Le rat des villes et le rat des champs

« Autrefois le Rat de ville

Invita le Rat des champs,

D’une façon fort civile,

A des reliefs d’Ortolans. »*

« On ne peut pas balayer d’un revers de patte le mouvement des gilets jaunes et leur décerner le gilet jaune de la bêtise car au pays des rats tout le monde n’est pas logé à la même enseigne et il y a une véritable détresse qui s’exprime sous le gilet ». C’est le commentaire de l’édition matinale du « Monde des Rats » qui précise sentencieux : « Il est inutile d’ajouter de l’opprobre à l’amertume de nos congénères des champs malheureux, c’est ainsi que l’on allume des incendies dont on a vu par le passé qu’ils deviennent difficiles à éteindre ». 

Il y a bien le rat des villes et le rat de champs. Le premier est bien entendu plus malin, mieux adapté et a voté Macron, le second est largué, se sent méprisé et bien souvent il a voté Macron lui aussi mais il a le sentiment de s’être fait rouler. Le rat des villes, premier de cordée, roule en métro ou en voiture de fonction, bénéficie d’un bon salaire, habite un studio de 35  mètres carrés avec douche à l’italienne dans une tour de 20 étages en centre-ville et il est flatté de voir les stars de l’intelligentsia débarquer devant sa porte pour débattre « d’un autre monde » car, pour lui aussi « les idées mènent le monde » ; les siennes bien entendu.

Pendant ce temps, le rat des champs reste devant sa télé et regarde « Plus belle la vie » car il faut bien rêver… Pour le rat des champs, la télé c’est le loisir unique ; bien sûr il y a Arte mais justement il faut penser. Pour lui les idées ne mènent pas le monde et la priorité c’est l’évasion de ses soucis quotidiens. Il en convient, tout le monde a ses soucis mais ils ne sont pas forcément faits du même bois. « Et excusez-moi d’être impoli », dit-il au journaliste local qui l’interroge sur un barrage de gilets jaunes, « il y a des rats Béarnais pour lesquels les soucis principaux sont d’ordre matériel ».  

Le rat des champs habite la banlieue. Il s’est fait construire un petit pavillon qu’il paye à crédit. Il a eu de la chance que la banque lui accorde le prêt mais son cousin  de la ville l’a aidé en se portant caution. Ce pavillon c’était son désir le plus cher, sa fierté. Il se chauffe au fioul, c’était la norme du lotissement. Il s’est acheté une voiture au diesel il y a dix ans. Il y avait, alors, une forte incitation gouvernementale pour ce type de carburant. Il habite près de son usine, à l’ouest de Pau. Elle dégage de forts nuages toxiques qui provoquent des odeurs insupportables ; les bébés de ses portées sont régulièrement malades des bronches. C’est un souci, mais c’est son usine, elle lui donne le salaire qui lui permet de payer sa maison et son gazole. Il trouve donc un peu fort qu’on le traite de pollueur et qu’on exige de lui qu’il change de voiture. De toute façon il n’a pas les moyens. Et quand on lui parle de transition écologique, il sort prendre une bonne goulée d’air pollué, dans son jardin, histoire de passer ses nerfs.

Le rat des villes sait très bien que la transition écologique n’est qu’un élément de langage qui servira à contraindre son compère des champs à rouler électrique c’est-à-dire nucléaire –ça il ne faut pas le dire, c’est un tabou citadin. Car le rat des villes, il est malin, nous l’avons dit, est à la fois contre le nucléaire, contre les énergies fossiles et pour une croissance forte. De toute façon il a tout à portée de main et il roule en vélo. Sa priorité ce sont les pistes cyclables, où les pistes pour trottinettes, patins ou planche à roulettes. Il ne va jamais en banlieue et pour se déplacer dans le centre il prend la « Baladine » ; elle est gratuite. Il part en vacances en avion et il a fait une croix sur sa voiture. Le samedi il va à « l’Ostyer Bar » du marché pendant que le cousin se presse sous la tente des producteurs locaux.

Le rat des villes, Benjamin Griveaux –porte-parole du gouvernement- en est un prototype, ne veut plus « des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel » car « ça n’est pas la France du 21e siècle que nous voulons » ajoute-t-il. Il précise ainsi la pensée du rat des villes en chef quand, du Danemark, il traite ses compatriotes de « Gaulois réfractaires au changement » ou quand il assure « qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du travail ». Le rat des champs longtemps au chômage, qui a eu maille à partie avec l’ANPE et qui a passé beaucoup de nuits blanches, -car comment nourrir ses nombreux petits rats ?-, a suivi le conseil : il a traversé la rue et n’a rien trouvé. Il a seulement failli se faire écraser par une voiture électrique (elles roulent sans bruits).

Le rat des champs a une énorme considération pour son cousin des villes. Il est si beau, fin, élancé, hâlé, musclé. Il se balade avec les plus belles rates ; certains de ses amis ont des mœurs qu’il juge spéciales mais il est tolérant et ils pourront eux aussi fonder une vraie famille. On aura bientôt la PMA pour tous : ceux de la ville comme ceux des champs. « C’est un progrès » lui a dit son cousin. Oui, sans doute, mais il ne se sent pas très concerné pas plus que par la transition énergétique. Son problème c’est de mettre le carburant nécessaire pour aller à l’usine : celle qui pue mais qui paye. Un peu plus de sécurité pour lui et sa famille, c’est sa vision du progrès.

Mais voilà que le rat des villes et le rat des champs –celui qui a mis un gilet jaune- sont contraints de faire un bout de chemin ensemble. Ils font partie de la même espèce, celle des rats, et ils vivent dans ce qui est, pour le moment, une même ensemble, une patrie. Aller au stade ensemble et chanter d’une même voix la même chanson, la Marseillaise, avoir les mêmes drapeaux agités avec frénésie de concert, c’est cela avoir une patrie. Pour cela les cousins rats s’entendent parfaitement.

Si le rat des champs admire son cousin pour son intelligence et sa beauté, ce dernier aime son compère car il sent l’ail et le cambouis ce qui lui rappelle maman et le nid douillet de son enfance. Il est reçu à la campagne avec un beau morceau de fromage d’Ossau bien sec et parfumé ce qui le change de son menu vegan. De plus, la naïveté de sa parentèle est charmante… et il en convient bien volontiers -avec un poil de commisération tout de même- : « il y a du bon sens chez eux… »

Comment vont-ils s’y prendre pour marcher de concert, ces deux-là ? « That’s the question » dit le rat des villes songeur s’adressant à son gentil cousin. Ce denier ne comprenant rien à son sabir prétendument urbain, eut assez d’esprit, enfilant son gilet jaune, pour conclure ainsi :

« (Mais) rien ne vient m’interrompre :
Je mange tout à loisir.
Adieu donc ; fi du plaisir
Que la crainte peut corrompre »*.

