Pau : Journée Nationale de l’Ingénieur : Une conférence « passion » sur l’E-FAN à l’ESC

P1000640Pour célébrer la 4ème JNI, l’URISBA*, qui représente 25.000 ingénieurs et scientifiques en Adour, organisait une conférence sur l’E-FAN, l’avion électrique que VOLTAIR, filiale d’AIRBUS, devrait fabriquer sur l’aéroport de Pau. Un thème assurément porteur puisque plus de 150 personnes sont venues participer à la réunion tenue dans un des amphithéâtres de l’ESC Pau. Indice de l’intérêt porté au projet : la quantité et la qualité des questions posées par les spectateurs aux trois intervenants. Il faut dire que tous, ingénieurs et scientifiques, sont conscients d’être face à un projet qui rappelle la phase des pionniers de l’aéronautique.

Philippe Frossard, Directeur de la Formation du Groupe CCI Pau Béarn ouvre la séance après avoir accueilli chaleureusement participants et conférenciers. D’entrée de jeu, Christophe ROBIN, Directeur technique de la Business Unit Avion, Directeur du Design, chez DAHER à Tarbes, rappelle la « tare intrinsèque, le boulet » du projet : à savoir concevoir un avion, l’E-FAN 2.0, qui, avec 200 kilos de batterie, ne produit que la même énergie utilisable de 10 litres de carburant ! 200 kilos d’un côté, 10 de l’autre ! 200 kilos de batteries qui permettent aujourd’hui de voler seulement 1h30 à 120 à 130 km/heure.

A l’opposé, il rappelle les principaux avantages intrinsèques de l’avion : son caractère non émetteur de CO2, un bruit quasiment inaudible qui permettra des décollages et atterrissages discrets en milieu urbain, une maintenance simplifiée par rapport à un moteur thermique.

Pour Christophe ROBIN, il s’agit de casser un cercle vicieux : « Pour pouvoir emporter plus de batterie, l’avion devrait avoir plus d’empennage donc plus de voilure, donc plus de besoin moteur, donc plus de besoin énergie et pour finir plus de batterie. Pour y arriver, il faut gagner de la masse sur le moteur, sur la batterie, sur la structure etc. » Les chalenges sont donc très nombreux. Techniques : Par exemple, il n’existe pas encore de jauge fiable pour calculer l’énergie restante d’une batterie. Comment recharger une batterie de 200 kilos en un minimum de temps ? Les batteries évoluant rapidement, comment concevoir un avion qui pourra, au fur et à mesure, de sa fabrication, s’adapter à de nouvelles batteries etc. Chalenges administratifs aussi comme celui des autorités de certification, par nature conservatrice, qui n’ont pas d’historique, ni de procédure pour un appareil à propulsion électrique.

Chalenges de formation : Comment former les futurs moniteurs à l’E-FAN 2, avion de 2 places avant tout conçu pour équiper les écoles de pilotage ?

Une bonne dizaine de partenaires participent au projet : AIRBUS en premier lieu avec sa filiale spécialement dédiée au projet VOLTAIR, SAFRAN (motorisation), ZODIAC (stockage énergie), ACS (matériaux composites), SIEMENS, le CEA et des établissements d’enseignement supérieur et de recherche comme l’Université de Bordeaux, l’ENAC de Toulouse et les Arts et Métiers.

A ce jour, seul AIRBUS travaille sur un projet d’avion électrique destiné à la fabrication même si tout le monde connait SOLAR IMPULSE dont on ne voit pas quel type de commercialisation il pourrait connaître. Son bilan solaire n’est pas évident à ce jour puisqu’avec l’envergure d’un A350, il ne peut transporter qu’une seule personne !

Gilles ROSENBERGER de la Direction Industrielle de VOLTAIR rappelle que l’E-FAN 2.0 prend la suite du CRI-CRI, premier avion électrique à avoir volé en 2009 et de l’E-FAN 1.0, avion test et « démonstrateur » de 2012 qui a traversé la Manche pour la première fois en juillet 2015, année du centenaire de la première traversée en avion par Blériot.

