Escapade navarraise

DSCF1839Malgré les changements climatiques, cela reste toujours vrai : il suffit de « cruzar el Pirineo *» pour laisser la grisaille au nord et retrouver le soleil au sud. Direction les « Bardenas Reales », à 3 heures des Pays de l’Adour, dans le Sud-Est de la Navarre.

Comme chaque année, les champs, en Navarre comme dans l’Aragon voisin, se couvrent de blé et des millions de coquelicots ondulent au vent. Les villages, tous en pierre, burinés, se perchent sur des promontoires. Il s’agit de conserver la terre, « plane et utile », à l’agriculture et de vivre groupé en cas de danger. Au centre de la « población », invariablement une belle et imposante église de style roman et une « casa consistoriale** ». Pas d’agitation dans ces vieux villages dont une grande partie de la population a émigré, attirée par les mirages des grandes villes proches : Saragosse et Pampelune.

Retour sur histoire : La Navarre a 10.000 km2 et moins de 650.000 habitants dont 350.000 pour la seule agglomération de sa capitale, Pampelune. La « communauté forale » est régie par d’anciens droits hérités du Moyen Âge. Les langues Basque et Espagnole s’y côtoient. Le Basque n’est langue officielle qu’au nord et au nord-ouest d’une province qui n’a jamais souhaité rejoindre l’Euzkadi, le Pays Basque espagnol composé du Guipuzcoa, de la Biscaye et de l’Alava. La Navarre est fière de ses traditions, de ses « fors », de son royaume médiéval fondé par les Vascons en 824 qui restera indépendant jusqu’au XVIe siècle, de sa gastronomie, de ses vins.

Traverser la Navarre, c’est voir des paysages magnifiques et autant de villages, où l’on a envie de s’arrêter pour aller à la rencontre de ses vieilles pierres. Rien de bien moderne en Navarre, en dehors de Pampelune et… d’immenses champs d’éoliennes et de panneaux solaires. Des vues partout dégagées, de l’authenticité assurée et une surprise : la zone des « Bardenas Reales ». Citons Wikipedia : « Situé au sud-est de la Navarre, le désert des Bardenas Reales, vaste zone de 42.000 ha entre Tudela et Carcastillo, offre des paysages uniques en Europe, caractérisés par une végétation particulière ainsi que par des formations rocheuses impressionnantes dues à l’érosion, phénomène ici récurrent. Le « Castildetierra » en est la manifestation la plus emblématique. Sans oublier les massifs du Rallon et de la Pisquerra, qui donnent au randonneur qui les parcourt l’impression d’évoluer dans les paysages mythiques de l’Ouest américain comme Monument Valley. »

Les Bardenas se parcourent à pied, en vélo, en moto pour le plus grand bonheur des pratiquants, très souvent des français, qui viennent trouver là un dépaysement total avec leur vert pays. Pour y accéder, mieux vaut contacter le centre d’informations des visiteurs à quelques kilomètres d’Arguedas, à l’entrée des Bardenas. Voir : ICI. Pour mieux se faire une idée sur les lieux, internet regorge de photos. Plus sur AltPy : Voir ICI.

Un bémol, toutefois, le cœur même des Bardenas, est zone interdite, car occupé par les militaires espagnols qui en ont fait une zone de tir pour leur aviation. Il n’est pas rare de voir des F16 et vautours fauves se croiser dans le ciel ; vautours, qui ne semblent pas effrayés par le rugissement des réacteurs !!! L’aspect grandioses du site fait vite oublier cette modernité envahissante mais loin d’être permanente.

Pour ceux qui ne souhaitent pas randonner, on pourra toujours s’intéresser aux nombreuses « bodegas » à vins que l’on trouve un peu partout (Olite est une bonne étape), aux revendeurs de fromages de brebis et de chèvres, aux biscuiteries traditionnelles et à leurs « tortas », aux pressoirs d’huile d’olive ou aller déguster « una trucha a la Navarra » (truite panée et cuite dans une tranche de jambon).

Quelques haltes, d’une liste qui doit pouvoir être largement développée : Javier, lieu de baptême de St François Xavier, ami d’Ignace de Loyola, cofondateur de la Compagnie de Jésus, Sanguesa, Ujué, Sos del Rey Catolico (en Aragon mais à « frontière » avec la Navarre), pousser plus loin vers Uncastillo, les Mallos de Riglos aragonais etc. Plus sur AltPy : Voir ICI.

Dormir sur place

L’Hostal « Txapi Txuri » à l’entrée de Murillo del Fruto, en venant de Carcastillo, propose de très agréables chambres modernes et une table excellente. Le pari de Suzi, Kerman et Silvana : offrir le meilleur de la région. Des produits bio, locaux. Des produits frais et sains. L’huile d’olive que l’on y consomme est faite sur place. Accueil aimable et conseils pour tous. Une équipe qui a compris que pour bien marcher, un peu au milieu de nulle part, mieux vaut offrir de l’excellence. Référencé sur TripAdvisor, les commentaires donnent à 10 sur 10 à « Txapi Txuri ».

Le sud-est de la Navarre : une destination facile, un dépaysement total, pour oublier la grisaille du week-end prochain…

– par Bernard Boutin

* traduction : traverser les Pyrénées

** traduction : maison du peuple (ou Mairie)