 

Pierre Vidal

*Jean de La Fontaine : Le rat des villes et le rat des champs.

Le scandale du diesel

La colère des gilets jaunes a été abondamment analysée par les commentateurs professionnels et les politiques. On sait qu’elle a des racines lointaines provenant du sentiment d’être oublié, alors que les « rentiers qui font leur fortune en dormant » ont été favorisés et que très peu a été fait pour taxer les grands groupes internationaux comme les GAFA qui ne paient pas les taxes qu’ils devraient payer.

Ce sentiment d’abandon se double parfois de l’impression d’avoir été trompé. Les automobilistes ayant acheté une voiture diesel se font fiés aux conseils des experts préconisant une motorisation plus robuste, plus économe (donc a priori moins polluante).  De plus ils avaient la conviction de faire marcher l’économie du pays, la France s’étant fait une spécialité de cette motorisation. Il y a aujourd’hui un retournement en raison des particules fines ; mais pour ce qui est du dioxyde de carbone, il est douteux qu’une voiture consommant 4 ou 5 litres aux 100 kms pollue plus qu’un gros SUV ou qu’une grosse berline. Sans parler des camions. Pourtant, notre contrée est parcourue par des poids lourds se fournissant en gazole à un prix très bas et dont la qualité est vraisemblablement inférieure à celle que l’on trouve dans nos pompes. Aussi, si le but du gouvernement est de faire respecter l’environnement, il pourrait édicter une règle imposant que les poids lourds franchissant nos frontières ne renferment dans leurs réservoirs qu’une quantité limitée de carburant. Cela ne freinerait sans doute pas beaucoup les transports routiers à longue distance, mais cela aurait pour effet de répartir les prélèvements qui aujourd’hui ne portent que sur les automobilistes français. La pollution de ces transports internationaux, l’usure de nos chaussées, les ébranlements de nos ouvrages d’art ne sont pas pris en compte par ces transporteurs. L’idée peut paraître saugrenue, mais elle n’est pas plus bizarre que la limitation sur les paquets de tabac ou les litres d’alcool ; la dangerosité pour notre santé vaut pour les carburants comme pour l’alcool ou le tabac.

A ce propos, sait-on (si l’on n’assiste pas aux conférences des « idées mènent le monde ») que si la taxe carbone a effectivement bien augmenté lors de ces dernières années puisqu’elle atteint 44 euros la tonne en France en 2018, elle s’élève en Norvège à 130 euros la tonne. Ni la Norvège ni la Suisse, dont la taxe carbone est aussi fort élevée, ne sont des pays dont les habitants vivent mal, que je sache. Quant aux constructeurs automobiles qui ont trompé les acheteurs, ne serait-il pas sain qu’ils paient en France des pénalités comme ils ont dû le faire aux États-Unis ?

Si la voiture a une responsabilité importante dans la réduction des surfaces de terres agricoles et dans le développement urbain anarchique, il est d’autres facteurs du dérèglement climatique. Le kérosène brûlé par les avions, le fioul domestique consommé dans les logements mal isolés, le mazout des porte-conteneurs y contribuent aussi. Rénovons les logements insalubres ou mal isolés, n’enfilons nos gilets jaunes que pour enfourcher nos bicyclettes et nous faire un peu de bien par une activité physique. Encourageons mieux la recherche pour des solutions innovantes et des énergies alternatives. Le bon roi Henri voulait offrir aux Français une poule au pot hebdomadaire. Offrons-nous des pots catalytiques qui ne trichent pas, des batteries qui ne créent pas de dommages à l’environnement, des panneaux solaires qui préservent notre planète et un peu plus de solidarité qui réchauffe le cœur.

Paul Itaulog

Rencontre avec Olivier Razemon

Journaliste indépendant qui travaille pour le journal « Le Monde », Olivier Razemon est l’auteur d’un livre intitulé : « Comment la France a tué ses villes » (éditions rue de l’Échiquier). Le mercredi 26 septembre 2018, il faisait un exposé et partageait ses réflexions sur ce sujet bien présent à Pau : la mort du petit commerce dans les centres des villes.

De nombreuses villes sont concernées, qu’elles soient riches (comme Aix-Les-Bains) ou pas. Il s’agit d’une sorte d’épidémie qui s’aggrave. Les petites et moyennes villes sont les plus touchées. Le taux des logements vides devient de plus en plus important, à Pau, ce taux est de 25%. Dire que cela est fonction des revenus, n’est qu’en partie vrai. Il faut cependant reconnaître que les revenus médians de ces villes sont inférieurs à ceux des habitants des communes environnantes. Il y a énormément de services publics qui quittent les centres des villes. Il faut prendre en compte également l’étalement urbain. A Pau par exemple, on perd des habitants tandis que dans le reste du département on en gagne.

D’une manière générale les transports publics sont bien organisés et desservent correctement les villes. A ce propos on constate que sur le plan national le taux recettes sur dépenses de ces transports est en moyenne de 18%. A Pau il est de 17%. Petit calcul, pour le ramener à 100%, il faudrait fixer le prix du trajet à 6 euros pour celui qui recharge sa carte d’abonnement ou à 9 euros pour celui qui achète son ticket en montant dans le bus.

On construit des villes en dehors des villes ce qui se concrétise par l’existence de centres commerciaux de plus en plus grands. Les raisons de créer ces nouveaux centres sont nombreuses. Alors il faut bien savoir dans quelle ville on veut vivre aujourd’hui. Développer les commerces dans l’hypercentre suppose que l’on raccourcisse de moitié le temps de livraison et cela implique l’augmentation du nombre des entrepôts. Ces constatations se retrouvent dans d’autres pays mais de façon moins marquée qu’en France.

Le gouvernement a décidé de consacrer 5 milliards d’euros pour redynamiser et accroître l’attractivité des centres des villes dont celui de Pau. Mais au delà de ce financement, il existe d’autres moyens pour que les pas-de-porte ouvrent à nouveau. Cette recette porte un nom, fiscalité. Il s’agirait alors de taxer les vitrines vides, taxer les friches commerciales et enfin taxer les parkings de la périphérie. Comme cela paraît simple… Il suffit de faire davantage payer le contribuable, on n’en sort pas !