L’aéroport de Pau-Uzein, près duquel sera assemblé l’avion, a été sélectionné parce qu’il y a du foncier disponible permettant d’accéder à une piste au trafic peu important. La météo favorable est un autre critère du choix de Pau-Uzein mais il faudra attendre encore quelque temps pour que l’avion sorte de fabrication. La « définition figée » de l’avion doit d’abord être arrêtée. Probablement à la fin 2016. Puis, les opérations de certification doivent être lancées. Elles pourraient durer 18 mois. Cela amène à 2018.

A Pau, la première usine d’assemblage du premier avion électrique ne sera pas une révolution pour l’emploi même si l’objectif est de fabriquer 30 E-FAN 2 par an. Assemblage veut dire que structures, batteries, équipements divers seront usinés ailleurs d’où un moindre emploi en Béarn pour commencer.

Denis LOUVIOT, International and Development Programs Manager de l’Ecole Nationale d’Aviation Civile confirme avec quel enthousiasme les enseignants et étudiants de l’ENAC sont partis à l’assaut des « bonnes questions » concernant l’E-FAN 2 : faible autonomie, gestion de l’énergie, temps d’immobilisation pour recharger, intégration dans la circulation aérienne d’un avion électrique, formation au pilotage, travail sur cockpit, influence de la pluie sur les vols et les recharges etc. Beaucoup de questions auxquelles tous travaillent à l’ENAC sur un sujet vraiment « sexy ».

Quelque peu rassuré sur l’avenir de l’implantation en Béarn de l’usine d’E-FAN, Franck METRAS, directeur scientifique d’HELIOPARC, rappelle aux intervenants qu’à Pau existe un terreau important de compétences qui pourront accompagner le projet. Sur le bassin de Lacq, HYDROQUEBEC, en partenariat avec le CEA, travaille sur les batteries du futur et TORAY sur les composites. A l’UPPA, divers laboratoires travaillent eux-aussi sur les mêmes enjeux. On l’aura compris, Pau est une bonne implantation pour la future usine.

Fernando CUEVAS, qui animait la soirée, dit alors être impressionné par le contenu très scientifique du projet, la ténacité mais aussi l’humilité des interventions, par les approches synthétiques et pour finir par la passion des trois intervenants mais aussi d’une grande partie de la salle. Une belle soirée à mettre au crédit de l’URISBA, de René Beaussier, son Président, de Martine Chalcou, Chef de projet JNI, et de toute son équipe.

– par Bernard Boutin

*URISBA : Union Régionale des Ingénieurs et Scientifiques du Bassin de l’Adour, délégataire d’IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France représentant plus d’un million d’ingénieurs au plan national)

France : une compétitivité nationale fortement bridée

çasuitderriere-allemagne-competitiJeudi 2 avril, à l’EISTI (Ecole internationale des sciences du traitement de l’information) de Pau, se tiendra la « Journée Nationale de l’Ingénieur » avec un sujet de choix : « Les ingénieurs et scientifiques, architectes de la compétitivité et du redressement de la France » (le programme de la JNI est publié sous l’article). 

Il y a, pour simplifier, deux types de compétitivité, celle d’un pays (ou d’un territoire) et celle d’une entreprise. Si la compétitivité des entreprises dépend principalement de la R&D, de l’innovation, des « process » ou encore de la diminution des coûts, la compétitivité d’un pays dépend de données multiples, bien différentes de l’entreprise. Avant la JNI, qui traitera de la compétitivité de notre bassin de vie et de ses entreprises, penchons-nous sur la compétitivité de la France.

La France est classée 23ᵉ dans classement mondial de la compétitivité (Global Compétitive Index 2013/2014) du World Economic Forum, forum connu par sa très médiatique réunion annuelle de Davos. Un classement bien moyen d’autant plus que 11 pays européens se trouvent devant elle. La Suisse est première du classement, les autres : Finlande 4ᵉ, Allemagne 5ᵉ, Hollande 8ᵉ, Grande-Bretagne 9ᵉ, Suède 10ᵉ, Norvège 11ᵉ, Belgique 18ᵉ, Luxembourg 19ᵉ, Autriche 21ᵉ et France 23ᵉ.

La place de 23ᵉ, sur 144 pays analysés, n’est que la résultante de la compilation de nombreuses données, classées par « socles ». Chaque socle (12 au total) a son propre classement et apporte son lot d’informations sur la compétitivité de la France dans des domaines très variés. Certaines données sont favorables à la France, d’autres franchement mauvaises…

Inventaire de ces socles, par ordre décroissant de compétitivité, pour terminer avec ceux sur lesquels la France devrait se « réformer en priorité », si elle veut regagner en compétitivité.

