Béarn – Bigorre : Le point de vue de Martine Lignières-Cassou

mlcLa Maire de Pau et Présidente de la Communauté d’Agglomération de Pau-Pyrénées est géographe de formation. Parler territoire, c’est pour elle revenir aux sources.

Le sujet des relations entre le Béarn et la Bigorre ne pouvait être approfondi sans recueillir son opinion. Si pour Martine Lignières-Cassou, la Bigorre est importante, l’élue aime à rappeler, qu’au pied des Pyrénées, la DATAR mentionne en premier lieu les agglomérations bayonnaises et paloises. Béarn-Bigorre ne peut pas être exclusif. Pour autant, un rendez-vous est programmé avec son homologue tarbais. On devrait y parler « pôle métropolitain ». Une chose est certaine, les relations avec notre voisine tarbaise dépendent de la « bonne volonté des hommes ». « La loi ne peut rien imposer, elle peut juste prescrire. »
Au détour de la conversation, Martine Lignières-Cassou lâche : « Souvent les politiques ne font que refléter l’état d’esprit des sociétés dans lesquelles ils vivent ». Un message à la société civile ?

A@P –  Marc Cabane, ancien préfet et donc connaisseur en « ingénierie territoriale », rappelle que la DATAR a identifié ce qu’elle appelle des « systèmes urbains métropolitains ». Il ne s’agit pas de métropoles au sens de la loi sur la décentralisation mais de territoires s’inscrivant dans des dynamiques d’échanges et de services.  La DATAR a classé Béarn-Bigorre parmi les 26 systèmes urbains nationaux identifiés. Pour autant, l’Etat n’a pas de solution incitative, pour favoriser la mise en relation entre territoires proches, malgré son intérêt stratégique pour le développement. Pour mémoire, le concept de « réseau de ville » a été un fiasco. 

Rien n’étant-là pour favoriser un rapprochement pérenne de ces territoires, on en est à se reposer sur la « bonne volonté des hommes » comme le dit M. Labazée, Président du Conseil Général des PA. Est-ce suffisant ? 

Martine Lignières-Cassou – Vous prêchez une convaincue puisque c’est tout le sens du projet Pau porte des Pyrénées : agir en coopération entre territoires du piémont pyrénéen pour assurer leur dynamisme et leur développement. Depuis 5 ans que je porte ce projet, je considère que nous avons significativement avancé même si beaucoup reste à faire. A cet égard, l’étude de la DATAR est très intéressante. Elle dit qu’entre Bordeaux et Toulouse, il y a un bipôle formé principalement, sur le piémont Pyrénéen, par Bayonne et Pau auquel il convient d’ajouter Tarbes. Bayonne et Pau en sont les deux principaux éléments puisque notre ville a un bassin de vie de plus de 250.000 habitants avec l’équivalent sur le Pays Basque. Tarbes a une population moindre. A noter, que dans cette analyse sur la structuration le long du Piémont Pyrénéen, Bayonne est bien incluse par la DATAR. C’est à cette échelle que je m’efforce de travailler avec les uns et les autres pour porter en commun des dossiers afin d’exister entre Toulouse et Bordeaux, villes qui profitent à plein du phénomène de métropolisation.

A@P – Pour autant, Tarbes semble beaucoup plus proche de Pau au niveau économique…

Martine Lignières-Cassou – Ce que je veux dire, c’est qu’il y a aussi des liens avec la région bayonnaise. Ne tournons le dos à personne. Le port de Bayonne a une importance stratégique pour le Béarn.Une interdépendance existe entre tous les pôles au pied des Pyrénées, il faut l’entretenir à l’échelle de pertinence nécessaire selon ce dont on parle. Il est évident que la Communauté d’agglomération de Pau-Pyrénées a un rôle de locomotive, parce que c’est la plus importante, par rapport à l’ensemble du sud-est aquitain et au-delà en incluant Tarbes.

Georges Labazée a raison de dire que les relations entre ces pôles reposent sur la bonne volonté des différents acteurs mais pas seulement des politiques. Il y a aussi les acteurs du monde de l’économie et de la société civile.  Souvent les politiques ne font que refléter l’état d’esprit des sociétés dans lesquelles ils vivent. Nous ne nous en sortirons, face à Bordeaux et Toulouse en particulier, que si nous savons nous allier.

