La taxe d’habitation

Proposition : la limitation du paiement de la taxe d’habitation est un magnifique triplé.

A) Il trace clairement la limite entre les riches et les pauvres de notre beau pays. Foin de ce concept flou de « classes moyennes ». 20% de nos concitoyens sont riches (tant mieux pour eux), 80% sont pauvres (nous n’imaginions pas que nous étions aussi nombreux).

B) Il est un bon coup pour la recentralisation. Ainsi c’est un Ministère qui arbitrera les subventions entre PAU et TARBES, au lieu que l’ensemble des citoyens de PAU et de TARBES arbitrent entre des conseils municipaux plus ou moins dépensiers.

C) Il cause aux finances publiques une perte modérée de revenus, inférieure vraisemblablement à 10 Milliards d’Euros. Est-ce qu’un Gouvernement à la tête d’une Nation endettée de 2300 Milliards doit s’en soucier ?

Jean-François de Lagausie

Pau, le 24 Janvier 2019

Crédit photo : L’Humanité

Un ministre m’écrit.

Tout arrive, même à moi qui ne me savais pas si important pour retenir l’attention d’un personnage si haut placé. Le Ministre me parle d’une réforme de la fiscalité locale et plus précisément de la taxe d’habitation. Oui, mais voilà, je ne suis pas concerné et étant retraité je saisis ici l’occasion de lui faire part de ma situation.

Alors je vais essayer de lui expliquer par la voie d’Alternatives Pyrénées, que forcément il lit avec assiduité, que j’ai comme l’impression qu’il y a erreur d’acheminement de son courrier. En effet, je n’entre pas dans la catégorie des éligibles à une « réduction de 30% de la taxe d’habitation sur ma résidence principale ». Dois-je m’en plaindre ? Oui et non. Oui parce qu’étant domicilié dans une ville, Pau, où cette taxe est une des plus élevées de France, je n’ai pas le plaisir d’économiser une somme correspondante. Non parce qu’en réalité, mes revenus dépassent, de pas beaucoup mais d’un peu, la somme exigée pour entrer dans le cadre.

Mais puisque je vous tiens Monsieur le Ministre de l’Action et des Comptes publics, permettez-moi de vous expliquer la situation de la ville de Pau. Depuis 2014, année de la dernière élection municipale, j’ai constaté que le montant de la taxe d’habitation que je paie, avait progressé de 4,11%. Plus vite que l’inflation qui, elle, dans le même temps n’a progressé que de 4,01% (source INSEE). La différence n’est pas énorme, me direz-vous, certes, cependant en rognant tous les ans un peu plus sur le pouvoir d’achat on arrive à un résultat qui finit par décourager le brave contribuable que je suis.

Puisque nous sommes dans les chiffres continuons et acceptez que je vous dise que ma taxe foncière, dans le même laps de temps a augmenté de 5,86% (contre 4,01% d’inflation). Quand j’additionne ce que je paie au titre de la taxe d’habitation avec ce que je paie au titre de la taxe foncière, je constate que cette progression est de 4,85%. Ce qui progresse le plus vite, ici à Pau, c’est ce qui est versé au bénéfice de l’intercommunalité : + 9,92 % (foncière et habitation confondues*). Pas mal. Il faut être honnête et ne pas accabler de reproches François Bayrou quand il est maire de Pau, puisque, toujours en cumulé, foncière plus habitation, la part qui revient à la commune n’a augmenté que de 2,87%. Par contre on peut lui reprocher de ne pas être aussi vertueux en sa qualité de président de l’intercommunalité (+ 9,92%).

Je suis retraité comme je l’ai dit plus haut et, à ce titre, j’ai pu calculer ce que que me coûte sur une année, l’augmentation de la CSG. J’ai aussi pu calculer ce que me coûtent les mensualités de ma complémentaire santé : + 6% par an depuis maintenant 7 ans. J’ai entendu parler de la suppression du « reste à charge », la formule est belle et attrayante mais elle serait pourvue de davantage de charme s’il ne s’agissait pas seulement d’une formule. Je prends de l’âge, que voulez-vous, et ce naufrage qu’est la vieillesse, m’oblige à voir augmenter dans des proportions considérables mes dépenses de santé. Je fais le strict nécessaire, sans excès.