Ce qui va plutôt bien pour commencer :

1 et 2 – La France est classée 8ᵉ sur 144 pour son socle « Infrastructures ». Une force indiscutable. Nos routes, nos trains, nos services téléphoniques, notre approvisionnement en électricité sont jugés bons. Seules les infrastructures portuaires sont moins bien classées. La France est aussi classée 8ᵉ pour le socle : « Taille de son marché » qui prend en compte le marché national et sa part dans les marchés internationaux.

3 – L’accès à la technologie est aussi un atout de notre pays (17ᵉ). Elle serait le 4ᵉ pays au monde, pour les connexions fixes à internet pour 100 habitants.

4 – Le socle « Santé et l’éducation primaire » donne à la France la 18ᵉ position. Parmi les données prises en compte, la santé et l’espérance de vie sont bonnes (6ᵉ). Le primaire est moins bien évalué (24ᵉ).

5 – Socle « Innovation » : 19ᵉ. Parmi les données, on peut noter la qualité des instituts de recherche scientifiques (12ᵉ) et les dépôts des brevets qui donnent la quinzième place à la France. La collaboration industrie-université en R&D est jugée plus moyenne : 29ᵉ place.

6 – Le socle « Business sophistication » donne à la France la 22ᵉ place. La mauvaise note va à la capacité à déléguer d’un supérieur vers un inférieur (se reporter à l’annexe 1 pour voir la question posée en anglais) : 52ᵉ place.
Ceci n’est pas sans rappeler le phénomène de verticalité à la française mentionné dans « Démocratie verticale ou démocratie horizontale : Que voulons-nous ? ». En France, on délègue mal. On verra plus loin, que les relations management-salariés sont aussi très mal évaluées. La France, un pays où la population communique mal (politiques inclus) ! Dans ce socle, l’état du développement des clusters (Pôles de compétitivité) est jugé insuffisant (Annexe 2) : 32ᵉ place.

7 – Le socle du « marché financier » situe la France à la 23ᵉ place. Rappel : 23ᵉ est la place moyenne du pays en termes de compétitivité.

A partir de ce socle, nous entrons dans la zone de qui « tire la France vers le bas » en matière de compétitivité.

8 – Le socle « Éducation supérieure et formation » est classé 28ᵉ. Si la France à un fort taux d’éducation dans le secondaire (11ᵉ), celui-ci tombe au 46ᵉ rang mondial dans le « tertiaire » (le supérieur). Au niveau qualitatif, le pays n’est que 34ᵉ pour la préparation des jeunes à un environnement compétitif. La France serait aussi au 55ᵉ rang mondial pour l’accès à internet dans les écoles. Certainement insuffisant.

9 – Les « Institutions » : 32ᵉ sur 144 pays avec un jugement particulièrement sévère pour les dépenses de l’État (72ᵉ) ou encore le poids des contraintes administratives (121ᵉ). La transparence à la française émarge à la 70ᵉ place. Les politiques n’ont pas la confiance des Français : 42ᵉ au classement du socle.

10 – « L’efficacité du marché » donne la 46ᵉ place à la France. L’effet de l’impôt sur les décisions d’investissements est jugé catastrophique et place la France en 135ᵉ position (Annexe 3) et en 132ᵉ position pour le taux de taxation global ( 4). La France est au-bas du tableau. Comme vu précédemment, trop de dépenses de l’État (et de mauvaises dépenses) font trop d’impôts !

A ce stade, nous pouvons nous demander ce qui est pire encore pour la compétitivité de la France !

11 – Freine la compétitivité du pays : « L’efficacité du marché du travail » où la France n’est classée que 61ᵉ. Sont mis en avant comme freins : « la coopération dans les relations de travail employeurs-salarié » : 129ᵉ au classement (Annexe 5) ou encore les  « pratiques d’embauches et de licenciement » trop régulées : 134ᵉ (Annexe 6).