Par ailleurs l’impact réel des grandes surfaces sur l’emploi n’est pas démontré. On crée des emplois certes, mais on oublie souvent, en disant cela, de chiffrer les emplois détruits par la fermeture des petits commerces du centre de la ville. Enfin parmi les préconisations, il faut que les commerçants fassent un effort de communication, certains ne sont même pas sur internet. Un commerce doit être et demeurer un lieu où l’on se parle où l’on se rencontre. Pourquoi ne pas uniformiser le prix des parkings. ? Enfin il faut « magnifier» les transports publics.

Donc voilà pour la présentation d’Olivier Razemon. Vient ensuite la discussion à laquelle participe Jean-Paul Brin premier maire adjoint de la ville. Il se dit cent fois d’accord et précise que le développement d’une ville ne peut se considérer que d’une manière globale. Il existe des plans locaux d’urbanisme intercommunaux. L’hypercentre doit être classé en zone prioritaire.

Pour ce qui concerne les déplacements, l’élu considère que la gratuité des transports en commun est une utopie car cela a un coût. Et il reconnaît que les tarifs de ces transports à Pau ont été légèrement augmentés. Une légèreté qui pèse lourd dans la poche de l’usager (voir mon dernier article sur la gratuité des transports). Pour lui cette gratuité n’a pas démontré dans les villes qui l’ont adoptée, une plus grande fréquentation des centres des villes. Pourtant ce n’est pas ce qui ressort des évaluations faites à Niort par exemple. Il admet cependant que les transports en commun ne sont pas le réflexe basique des habitants de Pau. Il affirme que toutes les études convergent pour démontrer que le BHNS créera une envie d’utiliser cette forme de transport. On verra…

Il réagit également à cette remarque faite sur l’uniformisation des tarifs des parkings. Ces tarifs sont dégressifs et fragmentés selon qu’il s’agit de parkings en surface ou souterrains.

Enfin, il reconnaît que le centre de la ville de Pau comporte 800 logements vacants. A une observation d’une représentante des commerçants de Pau disant que les pas-de-porte vacants n’ont pas diminué en nombre, il balaie l’argument d’un revers de manche en disant que ces chiffres ne sont pas fiables. Sa façon à lui de concevoir le dialogue.

Pau, le 3 octobre 2018

par Joël Braud

L’Europe au quotidien

Nous sommes, concernant la construction européenne, passés de l’euphorie au scepticisme. On a vu aux dernières élections italiennes, pays pourtant fondateur du pacte qui nous lie, une formidable montée des partis eurosceptiques. Le départ de la Grande Bretagne bientôt consommé et le sentiment nationaliste exacerbé des pays de l’Europe Centrale sont des symptômes supplémentaires de cette défiance. Le retournement de ces derniers : Pologne, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, longtemps sous le joug communiste et instamment demandeurs de rejoindre le pack européen, est stupéfiant. Leur voisin russe est pourtant candidat au rôle de parrain. Ils y ont goûté et s’il passe à l’acte ce sera une autre chanson. On a vu par le passé que la tyrannie communiste n’était que la suite logique de la politique expansionniste de l’autocratisme russe qui lentement tissait sa toile sur l’Europe Centrale. Que retiennent les peuples des leçons du passé ?

La technostructure européenne est pour beaucoup responsable de ce gâchis. L’ère Barroso puis celle de Juncker s’inscrivent dans la continuité d’une doctrine étroite qui a pour objectif d’imposer partout un libéralisme débridé, effarant pour les populations. Ce n’est pas étonnant de Junker qui vient du Luxembourg longtemps un État prédateur sur le plan financier. Sa nomination fut un symbole en fait… La dérégulation, l’orthodoxie budgétaire, la finaciarisation sont devenues non pas des moyens mais des objectifs en soi. C’est ainsi que, sous l’influence indirecte de la très conservatrice CSU, la Grèce a été mise à genoux et ses habitants ont été contraints, sans discussion, à une cure d’austérité drastique qui s’est traduite par un appauvrissement généralisé. C’est donc ça le but ?

Comme on le sait il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La construction européenne a su résister aux crises politiques majeures et elle a assuré une ère de paix unique dans l’histoire qui s’est accompagnée d’un progrès économique et social en réalité considérable. Prenons, par exemple, la crise Catalane, plus sérieuse qu’il n’y paraît car elle ouvrait une boîte de Pandore dangereuse : aucun dirigeant européen n’est tombé dans le panneau des indépendantistes, montrant ainsi que l’on ne pouvait pas revenir sur l’idée de nation. Nous sommes ainsi désormais très éloignés de la thèse de l’Europe de Régions qui a fait florès il y a quelques années. L’Europe se pose désormais comme une superstructure, un ensemble original dans une construction difficile qui s’inscrit dans une continuité historique.

Comme « Paris ne s’est pas fait en un jour » il ne faut ni désespérer ni renoncer à faire mieux. C’est ce qu’on attend du volontarisme du Président rejoint une nouvelle fois par la chancelière. Mais il s’agit de discours abstraits et sur le terrain on ne voit que les effets contraignants d’une administration lointaine et toute puissante. Il y a des succès pourtant : le programme Erasmus, voilà une réussite concrète qui crée une vraie solidarité de la jeunesse européenne. Mais que sont devenus les projets liés à ce qu’on a appelé la coopération transfrontalière ? N’y a-t-il pas à faire avec nos vis-à-vis Aragonais ou Basques ? Sur les plan des infrastructures à l’évidence… Combien de temps allons-nous souffrir de l’absence de transports collectifs entre Pau et Saragosse ? Combien de temps attendrons-nous un lien ferroviaire nous reliant à l’Espagne ?  Subirons-nous longtemps ce « camino » qui nous mène au tunnel du Somport ? Une route correcte qui conduise à cette infrastructure sous-utilisée et coûteuse -le tunnel- cela devrait être la priorité des priorités  des élus béarnais… De l’autre côté on est déçu du peu de considération des Français… Les montagnes sont donc infranchissables au XXI ème siècle..? N’y a-t-il pas, par ailleurs, des projets environnementaux, culturels, touristiques à entreprendre avec nos voisins ?

Où sont nos bons apôtres qui, la main sur le cœur, prétendent défendre la construction européenne ? C’est au pied du mur qu’on voit le maçon !

Pierre Vidal

Lettre ouverte aux élu(e)s de la nouvelle Aquitaine et du Béarn

Madame, Monsieur,

Notre Association souhaite, en ce début d’année, faire un point et alerter tous les élus concernés sur l’état du Béarn et parfois, plus généralement, du bassin de l’Adour et du piémont pyrénéen, dans 5 domaines : le fer, la route, l’air, le tourisme et le numérique.

A titre d’information, nous vous adressons ci-dessous, une première lettre consacrée à l’état des liaisons ferroviaires et à un, ou des, futur(s) possible(s) dans ce domaine.