Heureusement que vous, Monsieur le Ministre, et le gouvernement auquel vous appartenez, avez veillé au grain et décidé d’augmenter les pensions de retraite de 0,3%. Dans ce sens, c’est bien moins que l’inflation. Considérez, Monsieur le Ministre, que je suis d’un naturel raisonnable, jamais porté sur des exagérations, aussi, je demande non pas que mon pouvoir d’achat augmente, mais qu’il soit seulement maintenu à son niveau et surtout que mes revenus cessent de baisser. Cela me permettrait de regarder d’un œil moins jaloux ces 1% les plus riches de France qui ont vu cette année leurs revenus progresser de 12%. Ruissellement oblige…

En définitive, j’accepterais ces sacrifices que vous m’imposez s’ils étaient suivis d’effets. Cependant le chômage stagne, la croissance est en berne, le commerce extérieur reste déficitaire et la dette progresse. Je ne sais pas encore pour qui je voterai lors des prochaines élections, mais je sais pour qui je ne voterai pas.

Je vous prie de croire, cher (!) Monsieur le Ministre, à l’assurance de ma considération distinguée.

Pau, le 6 novembre 2018

par Joël Braud

* Depuis 2017 une somme de la taxe foncière est au bénéfice de l’intercommunalité.

 

Lettre du ministre de l’Action et des Comptes publics en date du 4 novembre 2018

Madame, Monsieur, cher contribuable,

Le Gouvernement a engagé une importante réforme de la fiscalité locale. Le premier acte concerne la taxe d’habitation : 80 % des ménages en seront exonérés pour leur résidence principale d’ici 2020. À terme, cet impôt sera entièrement supprimé pour toutes les résidences principales.

Concrètement, dès cette année, 80 % des ménages vont bénéficier d’une réduction de 30 % de leur taxe d’habitation sur leur résidence principale : vous en faites partie.

Si vous continuez de respecter les conditions de revenu fixées par la loi, votre taxe d’habitation sera réduite de 65 % en 2019 puis supprimée en 2020. Ce gain peut toutefois être diminué si l’une des collectivités locales qui vous taxe a augmenté son taux d’imposition ou supprimé des avantages vous concernant.

Conformément aux engagements du Président de la République, cette mesure forte est destinée à favoriser le pouvoir d’achat.

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l’assurance de ma considération distinguée.

Gérald DARMANIN

 

Impôt inique

Au gré de mes lectures dominicales, je suis tombé sur un texte intitulé « Taxe d’habitation »* dans le journal Sud Ouest Dimanche du 6 août 2017. Il figure à la page 4 dans la rubrique : « Courrier des lecteurs ». Parce que son contenu présente comme principale caractéristique d’avoir été écrit par un ancien directeur des services fiscaux (Daniel Louis, Bordeaux) d’une part et d’autre part de correspondre à ce que l’on pourrait appeler mon principal cheval** de bataille, je ne résiste pas au plaisir d’y ajouter quelques réflexions personnelles.

Cet auteur, qu’on ne pourra pas suspecter de s’exprimer dans un domaine qu’il ne connaît pas, n’hésite pas à qualifier cet impôt de plus injuste et de plus inique qu’il soit. Et pour appuyer son affirmation, il compare Lille à La Madeleine, à Paris et à Bordeaux. Selon ses lieux d’habitation, cette taxe pouvait aller du simple au double.

Ensuite, il la qualifie d’archaïque puisque ses bases datent de 1970. Une réforme ou révision, selon ce que l’on veut, avait bien été envisagée dès cette année là, mais les élus locaux s’y sont fermement opposés. Maintenant, et c’est tant pis pour eux, il leur faudra bien accepter sa suppression.