A@P – Au niveau humain, on a l’impression que les relations entre les régions paloises et tarbaises sont plus fortes que celles entre les régions paloises et bayonnaises. Malheureusement, les chiffres ne sont pas connus…

Martine Lignières-Cassou – Tout à fait. Nous sommes en train de mener une étude avec Laurent Davezies* sur notre aire urbaine, par rapport à des aires comparables, et son impact sur le piémont Pyrénéen. Les résultats de l’étude seront rendus publics à la mi-avril. Ils rappelleront, on le sait déjà, que notre territoire est diversifié dans ses activités et ainsi, assez préservé jusqu’à présent.

A@P – Revenons aux « Les hommes de bonne volonté »…

Martine Lignières-Cassou – « Bonne volonté » bien sur. Ce n’est pas la loi qui peut imposer. Au plus, elle peut prescrire. Les avancées se font au fil des opportunités. Il faut savoir construire des coopérations avec nos voisins, d’abord à l’intérieur même du Béarn. Un exemple : dans le domaine de la santé, nous avons été une des premières région en France à créer une « communauté hospitalière de territoire »  incluant les hôpitaux de Pau, d’Oloron, d’Orthez et les cliniques qui les complètent.

A@P – mais, il s’agit là des coopérations les plus « faciles », celles mises en place entre politiques béarnais qui se retrouvent régulièrement dans un cadre ou un autre. Pour travailler avec les bigourdans, de tels cadres n’existent pas…

Martine Lignières-Cassou – Nous avons créé un établissement public pour l’école d’art entre Pau et Tarbes parce que nécessité a fait loi. D’ici quelques temps, à mon avis, Biarritz intégrera cet établissement de coopération culturel parce qu’il sera confronté aux mêmes obligations qu’ont eues Pau et Tarbes.A mon sens, c’est ce que fait Georges Labazée avec son collègue des Hautes Pyrénées, par exemple, sur les aéroports. Peut-on offrir des lignes low-costs entre les deux aéroports de Pau et de Tarbes ? C’est aussi ce qu’il fait pour les déchets (voir interview Georges Labazée du 25 février). On doit pouvoir multiplier ces dossiers.

A@P – à ce propos sur le forum d’Alternatives-Paloises, les commentateurs s’étonnaient qu’il y avait toujours un directeur pour chaque école. L’établissement public, va se retrouver avec trois directeurs…

Martine Lignières-Cassou – En règle générale, la mutualisation ne porte ses effets qu’à moyen terme. Il faut prendre en compte la dimension du temps dans les processus de mutualisation.

A@P – Gérard Trémège, président du Grand Tarbes propose de mettre en place une structure, légère et pratique, une « Agence de développement économique » où siègeraient les grands élus : les Présidents des conseils généraux, des communautés d’agglomération et des CCI de Pau et de Tarbes. Objectif : travailler sur les sujets concrets de développement économique et de « marketing territorial » concernant les deux départements. Monsieur Cabane dit à peu près la même chose et Georges Labazée en appelle à la rencontre des « hommes de bonnes volontés ». On fait quoi pour aller plus loin ?

Martine Lignières-Cassou – Sur mon initiative, nous nous étions rencontrés, mon collègue tarbais et moi, il y a un an. Membres de la Fédération des entreprises publiques locales (les SEM), nous nous sommes vus, il y a un mois et nous sommes convenus de nous rencontrer pour parler de pôle métropolitain. Un rendez-vous est pris et nous devrions aborder le sujet dans quelques jours.

J’ai aussi parlé à mes homologues béarnais de l’idée de « pôle métropolitain ». C’est une direction dans laquelle il faut qu’on aille.

A@P – Vous avancez donc avec Monsieur Trémège…

Martine Lignières-Cassou – Comme j’avance aussi avec Jean Grenet ou avec Georges Labazée, Bernard Uthurry ou David Habib.

A@P – sauf qu’il y a cette frontière réelle entre Béarn et Bigorre qui fait qu’il faut avancer d’une façon différente.

Martine Lignières-Cassou – Encore une fois, nécessité fait loi. Je suis très préoccupée par le devenir de l’aéroport de Pau et je pense que deux aéroport à 40 kilomètres l’un de l’autre, à terme, l’un sera sacrifié si rien n’est fait. Pour éviter une solution de ce type, il va falloir mutualiser. J’en suis convaincue.

A@P – A qui revient le responsabilité de mettre cela en place ?

