Réformer, réformer, qu’ils disaient ! Alors, réformons les réformes !

Je pense que tout le monde est d’accord là-dessus: tout évolue, dans la nature et dans la culture, provoquant des déséquilibres ; il devient indispensable, au bout d’un certain temps, de les combattre, pour établir une situation adaptée au nouveau milieu.

Laissons de côté le sens qui représente la mise en réforme de personnes, emplois ou objets ; cette acception est incluse massivement dans le contenu des grands bouleversements, soi-disant indispensables, qu’on nous impose, à la hussarde.

Pour le Larousse : «Réformer c’est faire subir à quelque chose des modifications importantes destinées à l’améliorer.»

Nous tombons dans le piège des mots car tout revient alors à définir ce qui est «bon», pour prendre les mesures adéquates afin que cela soit meilleur !

L’opinion de bon étant purement subjective, les avis sont partagés :

+ Pour le DR Qing Li c’est le shinrin-yoku, bain de forêt pour bénéficier du pouvoir des arbres, pratique médicale japo naise instaurée en troisième année de médecine. Elle démontre la réduction du stress (baisse du taux de cortisol et d’adrénaline), la stimulation de l’énergie, l’amélioration de la concentration et de la mémoire, la réduction de la tension artérielle, le renforcement du pouvoir immunitaire.

Qu’attendent nos politiques pour favoriser cette thérapie en permettant la création, dans nos forêts pyrénéennes de l’équivalent des «huit chemins d’Akasawa»!

Cela ne coûterait rien !

+ Pour la pensée unique actuelle, il faut s’enrichir, être puissant, dominer les concurrents ; la France et la planète se réduisent à la seule composante économique libérale.

C’est exorbitant !

Entre les deux mon cœur ne balance pas !

En fait la réalité est tout autre :

La France et la planète sont des systèmes complexes formés d’un très grand nombre d’éléments différents en interrelations et interactions non linéaires évoluant dans le temps et l’espace. C’est un ensemble où tous les éléments sont liés, interfèrent en réalisant un équilibre fragile. Or, les réformes considérées comme indispensables enrichissent certains en sacrifiant les autres ;

le résultat ne peut être qu’une déstabilisation globale et à la longue un feed back négatif !

La société, comme la vie, idéale pour un humain, n’existe pas mais, comme elle est construite par l’homme, elle peut devenir plus «humaine», c’est-à-dire meilleure ; c’est un but à atteindre ensemble et non organisé par quelques profiteurs intéressés.

Vouloir suivre, sous prétexte d’obligation économique immédiate, la politique mondiale et européenne actuelle, est irresponsable et à courte vue ; la consommation sans fin, la spéculation, la rivalité pour la domination…, conduisent, c’est d’actualité, à des situations conflictuelles locales et pré-conflictuelles guerrières mondiales comme le passé en a connues. Le «plus jamais cela» souvent proclamé, devient «ne plus jamais cette politique là». La pathologie des dirigeants ainsi que les «progrès» du potentiel destructeur les rendent capables de détruire la planète vivante.

Un minimum d’empathie pour nos enfants serait-elle un luxe trop coûteux !

Entre l’avenir qui s’évanouit et l’idéal qui est un rêve, je choisis l’utopie qui est un projet !

Oui, il est possible de suivre les directives européennes avec une autre politique, autrement qu’en sacrifiant une grande partie des citoyens, c’est une question de juste répartition des efforts entre tous, tout en orientant avec beaucoup plus de modération les ambitions très coûteuses de prestige.

Une énorme erreur est commise, celle qu’Aristote dénonçait dans le chapitre IX de «La Politique» : «Un bon gouvernement doit s’appuyer sur les classes moyennes ; on doit se garder de les appauvrir en donnant trop aux riches».

«Ainsi abandonnée, la «France qui gronde» risque (avec raison) de gronder encore plus fort» J-Cl Guillebaud

La dette de la SNCF, le statut des cheminots et les emplois publics inutiles ?????

Des broutilles, à côté du tonneau des Danaïdes de l’industrie nucléaire et du renouvellement à venir des forces stratégiques. «On parle de crédits passant de 3,9 milliards d’euros à 6 milliards par an, d’ici 2025.»  Sud Ouest du 13 mai 2018. Et encore, il n’est question que de modernisation des sous-marins et des missiles mer et air de nouvelle génération !

Sur ces dépenses publiques «motus et bouche cousue» !