Alors il est permis de s’interroger. La décentralisation n’a-t-elle pas donné trop de pouvoir aux élus locaux en leur permettant de fixer le taux des taxes locales? Le moment ne serait-il pas venu d’obliger à une harmonisation de ces impôts ? En même temps qu’il supprime la taxe d’habitation, le pouvoir central n’aurait-il pas toute latitude pour mettre en place une réforme visant à une totale égalité entre les villes ? Il faudra que les élus locaux prennent au sérieux cette perspective et s’attachent à envisager de maîtriser les dépenses.

Sur quels chapitres les collectivités territoriales devraient-elles faire porter ces économies ? Les frais de fonctionnement, difficile car ce serait réduire des emplois, inutiles certes, de plus la démarche serait loin d’être électoraliste. La sécurité par la suppression des polices municipales dont l’indispensable existence n’est pas prouvée. On rétorquera que sans elles ce serait bien pire. Formule facile car impossible à démontrer. Et puis auprès d’une certaine catégorie d’électeurs, cela reste porteur. Alors diminuer les investissements. Il ne reste guère que cette solution même si certains affirment que 73% de ceux-ci sont payés par les collectivités territoriales. Là encore il faudrait démontrer que les sommes prélevées sur les particuliers ne seraient pas mieux dépensées par eux. Donnez-moi votre pognon, je le dépenserai mieux que vous.

Les élus locaux ont cette facilité de considérer que lorsqu’ils ne disposent pas d’un budget suffisant pour financer leurs projets, il leur suffit d’augmenter les prélèvements obligatoires. Les particuliers sont bien contraints, eux, de s’organisent autrement ; ils ne dépensent qu’en fonction de leurs ressources. Il faudra bien sortir de cette logique surtout maintenant que l’État vient de décider d’une nouvelle diminution des dotations de 300 millions d’euros.

On verra bien ce qui va se passer. Il reste que ce courrier d’un lecteur avisé me conforte dans mes convictions.

 

Pau, le 9 août 2017
Joël Braud

 

Crédit image : blogs.lexpress.fr

* « Ancien directeur des services fiscaux à Digne, Lille puis Bordeaux (trente ans d’expérience), je pense en toute objectivité, que la taxe d’habitation est l’impôt le plus injuste et le plus inique. A Lille, où j’habitais, la taxe d’habitation était quasiment le double de celle de La Madeleine, 500 mètres plus loin. En comparaison avec Paris où j’ai également habité, de 1987 à 1992, c’était la moitié de La Madeleine ! Bordeaux est la ville où la taxe d’habitation est une des plus lourdes, sinon la plus lourde, des grandes villes du pays. A titre indicatif, je paie plus de 4 000 euros pour le même logement à Bordeaux, alors que je paierais 2 000 euros pour le même logement à Paris. Je ne me plains pas, car je ne suis pas à plaindre. Toutefois, dans un souci d’équité, je peux déplorer l’injustice des bases fiscale locales. Archaïques, telles sont les bases de cette taxe, car elles datent de 1970. Leur révision préparée en 1970 a échoué à cause des élus qui n’ont pas eu le courage de coller au réel des valeurs locatives. Celle-ci qui relevait du bon sens est devenue « une patate chaude » pour tous les gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Le cri de vieux élus locaux est pitoyable : ils n’ont pas voulu la réforme de la taxe d’habitation et maintenant, ils doivent en accepter la suppression. »

Daniel Louis, Bordeaux (33)

** Au risque de vous saturer voici les autres articles que j’ai écrits sur le même sujet :

– Ras-le-bol fiscal – 22 mars 2014
– Impau de pôt : 27 novembre 2014
– Taxe d’habitation : 5 novembre 2015

-Réforme de la taxe d’habitation 19 juillet 2017

Réforme de la taxe d’habitation

Nous, Palois, sommes particulièrement attentifs à une réforme qui se profile, celle de la taxe d’habitation. Nous appartenons à ces villes les plus lourdement ponctionnées au titre de ce prélèvement. Alors pouvons-nous raisonnablement espérer un soulagement ?

