La campagne pour l’élection municipale paloise est lancée. Une fois de plus les bonimenteurs y vont de leurs promesses toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Le citoyen palois, endormi, succombera-t-il à ces paradis artificiels ?
Les campagnes électorales se succèdent et nos professionnels des promesses font toujours preuve de peu de considération pour les citoyens. Pourtant les choses sont simples et le parallèle avec la dernière présidentielle est évident. Rappelez- vous, Sarkozy ou Hollande promettant monts et merveilles alors qu’ils savaient pertinemment la France à l’agonie, tous indicateurs au rouge.
Il en est un peu de même pour Pau. La ville vit au dessus de ses moyens suite à une série d’investissements pharaoniques soit inutiles soit surdimensionnés. Car chaque fois qu’un investissement est fait ce sont des coûts de fonctionnements à vie qui sont rajoutés entraînant un budget en augmentation continue. Evidemment le bilan financier de Monsieur Lavignotte est convenable, mais ceci grâce au report d’investissements. Il faudrait donc continuer sur cette voie, en diminuant significativement les coûts de fonctionnement de manière à dégager des marges pour l’investissement.
Quant à la CDAPP (Communauté d’Agglomération Pau Pyrénées) dont le rôle aurait dû être de mutualiser les moyens pour faire diminuer les coûts de fonctionnement, elle a totalement échoué. A périmètre constant, en dix ans de fonctionnement communautaire, c’est 1000 emplois de fonctionnaires supplémentaires qui ont été créés, alors que leur nombre aurait dû diminuer ( « Gabegie à gogo à l’agglo » AP du 9/7/2012).
Mais que proposent donc les candidats ?
Ils proposent tous de dépenser plus encore : salles de spectacles, stade, événements culturels, musées, etc. Sans parler de l’inéluctable projet des Halles destiné à alimenter les polémiques puériles sur la couleur des murs ou la forme de la toiture. Et pas un seul qui envisage la réalité : une baisse des rentrées fiscales combinée à une baisse annoncée (et approuvée par les deux principaux candidats) des subventions d’Etat. Pire, alors que l’échec majeur de Martine Lignières-Cassou est l’impasse totale dans laquelle se trouve l’agglomération, pas un seul qui propose une ligne directrice pour cet échelon majeur du millefeuille. Alors que la CDAPP n’a aucun lien réel avec le bassin de vie et que les communes qui devraient y participer la fuient ( « L’agglomération paloise perd le Nord » AP du 20/02/2012) pas un seul qui ne propose le moindre remède.
Citoyen, circulez, ce genre de problème n’est pas de votre niveau ! On fera notre bidouillage entre nous !
Ce qui n’empêche d’ailleurs pas ces candidats d’embrouiller allègrement le citoyen endormi, mélangeant allègrement ce qui est du ressort de la ville de Pau et ce qui est de la responsabilité de la CDAPP. Le PDU (Plan de Déplacement Urbain) et le bus tram : c’est l’agglomération. Le PLH (Programme Local de l’Habitat ) c’est l’agglomération. La culture : c’est une compétence déléguée à l’agglomération. La nouvelle Foire expo : ce devrait être l’agglomération …etc.
Pourtant, rappelez-vous, dans la campagne présidentielle, un homme avait un programme réaliste, décoiffant pour l’époque : F Bayrou. Bien conseillé au plan économique, il avait fait le choix de dire la vérité aux Français. Je ne résiste pas et vous cite un passage de l’article que j’écrivais sur le sujet dans AP du 23 janvier 2012, « Bayrou apprend l’arithmétique » suite à son passage dans l’émission « Des paroles et des actes » :
« Si son constat est analogue à celui des grands partis, ses propositions font plutôt penser à un remède de cheval. Je suis même très étonné de sa position qui se rapproche plutôt de la droite pure et dure que de celle toute en nuance d’un centrisme humaniste classique. Il n’y va pas par quatre chemins : « il faut redresser les comptes de 100 milliards d’euro, 50 milliards de coupes budgétaires et 50 milliards d’impôts supplémentaires, ceci en deux ans… »
« Les dépenses de la nation budget de l’Etat et dépenses sociales doivent être diminuées de 5% » soit 50 milliards sur un total de 1050″
Et pour ceux qui déjà sont au bord de la révolution quand Sarkozy rabote 8 milliards, il rajoute que « ce n’est pas avec une diminution de 5% des dépenses que la France va s’arrêter de fonctionner… »
Concernant les impôts, deux tranches supplémentaires d’impôt sur le revenu à 45% et 50%, 20 milliards à récupérer sur les 70 milliards de niches fiscales, et deux points de TVA en plus…Qui sera dans la soustraction ? Fonctionnaires ? Personnel Hospitalier ? Retraités ? Quelles niches seront supprimées ? Quelques réponses :
15 milliards d’économie sur les dépenses sociales sur 620 Mds, ce doit être facile dit-il…(sauf que, quand Sarkozy touche à moins d’un milliard, un vent de révolution gronde…Surtout dans un contexte de vieillissement de la population… )
10 milliards sur les transferts de l’Etat (50 Mds) vers les collectivités territoriales. Ah quelle superbe mesure ! Je ne puis qu’applaudir ! Enfin les riches collectivités qui dépensent sans compter, embauchent à tout va seront enfin mises à contribution (On rappelle que, ces dernières années, l’Etat supprime 35 000 fonctionnaires par an, alors que les collectivités territoriales en embauchent autant !). Ces collectivités toutes trop riches qui subventionnent à tout va qui les clubs de rugby, de basket, ou les stations de ski au lieu de se consacrer à leurs domaines de compétence.
Les 35 heures passent à la trappe : « Je me suis battu toute ma vie contre les 35 heures »
Pour le détail précis des mesures, son équipe y travaillera durant le premier trimestre, cela sera public. (Fin de citation).
Finalement c’est Hollande qui a voté Bayrou. Il planche d’ailleurs en ce moment sur la réduction des dépenses publiques de …50 milliards… Bravo les François ! Quant à David Habib, il ne peut qu’approuver la démarche de son Président.
Alors chiche appliquons la recette de Francois : « ce n’est pas avec une diminution de 5% des dépenses que Pau va s’arrêter de fonctionner… »
Le budget de la ville est de 150 millions d’euro, celui de l’agglo de 115 millions d’euro. Diminuez donc ces budgets de 13 millions d’euro. Car effectivement, c’est ce qu’il faut faire pour rendre la pression fiscale acceptable. Alors un peu de courage pour Pau ! Dites nous :
– Quel projet (périmètre, gouvernance, but, …) et quel programme pour donner un sens à l’agglomération et obtenir ainsi des économies d’échelle significatives ?
– Dans quels domaines diminuera-t-on les dépenses de la ville de Pau ? de l’Agglomération ?
– Combien de centaines de fonctionnaires en moins ? Et où ?
Ensuite, si les soustractions sont suffisantes, on pourra parler de vos rêves, cauchemars du contribuable.
Quand les citoyens s’éveilleront…
– par Daniel Sango