12 – Le dernier socle « Environnement macroéconomique » décerne à la France la 82ᵉ place. Il prend en compte le déficit budgétaire, l’épargne, l’endettement de la Nation. Des éléments connus mais qui projettent la France loin derrière dans le classement.

Trop d’État, trop gourmand, dépensant mal. Trop d’impôts à tous les niveaux. Des comptes nationaux calamiteux. Un marché du travail trop rigide. Pas assez de dialogue entre les politiques et les citoyens, entre les patrons et leurs salariés. La France était 3 ou 4ᵉ puissance mondiale au lendemain de la guerre. Les institutions de la Vᵉ république auraient-elles précipitées le déclin de la France et continueraient-elles à le faire ? Les « 30 glorieuses » ne camouflaient-elles pas en fait le « chant du Cygne (gaulois) » ?

– par Bernard BOUTIN

*Le programme de la « Journée Nationale de l’Ingénieur » du jeudi 2 avril à compter de 16h à l’EISTI située sur le campus palois. Entrée gratuite et libre pour tout le monde. Venez y nombreux. Le sujet est extrêmement actuel.

16H00 – Accueil
16H15 – Allocution d’accueil par Laurence LAMOULIE, Directrice de l’EISTI (Ecole internationale des sciences du traitement de l’information), Campus de Pau et par René BEAUSSIER, Président Union Régionale Ingénieurs et Scientifiques -IESF- du Bassin de l’Adour accompagné de Baptiste COMTE, Vice-Président Bureau Régional des Elèves-Ingénieurs Pyrénées
16H45 – Table ronde
 « Ingénieurs, scientifiques, décideurs publics : Des coopérations pour gagner en compétitivité » 
– ESC Pau : Youssef ERRAMI, Pr de Management
– AVENIA : Jérôme PORFIRIO, Directeur du Pôle de compétitivité
– UPPA : Christophe DERAIL, Vice-Président délégué valorisation de la recherche
17H45 – Réalisation d’un étudiant-ingénieur de l’EISTI, Nicolas DAGES, sur le Cloud Computing
18H00 – Témoignages d’industriels 
« Etre compétitif ! Oui, mais comment ?« 
– TIGF : Pierre CHIQUET, Ingénieur gisement et Guilhem CAUMETTE, ingénieur HSEQ
– HAULOTTE Groupe : Pierre SAUBOT, Président du Conseil d’Administration et Directeur Général
– TURBOMECA : Manuel SILVA, Chef de Projet Recherche et Technologie
19H45 – Cocktail

S’inscrire à la JNI à Pau mais aussi à Tarbes

Nota et précautions : Le « Global Compétitive Index 2013/2014 du World Economic Forum » est complexe à analyser et demanderait une « thèse ». La méthodologie ne m’est pas apparue clairement (par manque de temps). Il est annoncé 15.000 entrepreneurs sondés sur 144 pays. Je n’ai su trouver combien ont été sondés sur la France. Cet index est-il « statistiquement significatif à l’échelle d’un pays ? ». Ceci dit, nous pouvons retenir les grandes tendances ressorties des « socles ».

(Annexe 1) La question était : In your country, how do you assess the willingness to delegate authority to subordinates? [1 = not willing at all—senior management takes all important decisions; 7 = very willing—authority is mostly delegated to business unit heads and other lower-level managers].
(Annexe 2) In your country, how widespread are well-developed and deep clusters (geographic concentrations of firms, suppliers, producers of related products and services, and specialized institutions in a particular field)? [1 = nonexistent; 7 = widespread in many fields]
(Annexe 3) (In your country, to what extent do taxes reduce the incentive to invest? [1 = significantly reduce the incentive to invest; 7 = do not reduce the incentive to invest at all])
(Annexe 4) (Total tax rate,% profit :This variable is a combination of profit tax (% of profits), labor tax and contribution (% of profits), and other taxes (% of profits)
(Annexe 5) (In your country, how would you characterize labor-employer relations? [1 = generally confrontational; 7 = generally cooperative]
(Annexe 6) (In your country, how would you characterize the hiring and firing of workers? [1 = heavily impeded by regulations; 7 = extremely flexible]

crédit photo : http://www.ruedeschamps.net

Bassin de l’Adour – La « Journée Nationale de l’Ingénieur » à Pau : Innover et Entreprendre

Capture d’écran 2014-04-05 à 08.13.00A l’initiative de l’URISBA (Union Régionale des Ingénieurs du Bassin de l’Adour), relais local de l’IESF (Ingénieurs et Scientifiques de France) s’est tenue, jeudi 3 avril à l’ENSGTI (Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs en Génie des Technologies Industrielles) située sur la campus de l’UPPA, la deuxième « Journée Nationale de l’Ingénieur » (JNI). Le thème de la réunion : Innover et Entreprendre.