La réforme «publique» ne doit pas être, de par son nom et ses objectifs affirmés, un projet individualiste obscur portant sur des domaines précis ; c’est une affaire globale qui concerne la collectivité et tous ses constituants, lesquels doivent activement participer au processus réformateur. C’est la raison pour laquelle la transparence, base du respect de chacun, des actions et des dépenses, doit être obtenue coûte que coûte, tant :

+ dans le domaine privé : composition des aliments et des objets fabriqués, nombre et nature des traitements réalisés sur fruits et légumes, composition des aliments donnés aux bêtes, comportement managérial dans les entreprises…

+ que public : publication des projets, réalisations, nominations, recettes et dépenses au niveau des communes, des régions…

Vouloir résoudre séparément le problème des banlieues, de la santé, de la SNCF, de la sécurité sociale, des retraites, d’Air France… est peut-être une façon de diviser pour mieux régner mais c’est une aberration thérapeutique.

Une maladie qu’elle soit microbienne, organique, physiologique, psychologique met en jeu un dérèglement de l’ensemble de l’organisme et doit faire intervenir une action concertée à de multiples niveaux afin de rétablir l’équilibre ; de plus en plus on constate que la déstabilisation est multifactorielle et passe par l’évolution des conditions environnementales: pollution, nourriture, milieu familial, professionnel…

Pas facile, mais à quoi ça sert que le numérique il se décarcasse !

Toute réforme, pensée et réalisée suivant un processus technocratique et autocratique, imposant un calendrier de changements, bloquant, avec mépris, toute expertise sociale, est vouée aux troubles, à la violence et à l’échec.

Quand peut-on considérer que des réformes publiques sont «bonnes» ?

Incontestablement quand elles sont capables de maintenir en équilibre dynamique, au cours des bouleversements évolutifs, l’ensemble des composants de la collectivité. Une telle possibilité n’est réalisable qu’avec un état riche d’un potentiel quantitatif et qualitatif de régulation intrinsèque (milieu intérieur donc national) ; extrinsèque(milieu extérieur donc international) ; cela implique une grande diversité de savoir, de compétence,  et une adhésion de l’ensemble de la population du fait du respect physique, psychologique et moral de tous.

Ce n’est pas chose facile car la balance entre le bon et le mauvais ne donne pas les mêmes résultats suivant ceux qui la manipulent. Ainsi, citons deux domaines :

+La production, transformation, consommation, par l’industrie et le commerce… sont une source de profits et de valorisation du PIB qui est «bon» pour certains et pour l’économie française qui exporte.

Par contre, c’est très mauvais pour l’état sanitaire, du fait de l’accumulation de déchets, pour l’ensemble des citoyens, y compris ceux qui en profitent, du fait des retombées néfastes sur la santé : obésité, maladies cardiovasculaires, respiratoires, cancers…

+En ce qui concerne «la terre», 82.000 hectares de terres agricoles ont disparu en moyenne chaque année entre 2006 et 2010 (en France).

Selon le Syndicat des jeunes agriculteurs, ce sont 26 m² de terres agricoles cultivables qui disparaissent en France chaque seconde. L’artificialisation des sols représente donc 820 millions de m² de terres agricoles en moins chaque année.

Planetoscope – Statistiques : Disparition de terres agricoles en France

https://www.planetoscope.com/sols/1370-disparition-de-terres-agricoles-en-france.html

La répétition du grignotage des terres agricoles est bonne pour l’économie quand les terres sont utilisées pour produire des biens de consommation, (surtout s’ils sont exportables), pour la spéculation, mais c’est très mauvais :

++ quand elles sont laissées polluées et à l’abandon après le départ d’une entreprise ou en attente de conclusion d’un projet d’urbanisme ou de zone industrielle qui n’aboutit pas.

++ pour les paysans qui disparaissent (chômeurs en ville), leur santé et la nôtre (pesticides, herbicides), pour la qualité des cultures de plus en plus intensives afin de compenser la surface par le rendement à partir d’intrants parfois toxiques. L’agriculteur n’est plus un paysan mais un industriel de l’économie mondialisée ; d’ailleurs, certains n’ont plus besoin de «terre», elle est devenue un «support» de plus en plus azotique dont on peut se passer (fraises, tomates. endives.., les intrants synthétisés à partir des énergies fossiles assurent la production.

++La biodiversité s’effondre, c’est la chute dramatique des insectes et des oiseaux qui participent à la fructification de nos récoltes, sources de notre alimentation en fruits et légumes, et de de nourriture pour les élevages de producteurs de viande, de lait d’œufs et de fromage, une immense partie de nos exportation !