Le Président de la République s’est engagé et donne l’image d’une détermination sans faille à ce propos. Mais lorsqu’il dit que 80% seront prochainement exonérés de la totalité de cette taxe, nous vient immédiatement une question : Est-ce que j’appartiens à ces 80% ? Il y aura, c’est certain, beaucoup de déceptions. En réalité cette exonération sera fonction du revenu de chacun. Il faudra que celui-ci soit à peu près du niveau du SMIC pour appartenir à ces fameux 80%. Une réforme en trompe-l’œil en quelque sorte.

L’actualité – la conférence des territoires sur la refonte de la fiscalité locale qui a eu lieu le 17 juillet 2017 – nous apprend que les élus locaux sont vent debout face à ce projet. On leur demande de réaliser non plus 10 milliards, mais 13 milliards d’euros d’économies. Ils se disent étranglés. Rappelons simplement que la France est le seul pays européen où l’on paie à la fois une taxe foncière et une taxe d’habitation. Rappelons également que cette réforme privera les élus locaux de ce pouvoir de décider, à leur niveau, du montant de ces prélèvements. Une perte d’autonomie certes (article 72-2 de la Constitution*) mais qui ira dans le sens d’une égalité de tous devant ces prélèvements obligatoires. Lorsque l’on compare les taux pratiqués, il est bien difficile de trouver une justification à ces différences. Ils varient en effet du simple au triple.

Sont-ils aussi étranglés qu’ils le prétendent ? Il faudrait leur mettre sous le nez ces rapports des cours régionales des comptes qui listent, de manière non exhaustive d’ailleurs, toutes ces dépenses inutiles qu’entreprennent certaines collectivités locales dans le seul but de satisfaire à la gloire des élus. Tous les investissements effectués à Pau correspondent-ils à un besoin en considération de l’intérêt général ? La démonstration d’un clientélisme dans certains cas. Rappelons aussi que des économies de personnel auraient dû être réalisées par le regroupement des communes. Cela s’appelle la mutualisation des moyens. Il n’en a rien été, au contraire ces emplois ont progressé dans des conditions bien supérieures à ce que nécessitaient les transferts de charges de l’État central vers ces collectivités locales.

Alors il faut entreprendre une réforme de cette fiscalité locale. Tout le monde est d’accord pour considérer que la taxe d’habitation est obsolète et calculée sur des bases qui doivent être modifiées. Pourquoi ne revient-il pas à l’État central de fixer de manière autoritaire le taux de la taxe d’habitation ? Ce serait une harmonisation et ce ne serait que justice. Ce n’est pas la première fois qu’une telle réforme est envisagée et s’inscrit dans le programme des candidats à la présidentielle, mais personne ne la réalise face au tollé des élus locaux. Ils sont puissants surtout en cette période où s’ouvre la campagne pour les sénatoriales. Ce sont eux les grands électeurs.

Il faut craindre que les élus locaux aient, à terme, raison de la détermination affichée du Président de la République. Ces projets de réformes seront reportés à plus tard, cela s’appelle la procrastination.

Pau, le 19 juillet 2017
Joël Braud

Crédit photo : 20minutes.fr

*Article 72-2

Créé par Loi constitutionnelle n°2003-276 du 28 mars 2003 – art. 7

Les collectivités territoriales bénéficient de ressources dont elles peuvent disposer librement dans les conditions fixées par la loi.

Elles peuvent recevoir tout ou partie du produit des impositions de toutes natures. La loi peut les autoriser à en fixer l’assiette et le taux dans les limites qu’elle détermine.

Les recettes fiscales et les autres ressources propres des collectivités territoriales représentent, pour chaque catégorie de collectivités, une part déterminante de l’ensemble de leurs ressources. La loi organique fixe les conditions dans lesquelles cette règle est mise en oeuvre.

Tout transfert de compétences entre l’Etat et les collectivités territoriales s’accompagne de l’attribution de ressources équivalentes à celles qui étaient consacrées à leur exercice. Toute création ou extension de compétences ayant pour conséquence d’augmenter les dépenses des collectivités territoriales est accompagnée de ressources déterminées par la loi.