Elle analyse successivement la situation au Nord puis au Sud, enfin dans l’entre deux.

Vous remerciant de votre collaboration dans le cadre de ce sujet.

Cordialement.

Pierre SAUBOT

Président de BAP

Lettre ouverte aux Elu(e)s de la Nouvelle Aquitaine et du Béarn.
M. le Président de la Région Nouvelle Aquitaine
Mesdames et Messieurs les Conseillers Régionaux
M. le Président du Conseil Départemental des Pyrénées Atlantiques
Mesdames et messieurs les Conseillers Départementaux
Messieurs les Présidents des Communautés de Communes et d’Agglomération du Béarn
Mesdames et Messieurs les Maires des Communes du Béarn

Notre Association souhaite, en ce début d’année, faire un point et alerter toutes et tous les élu(e)s concerné(e)s sur l’état du Béarn et parfois, plus généralement, du bassin de l’Adour et du piémont pyrénéen, dans 5 domaines : le fer, la route, l’air, le tourisme et le numérique.
Cette première lettre est consacrée à l’état des liaisons ferroviaires et à un, ou des, futur(s) possible(s) dans ce domaine. Elle analyse successivement la situation au Nord puis au Sud, enfin dans l’entre deux.
1) au Nord
Depuis le 1er juillet 2017, Bordeaux est à 2h02’ de Paris : soit pour une distance de 630km, une vitesse de 310km/h.
Dans le même temps Pau est à 2h17’ de Bordeaux : soit pour une distance de 235km, une vitesse de 103km/h.
L’arithmétique suggère qu’en termes de vitesse un(e) Bordelais(e) vaudrait 3 Palois(es).
Et que signifie l’égalité des Territoires, chère à nos principes républicains ?
D’autant que les GPSO qui prévoyaient la réalisation de lignes à grande vitesse (LGV) à partir de Bordeaux vers Toulouse d’un côté, vers Mont-de-Marsan, Dax et Hendaye de l’autre, sont suspendus voire arrêtés.
Pourtant la mise en service de la LGV entre Tours et Bordeaux a eu une influence positive sur le trafic voyageur en gare de Pau et sans doute dans d’autres gares telles Bayonne, Tarbes et Lourdes. Alors que le nombre de voyageurs en gare de Pau diminuait régulièrement, passant de 1 million en 2011 à 740 000 en 2016, soit une baisse de 26%, en 5 ans, on observe une remontée du trafic (+ 85 000 passagers dans les 3 mois suivant cette mise en service).
Malgré cela, rien à espérer à moyen terme au Nord. Reste sans doute l’espoir du long terme dont on sait ce qu’en pensait John Maynard Keynes.
2) au Sud
Des réalisations, avec la réouverture, le 1er juillet, 2016, de la liaison ferroviaire entre Oloron et Bedous (25km). Et des projets avec la signature, le 1er décembre 2017, d’une convention pour un programme d’études relatif à la réouverture de la liaison entre Bedous et Saragosse par Canfranc dans le cadre du MIE (Mécanisme pour l’Interconnexion en Europe).
Des sommes non négligeables sont engagées pour des études (7,355M€ côté français pour le tronçon Bedous – Canfranc, long de 33km) ou pour des mises aux normes européennes d’écartement des voies (72M€ côté espagnol pour une partie du tronçon Huesca – Canfranc).
Tout cela avec une perspective de réouverture complète de la liaison Pau – Saragosse, soit 306 km, en 2027 au plus tôt et une dépense estimée a minima entre 250M et 300M€ pour la seule remise en service du tronçon français long de 33km.
3) et entre les deux ?
Le constat est clair : entre les deux, rien, aucun projet à court ou même à moyen terme.
C’est pourtant dans cet entre-deux que se trouve une très importante demande : celle des voyageurs des Landes, du pays Basque, du Béarn et de la Bigorre, qui se chiffrent par millions chaque année.
Où est la logique ? Où est la cohérence de ces choix publics?
4) les demandes et propositions de BAP
Notre Association demande la réactivation des GPSO, en particulier concernant le tracé Bordeaux/ Captieux/Mont-de-Marsan/Dax. Et elle demande une programmation de ces travaux sur une période de 10 ans.
Dans cette perspective elle propose que soit étudiée la possibilité d’une liaison plus courte que celle passant par Dax et Puyoô pour relier les gares de Pau, Lourdes et Tarbes.
Cette proposition consiste à utiliser au mieux l’emprise de lignes existantes mais non exploitées entre Mont-de-Marsan et Saint-Sever (21km) et entre Saint-Sever et Hagetmau (15km) puis à prolonger par une ligne à créer entre Hagetmau et Orthez (30km environ) pour rejoindre le réseau existant.
Une telle solution, en raccourcissant la distance entre Bordeaux et Pau, actuellement de 235km par la voie ferrée, et en mettant à profit la LGV entre Bordeaux et Mont-de-Marsan, pourrait faire gagner 1h00 sur les trajets depuis et vers Bordeaux et mettre Pau à 3h15’ ou 3h20’ de Paris.
On objectera sans doute que la Loi portant réforme ferroviaire du 4 août 2014, interdit à la SNCF de créer de nouvelles lignes tant que la dette de SNCF Réseau ne se réduit pas. Une perspective lointaine en l’état actuel des choses ! Et une interdiction surprenante infligée à un Etablissement Public Industriel et Commercial dont la vocation est d’investir à long terme d’autant que les taux d’intérêt extrêmement bas actuellement sont précisément très favorables à ce type d’investissement.
A cela nous répondons qu’il s’agit d’un choix politique, que l’Allemagne a fait le choix inverse d’alléger la dette de son entité portant les infrastructures ferroviaires, et que tout choix politique peut être remis en cause.
Nous appelons toutes et tous nos élu(e)s à se mobiliser au nom de l’égalité des Territoires et de la défense de l’intérêt public et à intervenir, ensemble et unis, auprès du Comité d’Orientation des Infrastructures, pour que soit :
– activée et programmée la réalisation du GPSO sur le tracé Bordeaux/Captieux/Mont-de-Marsan/Dax,
– étudiée la faisabilité d’une liaison plus courte vers le Béarn et la Bigorre utilisant les emprises existantes entre Mont-de-Marsan et Hagetmau puis prolongée jusqu’à Orthez pour se raccorder au réseau actuel.
Il y a urgence !

Pierre SAUBOT, Président.