Martine Lignières-Cassou – Nous allons avoir un conseil d’administration du Syndicat Mixte de l’Aéroport Pau-Pyrénées bientôt. Je pense que son Président, Bernard Uthurry qui représente la Région, proposera à l’Assemblée de lancer une expertise sur la suite de la concession qui s’arrête en 2015. Il y a 3 ou 4 scénarii possible à mettre sur la table.

A@P – N’y a-t-il pas un autre aspect sur lequel Béarn-Bigorre pourraient travailler sur le fond, à savoir la promotion touristique des Pyrénées ?

Martine Lignières-Cassou – Ce travail est bien entamé à travers le label « pôle d’excellence touristique » sur le thème de l’eau auquel sont parties prenantes Lourdes et Tarbes, mais aussi Mont de Marsan, Dax, Anglet, les Conseils généraux du Gers, des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Atlantiques, l’Université de Pau, le Crédit agricole, Total, les organismes de formation, de tourisme. Le territoire couvert est celui compris entre les Pyrénées, la Gascogne et l’Atlantique soit 4 départements : le Gers, les Hautes-Pyrénées, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Nous avons tous en commun, à des titres divers, l’eau. Voilà une piste de développement qui va se traduire par la création d’organismes de formation et d’actions de mise en visibilité du territoire concerné à travers la recherche et l’innovation.

– propos recueillis par Bernard Boutin

* Laurent Davezies est un économiste d’origine béarnaise qui vient de publier « La crise qui vient ».

 

Béarn-Bigorre: le point de vue de Gérard Trémège

arton6436Gérard Trémège, président du Grand Tarbes, tire la sonnette d’alarme à propos de « l’exigence impérative qu’ont les Béarnais et les Bigourdans à travailler ensemble, sous peine de déclin, pris en tenaille, comme nous le sommes, entre l’attractivité de la métropole toulousaine, l’attractivité de la métropole bordelaise et l’attractivité du Pays Basque. Au milieu, dans ce triangle, si nous ne faisons rien, cela va devenir un désert. »
Pragmatique, il en appelle à la mise en place d’une « Agence de Développement Economique », commune au Béarn et à la Bigorre, chargée de créer les conditions d’un développement économique harmonieux de notre région et d’en assurer le « marketing territorial ».
La proposition est faite aux grands décideurs, les présidents des communautés d’agglomération de Pau et Tarbes, ceux des conseils généraux des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques et ceux des CCI de Pau et de Tarbes. Y feront-ils écho ?

A@P – Force est de constater que pour le Béarn et la Bigorre, les liaisons aériennes, la politique hospitalière, l’arrivée de l’A65, les grands clubs sportifs, les parcs d’exposition, c’est toujours du chacun pour soi. Ces deux territoires sont-ils si différents que cela pour ne pas pouvoir travailler ensemble ?
Gérard Trémège – Oui, le Béarn et la Bigorre sont différents, mais ce n’est pas parce que nous sommes différents que nous ne pouvons pas travailler ensemble. Ces deux territoires sont différents parce qu’ils ne sont pas dans la même région administrative ; l’un est en Aquitaine, l’autre en Midi-Pyrénées.
Au niveau des hommes, les caractères ne sont pas non plus les mêmes. Pour s’en convaincre, il suffit d’assister à un match de rugby entre la Section Paloise et le Tarbes-Pyrénées-Rugby. Tous ont des caractères forts et c’est bien quand ceux-ci peuvent être ajoutés plutôt qu’opposés.

A@P – Quels sont les obstacles infranchissables dans la constitution d’une communauté d’intérêts entre nos deux territoires ?
Gérard Trémège – Le premier obstacle, déjà évoqué, est qu’ils sont dans deux régions différentes alors que nous avons une communauté économique qui est une évidence. Nous sommes, Béarnais et Bigourdans, face aux Pyrénées. Nous avons l’entité « Pays de l’Adour » qui nous réunit et avons l’exigence impérative de travailler ensemble sous peine de déclin, pris en tenaille, comme nous le sommes, entre l’attractivité de la métropole toulousaine, l’attractivité de la métropole bordelaise et l’attractivité du Pays Basque. Au milieu, dans ce triangle, si nous ne faisons rien, cela va devenir un désert.