Certains Français s’efforcent de renverser le bilan ; ils ont compris qu’il fallait se battre pour reconquérir les terres, les cultiver, produire, transformer, consommer et vendre autrement.

Alors, vraiment, il y a de nombreuses réformes à faire, mais sûrement pas celles qu’on entreprend !

Signé Georges Vallet

Crédit image : tenstickers.be

 

Un été bleu.

imageLes problèmes environnementaux ont rempli les pages des journaux locaux  cet été. Ils ont même fait la Une. S’agissait-il de meubler le ralentissement de l’activité en période de vacances ? Ou s’agit-il d’une prise de conscience locale de l’importance de l’environnement ? Les vents et les pluies d’automne, aidés par la Coupe du Monde de Rugby, la reprise du Top 14 ou les élections régionales vont nettoyer tout cela et le renvoyer vers notre oubli. Néanmoins, la qualité des sols, de l’air ou de l’eau a été largement passée en revue.

Les terres agricoles sont polluées par les nitrates et les pesticides. C’est notamment le cas du Nord-Ouest du département. Les organisations agricoles se sont mobilisées au premier semestre puis ont manifesté contre les Directives Européennes traitant des produits phytosanitaires, des nitrates, du stockage de l’eau ou des zones vulnérables et autres normes.
Seule la Confédération Paysanne aborde ces problématiques avec sérénité (La République du 11/05). Elle y verrait même des opportunités.

Des décharges sauvages sont régulièrement découvertes en Béarn. Cet été, Poey de Lescar, Bougarber ou Idron ont allongé la liste des sites impactés.
Ces pratiques confirment que la nature n’impose aucun respect et que  la recherche d’un gain financier est toujours la cause de ces forfaits, quelle que soit d’ailleurs l’importance socio-économique des contrevenants.

La qualité de l’air a été particulièrement médiocre dans la vallée du gave, notamment lors de la période de canicule. Actuellement les nuisances se prolongent dans la zone de Lacq avec un feuilleton au suspense insoutenable sur l’origine de fumées bleues.
La gestion de cette affaire par les autorités me rappelle celle de la pollution de l’air intérieur du collège d’Artix en 2013, imputable à la présence excessive de composés organiques volatils.
A Lacq comme à Artix, le traitement médiatique et également officiel de cette affaire ressemble à ceux d’un autre siècle, avec un côté mystérieux voire démoniaque qui pourrait prendre des allures de chasse aux sorcières. On parle d’effet cocktail, pas encore d’hallucinations.
Les traitements médiatiques m’ont d’ailleurs remis en mémoire une affaire  de feux follets survenus dans les années 70 dans un village de l’Est du département (rappelée récemment sur la radio du Béarn nommée bleu).
Cette affaire avait tenu en haleine tout le Béarn jusqu’à ce que le laboratoire Kaplan, installé à Serres Castets, identifie des traces de phosphore provenant d’allumettes sur les tissus brûlés.
La gouvernance de la surveillance de la pollution du bassin de Lacq a besoin d’être reconsidérée.

La qualité de l’eau n’est pas davantage réjouissante. Les rivières font pratiquement office de caniveaux et constituent des milieux presque abiotiques. Les taux de nitrates, de pesticides, de phosphates y sont élevés et les matières fécales sont difficilement métabolisées.
Les rivières sont généralement inaptes à la baignade. Seuls les plans d’eau, comme Baudreix ou Biron, sont aptes à la baignade. Toutefois une algue toxique, également bleue, a proliféré cet été. Le plan d’eau de Biron, où se situe un restaurant, a vu une interdiction momentanée de la baignade. Au lac de Mazerolles, la consommation du poisson pêché est toujours déconseillée.
(*)
L’accroissement du débit des rivières est la solution principale appliquée pour réguler les étiages et diluer les rejets. (**). Ralentir la vitesse d’écoulement et traiter plus efficacement les rejets, voire les limiter, serait également utile.

Le Béarn s’honore de la qualité de ses paysages et de la qualité de vie. Mais le Béarnais ne fait pas grand-chose pour développer, voire préserver la qualité de ses sols, de l’air ou de l’eau.
Va-t-il prendre conscience que la qualité résidentielle est aussi un facteur crucial de développement ?


                                                                                                                                        –  par Larouture

(*) : http://www.federation-peche64.fr/information-recommandations-sur-le-lac-de-layguelongue/.
(**) : Voir les pages 28 et 34 à 37 par exemple, http://www.institutionadour.fr/adour_files/pdf/institution_adour/PGE/PGE%20Luys%20Louts_Protocole%202013.pdf .