Association BEARN ADOUR PYRENEES – CCI Pau Béarn – 21 rue Louis Barthou – BP 128 – 64001 PAU Cedex
Tel : 05 59 82 56 40 – Email : bap@pau.cci.fr – Site : http://www.bap-europe.com Facebook : http://www.facebook.com/bap.europe

BHNS, inquiétudes

Selon les informations diffusées par la ville de Pau (voir le site rubrique BHSN : la métamorphose commence ! *) les travaux devaient démarrer le 20 mars. Il y a quelques jours de retard, mais cela est habituel. Ce qui l’est moins cependant c’est la destruction des arbres de ce qu’il est convenu d’appeler la coulée verte. Combien d’arbres vont être abattus ? Quelle surface va ainsi être détruite ? Tous les arbres vont-ils être remplacés ?

Rappelons que l’axe de circulation de ce BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) ira de l’hôpital à la gare SNCF. Il empruntera le boulevard de la Paix et circulera allées Condorcet, avenue Dufau dans le sens nord-sud et cours Lyautey et avenue Louis Sallenave dans le sens inverse. On sent bien à la lecture du site de la ville ainsi que des affiches placées sur la voie publique (voir image) que les élus ont le souci de communiquer sur ce sujet sensible. Le nouveau visage de cet axe d’entrée vers le centre et dont les Palois sont si fiers va être modifié. Quel visage va-t-il prendre ? Il y aura vraisemblablement une diminution de l’espace de verdure.

L’animation proposée par la ville, à ce sujet, ne permet pas d’avoir une idée très précise. Il y aura, selon ce qui nous est dit, deux fois plus d’arbres plantés et cinq hectares d’espaces verts supplémentaires. Bon, admettons ! mais cela ne nous empêche pas d’être quelque peu inquiets. Il est difficile de comprendre qu’en augmentant la surface consacrée à la circulation, on puisse parvenir à augmenter celle réservée à la verdure. Il y a là comme une incohérence et il sera difficile de nous faire admettre ce qu’une logique nous impose.

Il faut souhaiter que ce nouveau mode de transport sera non seulement utile, mais très utile car la destruction d’une partie exceptionnelle de la ville de Pau est douloureuse pour les Palois. Vous en connaissez beaucoup, vous, des villes qui peuvent se targuer de posséder une entrée ainsi arborée ? L’actuelle équipe en place, il faut le reconnaître, n’est pas à l’origine de cet investissement, elle ne fait que réaliser ce qui a été programmé par ses prédécesseurs. On verra bien si ce nouveau moyen de transport permettra de réanimer un centre ville agonisant. Rien ne le laisse réellement présager : les parkings relais seront payants et récemment les tarifs Idelis ont augmenté.

L’information sur le sujet est en effet essentielle, la ville s’y emploie, et elle s’y emploie avec tant d’insistance que le doute s’installe. Il faut vendre !

Pau, le 29 mars 2017
Joël Braud

* BHNS : la métamorphose commence !
Dans le cadre du projet de Bus à Haut niveau de Service qui va permettre une métamorphose de la ville avec des voies rénovées qui feront place aux vélos et aux piétons, des interventions vont avoir lieu sur le patrimoine arboré.
Afin de réaliser les aménagements des carrefours existants, le Syndicat Mixte des Transports Urbains fait procéder à l’abattage d’arbres à partir du 20 mars et jusqu’à la fin du mois d’avril 2017.
Certains arbres seront récupérés (4 palmiers de Chine, 4 dattiers des Canaries, 1 arbre à Laque, 4 magnolias, 4 trachycarpus) et seront transplantés par le Service Espaces Verts de la Ville de Pau au domaine de Sers, dans le cadre du projet d’embellissement du site.
Pour les autres arbres concernés, le bois récupéré sera évacué en déchetterie de compostage et servira à alimenter la chaufferie du Hameau. Il est important de souligner que l’aménagement du Bus à Haut Niveau de Service laisse une large part à la mise en place de nouveaux espaces verts : avec deux fois plus d’arbres plantés  et 5 hectares d’espaces verts  supplémentaires à l’issue du chantier.
Cet aménagement paysager verra le jour à partir de l’automne 2017, avec la plantation de 382 arbres à tiges et 172 arbres cépées et une grande diversité d’essences.
Ce parcours arboré proposera un espace particulièrement riche et varié :
Suite ici une liste de 39 variétés d’arbres.
Ce parcours arboré sera aussi composé de 5432 m2 de massifs arbustifs, 12747 m2  de massifs de tapissantes et 285 m2  massifs de graminées créés en domaine public.

Les plantations prévues feront l’objet de toutes les attentions pour assurer un développement optimal en milieu urbain. Cette opération s’inscrit dans le long terme dans le cadre du plan de gestion du patrimoine arboré.

Ce planning pourra évoluer en fonction de l’avancement des chantiers et des conditions météorologiques.

Pau : auto satisfecit

imgresLa loi du genre, incontournable, veut que lorsqu’un élu dresse un bilan de son action, il s’attache tout particulièrement à le décrire comme positif, voire exceptionnel. François Bayrou n’a pas fait différemment en adressant à tous les habitants de Pau un document de 80 pages intitulé « Deux années qui ont changé Pau ». Mais tout serait-il donc aussi idyllique qu’il l’affirme ?

Le regard du contribuable palois de base, position douloureuse dans laquelle je me trouve, découvre quelques failles dans ce brillant exposé. Oh ne me faites pas dire que rien n’est positif, non ! Pau a des projets qu’il faudra réaliser et surtout financer. Nos impôts sont chers, très chers et ces dépenses futures donnent le vertige. Alors deux points, oubliés sans doute de façon involontaire, me conduisent à un regard critique qui se veut surtout objectif.

Le premier concerne les impôts locaux. Dans l’interview de la première page, François Bayrou répond à la question d’un anonyme : « Et vous avez les moyens de faire cela sans augmenter les impôts ? Oui en gérant au plus près, comme un ménage qui veut une situation saine. Et même nous baissons le taux des impôts locaux de la ville, d’un peu plus chaque année ».On constate déjà que le discours a quelque peu été modifié, il est loin le temps où il nous était promis une baisse des impôts locaux. Ce n’était que promesses électorales dont évidemment il ne faut pas tenir compte. A ce propos, espérons que notre maire n’aura pas manqué de remercier, aussi chaleureusement qu’il le pourra, l’opposition. En effet le journal « La République des Pyrénées » du samedi 2 juillet (page 8) rapporte les propos des élus socialistes qu’il convient de citer : «  S’ils évoquent « une baisse des impôts extrêmement minime … » Baisse des impôts, dites-moi où ?