Près de cent cinquante personnes avaient répondu présentes à l’invitation de l’URISBA. René Beaussier, son Président, ouvrait la JNI en rappelant que son objectif était de susciter des vocations d’ingénieurs et de mettre en évidence tout ce que le métier d’Ingénieur, par sa diversité, peut apporter en terme de développement et de création d’emplois dans le Bassin de l’Adour. S’ensuivit, un ensemble de témoignages, agrémentés de vidéos et de power-points, qui commençaient par celui de Georges Fremy « Ingénieur de l’Année », prix prestigieux décerné par l’Usine Nouvelle.

Georges Fremy, qui travaille au GRL-ARKEMA à Lacq, a expliqué en quoi consistaient les travaux de recherche de son équipe et son application pratique qui se traduit par la construction en cours d’une usine en Malaisie où se fabriqueront 80.000 tonnes par an de Methionine, un complément alimentaire pour les animaux. Un investissent majeur pour ARKEMA, en partenariat avec le coréen CJ, pour un montant total de 450 millions d’euros. Georges Fremy s’est ensuite attaché à montrer aux jeunes présents, étudiants ingénieurs ou élèves en classes scientifiques et techniques, les débouchés qu’il y a pour eux dans le monde de la Chimie.

Bernard Boutin, a son tour, a tenu a rappeler que, sans 6 ingénieurs précurseurs de génie, cette réunion n’aurait probablement jamais eu lieu, à Pau, dans un Béarn essentiellement agricole il y a un siècle et de citer :

– Raymond Saulnier, Centralien, qui, avec les pilotes Léon et Robert Morane, créa en 1911 la « Société des Aéroplanes Moranes-Saulnier », une société qui s’est installée à Tarbes en 1945. Aujourd’hui, le « plus vieux constructeur aéronautique dans le monde », renommé « DAHER SOCATA » emploie 1200 personnes auxquels s’ajoutent quelques centaines d’emplois indirects dans le Bassin de l’Adour.

– L’ingénieur George (sans s) Messier, après s’être lancé en 1919 dans les suspensions pneumatiques pour automobile, deviendra le fondateur de l’industrie du train d’atterrissage en 1927. En 1935, sa société se décentralise à Arudy, puis Jurançon pour s’installer définitivement à Bidos en 1938. La société, reprise par le Groupe SAFRAN, emploie aujourd’hui 800 personnes à Bidos (plus les emplois indirects).

– L’ingénieur Polonais, Joseph Szydlowski crée en 1938 TURBOMECA dans la région parisienne pour finalement s’installer à St Pé-de-Bigorre en 1940 et Bordes en 1941. Initialement, il travaille sur des moteurs diesel et leur compresseur mais très vite se dirige vers les réacteurs de petite taille pour équiper les hélicoptères. Devenu premier mondial dans sa spécialité, TURBOMECA, filiale du groupe SAFRAN, représente 2.600 emplois directs à Bordes et 1.500 à Tarnos.

– En 1951, les Polytechniciens André Blanchard et Jean Féger forent et découvrent du pétrole à Lacq. De cette première découverte, il reste en 2014, 2.750 emplois directs au CSTJF à Pau et près de 8.000 emplois sur le Bassin de Lacq.

– Plus petit, mais bien réel dans le paysage industriel de la région, Roger Charpentier, diplômé des Arts et Métiers, crée en 1955 à Idron, une société spécialisée dans les produits magnétiques : ARELEC. Localisée à Lons, la société emploie aujourd’hui près des 200 collaborateurs dont 90 sur son site béarnais.

Le ton était donné. Sans ces ingénieurs précurseurs, notre région ne serait pas devenue ce qu’elle est.

