Commentaire sur un article de la République des Pyrénées * « les Palois sont-ils toujours ‘’accros’’ à l’auto ? » du 9 septembre 2014.

vélos1Cet article concerne tous ceux qui souhaitent radicalement supprimer la voiture en centre ville à Pau sans tenir compte du sentiment de ses habitants, mais aussi de celui des communes avoisinantes. Avant d’exclure les voitures du centre-ville, il faut d’abord savoir pour quelles raisons de société les gens utilisent quotidiennement la voiture. Cet article du journal local* donne des informations qui répondent à cette question.

En France, 71% des habitants font leur déplacement en voiture avec plus de quatre voyages par jour et par foyer. Chaque ménage possède deux voitures en moyenne dans l’agglomération. Malgré les offres de déplacement ‘’doux’’. Les Palois entrent dans la moyenne nationale car 70% utilisent la voiture pour se rendre au travail, on a dénombré un hausse de 2, 5 % des immatriculations.

Le bus a connu une progression fulgurante mais le nombre des usagers stagne depuis deux ans ; ceux qui sont éloignés de Pau, disent « on est obligé d’avoir une voiture, le bus n’est pas fait pour ceux qui travaillent en ville si on veut rentrer entre midi et 14 heures ; les horaires et les fréquences restent insuffisants ; aussi pas question de se passer de la voiture… » Au final, beaucoup avouent être ‘’accro’’ à l’auto ; pourquoi ? : « J’aime conduire, je suis bien installé sans contrainte d’horaires, dans une ville comme Pau où cela roule plutôt bien … Avec la voiture on se sent en  liberté même si pour venir en centre ville j‘utilise le bus.. . Toujours l’avoir à proximité est vraiment pratique»

La RdP écrit peu sur les déplacements en vélo et constate que le double sens cyclable est mal vu par les automobilistes…la voie entre Billère et Pau est dangereuse.

Le journal indique que la décision du maire de rouvrir à la voiture des rues piétonnes est jugé positif par les commerçants** qui souhaitent que la clientèle puisse se rapprocher de l’hyper Centre ; pourtant, le ‘’piéton – roi ‘’reste pour eux le meilleur client.

Compte tenu de ces données, comment peut-on parvenir à diminuer le nombre de voitures pour améliorer la circulation à Pau ?

Il faut considérer l’état d’esprit actuel des habitants tel qu’il vient d’être décrit : la voiture continue à rester étonnamment attirante car elle est commode chez nous la circulation étant plutôt fluide en ville. Aussi, il n’est pas judicieux ni pertinent de vouloir interdire l’accès des voitures en ville en s’appuyant notamment sur le catéchisme de l’écologie et en désignant l’automobiliste comme étant le seul responsable, car cela n’entre pas dans les préoccupations quotidiennes du citoyen. Il faut essayer de le convaincre en montrant que le tout voiture est une erreur : Montrer que l’automobile, si agréable soit-elle, peut devenir un handicap lorsqu’on la prend systématiquement. Insister sur le fait que 30 % des déplacements se font entre 1 et 3 kilomètres, ensuite que les bienfaits d’une petite activité physique quotidienne en bicyclette, avec la marche, est bénéfique pour la santé, plusieurs études le prouvent ; enfin que l’automobiliste dépense en moyenne 3.300 €uros chaque année pour sa voiture alors qu’elle reste 90 % du temps stationnée. Ajoutons que le coût de la réalisation des infrastructures de voirie et de leur maintenance est très onéreux pour la Collectivité.

Le but de notre action n’est pas d’interdire par la contrainte la voiture en ville mais d’utiliser les voitures d’une façon raisonnable et d’inciter les conducteurs à changer de mentalité en essayant d’autres modes de déplacements pendant quelques semaines (en plus ou sans la voiture), ce changement de déplacement a pour nom le transport intermodal. En conséquence, il s’agit d’intervenir progressivement par des investissements intelligents.

« Les Palois n’ont pas été assez accompagnés pour changer leur mode de déplacement…» estime un élu ; pourtant plusieurs solutions sont proposées par la RdP, comme le retour de la Coxitis en centre-ville, plébiscité par les Palois et pourquoi pas d’un second circuit. Le vélo en libre-service qu’il faut améliorer et simplifier ; les palois se montrant bons élèves avec 43.727 emprunts en 2013  ; en ajoutant le vélo à assistance électrique ainsi que la location de cycle à garder à son domicile.
Personnellement, je suis persuadé que tout ira mieux lorsque le futur autobus à Haut Niveau de Service sera mis en place en l’associant aux parkings relais, « c’est une nécessité » souligne le Président du syndicat des transports, comme le précise le journal. Ces parkings de dissuasion placés en périphérie compenseront les 12.500 places de stationnement qui manquent aux Palois actuellement. Ils seront reliés à la ville par des navettes nombreuses et rapides. En réalité, les embouteillages majeurs sont situés en périphérie le matin et le soir et non en ville, ces blocages seraient diminués d’autant. Pour favoriser ce changement, il ne faudrait pas accroître le nombre de places de voitures en ville***.

Je constate que les cyclistes ne sont pas nombreux en ville, même si leur nombre semble avoir augmenté ; il faudrait pour les attirer, réaliser des pistes cyclables plus rassurantes notamment sur les grands axes et les boulevards, aménager pour eux les carrefours (mais trop de bandes ont été peintes après des travaux), une signalisation adaptées indiquant les pistes à prendre pour se rendre à tel endroit, augmenter le nombre de petits parcs à vélo ; étudier une extension de la zone 30. Pour les piétons aussi, élargir quelques trottoirs.