La réalité est autre et un regard sur mes feuilles d’impôts locaux me permet de constater que
la taxe d’habitation a augmenté en 2014 de 0,17% et en 2015 de 1,15%. Vu comme ça ce n’est pas beaucoup, sauf que mes revenus nets de retraité de la fonction publique ont, dans le même temps, baissé ( – 0,28%) et que l’inflation de 2015 a été égale à zéro (2014 inflation = 0,5%). Ce qui signifie d’une manière indubitable que diminuer le taux des impôts locaux ne signifie pas une baisse de ceux-ci et ne signifie pas non plus qu’ils ne progressent pas plus vite que l’inflation. Alors on pourra toujours nous dire sur l’air d’un refrain connu : C’est pas moi c’est l’autre (le député) qui a augmenté le taux de la valeur locative, la dure réalité vécu par le contribuable de base est là. De son côté la taxe foncière, qui augmente également, reste d’une progression égale à l’inflation pour ces deux dernières années.

Le second point concerne le prix des transports. Là aussi une progression sans commune mesure avec l’évolution du coût de la vie. Le projet de BHNS (Bus à haut niveau de service) se fait déjà sentir dans le porte-monnaie de l’usager. Ainsi depuis ce premier juillet 2016 :
Un ticket acheté dans le bus à 1,20€ passe à 1,50€ soit + 25%
Un ticket rechargeable à 1,00€ passe à 1,30€ soit + 30%
Un ticket en boutique qui était à 0,84€ passe à 1,00€ soit + 19%
Une carte annuelle abonnement senior qui était à 55€ passe à 111€ soit + 102%

Mais ces chiffres ne peuvent être pris en compte dans ce louangeur document d’autosatisfaction puisqu’ils dépendent du Syndicat mixte des transports urbains de l’agglomération. Cette structure n’est pas placée sous l’autorité de la ville, mais de l’agglo, comme son nom l’indique.

Des projets, des idées, qu’il faudra bien faire payer aux contribuables et aux usagers. Tous n’est pas aussi idyllique qu’on veut bien nous le dire. Il est évident que la vie quotidienne des Palois est davantage impactée (pour utiliser un mot à la mode) par les transports et le pouvoir d’achat que par l’agrandissement d’un stade de rugby.

Pau, le 4 juillet 2016
par Joël Braud

Le coût de la vie, le coût de la mort

imgresCe n’est pas seulement au début du mois de novembre que celles et ceux qui sont bien dans la vie pensent à la mort. Mais le font-ils du point de vue économique ? Probablement pas.

Pourtant cet aspect pourrait figurer dans leur réflexion. Seulement les questions de croissance, d’inflation, de Q.E. (quantitative easing), de P.I.B. (produit intérieur brut) paraissent souvent bien abstraites. Ce que le citoyen moyen ressent, c’est la stagnation des retraites et des salaires (cinq ans pour la fonction publique…), la hausse du prix de la viande ou la baisse du prix du carburant. Alors que le Q.E. Représente une somme colossale, de l’ordre de mille milliards d’euros déversés par la Banque centrale européenne pour soutenir l’économie européenne. Avec pour effet une baisse de l’euro favorable aux exportations, mais jouant aussi à la hausse sur les importations.

Plusieurs économistes, dont notre fleuron local Jacques Le Cacheux, soulignent les faiblesses du mode de calcul du P.I.B. qui ne représente que partiellement la richesse d’un pays et son bien-être. Par exemple, une amélioration de l’offre de transport en commun, comme c’est le cas en région parisienne où la validité de la carte Navigo a été étendue de la petite couronne à la grande couronne peut se traduire par une baisse du P.I.B. puisque la consommation de carburant devrait avoir baissé à la faveur de cette offre plus accessible.

Mais l’attention du public est attirée par d’autres faits comme des faits divers ou les manifestations de telle ou telle catégorie sociale. Certains accidents impliquant des autocars ou des poids lourds devraient évidemment souligner la dangerosité d’une politique centrée sur la route et le profit. S’interroge-t-on sur la question des temps de repos des chauffeurs, pourtant cruciale en matière de sécurité ? Pour ce qui est du conflit chez Air France, met-on en avant le point de vue du voyageur ? Pourtant, pour qui a goûté à la qualité du service offert par Transavia, une filiale bas-coût d’Air France, et à l’accessibilité des vols à destination de bien de villes européennes ou non (souvent à partir de 40 à 50 euros), la dispute entre la direction et les pilotes paraît une sale histoire de provocation et de manque de dialogue. Du genre « T’vas voir ta gueule à la récrée ». Pas très bon pour l’image de marque de la France, pas plus que la cherté de la petite bouteille d’eau à l’aéroport de Paris (70 à 80% plus chère que son prix en vol chez Transavia, soit 2,50 euros, un comble !). Idem sur les autoroutes. Tout (ou presque tout) concours à faire apparaître comme chère, sophistiquée et peu fiable la production française. Jusqu’aux restaurants français, notamment à l’étranger, mais aussi ici, en raison d’une course au raffinement.

S’il est bien un domaine pour lequel la ponction sur les ressources des Français est peu productive, c’est bien la question de la mort. Je ne vise pas seulement les frais d’obsèques, dont on nous dit qu’ils devraient baisser grâce à internet. Comme si toutes les familles pensaient à faire jouer la concurrence en de tels moments ! Je pense aux contrats de prévoyance pour les obsèques qui attirent des personnes âgées soucieuses de ne pas créer une gêne financière au moment de leur disparition. L’allongement de la durée de vie conduit bien souvent au versement de sommes trop élevées qui ne font qu’enrichir sans frein des compagnies.

On peut aussi penser à certaine professions comme celle des notaires. Leur rôle social n’est pas en cause : il est clair qu’il y a un besoin de médiation et de conseil pour les familles. Mais lorsqu’un notaire perçoit des droits pour une succession pour un bien qui est encore couvert par un emprunt, alors que l’Etat s’abstient de percevoir des droits sur la dette restante, on est en droit de se demander si ce n’est pas abusif. Et la lettre de menace de mort envoyée par un notaire au moment d’un conflit avec le gouvernement n’a rien fait pour rehausser le prestige de la profession. Oui, Messieurs les notaires (la féminisation de la profession ne semble pas avoir beaucoup progressé), vous faites quelques efforts pour gagner la confiance du public. Vous en avez bien besoin.

Et l’on pourrait en dire autant de bien des secteurs de notre économie.

Paul Itaulog

On dresse une partie de la France contre une autre.