A@P – Vous parlez d’activité économique évidente entre nos territoires. Peut-on la quantifier ?
Gérard Trémège – Je tiens d’abord à dire que ce ne sont pas les élus qui peuvent imposer des collaborations aux entreprises. Il est possible, par contre, de les favoriser comme nous le faisons au sein du « Bureau de Développement Economique des Pays de l’Adour » (BDE) que j’ai l’honneur de présider depuis 5 ans. Le BDE gère un fonds de 15 millions d’euros pour aider au développement et à la création d’entreprises. Nous y travaillons, main dans la main, Béarn, Pays Basque, Bigorre, pour le développement des entreprises de nos territoires respectifs et chaque fois que nous le pouvons, nous faisons se rencontrer les décideurs quand c’est possible, voire nécessaire. Mais, ce sont les entrepreneurs qui décident. Pas les élus.
Les élus ont une responsabilité, pour qu’il puisse y avoir un développement harmonieux et cohérent de l’économie territoriale, en faisant en sorte de favoriser les voies de communication, le « marketing territorial », les désertes aériennes, la collaboration entre les chambres consulaires, la fiscalité etc.

A@P – N’est-ce pas le simple fait que la Bigorre et le Béarn n’ont ni région, ni département, ni intercommunalité en commun qui crée l’absence de stratégie commune entre les deux territoires ? Les politiques Bigourdans et Béarnais ne se parlant pas, quel type de cadre formel et pérenne pourrait amener la Bigorre et Béarn à réfléchir ensemble au futur de notre territoire ?
Gérard Trémège – Je propose la mise en place d’une « Agence de Développement Economique » commune avec des compétences qui iraient porter nos territoires respectifs, ce que j’appelle le « marketing territorial ». Ceci étant dit, je ne suis pas sûr que nous soyons encore prêts, c’est pourquoi j’ai évoqué les collaborations entre les Chambres consulaires, les Communautés d’Agglomération dont les compétences en matière de développement économique sont importantes.
Si demain la Communauté d’Agglomération de Pau et celle du Grand Tarbes, avec les chambres consulaires, avec l’accord des comités de développement économiques des deux départements, décidaient de créer, sur le territoire Béarn-Bigorre, une « Agence de Développement Economique », ce serait alors un pas énorme.

A@P – Jean-Paul Matteï parle d’un « Conseil Economique et Social » qui regrouperait des élus, des associations, des entrepreneurs, des syndicalistes…
Gérard Trémège – Il rejoint ce que je viens de dire, sauf que je le limite à une « Agence de Développement Economique » qui, par nature, est opérationnelle. Un « Conseil Economique et Social » commun est une structure de réflexion, à mon avis non-opérationnelle.
Des structures de réflexion, il y a belle lurette qu’il en a été créés. Un exemple : au milieu des années 80, le réseau de ville Tarbes-Lourdes-Pau : résultat néant. En 2003/2004, signature d’un accord entre André Labarrère et Jean Glavany au titre des deux agglomérations : résultat néant.
C’est bien joli de créer des « comités théodule » de réflexion… moi, je préfère favoriser les structures opérationnelles.

A@P – Quelle initiative seriez-vous prêt à prendre pour conduire la Bigorre et le Béarn à travailler ensemble ?
Gérard Trémège – Déjà, en tant que Président du BDE depuis 5 ans, j’ai démontré à tout le monde, y compris ceux qui peuvent avoir des divergences dans d’autres domaines, que nous pouvions développer ensemble nos territoires respectifs. Aujourd’hui, au BDE, toutes les décisions se prennent quasiment à l’unanimité. Nous y démontrons dans l’opérationnel que nous sommes capables de travailler ensemble dans l’intérêt de l’économie de nos territoires. Il ne s’agit là pas de réflexion.

Ce n’est pas au BDE de s’engager dans la direction de l’ »Agence de Développement Economique » commune Béarn-Bigorre. Je lance l’idée en tant que Président du Grand-Tarbes. Ceux qui ont la clef, ce sont les grands décideurs : les Présidents des deux Communautés d’Agglomération, les Présidents des deux Conseils Généraux ainsi que les Présidents des deux chambres consulaires.

A@P – Comment évaluez-vous le combat pour la desserte directe du Béarn et de la Bigorre par LVG ?
Gérard Trémège – C’est déjà un combat que nous menons ensemble depuis de longs mois. Nous sommes en totale harmonie avec les élus du Béarn et notamment avec Madame la Députée-Maire de Pau. Nous avons organisé des conférences de presse et des réunions ensemble. Nous défendons le projet auprès du gouvernement et, à cet égard, nous sommes irréprochables. Le problème, c’est qu’en face, nous n’avons pas d’échos. Nous n’avons pas de réponse claire et précise, ni du gouvernement actuel comme du précédent.