La loi prévoit des dispositifs de péréquation destinés à favoriser l’égalité entre les collectivités territoriales.

Harmoniser les taux d’imposition

imagesOui vous avez bien lu : harmoniser les taux d’imposition. Qui a dit cela ? Réponse François Bayrou. A quelle occasion ? Lors d’une réunion de la communauté d’agglomération. Quand ? Le jeudi 31 mars 2016. Alors chiche, harmonisons !

Le 31 mars en effet, lors de la réunion de la communauté d’agglomération de Pau, François Bayrou après s’être prononcé sur la baisse des subventions accordées aux associations culturelles en raison de la modification des dotations de l’État a dit : « … on trouve toujours de bonnes raisons pour éviter une baisse. De plus si l’on veut continuer à investir il n’y a pas d’autre arbitrage possible. Sauf harmoniser les taux d’imposition de nos communes ».

Inutile de dire que, sitôt ces belles parole prononcées, s’est ensuivi une sorte de grondement réprobateur de la part des participants, sauf, mais vous vous en seriez douté, des Palois présents.

Excluons a priori que, de la part d’un homme par ailleurs si sérieux, il puisse s’agir d’une galéjade. Alors harmoniser les taux d’imposition de la taxe d’habitation et de la taxe foncière peut se comprendre de deux façons :
Soit on prend la moyenne des taux des quatorze communes ;
Soit on aligne toutes les communes sur les taux pratiqués par la ville de Pau.

Dans la première hypothèse il convient de considérer les données suivantes concernant les taux d’imposition :

Villles                                        Taxe habitation                                  Taxe foncière
Artigueloutan……………………………..9,83 …………………………………….8,09
Billère ……………………………………. 16,46 ………………………………….. 22,47
Bizanos ………………………………….  11,19 …………………………………….15,90
Gan …………………………………………  9,96 ……………………………………15,68
Gelos ……………………………………… 10,69 ………………………………….. 11,65
Idron ………………………………………. 7,92 ……………………………………  9,46
Jurançon ………………………………….11,74 ………………………………….. 12,41
Lee …………………………………………  10,69 …………………………………..14,77
Lescar …………………………………….. 12,31 ……………………………………12,31
Lons ……………………………………….   9,46 ……………………………………16,60
Mazeres-Lezons ……………………….   9,46 ……………………………………12,55
Ousse ………………………………………   9,83 ……………………………………11,75
Pau ………………………………………… 22,26 ………………………………….. 24,80
Sendets ……………………………………  9,62 …………………………………… 11,51

Total                                                   161,42                                              199,95
Moyenne                                           11,53                                               14,28

Ce tableau permet de démontrer que, dans cette première hypothèse, quatre villes (Billères – Jurançon – Lescar – Pau) devraient baisser le taux de leur taxe d’habitation et que six villes (Billère – Bizanos – Gan – Lee – Lons – Pau) devraient baisser le taux de leur taxe foncière.
Ne rêvons pas, surtout nous les contribuables palois, cette proposition ne sera jamais mise à l’ordre du jour. Pourtant ce ne serait que justice car elle entraînerait la disparition d’une flagrante inégalité.

La seconde hypothèse n’appelle pas de commentaires particuliers sinon que, sur quatorze communes, treize seraient mécontentes d’un résultat qui changerait dans des proportions considérables leur pression fiscale. Peut-être après tout que les contribuables palois ne seraient, eux-non plus, pas très satisfaits de constater que leur espoir de diminution des impôts locaux a fondu comme neige au soleil. Bref que des mécontents !

La conclusion de cette belle envolée appartient à François Bayrou lui-même quand il dit : « on trouve toujours une bonne raison pour éviter une baisse ». De quelle baisse parlait-il ? D’une baisse des ressources ou d’une baisse des dépenses. Soit il en a trop dit, soit il n’en a pas assez dit. Déculottez donc davantage votre pensée, Monsieur le Président de la Communauté d’agglomération.