?????????????????Dernièrement, à propos de la protection de l’ours, l’un d’entre nous écrivait :
«C’est aux habitants des vallées concernées d’en décider et à ceux que ces sujets intéressent de les convaincre de la justesse de leurs idées, sans prétendre à décider à leur place au nom de je ne sais quel intérêt supérieur qui ne relèvera plus de Bruxelles.»
Cette remarque soulève en fait un problème bien plus général, celui de la dépendance reconnue comme légitime, des populations locales, aux décisions d’une autorité soutenue par nos élus, locaux et nationaux, sous la pression antidémocratique de lobbys de toute sorte : BTP, industriels, économiques, agricoles, financiers…

Cette rupture est décrite par Christophe Giulluy, géographe, dans «Les fractures françaises».
L’actualité de plus en plus chaude montre que des populations, non consultées, commencent à réagir, chacune suivant ses moyens et son degré de révolte, à cette pression antidémocratique dont l’objectif est :

Toujours plus pour les uns et toujours moins pour les autres.

Les exemples ne manquent pas, citons deux domaines couverts par les événements récents.

>La construction de nouvelles autoroutes, de LGV contribuent fortement à la dégradation économique, sociale et environnementale des villes petites et moyennes, des zones rurales, qui abritent 60% de la population (la France périphérique. Christophe Guilluy chez Flammarion).

C’est dans ces zones que sont construites les grandes infrastructures qui accaparent, polluent, détruisent, des surfaces agricoles, exproprient les habitants sans qu’ils y trouvent une compensation raisonnable.

On ne fait que passer et libérer nanoparticules et GES !

La valeur du patrimoine foncier et immobilier des riverains s’effondre, plus rien n’est vendable ! Mieux que cela, on leur demande de contribuer au financement !
Qu’importent la destruction des milliers d’ha de nature, la propriété des riverains, la consommation effrénée du pétrole, les émissions locales de GES…., il faut toujours transporter plus, aller plus vite, plus loin et permettre à ceux qui ont les moyens financiers de franchir le plus vite possible ces territoires «sans intérêts».

On ne voyage plus, on transporte !

Le bilan socio-économique ignore d’ailleurs le «temps perdu» en correspondances ou pour rejoindre les nouvelles gares ! Ce raisonnement reste aussi valable pour le développement des aéroports.

>La construction ou l’extension des aéroports est d’ailleurs à l’ordre du jour.

Les nuisances aériennes sont multiples :

• Au niveau des corridors empruntés par les lignes aériennes, surtout à l’approche des zones aéroportuaires.
• A proximité immédiates de ces zones, c’est l’enfer: bruit intense répétitif, pollution (les polluants concernés sont notamment les différents oxydes d’azote Nox, le dioxyde de soufre (SO2), l’ozone (O3) qui est un polluant résiduel, et les particules solides «PM10» (10 microns) résultant de la combustion du kérosène). La densité de la circulation automobile en rajoute !

Pour transporter des touristes privilégiés vers les îles paradisiaques, des hommes d’affaires, des denrées périssables entre le N et le S, l’E et l’W, au détriment des producteurs locaux (ex : ail ou mouton d’Australie !), on n’hésite pas à condamner, sans demander leur avis, des générations de jeunes des écoles environnantes aux désordres physiologiques, psychiques ou à la surdité ! Le relogement des populations dans un rayon supérieur à au moins 20kms n’est guère possible du fait du manque d’espace, de logement, du prix d’acquisition, du lieu de travail des familles….

Le modernisme concrétisé par l’essor de la recherche donc de la connaissance, le développement des technologies, anciennes et nouvelles, de la mondialisation des échanges, des personnes et des biens, est inexorable.

C’est la possibilité d’un immense plus pour l’ensemble de l’humanité.

Ce sera le cas à condition de développer une adaptation équilibrée et que ces richesses nouvelles soient partagées équitablement. Le drame actuel n’est pas celui de l’évolution technologique, réelle et virtuelle, qui se produit sous nos yeux, c’est au contraire un ensemble d’acquis prodigieux pour plus d’humanisme ; c’est le manque de régulation, de concertation, l’extension de fractures géographiques, sociales, des fossés qui s’agrandissent entre des clans, des cultures, des religions, des corporations…par manque d’explication et surtout de volonté de faire la somme des plus donc de trouver la solution permettant de prendre en «considération» le côté positif forcément «inclus» dans les raisonnements de chacun :

ces derniers ne sont alors plus antagonistes mais complémentaires.

Le TOUT, c’est-à-dire la France, ne sera jamais plus que la somme de ses parties si 60% de sa population, les sans travail,… ne sont pas respectés et sont exclus de la participation à son fonctionnement et à son destin.

– par Georges Vallet

Crédit photos : archives-lepost.huffin.

Après la marée noire et la marée verte, la marée rouge!

GV articleDes agriculteurs de la FNSEA, des transporteurs routiers et des casseurs s’attaquent avec violence au gouvernement; ils exigent l’abrogation de l’écotaxe.

Cette taxe s’applique, en vertu du principe pollueur-payeur, aux actions générant des dommages environnementaux. Censée rapporter un milliard d’euros par an, elle vise à inciter les entreprises à choisir des modes de transport alternatif des marchandises moins polluants. Votée en juin 2011 au niveau de l’Europe, elle est déjà appliquée dans six pays de l’Union. Le principe est de faire payer le coût réel de l’utilisation des routes, quand on sait que les camions les dégradent 20 à 100 fois plus que les voitures.

Si une décision prioritaire était à prendre, c’était bien celle-là !

Elle devait participer à la mise en place d’infrastructures comme le fret ferroviaire, maritime et fluvial. Maintenant qui paiera ce manque à gagner ? Notre région a donc un argument de choix pour suspendre, elle aussi, sa participation financière à la LGV, en attendant des jours meilleurs !

En ce qui concerne les poids lourds, de plus en plus gros et nombreux, allant, de plus en plus souvent, de plus en plus loin, la pollution n’a plus besoin d’être démontrée ; à côté des particules, des oxydes d’azote, du CO2, etc., les nanoparticules émises par le frottement et l’échauffement des pneus, très inférieures à 200 nanomètres, sont redoutables pour l’organisme car elles pénètrent à l’intérieur des cellules, d’abord pulmonaires. Les patrons des routiers considèrent sans doute que les conséquences sanitaires sur leur personnel ne sont pas encore assez graves ! Or :

Les conducteurs de poids lourds sont les plus atteints du cancer des poumons !

Quant aux casseurs, ils ne connaissent qu’une langue pour s’exprimer ; les CRS ont appris cette langue pendant leur formation ; ce sont donc les plus pertinents pour assurer les échanges ! L’origine de ces casseurs n’est peut-être pas très éloignée des extrémismes de droite comme de gauche, à l’affût de déstabiliser le gouvernement !

