
« Les analyses menées par les juridictions financières ont néanmoins montré que la quasi totalité des aéroports décentralisés sont en déficit chronique. Ils ne traitent qu’un faible trafic et assurent le maintien de leur activité essentiellement grâce aux subventions des collectivités territoriales, en particulier pour ce qui concerne les investissements. » « Quant aux douze grands aéroports régionaux, ils sont pour la plupart tout juste en équilibre financier alors que le nombre de passagers accueillis devrait leur permettre de dégager des profits. »
Et la demande aux collectivités territoriales qui est de : « rationaliser et formaliser une stratégie de développement des aéroports décentralisés et des infrastructures associées » est toute aussi claire.
Il est urgent que les élus régionaux annoncent clairement leur stratégie à moyen et long terme pour l’aéroport de Pau.
En ont-ils une ? Rien n’est moins sûr !
Une réelle concertation est-elle possible entre ces trois aéroports de manière à limiter au mieux les conséquences pour les finances publiques ?
C’est la toute première question de base.
Faisons confiance à nos politiques pour ne pas traiter ce sujet, le contribuable paiera !
Quand les citoyens s’éveilleront…
par Daniel Sango