A@P – A Pau, beaucoup de monde cite le renouveau de Tarbes. M. Glavany n’est pas d’accord…
Gérard Trémège – Les palois sont des gens sérieux et avisés. Si M. Glavany était plus présent à Tarbes, il verrait ce qu’il s’y passe. Ce n’est pas bien de faire de la « politique politicienne ». Il y a des réalités qui s’imposent, y compris aux gens de mauvaise foi…
Tarbes allait très mal. Au cours des 30 ou 40 dernières années, nous avions perdu 6 à 7.000 emplois industriels et 9.000 habitants. Nous avons beaucoup donné à la déprise industrielle. Nous étions tellement bas que tout ne pouvait que remonter.
Depuis une dizaine d’années, nous avons insufflé une nouvelle dynamique qui se traduit d’abord dans le renouveau de l’image de la ville. Tarbes est devenu une ville agréable, dynamique, belle. 400 façades ont été refaites dans la ville. Elle a été classée par le Journal l’Equipe 3ème Ville Sportive de France et par le site Internet « changerdeville.com » 2ème Ville où il fait le mieux vivre.
Nous avons été la deuxième ou troisième ville de France en 2003 à nous inscrire dans les opérations de rénovations urbaines du « Plan Borloo ». Cela nous a permis d’investir 120 millions d’euros dans les quartiers difficiles où ont été démolis 720 logements. Tout cela a été reconstruit. Les stades, les gymnases de ces quartiers ont été refaits ce qui a permis d’en changer l’image. Cela dit, il faut être honnête, malgré les opérations de rénovation de l’habitat, nous n’avons pu résorber qu’un tiers de l’habitat disponible et souvent insalubre du centre-ville. Il reste encore du travail à faire…
Nous avons aussi racheté le site industriel de GIAT industries, un site d’une trentaine d’hectares. J’aurais bien pu ne pas m’y intéresser ! Cela est devenu un nouveau quartier dans le centre-ville, très attractif. Des entreprises s’y sont installées avec 400 emplois sur place, aujourd’hui des structures municipales, des infrastructures de loisirs (cinéma, bowling), des infrastructures sportives. Au final, plus de 200 millions d’euros ont été investis en dehors de l’opération de rénovation urbaine évoquée précédemment. Tout cela a changé la ville.
Par ailleurs, la communauté d’agglomération du Grand Tarbes, s’est engagée dans la création de zones d’activités. Un exemple, la zone d’Ibos, à la sortie Ouest de l’autoroute en venant de Pau, s’est densifiée en 4 ans. Aujourd’hui une quarantaine d’entreprises s’y est installée et 600 personnes y travaillent.

Les projets de la ville de Pau sont très ambitieux. Souhaitons que les financements seront trouvés. Des acquisitions immobilières sont prévues. De notre côté, nous préférons accompagner d’une façon très significative les propriétaires d’immeubles plutôt que de les racheter. Nous accordons des subventions, dans le cas des OPH ou de l’OPHRU, qui peuvent aller jusqu’à 70% dans la rénovation des logements. Ce qui est énorme.

A@P – Auriez-vous un message supplémentaire à adresser aux lecteurs principalement Béarnais, mais aussi Bigourdans qui nous lisent ?
Gérard Trémège – Les temps sont difficiles. Il faut être réaliste. La crise frappe tout le monde. Beaucoup se sont enfin aperçu de cette crise, essentiellement européenne qui frappe la France. Nous sommes en difficulté. Pour autant, les collectivités sont les moteurs du développement de l’économie locale. C’est pour cela que nous nous engageons délibérément dans l’investissement pour donner du travail aux entreprises locales, préserver l’emploi et faire en sorte de garder confiance dans l’avenir. Nous devons aussi stopper les querelles de « politique politicienne » stériles qui décrédibilisent ceux qui les portent et au contraire nous donner la main, en ces périodes difficiles, pour nous en sortir de la meilleure façon.

Quant à la collaboration Béarn-Bigorre, j’y crois mais il ne faut pas que je sois le seul à y croire. Je fais une proposition importante, j’espère qu’il y aura un écho.

– propos recueillis par Bernard Boutin

le 28 janvier 2013