Pierre Barrière, inspecteur d’Académie, s’attache alors à montrer l’importance qu’il y a à dédiaboliser l’image de la science, une science qui est devenue suspecte au fil du temps. Pour lui, la réconciliation doit démarrer dès la maternelle. Un chantier nécessaire à ouvrir pour l’Education Nationale. Un autre chantier à ouvrir consiste à combattre un stéréotype : celui de la jeune fille, pas apte à entreprendre des études scientifiques. La suite de la JNI montrera que les femmes, avec Emilie Basset et Magalie Ricarde, tracent leur voie sans complexe dans un monde d’ingénieurs qui n’est plus exclusivement masculin.

Laurent Devecis, directeur du CESI, école d’ingénieur installée sur le site Aéropolis à Assat, présente alors une vidéo produite par son école, sur le thème « Innover et Entreprendre », thème arrêté pour la JNI. Une école qui forme actuellement 350 élèves, toutes formations confondues. Le CESI, présent à Pau depuis 2002, est une des 6 écoles d’ingénieurs du Bassin de l’Adour avec l’ENIT à Tarbes (1968), l’ENSGTI à Pau (1991), l’ESTIA à Bidart (1996), l’EISTI à 2003 (2003) et dernière née, l’ISA BTP à Anglet (2007).

Patrick de Stampa, président de la CCI Pau Béarn, gère deux écoles : l’Ecole des Métiers du Sport et l’Ecole Supérieure de Commerce de Pau, installées sur le campus à deux pas de l’ENSGTI et de l’EISTI. Selon lui, deux chantiers sont à ouvrir : un sur l’image de l’offre éducative du campus palois, avec un travail en commun à faire entre tous les acteurs. Autre axe à développer : la mise en place de passerelles entre les diverses écoles. Un ingénieur doit aussi appréhender les contraintes du management tout comme un manager, à l’inverse, se doit de comprendre le contexte dans lequel évoluent ingénieurs et scientifiques. Une balle est lancée…

Pour ce qui est des acteurs qui aident les ingénieurs à « innover et entreprendre », Franck Metras, qui dirige le « Comité Scientifique et Technique » de la Technopole paloise Helioparc, les connait bien. Chargé, depuis 2001, de les sélectionner afin qu’ils puissent intégrer la technopole, il a accompagné 190 entrants sur le site dont 46 créations par des ingénieurs. Il confirme un constat fait par l’Agence Nationale pour la Création d’Entreprise : plus les ingénieurs sont diplômés, moins ils sont entrepreneurs. Exemple : Un Centralien ne crée jamais son entreprise. Tous sont aspirés par les grands groupes.

Christine Loustalot, avocate au Cabinet Fidal, partenaire de la JNI, vient dire, à son tour, comment les sociétés de conseils peuvent être utiles pour les créateurs. Les domaines sont vastes. Ils vont de la protection des brevets, au dépôt de marques, de la création des sociétés au montage financier etc. Entreprendre oui, mais pas sans conseil.

Marc Bourdat, Délégué régional Grand Sud Ouest chez TOTAL, à l’aide d’un power-point, montre l’évolution de la société, du premier forage à Lacq, du premier centre de recherche Micoulau jusqu’à ce jour où TOTAL fait partie des « majors » pétroliers du monde et dispose à Pau d’un Centre Scientifique et Technique unique au Monde. Fin 2013, il y avait 2.750 salariés sur place. Fin de 2014, ils approcheront les 2.900. Parmi eux : près de 1.000 ingénieurs dans des domaines très variés et presque toujours en pointe.

Emilie Basset, jeune chef de projet chez TURBOMECA, nous présente alors les domaines de recherche sur lesquels le motoriste travaille actuellement pour obtenir des réacteurs toujours plus performants et plus respectueux de l’environnement. Diplômée de l’ENSICA (Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs de Constructions Aéronautiques), Emilie Basset a communiqué, à tous les participants de la JNI, son enthousiasme et la passion que lui procurent les challenges auxquels elle fait face.

Magalie Ricarde, INSA Toulouse, enseignante à l’ENSTGI, continue alors sur la veine de l’’enthousiasme et de la passion. Elle crée à Hélioparc en 2010, après 2 ans de conception, sa propre entreprise : BACK PLAN. La société emploie maintenant 5 salariés « plutôt bien payés » et sous « stress ». Son cœur de métier : l’assistance à gestion de projet. Son ambition : passer à l’international. Vu son enthousiasme, l’assistance a pu juger qu’elle devrait y parvenir rapidement.

