Maladies vectorielles à tiques: scandale environnemental aussi !

!cid_EE0B81BB-42B0-4FA9-B47D-9DEA889BEB70@homeLe Prix Nobel de médecine Luc Montagnier, le Professeur C. Perronne chef du service des maladies infectieuses de l’Hôpital Raymond-Poincaré de Garches, de nombreux médecins…., s’élèvent contre le déni des pouvoirs publics et des services de santé français vis-à-vis de l’extension de la borréliose épidémique de Lyme.

L’affaire avait déjà été évoquée depuis longtemps, entre autres par Roger Lenglet et Chantal Perrin : «L’affaire de la maladie de Lyme» Actes Sud.

Le Nouvel Observateur publie, dans  un de ses derniers numéros, un article où il décrit le problème sous l’angle politico-économico-social ; je n’y reviens pas ; par contre, à part l’évocation du jogging dans les bois ou la prolifération des sangliers et des cerfs, le scandale environnemental n’est absolument pas évoqué !

Il serait pourtant judicieux, serait-ce que pour pouvoir prévenir, de se pencher sur les causes importantes de cette  augmentation de la transmission de ces bactéries. Les études ciblent surtout les tiques mais des sources citent les aoûtats, les moustiques….Les  transmissions entre humains semblent se confirmer par transfusion sanguine, rapports sexuels, mère enfant.
D’une façon générale, on peut considérer qu’il s’agit d’une maladie émergente liée aux modifications environnementales qui perturbent le cycle des vecteurs. Les causes sont donc multiples, d’inégales importances mais, comme dans bien d’autres domaines, la conjugaison de facteurs qui s’ajoutent amplifie les réponses.
– Le réchauffement climatique assure normalement un développement plus grand de la végétation, donc des animaux herbivores et de leurs prédateurs, dont les tiques sont les hôtes. L’augmentation de température, sur les animaux à température variable (le cas des tiques), favorise l’accélération des réactions chimiques, entre autres les processus de reproduction ; des arthropodes comme les insectes, les acariens… parviennent à mener à bien une génération supplémentaire dans l’année. Les tiques restant actives plus longtemps, les risques d’infestation sont désormais présents toute l’année, même en hiver. Ce réchauffement n’est pas étranger à la modification des comportements humains: écotourisme, balades en forêts, campagne, montagne, en tenue légère…De plus, des territoires défavorables du fait d’une température insuffisante(montagne par exemple) deviennent compatibles, d’où l’extension dans l’espace.
– La monoculture intensive apporte une nourriture abondante aux «réservoirs de tiques» comme les sangliers, les rongeurs… les grands troupeaux d’ovins sont des sources de nourriture pour les larves de tiques, des traitements chimiques sont utilisés !
– L’affaiblissement du terrain immunitaire humain pour de nombreuses raisons, dont la pollution, abaisse le pouvoir de lutte contre l’infection.
– La destruction des formes de vie jugées «nuisibles», par toutes les voies possibles : pièges, fusils, poisons, et pesticides, a entraîné la raréfaction des prédateurs des tiques, en particulier: batraciens, reptiles, mammifères insectivores, oiseaux, insectes comme les guêpes parasitoïdes dont l’efficacité et la biologie sont assez extraordinaires, des araignées…, la régression des nombreuses espèces de champignons entomo-pathogènes ; citons, pour les mêmes raisons, aussi, le recul des nématodes parasites de nombreuses plantes cultivées mais, pour certains, des tiques aussi….Ajoutons la pression des chasseurs qui se chargent de l’élimination de leurs concurrents ; ils sont reconnus comme les régulateurs officiels de la biodiversité (autre scandale !)
Si les sangliers, les cerfs, les rongeurs… participent à la prolifération des tiques, les responsables de leur multiplication,  sont ceux qui ont détruit leurs prédateurs : des rapaces, le renard, le lynx, le loup ….et, dans nos Pyrénées : l’ours !

– La pénétration du tissu urbain, habitat et population, dans les lieux de vie des tiques comme la fragmentation des forêts pour mettre en place des lotissements. Il en est de même pour de nombreuses maladies émergentes issues de la pénétration de l’économie dans les forêts tropicales et équatoriales.
Les touristes à la montagne et à la campagne, les néoruraux issus de la ville , dès le printemps et le beau temps, adoptent une tenue facile d’accès pour les tiques. Les paysans, les forestiers, par tradition basée sur la sélection, sont, par contre , en général, toujours bien plus couverts. C’est vrai que la grande mode du jogging sylvestre (bois du Bastard !) est favorable à la récolte de tiques ! La prolifération des animaux de compagnie aussi  !Pensons également aux locations de cabanes édifiées dans les arbres, etc.
Cessons de faire la politique de l’autruche et de réagir qu’aux conséquences sans considérer les causes multiples !
Cet exemple, d’une brûlante actualité, devrait permettre d’élargir le champ des réflexions à tous les domaines de la vie, biologique comme culturelle. Nous avancerons vraiment vers le progrès quand on aura enfin admis que la sacro-sainte croissance est à considérer autrement, que tout est relié à tout, que tout interfère et interagit, que nous faisons partie d’un écosystème fragile dont nous profitons car il nous permet de vivre mais que, par esprit de lucre, nous détruisons.
                         Nuisibles! De quelle espèce parlez-vous ????

signé: Georges Vallet
crédit photos: nancybuzz.fr