Nos voisins Ukrainiens (1) que nous connaissons très peu, en pensent tout à fait autrement.
Pour eux la communauté européenne ce n’est pas un grand corps malade comme voudraient nous le faire croire les souverainistes à bonnets rouges et idées courtes ou autres extrémistes rouges ou bruns voire vert de gris (feldgrau en version non expurgée). Mais à l’inverse un formidable pôle d’attraction vecteur de démocratie et de meilleurs lendemains, notamment et aussi, au plan économique. Certainement un grand corps politique objet de désir et d’identité bien au delà d’une ectoplasmique zone de libre échange noyée dans un magma mondialisé sans boussole ni équilibre.
Nous ajouterons, à titre personnel, dans un monde structuré sur des bases politiques continentales seules aptes à imposer des fortes disciplines pour reconquérir les grands équilibres écologiques. Équilibres écologiques qui conditionnent, s’il est temps encore, rien moins que la survie de l’humanité ; les autres formes de vie, débarrassées de l’envahissement humain reprendraient elles, le cas échéant, de toutes les manières, une évolution aussi surprenante que fertile selon un schéma darwinien bien connu. Ce serait certainement très rigolo mais nous (les hommes) serions absents pour le voir.
Tout particulièrement les ensembles continentaux auraient à contractualiser l’évolution insensée du nombre des hommes que quelques apprentis sorciers nous engagent à admettre comme une simple variable externe incontournable à laquelle nous ne pourrions que nous ajuster. Ceci sur des bases fortes et contraignantes mais pacifiques et déclinées, dans un second temps, par sous-ensembles à l’intérieurs des entités continentales.
Cela permettrait, également, des passages et des évolutions maîtrisées des populations entre ces ensembles.
Alors, pour en revenir à nos moutons ukrainiens leur destin (aux moutons ukrainiens) irrémédiable est-il d’aller vers l’intégration à l’ Union européenne comme, avant eux, la Bulgarie ou la Roumanie qui partagent avec le monde Russie une confraternité slave et orthodoxe. Des liens qui, après 50 ans de communisme, gardent toute leur pertinence.
Pas si simple car toucher à l’Ukraine c’est toucher à la cour même de l’ours russe. Sinon sa tanière d’où il sirote sa vodka du moins son jardin et son pré carré. Et l’ours russe ce n’est pas une quelconque cannelle (à la peau débronzée) qu’on peut aller abattre à la kalachnikov après un repas un peu trop arrosé. Fut-il (le repas) arrosé d’un excès de vodka plutôt que de trop nombreuses tournées de pastis..
Mais, par ces entrefaites, le plantigrade eurasien est redevenu tout sauf un ennemi. Mais un aimable voisin au caractère parfois un peu éruptif avec lequel, le moment venu, nous aurons à construire la maison commune proposée, en son temps, par Mikhaïl Gorbatchev, Mikhaïl l’archange visionnaire de ladite maison commune
Mais une maison commune avec deux entités bien séparées où chacun garde son quant-à-soi, sa monnaie, et ses manières de fonctionner qui, assez naturellement, devraient d’elles-mêmes tendre vers la démocratie.
Ceci pour une raison très simple c’est que des maisons trop grandes sont ingouvernables et doivent rester proportionnées aux autres invités de la scène planétaire.
Mais foin de géopolitique ursine : au fait l’Ukraine c’est quoi ?
Si nous sommes incapables de la définir à la différence de la Pologne de la Bulgarie ou de la Roumanie c’est que dans notre imaginaire (plus ou moins) savant, historique ou littéraire, ce grand territoire s’amalgame au tout premier cercle de toutes les Russies tsaristes ou à celui des républiques soviétiques.
Kiev c’est autant que Moscou le phare de l’orthodoxie proprement russe et de la littérature russe (cf Tarass Boulba de Nicolaï Gogol avec ces cosaques zaporoques qui font la guerre au polonais..).
De plus elle dispose de la meilleure terre agricole russe avec ses terres noires qui portent les meilleures terres à blé de l’empire et, probablement, du monde.
C’est un vaste territoire plus grand que la France 600 000 km² pour 45 000 000 d’habitants avec une bonne tradition industrielle et des populations formées.
Par ailleurs, via la péninsule de Crimée (Odessa, Sébastopol ) elle permet l’accès de la Russie aux mers du sud à savoir la Méditerranée via la mer noire. Une volonté et une constante stratégique du monde russe.
Certes, plus qu’aucune terre soviétique, elle a été martyrisée par la folie stalinienne, via la collectivisation des terres agricoles contre les paysans les plus aisés (les koulaks), supposés prévaricateurs et ennemis du nouveau meilleur des mondes qui, du passé, faisait table rase. Une opération absurde autant dans ses buts que dans sa réalisation qui coûta au pays entre 3 et 5 000 000 de morts. Un épisode qui peut expliquer le divorce présent entre des provinces par ailleurs si proches.
De plus si, beaucoup par la force, l’Ukraine réintègre le bercail russe on peut tout à fait penser qu’elle instillera le virus très contagieux de la démocratie dans le corps post-soviétique. Il se pourrait alors que la nouvelle maison commune soit avec et face à l’union européenne un bloc démocratique particulièrement compact dans le concert multipolaire des nouvelles entités politiques continentales.
– par Pierre Yves Couderc / Oloron
(1) Citoyens ukrainiens dont quelques représentants viennent se perdre jusqu’à Oloron et qui, contrairement à leurs condisciples géorgiens, ne viennent même pas pour renforcer le FCO voire les redoutables « sangliers de Goès » nouveaux Tarass Boulba de la quatrième série du championnat du Béarn.
(1) En ce qui concerne les dames peut-être des fiancées perdues de célibataires en recherche de beautés slaves présentes sur Internet ….