Enfin, la conclusion de la conclusion est que pour arriver à de telles iniquités, il aura fallu que la loi de décentralisation confie aux élus des collectivités locales, des pouvoirs si exorbitants qu’ils en ont foulé aux pieds un des principes fondamentaux de notre République « L’égalité » ; oui l’égalité de tous devant l’impôt.

Pau, le 12 avril 2016
par Joël Braud

Pau,Taxe d’habitation

imagesC’est l’automne et comme tous les ans à cette époque, tombent les feuilles d’impôt. Impôts locaux et plus précisément la taxe d’habitation. Souvenons-nous pour Pau le maire affirmait haut et fort qu’il envisageait une baisse des prélèvements. La réalité était différente. Qu’en est-il cette année ?

A partir de ce qui me concerne, habitant de Pau, je constate que la somme totale à payer au titre de cette taxe est en augmentation de 1,15% comparée à ce que je payais pour l’exercice 2014. Ce qui compte principalement au-delà des raisonnements qui pourraient chercher des explications où il n’y en a pas, c’est cette somme totale que le contribuable est tenu de sortir de sa poche. Mais détaillons.

Ce qui revient à la ville en premier lieu : le taux de 2014 était de 22,26%, celui de 2015 est de 22,21%. Une différence si importante que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, elle n’entraîne pas une baisse mais une augmentation de 0,67%.

Ce qui revient à l’intercommunalité ensuite : cette part, elle, augmente de 0,93%. Ce pendant son  taux reste stable : 8,7%.

Enfin la taxe spéciale d’équipement augmente elle de 112,5%, pour un taux de 0,223% . On aura beau affirmer que cette partie est infime, il reste que son augmentation est bien réelle.

Mais nous ne sommes pas tous égaux devant l’impôt, ainsi une comparaison avec Oloron-Sainte- Marie permet de constater que pour cette ville le taux est de 10,78% (Pau:22,21%). Pour l’intercommunalité il est de 9,24% (tiens plus élevé qu’à Pau : 8,70%). La taxe spéciale d’équipement est de 0,223% (comme à Pau). Je pourrais faire des comparaisons avec d’autres villes et ce serait toujours au désavantage de Pau.

  • Alors d’où viennent ces différences ?
  • Pourquoi cette taxe d’habitation que je paie a-t-elle toujours et très régulièrement augmenté tandis que son taux d’imposition a baissé ?
  • Pourquoi cette augmentation est-elle de 1,15% alors que l’inflation pour l’année 2014 n’est que de 0,5% ?
  • Pourquoi cette augmentation alors que ma pension de retraite n’évolue pas depuis quatre ans ?
  • Peut-on raisonnablement espérer qu’un jour grâce à une meilleure gestion de nos élus, les impôts vont finir par baisser ?
  • Peut-on raisonnablement espérer que nous serons tous taxés sur les mêmes bases ?
  • Sommes-nous tous égaux devant l’impôt, ce qui selon ce que nous savons tous, est un principe fondamental de notre République ?

Qui peut répondre à ces questions sans aller évoquer ces poncifs imbéciles selon lesquels la ville de Pau possède des équipements bien supérieurs à ceux d’Oloron ? Raisonner ainsi revient à affirmer que les équipements de Pau sont interdits aux habitants des autres villes ou que, pour les utiliser, les habitants de Pau bénéficient de tarifs préférentiels.

Pour finir, ce calcul : Combien de matchs de rugby, de matchs de basket au palais des sports, de concerts au Zénith, pourrais-je m’offrir grâce à l’économie réalisée si je payais la même taxe d’habitation que le contribuable oloronais ?

Pau, le 5 novembre 2015

par Joël Braud

Égalité

imagesC’est un des trois principes figurant sur les frontispices des bâtiments de notre République. La devise a de l’envergure, mais se nourrir de mots est forcément plus facile que d’en respecter les concepts. Le mot égalité est, aux yeux de beaucoup, le plus difficile à respecter ou à faire respecter pourtant il est sans doute le plus essentiel. Pour autant il n’a pas la signification facile que certains lui accordent. Mais égalité de qui ? Egalité en quoi ?