Arrivons en aux agriculteurs. C’est tout le système agricole et agroalimentaire qui est à remettre en cause. Le modèle actuel de compétitivité est suicidaire : ne penser qu’à court-terme, avec du bas de gamme, «aller faire tuer 700 000 porcs en Allemagne chaque année, à cause du dumping social, et acheter des protéines végétales transgéniques venues du Brésil, rien que cela doit ouvrir les yeux de nos concitoyens» (Libération).

Le problème de fond est multiple :

  • La consommation de viande en général, celle du porc et la charcuterie en particulier, riche en graisse, est la source de nombreux troubles dans une population peu active physiquement : athéromes, maladies cardiovasculaires, cancer… Beaucoup de gens y sont sensibilisés. La viande est chère, le pouvoir d’achat baissant, la consommation aussi.
  • La viande issue des élevages industriels est insipide, elle réduit bizarrement à la cuisson ! Les cochons sont dopés aux antibiotiques pour tenir dans ces élevages. 56% des antibiotiques vétérinaires y sont utilisés ! Beaucoup de gens préfèrent consommer moins souvent, car plus chers, c’est normal, des produits locaux de source bien identifiée par la qualité «humainement soutenable» de ces élevages, et la valeur gustative des produits commercialisés. De plus, ces productions locales de qualité sont génératrices d’emplois directs.

Ceci explique la désaffection pour le porc breton, jadis si réputé, donc la chute de la consommation. Il est normal que des abattoirs ferment. La faute vient des gestionnaires productivistes axés uniquement sur un profit immédiat et sur les gouvernements successifs qui ont toléré cette politique.

La véritable compétitivité ce n’est pas de soutenir ce type d’élevage quantitatif bas de gamme ; c’est un recyclage, pour ne pas faire comme les autres. Il faut renforcer notre pôle d’excellence reconnu dans le monde, notre gastronomie de terroir labellisé basée sur des produits haut de gamme. Les agriculteurs bretons devraient le comprendre !

La FNSEA estime n’avoir que des droits et pas de devoirs ; ses membres considèrent comme normal de polluer la Bretagne depuis des années.

Au début des années 1970, apparaît un problème, toujours non réglé : Les marées vertes. Chaque année, sont ramassées en Bretagne, 70000 tonnes d’algues vertes, ce qui est loin de la quantité présente sur le littoral ! Cette pollution n’épargne aucun département breton et s’étend même sur des départements péri-bretons, comme la Loire-atlantique. La toxicité est avérée. Les causes ?

  • Les rejets d’origine agricole. En effet, l’agriculture intensive pratiquée par la FNSEA, très présente en Bretagne, première région agricole de France, représente approximativement 2.8% du P.I.B. français, et environ 6% de son propre P.I.B. ; elle est très polluante (pesticides, herbicides). Les exploitations en rejettent par le biais des fossés, dans les cours d’eau et rivières comme l’Isole ou la Laïta dans le Morbihan et le Finistère ; elles sont tellement polluées qu’elles sont désormais interdites de pêche.
  • Le lisier (ou fumier), c’est-à-dire les déjections et les rejets organiques, produits par les bêtes (porcs, bovins, volailles,…). La Bretagne est la première région émettrice d’ammoniac. Après être rejetés dans les cours d’eau, ces polluants se dispersent dans les fleuves avant d’arriver sur les côtes. Ce lisier contient beaucoup de nitrates, résultat de l’oxydation de l’azote sous l’action de micro-organismes, et de phosphates; déversés dans l’océan, ils deviennennt une source de nutriments exceptionnels pour les algues marines.

Entre lisier et marée verte, la Bretagne subit les inconséquences de ses éleveurs et agriculteurs; maintenant elle demande un traitement privilégié de l’Etat !!!

L’eau devient imbuvable du fait d’une teneur en nitrates supérieure à la limite maximum autorisée. La Commission Européenne a engagé une action en justice contre la France pour non respect des normes de qualité de l’eau potable dans trois départements bretons. La France a été condamnée en 2008 par la Cour de justice Européenne pour la non application des règles européennes en matière de lutte contre la pollution de l’eau aux nitrates : la Vendée, les Deux-Sèvres, la Charente-Maritime, et la Bretagne sont concernées. 
Concernant la Bretagne, la France avait déjà été condamnée en juin 2007 à une amende de plus de 28 millions d’euros, avec une astreinte de près de 118 000 euros par jour !

Face à la marée des nitrates qui a contaminé, sources, fontaines, rivières et nappes, les collectivités ont préféré fuir le champ de bataille et faire supporter aux usagers consommateurs et aux contribuables les coûts externes de cette pollution.

Cette fuite en avant explique en partie pourquoi l’eau du robinet en Bretagne est une des plus chères de France, alors que la ressource y est très abondante.

Autres retombées très importantes, le patrimoine naturel, déjà entamé lors des marées noires, se voit encore amoindri : au niveau de l’ichtyofaune et de l’avifaune, les baignades sont sous haute surveillance, certaines plages sont même interdites, la récolte des coquillages, des crevettes, des crabes, un des aspects particulièrement important de la fréquentation touristique, est également prohibée pour raison sanitaire. La Bretagne touristique est sinistrée : les hôteliers, les agences immobilières, l’emploi saisonnier est en droit de demander des comptes !

L’individualisme et le corporatisme sont triomphants, le gouvernement a plié devant ces jusqu’au-boutistes qui cassent et crient plus fort que les autres.

Pourtant, les difficultés régionales avaient été prises en considération puisque, dans l’application du barème officiel, il était prévu une modération pour les régions éloignées. «Ces valeurs sont réduites de 50% pour l’usage du réseau soumis à l’écotaxe en Bretagne et de 30% pour l’usage du réseau soumis à l’écotaxe en Aquitaine et Midi-Pyrénées.»

Les bonnets ronds sont redevenus rouges : leur raisonnement n’a pas tellement évolué depuis 1674 ! Le pouvoir a oublié que des Bretons pensaient être toujours des privilégiés du fait des prérogatives attribuées à la Bretagne avant Louis XIV !

La liberté des uns ne s’arrête pas, pour eux, où commence celle des autres.

Depuis, les méthodes ont changé dans notre République ; heureusement pour les Bretons, car, avec Louis XIV, ils ne s’en seraient pas tirés aussi bien !!!

Une hécatombe, plus de 3.000 morts, un quartier entier de Rennes rasé, des châteaux brûlés. Après avoir gagné, Louis XIV obligea la Bretagne à payer une lourde contribution et annula la «liberté armorique» !!!

– par Georges Vallet

crédit photos:agirpourlaplanete.com