Quant au boulevard des Pyrénées, et quoiqu’en pensent certains, ne cherchons pas à brusquer les habitants : avant de le rendre piétonnier, commençons d’abord à le rendre semi – piétonnier à partir de la place square George V vers le château. De même le parking Clémenceau, s’il faut réserver de plus nombreuses places aux riverains dans un rayon de 300 mètres, on peut néanmoins laisser des places à ceux qui souhaitent pouvoir s’y rendre pour des raisons valables.

En conclusion, partageons mieux notre espace public, et il ne faut pas considérer l’Automobiliste comme étant un gêneur, un adversaire, mais un citoyen avec qui on peut s’entendre et se côtoyer cordialement sur la voirie, pourquoi pas ?

– par Philippe Rançon

*en italique, les termes exacts ou les transcriptions abrégées du journal.
** rue Samonzet et rue Serviez, ce qui entraîne « par ricochet un léger retour à la circulation », on peut le regretter, mais on verra si c’est vraiment gênant et si cette initiative attire de nombreux véhicules.
*** A Aix-en-Provence, ces Parkings sont assez éloignés de la ville mais très commodes, le prix paye également les bus en aller – retour. Ils sont situés sur un départ de ligne de bus qui sont nombreux ; cela a permis de rendre le centre ville moins encombré car il y a de nombreuses petites rues.

« A sa mise en service, le Bus-Tram aura davantage rapporté que ce qu’il aura coûté. »

Bus tram 1Il y a quelques jours j’ai voulu consulter à nouveau le diaporama de présentation du projet de bus-tram (1) (qui a sans doute été utilisé dans les réunions publiques organisées par la mairie), et je suis tombé sur une « diapo » qui m’avait échappé jusque là… malgré son côté légèrement surréaliste. Elle s’intitule « Financement – l’effet Bus-Tram »…

Ca commence par : « Le Bus-Tram a permis de dégager une nouvelle ressource d’environ 15M€/an »

Voilà qui est alléchant ! Bien sûr, sur le coup on ne comprend pas comment un tel miracle est possible. A défaut de se trouver sous les sabots d’un cheval, l’or se trouverait-il sous les roues des bus-trams ? Non, car l’explication est donnée en suivant :

« Sa principale ressource est le Versement Transport : taxe acquittée uniquement par les entreprises privées et publiques de plus de 9 salariés. »

Ah, tout s’éclaire ! Une « ressource » ici c’est une taxe. Bien sûr, dès qu’on parle de taxe à un électeur potentiel on prend le risque de le chagriner, ce qui n’est jamais très bon. Heureusement, il est tout de suite précisé que ce sont uniquement les entreprises [situées sur le territoire desservi par le réseau de bus] qui payent cette taxe. Ouf, l’électeur retrouve le sourire, et l’élu respire ! Evidemment, cette taxe soit sera répercutée sur le prix des produits achetés par l’électeur, soit mettra en difficulté les entreprises en question, mais ne noyons pas l’électeur sous les détails, cela pourrait à nouveau le chagriner.

Mais au fait pourquoi *nouvelle* ressource ? Cette taxe existait déjà, non ?

« En 2013, grâce au projet du Bus-Tram, elle s’élève à 1,80 %. »

D’accord… elle a en fait été augmentée [de 0.9% à 1.8%]. Ce qui n’est pas dit sur la diapo (mais qui a dû être précisé en réunion) c’est que la condition pour porter la taxe à 1.8% (donc au maximum prévu par la loi) est la réalisation d’une ligne de transport en commun en site propre.

Jusque là tout se tient : pour améliorer son réseau de bus, une ville peut faire appel au Versement Transport. Pourquoi pas. Mais le meilleur est à venir :

« A sa mise en service, le Bus-Tram aura davantage rapporté que ce qu’il aura coûté. »

Fabuleux ! Il faut lancer non pas un mais dix projets de ce genre, alors ! « On » va devenir riche (n’embêtons pas l’électeur en se demandant qui est le « on » et qui va devenir pauvre, cela pourrait le chagriner) !

« C’est en décidant, fin 2009, de réaliser le Bus-Tram que les élus de la CDAPP se sont donné les moyens de financer le réseau IDELIS (+ IDEcycle et IDElib’). »

Naïvement j’avais cru que l’objectif était de réaliser une ligne en site propre, et que l’augmentation de la taxe était le moyen pour y parvenir. Je me rends compte à présent à quel point je raisonnais mal : le projet de ligne en site propre est le moyen utilisé pour pouvoir atteindre l’objectif de base, qui est d’augmenter la taxe. Je confondais les objectifs et les moyens, idiot que j’étais !

Le monde des technocrates et élus locaux est merveilleux : dans ce monde, les taxes (ou les subventions) sont vues un peu comme des ressources naturelles et renouvelables, qui ne manquent à personne si on les exploite.

(précision : je ne suis sur le fond, opposé ni à la ligne de bus en site propre, ni même au principe d’une taxe spécifique pour participer au financement des transports en commun. Mais la façon de raisonner exposée sur cette diapo me laisse rêveur… )

– par PierU

Bus tram PierU

(1) disponible sur le site de la mairie ici : http://www.pau.fr/487-bus-tram.htm (lien « Dossier de présentation » sur la gauche)