 Nous ne sommes pas tous égaux, Coluche le disait dans un de ses sketchs, mais par rapport à l’ancien régime ce terme marquait une évolution. Egalité de tous devant la loi et devant l’impôt. La nuit du 4 août 1789 a proclamé l’abolition des privilèges. A partir de cette date La Fontaine ne pourra plus dire « Selon que vous serez puissants ou misérables les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » (Les animaux malades de la peste). La loi s’appliquera à tous avec la même rigueur, selon les mêmes principes.

 Parmi les décrets de ce 4 août 1789 figurait le principe absolu de l’égalité de tous devant l’impôt. Mais pourquoi ce principe a-t-il été de nos jours autant oublié ? Il n’est pour s’en convaincre que de comparer la pression fiscale locale. J’ai eu l’occasion ces jours-ci de comparer la taxe d’habitation récoltée à Pau avec celle pratiquée à Oloron. Par chance la comparaison porte sur deux cas parfaitement identiques. Les maisons d’habitation récemment estimées sont de même valeur. Les revenus sont légèrement plus élevés chez le contribuable oloronais.

 Force est de constater que la taxe d’habitation payée par le Palois est trois fois plus élevée que celle payée par l’Oloronais. Oui vous avez bien lu, trois fois !

 Alors comment expliquer cette flagrante inégalité des citoyens devant l’impôt ? La réponse facile est de dire : «  oui mais vous à Pau, vous avez un Zénith, un Palais des Sports, un Stade d’eaux vives, un stade nautique, un Jaï Alaï, un palais  Beaumont, une médiathèque ». Comme si ces lieux étaient interdits aux habitants des autres communes du Béarn.

 L’autre réponse est de dire : «  Mais vous avez voté pour des candidats qui se sont engagés sur des dépenses excessives ». Et là c’est plutôt vrai. André Labarrère avait coutume de dire que l’on n’est pas élu sur des économies d’impôts mais au contraire sur des projets de dépenses. C’est un peu le défaut du système dans lequel les élus locaux disposent d’une latitude exagérée pour gérer les collectivités. Ils sont plus soucieux de laisser leur nom à la postérité par le moyen de réalisations dispendieuses, que de réellement servir l’intérêt général.

 Les projets actuels de François Bayrou vont dans le même sens. Le stade de rugby, les Halles,  les alentours du stade d’eaux vives et plus tard le parc des expositions doivent être agrandis, aménagés, rénovés voire déplacés. Ce n’est pas tout de construire il faut ensuite entretenir et toutes ces installations ne sont pas budgétairement autonomes.

 La solution de facilité pour les responsables politiques a toujours été de ponctionner davantage les contribuables. Certains y verront, avec raison, une dérive de la décentralisation où ces pouvoirs trop larges reconnus aux élus locaux ont entraînés ces inégalités. Un pouvoir central qui fixerait des règles communes au niveau national ne serait pas après tout inconcevable. Il limiterait, dans des proportions significatives, les pouvoirs des baronnets locaux. Ceux-ci d’ailleurs, comme tous les politiques de notre pays, sont incapables de baisser les impôts. F. Bayrou s’était engagé à baisser les impôts locaux de 1% (SIC). En réalité il n’a baissé que le taux de la taxe d’habitation de 1%, ce qui n’est pas la même chose *.

 Alors, devons-nous nous résigner ? En attendant évoquons le cynisme d’Henri QUEUILLE :

« Toute réforme fiscale consiste à supprimer des impôts sur des choses qui étaient taxées depuis longtemps pour les remplacer par de nouveaux plus lourds sur des choses qui ne l’étaient pas. »

 

Pau, le 24 février 2015

Par Joël BRAUD

 *Pour ce qui concerne mon cas personnel, la taxe d’habitation a baissé de deux euros.