Georges Labazée, Président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, clôturait cette JNI en rappelant que le Conseil Général, alors qu’il ne s’agit pas d’une de ses compétences obligatoires, est fortement engagé en faveur du développement économique. Il nous dressait alors un tableau des actions entreprises pour mettre en place Aéropolis (site de la nouvelle usine de Turboméca), dans la gestion des Technopoles (Hélioparc à Pau, Izarbel à Bidart, Technocité à Bayonne etc.). Il rappelait aussi le lancement, il y a deux ans du label « Nature & Technology » pour valoriser toute la filière aéronautique du département.

La deuxième JNI organisée à Pau se terminait alors. Pendant 3 heures, dans l’amphithéâtre de l’ENSGTI, la morosité nationale avait bel et bien été gommée des esprits de tous.

– par Bernard Boutin

PS : L’URISBA organisait aussi le 3 avril, une JNI à Anglet.

Les organisateurs
URISBA : http://www.urisba.com
IESF : http://www.iesf-jni.org

Les entreprises
GRL ARKEMA http://www.arkema.fr/fr/arkema-en-france/centres-de-recherche/lacq-r-d/
TOTAL http://total.com/fr/pau-CSTJF
DAHER SOCATA http://www.daher.com
SAFRAN TURBOMECA http://www.turbomeca.com/?lang=fr
SAFRAN MESSIER http://www.safranmbd.com/?lang=fr
BACK PLAN  http://www.backplan.fr/fr/
ARELEC http://www.arelec.com

Les conseils
Cabinet Fidal http://www.fidal.fr/les-bureaux/ville/74/pau.html
HELIOPARC http://www.helioparc.fr

Les écoles d’Ingénieurs du Bassin de l’Adour
CESI http://www.eicesi.fr/centre-pau.asp
ENIT http://www.enit.fr/fr/index.html
ENSGTI http://ensgti.univ-pau.fr
ESTIA  http://www.estia.fr
EISTI  http://www.eisti.fr/?q=node/60
ISA BTP  http://isabtp.univ-pau.fr/live/

Autre
Conseil Général des Pyrénées Atlantiques http://www.cg64.fr

Béarn-Bigorre : Et, si on célébrait l’innovation et l’esprit d’entreprise ?

Capture d’écran 2014-03-24 à 20.54.45Jeudi 3 avril de 16h30 à 19h30, se tiendra à Pau, comme dans 25 villes de France, la deuxième « Journée Nationale de l’Ingénieur ». Une occasion pour rappeler que sans Jean Féger (SNEAP), Roger Charpentier (ARELEC), Joseph Szydlowski (Turboméca), George Messier (Messier Automobiles) et bien d’autres, l’activité économique de notre région serait fort peu industrielle.

L’Union des Scientifiques et Ingénieurs de France et sa représentation locale, l’URISBA*, vous convient à la découverte de l’ENSGTI (Ecole Nationale Supérieure en Génie des Technologies Industrielles) située au milieu du campus palois de l’UPPA.

S’en suivra une présentation par Georges Fremy, ingénieur et chercheur auprès du GRL-Arkema qui vient de recevoir le très prestigieux titre de « L’ingénieur de l’année pour un projet industriel » attribué par l’Usine Nouvelle.

Une table ronde sur l’esprit d’entreprise, l’innovation, « l’importance de l’ingénieur sur le développement technologique et économique de la région » clôturera cette deuxième « Journée Nationale de l’Ingénieur ». Participeront à cette table ronde, des représentants des écoles d’ingénieurs locales (CESI, ENSGTI, ENIT, EISTI), d’entreprises comme TOTAL et TURBOMECA et de la CCI ainsi que de l’Inspection Académique.

Une entrée gratuite et ouverte à tous pour un bol d’air frais, innovant et créateur qui nous changera de la morosité nationale. Un cocktail clôturera la JNI.

– par Bernard Boutin

PS : Plus sur l’évènement et comment s’inscrire : http://www.iesf-jni.org/evenements-regions/pau/

ou sur www.urisba.com

* URISBA : Union Régionale des Ingénieurs et Scientifiques du Bassin de l’Adour